- Oh putain ! dit Marie en roulant sur mon lit.

Après être rentrée de ma soirée interrompue par les amis de Baptiste je suis directement rentrée chez moi. Marie a été surprise de me voir revenir aussi tôt de mon rendez-vous et c'est tout naturellement, en me mettant assise sur mon lit avec un bol de céréales, que je viens de raconter à mon amie toute ma rencontre avec le beau Baptiste.

- Mais pourquoi t'es pas restée ? T'aurais pu faire la connaissance des autres membres du groupe !

- Comment tu peux savoir que c'était eux ?

- T'as dit que l'un s'appeler Olivier et l'autre Patrice donc vu que leur groupe s'appelle "BOP"... Faut pas être un génie pour piger le truc.

- Oui. Ça semble logique. Et non, ils ont déboulé dans l'appartement sans crier gare et du coup, ça a tout gâché. Et puis ils me regardaient avec leurs yeux... dis-je en étant parcouru d'un frisson.

- Et tu voulais qu'ils te regardent avec quoi ? demande Marie pragmatique.

Je me laisse aller à la renverse sur mon lit. En réalité, je ne sais pas vraiment pourquoi j'ai fuit ainsi. J'ai soudain prit conscience de ce qui allait ce passé et j'ai eu peur. Ce garçon ne me laisse pas du tout indifférente et il a réussi à briser légèrement ma carapace en si peu de temps que celà m'effraie. Jusqu'à ce soir, je n'avais encore jamais raconté ce qu'étaient mes parents, mise à part à Marie bien sûr. Et il a suffit d'une seule question de lui pour que je lui déballe presque tout ! Je pense que si ses potes n'étaient pas arrivés je ne serais sûrement pas rentré de la nuit ! Et celà va trop vite pour moi.

- Et du coup, tu as fuit comme une sauvage ! Tu ne le reverra plus ? s'informe subitement Marie.

- Non pas vraiment comme une sauvage... Enfin j'espere pas ! dis-je soudain prise de doute.

- Oh Victoire ! Tu me désespère ! répond Marie en se couvrant la tête avec mon oreiller.

- Mais non, pas tant que ça ! Avant de partir il m'a proposé de venir voir leur concert demain soir !

- Oh purée ! Je vais rencontrer les BOP ! hurle Marie en rejetant le coussin qui va s'écraser par terre. Bon évidemment, j'aurai préféré rencontrer Baptiste mais il semblerait qu'il soit déjà prit. Mais c'est pas grave, Olivier n'est pas mal non plus.

- Bref je suppose que tu es ok pour m'accompagner ?

- Tu rigoles j'espère ? Mais bien sur que je viens !

Durant la fin de la soirée, Marie fait le font de nos penderies pour savoir comment nous allons nous habiller le lendemain. Quand j'arrive enfin à la convaincre d'aller se coucher, il est plus de minuit !

En me glissant dans mon lit, je branche mon téléphone qui n'a plus de batterie et j'en profite pour enclencher mon réveil. Puis je vais lire mes messages, sans surprise, Baptiste m'en a envoyé deux :

Baptiste 22h45 : le concert aura lieu au bar en dessous du centre Jaude. J'espère sincèrement t'y voir.

Baptiste 23h47 : mes potes viennent de partir... je suis désolé qu'ils soient venus gâcher notre moment. Bonne nuit...

Je pose mon téléphone sur ma table de nuit et sombre presque instantanément dans un sommeil profond. La journée et les émotions de ce soir m'ont épuisé.

Je referme la porte de mon vestiaire en le faisant claquer. La journée a été épuisante. Il fait une chaleur de folie et tout le monde souffre de ce temps. Lucien a été encore plus désagréable que d'habitude, ce qui n'est pas rien ! Mais la perspective du concert de ce soir m'a permis de tenir toute la journée. Je troque mes crocs contre mes escarpins et je me dirige vers la sortie en appréciant la légèreté de la robe que Marie a choisi pour moi hier soir. Il est prévue que je rejoigne Marie à notre appartement pour que nous ne prenions qu'une voiture.

Elle trépigne déjà en bas de l'immeuble et ne me laisse même pas le temps de me garer.

- La journée n'a jamais été aussi longue ! clame-t-elle en montant à côté de moi.

- A qui le dis-tu !

- Il t'a envoyé un message ?

- Non.

- Mince j'espérais qu'il te propose de venir dans les coulisses.

- J'aurais peut-être dû lui répondre hier soir...

- Quoi ? Tu ne lui as pas répondu ! Non mais franchement à quoi tu penses ?

- Et bien je ne sais pas. Tu sais hier je lui ai dit pour mes parents !

- Quoi ?

Elle me regarde surprise. Elle sait très bien que je ne parle jamais d'eux.

- Bon ok, je comprends mieux. Mais c'est peut-être qu'il est particulier...

- C'est justement ce qui me fait peur.

- Alors laisse aller les choses Vic, ne te prends pas la tête.

Je gare la voiture, enclanche le frein à main et sors de la voiture. Il fait encore une belle soirée et l'été s'annonce chaud. Les passants convergent tous vers le centre ville et nous leurs emboitons le pas. Marie sautille à côté de moi, toute excitée à l'idée de revoir son nouveau groupe préféré. Pour ma part, une boule de stress c'est formée au fur et à mesure de la journée et je n'ai rien pu manger. A mesure que nous avançons vers le bar, mon coeur se met à accélérer dans ma poitrine. Nous arrivons enfin à proximité du bar, il y a un monde de folie, je ne m'attendais pas à ça ! Je constate qu'il y a des affiches de leur groupe placardé un peu partout et je commence à me rendre compte qu'ils ont quand même une certaine notoriété. Marie se dirige immédiatement vers le comptoir pour commander les boissons puis nous nous rapprochons de l'estrade ou un groupe est en train de jouer.

Je regarde partout autour de nous pour voir si je vois la silhouette du grand blond qui fait battre mon coeur mais il y a tellement de monde, que je me résigne à attendre qu'il fasse son apparition sur scène. La musique s'arrête, quelques personnes applaudissent et sifflent alors que le chanteur salut le public avant de descendre. Les conversations reprennent autour de nous en attendant le prochain groupe. Un coup d'oeil à ma montre m'indique qu'il est déjà plus de vingt-deux heures trente quand soudain, une main dans mon dos me fait sursauter. Je me retourne m'attendant à découvrir Baptiste.

- Stéphane ! Mais qu'est ce que tu fais là ?

- Il paraît qu'il y a des bons groupes ce soir ici ! Dixit Monsieur Riera.

Je souris à l'évocation de mon patient préféré. Il refuse de nous le dire mais je sais qu'il est très fière de son petit fils, mais de là à en parler a Stéphane, j'avoue que je ne m'y attendais pas.

- Bonjour moi c'est Marie ! dit mon amie en lui claquant immédiatement la bise.

Je la regarde surprise alors que Stéphane se présente à son tour comme étant un collègue de travail.

- Oui désolée, je parais brute de décoffrage comme ça mais il semblerait que Victoire ait oublié le Béa ba des bonnes manière.

- Pas de soucis Marie, je suis venu avec des amis David et Paul...

Il va pour parler à nouveau mais la foule autour de nous commence à s'agiter nous obligeant à regarder vers la scène.

BOP est en train de faire son entrée et je reconnais à présent les jeunes hommes qui ont interrompus mon rendez-vous de la veille. Les filles autour de nous commencent à s'émoustiller et à scander leurs prénoms avec une légère prédominance pour Baptiste, ce qui ne m'étonne guère vu que c'est le chanteur du groupe et surtout qu'à mon sens, c'est le plus beau.

La musique commence sous les applaudissements de la foule. Baptiste entame une chanson très rythmée qui met tout de suite dans l'ambiance. Il chante bien mais je vois son regard parcourir la marée humaine devant lui, comme s'il cherchait quelque chose ou même quelqu'un. Les gens lèvent les bras pour taper dans leurs mains au rythme de la musique et nous nous mettons à les suivre.

La chanson suivante est un peu moins rythmée et les gens abaissent leurs mains et je vois Baptiste reprendre son observation de la foule. Soudain, son regard accroche le mien et un sourire s'étire immédiatement de part et d'autre de son visage. Il poursuit la chanson sans plus me quitter du regard me donnant l'impression de rentrer dans notre bulle comme la veille dans son appartement et semblant chanter rien que pour moi. Je sens mes joues devenir rouge à nouveau, à croire qu'elles réagissent à chacun de ses regards.

A la chanson suivante, le rythme reprends et il détache son regard du mien et entraîne la foule avec lui. Les mains se lèvent à nouveau et les gens qui semblent connaître les paroles se mettent à chanter avec lui. Je me laisse emporter aussi, ainsi que Marie et Stéphane rapidement suivit de ses collègues. Les mains en l'air, je bouge mon corps au rythme endiablé de BOP. Autour de moi, tout le monde fait de même. Stéphane et ses copains se mettent à danser collé serré avec nous ce qui enchante Marie. Je suis un peu plus réservée sur la chose mais l'effet de groupe et la musique ont raison de moi et je me laisse aller sans me poser plus de questions.

- Merci Clermont ! hurle Baptiste à la fin de la chanson.

Tout le monde hurle et réclame une dernière chanson. Les trois mecs se concertent et finissent par se mettre d'accord. Ils reprennent place devant nous alors que les premières notes de musique s'égrainent. C'est une balade douce et mélancolique et la foule se met à bouger en rythme de gauche à droite comme une lente vague. Vu de la scène, le spectacle doit être magnifique. Je regarde Baptiste, pour tenter de voir ce qu'il ressent mais il ne fait pas attention à ce que ses fans font, il a les yeux braqué sur moi et il semble un peu perdu. Je lui sourie mais aucune réponse de sa part. Sûrement que les lumières doivent l'éblouir et qu'il tente de me chercher dans la foule. Dans mon dos Stéphane se penche et me glisse à l'oreille :

- Il avait raison Monsieur Riera ! Il est bon ce groupe !

- Je confirme ! Très bon ! dis-je sans détourner mes yeux de la scène.

Les dernières notes se terminent, BOP s'avance pour saluer le publique qui scande son nom puis la scène plonge dans le noir. Autour de nous, la foule se disperse un peu, certains quittent le bar, d'autre regagnent leur table quand à nous, nous convergeons vers le bar ou les garcons nous ont proposé de nous offrir un verre. Marie est toute guillerette et en a complètement oublié qu'on est censé rejoindre les BOP.

Moi par contre, je guette la sortie de scène et le font du bar mais personne ne vient. Une fois installés à une table, j'en profite pour sortir mon téléphone mais dessus aucun message de Baptiste m'indiquant comment le retrouver. J'aurai dû lui répondre hier soir ! Bien fait. Ça m'apprendra à vouloir faire la belle...

A la table, les garçons font connaissances avec Marie qui est ravie d'être le centre d'attention.

Abandonné à la naissance, Marie est un bébé né sous X. Je n'ai jamais compris pourquoi elle n'avait jamais été adopté mais je ne m'en suis jamais plaint car c'est la soeur que j'ai toujours rêvé d'avoir. Le personnel de l'orphelina l'a appelée Marie en référence à son mois de naissance, mai... Elle a besoin d'être rassuré et voir les regards converger vers elle, ne peut que lui faire du bien.

- Tu ne veux pas un verre d'alcool, plutôt que ton verre de grenadine ? me demande Stéphane en se penchant vers moi, m'arrachant à mes pensées.

Je lui souris, en reculant légèrement et je m'apprête à lui répondre quand une voix tonne dans mon dos.

- Elle ne boit jamais d'alcool !

- Baptiste ! dis-je en me levant instantanément.

Les mecs le regardent surpris de le voir à leur table. Il sourit de satisfaction. Je me décale pour lui faire signe de s'assoir près de moi.