4 Baptiste
Je reste un peu interloqué par cette irruption. La jeune fille n'a eu aucune gêne, ni aucun scrupule. J'ai même cru qu'elle allait s'assoir sur moi ! Je tourne mon regard vers Victoire qui ne sait plus où se mettre. Je me trouve un peu bête et en même temps, je suis plutôt content de voir que notre groupe commence à avoir une certaine notoriété. Je passe ma main dans les cheveux pour remettre mes idées en place.
- Je suis désolé, dis-je en reprennant sa main dans la mienne.
Je remarque que si tout à l'heure elle était un peu gênée lorsque je lui ai touché la main, à présent elle est légèrement tendu.
- Il ne faut pas ! Tu ne me dois rien !
Elle tente de retirer sa main. Je ressert un peu ma prise pour ne pas la perdre. Je peste intérieurement. Des mois qu'on attend le succès et il faut que ce soit ce soir qu'une fille me reconnaisse et se jette presque sur moi !
- Si, quand même. Je ne voulais pas te mettre mal à l'aise mais pour tout te dire, c'est la première fois que l'on me demande un autographe.
Son regard change légèrement, j'y décelle de la surprise et de l'admiration. Cela me rassure un peu.
- Ne soit pas gêné. J'avoue que je ne m'attendais pas à ça ! Mais c'est génial pour toi. Quand on fait ce genre de métier, c'est ce qu'on espère...
- Ouais, enfin je fais pas de la musique pour ça et puis... C'est pas vraiment mon métier... Du moins c'est pas ça qui me nourrit pour le moment...
- Ah bon ? Et du coup, c'est quoi qui te nourrit ? me demande-t-elle intriguée.
Tout en disant ça, elle se rapproche de moi, comme elle l'a fait tout à l'heure quand je lui ai parlé de mon grand-père. Je trouve ça mignon et je la trouve encore plus belle. Une mèche de ses cheveux brun vient effleurer son visage et je me contient pour ne pas lui remettre cette mèche derrière son oreille. Alors en contre partie, j'adopte son attitude et me rapproche d'elle à mon tour.
- Et bien, quand je n'ai pas de micro et de guitare en main, je répare les fuites d'eau chez les gens. Ça vend moins de rêve pour le coup !
- Ça dépends, dit-elle sur un ton taquin.
Je la regarde un peu intrigué mais je reste silencieux en attendant qu'elle poursuive le font de sa pensée. Je vois ses joues rosir légèrement avant de me dire si bas que je suis obligé d'avancer un peu plus au dessus de la table, inspirant ainsi son doux parfum légèrement poivrée.
- Tu sais ce qu'on dit sur les plombiers ? Par rapport à leurs interventions chez les particulières... Ce qu'ils font après-avoir réparé la machine à laver... Des fois même sur la machine à laver...
Sur ces mots, j'éclate de rire et elle en fait de même. Son rire est juste à tomber par terre et j'ai juste envie de trouver autre chose pour la faire rire à nouveau. N'y tenant plus, je passe enfin mes doigts dans la mèche de cheveux qui frôle par moment ses yeux, rendant encore plus intense son regard d'ambre. Je la passe derrière son oreille et je la sens frémir à nouveau sous le coup de cette caresse légère.
- Tu as froid ? dis-je inquiet.
Il est déjà onze heure du soir et son petit débardeur ne la couvre guère. Cela ne me déplaît pas mais je ne voudrais pas qu'elle ait froid.
- Un peu... répond-elle doucement.
Je peste intérieurement. Je n'ai même pas de veste pour pouvoir prolonger notre rendez-vous. Je fais signe à la serveuse pour qu'elle nous ramène l'addition. Je vois Victoire attraper son sac à main pour sortir son porte feuille.
- Tu fais quoi ?
- Et bien je sors de l'argent pour payer.
- Hors de question. C'est moi qui t'invite, c'est moi qui paye. Range ton porte monnaie tout de suite, dis-je en tendant ma carte bleu à la serveuse pour payer rapidement.
Victoire se lève et passe son sac sur son épaule. Elle se décale légèrement de la table et une fois que j'ai fini de régler, je la rejoins en sortant mon paquet de cigarette. Je suis surpris de me rendre compte que durant tout le repas, je n'ai pas eu envie de fumer. Les yeux de Victoire se porte sur mon paquet. Quel con, j'ai même pas pensé à lui en proposé une...
- Désolé tu en veux une ?
- Certainement pas ! lâche-t-elle brusquement.
Se rendant sûrement compte qu'elle a été un peu brutale, elle se reprends.
- Pardon. Déjà merci pour le repas et le verre. Ensuite désolée mais je suis un peu anti-clope. Et j'avoue que l'odeur me dérange un peu. Mais vas-y fume on est dehors celà ne me dérange pas.
Je lui souris et sors une cigarette du paquet. Elle me regarde faire sans plus rien dire. J'allume ma clope et inspire la fumée qui me réchauffe la gorge. Je tourne malgré tout la tête du côté opposé pour ne pas lui envoyer la fumée vers elle. On marche côte à côte en silence. La ville dort autour de nous, elle est bien plus vivante le week-end mais nous sommes en plein milieux de semaine et la population clermontoise dort. Malheureusement, nous regagnons trop rapidement à mon goût la voiture de Victoire. Celle-ci commence déjà à sortir ses clefs de son sac. Je la regarde faire en silence, me donnant un peu de contenance en fumant ma cigarette, pour ne pas la prendre dans mes bras alors que j'en meurs d'envie. Elle relève la tête, une fois qu'elle a récupéré ce qu'elle cherche. Ses beaux yeux marrons brillent dans la pénombre à la lueur du réverbère.
- Bon et bien... Merci pour la soirée et le repas. C'était bien sympathique.
- Merci à toi d'avoir accepté mon invitation à l'improviste. Mais je suis plutôt impulsif.
- je vois ça...
- Oh , mais je me contient ! Si ce n'étais que de moi, je t'embrasserai là, tout de suite, dans cette rue.
Tout en disant ça, je me rapproche d'elle lentement. Je la vois reculer mais rapidement son dos rentre en contact avec sa voiture l'empêchant d'aller plus loin, la laissant complètement à ma merci. Je pose mes mains sur sa voiture tout en restant à une distance raisonnable. Sa respiration s'accélère et elle rougi à nouveau ne sachant que faire. Mes yeux se posent sur sa bouche pleine et sensuelle et j'imagine déjà le plaisir des miennes sur les siennes.
Soudain, je sursaute et je suis pris au dépourvu quand sa main vient se plaquer sur mon torse pour garder mon corps à distance du sien.
- Tu brûles les étapes ! Il me semble pourtant qu'on a déjà du en avancer une ce soir !
- Faute à qui ? dis-je sur un ton légèrement roc qui me surprend moi même.
- A toi. Tu m'as surpris à la sortie de mon travail. Et comme je suis bien élevée, je n'ai pas pu refuser !
- Faudra que je remercie tes parents de t'avoir si bien éduqué.
A ces mots, elle sursaute et une ombre passe dans ses yeux, les ternissants légèrement au passage alors que quelques instants plus tôt, ils étaient presque hypnotiques. Je recule légèrement la tête alors qu'elle baisse les yeux. Je sens une douleur émaner d'elle qui me fait mal au coeur. J'ai encore plus envie de la prendre dans mes bras mais il est encore trop tôt pour ça ! Alors je passe ma main sous son menton et relève doucement son visage vers moi. Elle a les yeux fermé et je la sens déglutire lentement, ainsi que tenter de retrouver unr respiration calme et plus détendu.
- Je suis désolé. J'ai dit un truc qui fallais pas ?
- Non. C'est moi qui réagit mal. J'ai pas de parents et je ne parle jamais d'eux !
Son ton est ferme, catégorique et sans appelle. Mais malgré ça, je sens une douleur dans sa voix qui me fend le coeur.
- Ok. Pardonne moi.
- Y a pas de mal. Tu ne pouvais pas savoir. Bon, il va falloir que je rentre.
Elle commence à se redresser pour me faire signe de bouger. Je la laisse faire à contre coeur. Elle ouvre sa portière et commence à monter dans sa voiture. Je me place entre la portière et l'habitacle et me met accroupi pour être plus près d'elle. Elle me regarde et semble surprise.
- Je ne vais pas pouvoir démarrer si tu reste là ?
- Mais je ne peux pas te laisser partir maintenant !
- ah bon ?
- Oui, car je sais ou tu bosses mais j'aimerai ton numero de téléphone, histoire de pouvoir te contacter en dehors de ton lieu de travail...
Elle me sourit laissant la lumière regagner ses beaux yeux.
- Tu as de quoi noter ?
Je dégaine mon portable à la vitesse de la lumière et note fébrilement le numéro qu'elle me dicte.
- Voilà tu as ce que tu voulais.
- Pas tout à fait... Mais ça viendra... Tu habites loin ?
- Non, pas trop.
Elle voit que j'attends dans savoir plus alors elle poursuit :
- J'habite une petit appartement du côté du quartier St-jacques. Et toi ?
- Penche toi un peu en avant.
Elle s'exécute et s'avance vers son volant. Je me redresse un peu et passe mon bras près d'elle en faisant exprès de la frôler.
- Tu vois cet immeuble noir là ?
- Baptiste, ils sont tous noir dans la nuit, me dit-elle en riant.
Mon coeur bondit dans ma poitrine en entendant ce son que j'adore. Je profite de notre proximité pour humer une nouvelle fois son odeur. Mais elle se tourne pour me demander ou regarder exactement.
- Regarde tu vois ce bâtiment ?
Elle fait signe que oui avec sa tête.
- Au deuxième étage,il y a une fenêtre entre ouverte tu la vois ?
- Oui.
- Et bien voilà, tu en sais presque plus que moi. J'habite là.
- La route sera vite faite. Allez je vais y aller il se fait tard.
N'ayant plus de moyen de pouvoir la retenir, je recule et ferme la portière. Elle me fait un signe de la main avant de démarrer et de quitter sa place de stationnement. Je regarde les feux arrière disparaître au coin de la rue. Je reprends une cigarette et l'allume en inspirant profondément la fumée. Une sensation d'apaisement envahi mon corps. Je ne m'étais même pas rendu compte que j'étais stressé. Depuis que j'ai croisé cette fille, je suis complètement obnubilé par elle. Dans ma tête, des mélodies se crée à chaque fois que je pense à elle. Elle éveille en moi une multitude de sensations que j'ai envie de retranscrire sur le papier dès que celà m'est possible.
Elle vient seulement de partir mais je bouillonne déjà d'impatience de la revoir. Je regarde mon téléphone, il est déjà plus de minuit et je me lève à six heures. Je jette ma clope au sol alors qu'elle n'est même pas fini et je rejoins mon appartement en grimpant les marches quatre à quatre.
Je m'écroule sur mon lit, des images de cette fille qui occupe toutes mes pensées défilent sous mes paupières quand soudain je me redresse ! Elle n'a pas mon numéro. Je saisi mon téléphone et pianote rapidement un message.
Baptiste 00h36 : en espérant que tu es bien rentrée. Merci d'avoir accepté ce repas avec moi. J'espère que tu es bien rentrée... bonne nuit Baptiste.
Satisfait, je repose mon téléphone et me réinstalle sur mon oreiller. Rapidement mon téléphone émet un petit bip. J'ouvre un oeil et je suis content de constater qu'elle m'a déjà répondu.
Victoire 0h37 : Oui je suis bien rentrée. Merci pour la soirée, j'ai apprécié chaque instant... A bientôt Victoire.
Satisfait par sa réponse, je pose mon téléphone et m'endors immédiatement tout en me disant que dès que possible je la revois.
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