5 Baptiste
Je me réveille comme un fou.
- Merde quel con ! dis-je en bondissant de mon lit.
Il est sept heure et je devrai déjà être sur la route pour le boulot. Je me précipite sous la douche et passe mon bleu de travail. En montant dans ma voiture, j'appelle mon patron pour le prévenir de mon retard.
- Baptiste putain tu fais chier ! T'as intérêt à pas être trop à la bourre ! Je ne veux pas de retard sur le chantier !
- Non, je te jure, je suis déjà en route. Je serai vite là !
Alors que je vais pour raccrocher le téléphone, je l'entends qui m'interpelle :
- Baptiste !
- Quoi ?
- Penses aux croissants !
Je coupe la communication sans répondre. Le deal dans mon entreprise, c'est que celui qui arrive à la bourre paye le petit déjeuné. Après une escale à la boulangerie, je débarque sur le chantier sous les applaudissements de mes collègues.
- Alors le chanteur, on a eu du mal à se lever ! me raille un collègue.
- Si seulement il n'y avait que la musique qui me tienne éveillée !
Des "ouh" et des sifflements retentissent sur le chantier. Je souris en leur déposant le sachet de viennoiseries et par directement poursuivre mon travail de la veille.
Je m'active toute la matinée pour rattraper mon heure de retard mais je n'ai qu'une seule idée en tête, revoir la fille qui hante toute mes pensées. Les yeux fixés sur mon travail, ce n'est pas les tuyaux d'arrivée d'eau que je vois, mes les yeux ambrée de Victoire.
A midi, je quitte quelques minutes le chantier pour aller me chercher à manger. En chemin, je renvois un message à ma belle demoiselle :
Baptiste 12h22 : je me demande combien de temps il faut entre deux rendez-vous pour rester dans les règle de l'art ?
Je rigole de ma blague tout en croquant dans mon sandwich. Je rejoins mes collègues, en guettant régulièrement mon téléphone mais celui-ci reste désespérément silencieux. Je ne sais pas si je dois lui renvoyer un message ou si je dois patienter. Mais Yassine me tire de mes pensées :
- Bah alors, elle te perturbe celle-là ! Une nouvelle groupie ?
- C'est pas une groupie, elle est...
Je ne termine pas ma phrase car a l'instant, je visualise son coprs elle doit mesurer un mètre soixante-quinze, elle n'est pas filiforme et je suis sur qu'elle a de petites poignées d'amour que je rêve déjà de pincer. Son visage et rond et elle a gardé, je suis sur, ses joues d'enfant qui sont pleines et dont les gens devaient adorer embrasser étant enfant. Je rêve là aussi d'y déposer mes lèvres. Son regard d'ambre a comme une petite douleur, qui permet de savoir dès le premier abord que la vie n'a pas toujours été tendre avec elle. Ses cheveux que j'ai pour le moment toujours vu attachés son brun et pour le peu que j'ai pu toucher, ils sont doux comme de la soie. Mes yeux se fixent sur mes doigts au souvenir du moment ou elle m'a laissé les effleurer.
Un légé coup à l'arrière de la tête me ramène à la réalité. Je me tourne pour voir mes collègues ilards reprendre le travail en me disant :
- Aller, retourne bosser au lieu de rêver !
Je m'active sur la finition de la salle de bain pour pouvoir partir le plus tôt possible. Elle est d'après-midi d'après ce que j'ai compris et je peux toujours me servir de pépé Lulu pour avoir une excuse de me rendre là-bas.
A dix-sept heure, j'ai réussi à rattraper mon retard et je ne me fais pas prier pour partir. Je bondis dans ma voiture tout en regardant à nouveau mon téléphone où je n'ai toujours pas de nouvelle de ma belle brune. Je prends rapidement la route de Durtol et avant dix-sept heure trente, je me gare sur le parking, juste à côté de sa voiture. Le coeur palpitant, je grimpe par les escaliers au premier étage en jettant des coups d'oeil de chaque côté, au cas où je verrai celle pour qui je viens. Mais la chance n'est pas avec moi et je ne croise personne. Je tape à la chambre de pépé et rentre sans attendre sa réponse. A ma grande surprise la pièce est vide ! Je regarde rapidement dans la salle de bain, au cas ou il serait là mais non, pas de pépé Lucien.
Nouveau coup d'oeil à mon téléphone et toujours pas de réponse. Je suis tellement impatient de la revoir que mes mains sont moites. Je sors de la pièce et gagne le réfectoire pour voir si elle n'y est pas. Du bruit qui vient de cette pièce m'indique qu'il y a du monde. La porte est entre ouverte et me permet de voir ce qu'il se passe à l'intérieur.
Un musicien est en train de jouer de l'accordéon et commence une nouvelle mélodie, les plus alertes des personnes âgées se lèvent pour bouger un peu au rythme de la musique. Les moins solides restent assis sur leurs chaises et tapent dans leurs mains au rythme de la musique. Des filles du personnels passent entre les gens pour servirent des verres d'eau. Soudain, je la vois ! Son sourire illumine instantanément la pièce et me fait automatiquement accélérer les pulsations. Elle se présente devant mon grand-père en lui tendant les mains pour l'inviter à danser. Celui-ci est aux anges mais bougonne pour la forme. Elle insiste un peu mais il continu de faire non de la tête. Je le connais bien le vieux bougre, il veut se faire désirer ! Mais à jouer à ce jeu là, il se fait couillonner, un mec d'une trentaine d'année se pointe et tend la main à ma jolie princesse qui accepte de danser avec lui en rougissants. Mon coeur se serre en la voyant évoluer avec lui au milieu des résidents qui se rasseoient pour les regarder danser. Ma main posée sur la poignet se crispe et c'est en inspirant un grand coup pour me détendre un peu, que j'entre dans la pièce en essayant de ne pas trop regarder dans leur direction et je braque mes yeux vers mon grand-père. Celui-ci a les bras croisé sur son ventre et regarde Victoire danser d'un air contrarier. Je ramène une chaise près de lui et pose ma main sur son épaule pour lui signaler ma présence.
- Ah ! T'es là toi ?
- Sympa. Ça fait plaisir de venir te voir !
La musique s'interrompt enfin sous les applaudissements des résidents. Le couple de danseur fait le salut et rapidement, Victoire lâche la main du type.
- C'est votre petit-fils, Lucien ? interroge une mamie à côté de lui.
- Oui. répond sèchement ce dernier.
- C'est le chanteur ? continue la dame pas le moins du monde perturbée par l'attitude de mon grand-père.
- Oui !
- Oh, jeune homme, vous pouvez nous chanter une chanson ? dit-elle assez fort pour pour que tout le monde l'entende.
Tous les regards convergent vers moi. Et c'est à ce moment là qu'elle me voit. Son visage s'empourpre un peu plus que lorsque l'autre guignol l'a invité à danser et cela me rassure un peu. Elle me fait un signe de la tête discret, tout en me souriant pour me dire bonjour. Je lui sourie également mais je suis vite parasité par la main de la vieille dame qui souhaite que je chante.
- Allez jeune homme, ne vous faites pas prier, chantez nous une chanson s'il vous plaît.
Je l'écoute d'une oreille, en regardant Victoire venir vers nous.
- Bonjour. Je ne m'attendais pas à te voir...
- Ouais, on l'a jamais autant vu ! raille le vieux bougon qui me sert de grand-père. Si tu cherches l'héritage permet moi de te dire que t'as rien à espérer de moi !
- Oh Lucien ! le dispute gentiment Victoire.
- Bon alors, il la chante la chanson ou pas ? s'impatiente le gang de petits vieux qui ne perdent rien de notre échange.
Victoire se décale pour me montrer la scène de la main, ou l'accordéoniste est en train de se raffraichir. Elle me regarde de ses grands yeux marron clair et je ne peux pas lui refuser. Je me lève en frottant mes mains sur mon pantalon et c'est là que je me rends compte que je n'ai même pas prit le temps de me changer. Je m'avance devant tout le monde, dans mon bleu de travail tout pourri et sans me démonter, je parle avec le musicien. Je décide de chanter une chanson d'Edith Piaf que pépé aime particulièrement et le musicien m'accompagne. Dès les premières notes, les résidents reconnaissent immédiatement la chanson et m'accompagnent de leur voix chevrotantes.
Alors que je chante la vie en rose, mes yeux se braquent sur Victoire qui m'écoute en se berçant doucement d'un pied sur l'autre et c'est à ce moment que j'aimerai être auprès d'elle pour la prendre dans mes bras. Un couple de personne âgé ce met à danser sur la petite piste improvisée, ce qui donne une nouvelle idée au guignol de revenir vers celle qui fait battre mon coeur. Heureusement, c'est sans compter sur pépé qui se lève aussi vite que son arthrose le lui permet et tend la main à Victoire pour l'inviter à danser. Au passage, il donne un légé coup de canne au mec, en faisant mine de ne pas l'avoir vu. Victoire sourit en donnant une petite tape sur l'épaule à mon incorrigible grand-père et offre un magnifique sourire à se type qui commence sérieusement à me gonfler. Je continue à chanter comme un automate sans pour autant perdre ma belle des yeux.
A la fin de la chanson, c'est carrément une ovation, tous les petits vieux se mettent debout et tapent dans leurs mains à s'en faire péter les veines et crient "encore" si fort qu'ils manquent d'en perdre leur dentier. Je salut cette joyeuse foule en délire et tend le micro au guignol qui semble-t-il s'occupe de l'animation.
- Et bien ! Quelle après-midi de folie ! clame le guignol. Mais malheureusement, il va être temps de regagner vos chambres pour nous permettre de tout remettre en ordre pour ce soir. On remercie monsieur Francois pour cette après-midi accordéon et merci aussi au petit-fils de Monsieur Riera, qui nous à chanter cette dernière chanson.
Déjà, le groupe se disperse dans un joyeux brouhaha. Je rejoins pépé toujours suspendu au bras de Victoire.
- Bon, on y va pépé, je vais te ramener à ta chambre.
- On t'en pose des questions ? Victoire est là pour ça. Va donc chanter avec ton groupe. répond-il en me faisant les gros yeux et en faisant mine de me donner un coup de canne.
Je l'évite de justesse, en me décallant sur la droite.
- Oh Monsieur Riera, vous avez bientôt fini avec votre canne ? Continuez comme ça et on va vous la confisquer ! le sermone Victoire tout en commençant à le faire avancer.
Je les suis, en restant légèrement en retrait, laissant à mon incorrigible dragueur de grand-père, le plaisir de marcher seul à seul avec Victoire. Nous sommes presque rendu à sa chambre quand dans notre dos, une voix retentit.
- Victoire, tu peux venir s'il te plaît ?
Elle se retourne et regarde ce mec que je commence vraiment à trouver insupportable. Elle me regarde ensuite un peu gênée et me fait signe de prendre le relais auprès de Lucien qui prend mon bras de mauvaise grâce.
- Désolé Monsieur Riera, je repasse vous voir pour le repas. Oui Steph, tu as un soucis ?
- Vous êtes toutes parties et il n'y a personne pour m'aider à tout remettre en place.
- A mince ! Désolée, je suis partie comme une sauvage avec monsieur Riera... Mais j'arrive.
Je la regarde marcher rapidement pour rejoindre le fameux "Steph" et je ferme le poing de rage en le voyant passer sa main dans le dos de Victoire alors qu'elle rentre dans la pièce.
- Y a des fois ou je regrette ma trentaine ! bougonne pépé en rentrant dans sa chambre et en balançant, de rage, sa canne sur le lit. J'aurais ton âge mon petit, je te dis que je me mettrais dans les starting blocs, avant de me la faire piquer par l'animateur !
- Pourquoi tu dis ça ?
Il me donne une tape sur l'arrière de la tête. Ce geste ne me surprend guère de sa part, il a toujours fait ça depuis que je suis tout petit.
- Prend moi pour un con aussi ! Je t'ai jamais autant vu que depuis que tu as croisé Victoire ici !
Il me fait un sourire en coin et je rigole un peu en passant ma main dans les cheveux.
- Alors qu'est ce que tu fous encore ici ! C'est pas en te frottant la tête que ça va avancer ton histoire ! Et crois moi, "Steph" il perd pas de temps lui depuis qu'il est arrivé le mois dernier !
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