36 Baptiste

- BOP ! BOP ! BOP !

La foule scande le nom de notre groupe depuis déjà cinq minutes et j'en ai la chair de poule ! Notre premier concert vient d'avoir lieu et c'est juste un truc de fou. La salle n'était pas bien grande cinq cent personnes tout au plus mais franchement quel pied ! Dans notre loge, nous sommes en train de vider des bouteilles d'eau. Il a fait une chaleur de folie et on a donné tout ce qu'on avait. Je comprends mieux maintenant pourquoi la maison de disque tenait tellement à ce qu'on ait un coach sportif.

- Les gars, vous avez tout déchiré ! lance Boher en entrant dans la pièce en tapant dans ses mains !

Il s'approche de moi et me donne et grand coup dans l'épaule. Manquant de me faire étouffer au passage.

- Je suis fière de vous les mecs ! Voilà un concert comme on les aime ! Aller, changez vous on sort pour fêter ça !

Il ressort de la pièce aussi vite qu'il est venu. Dans la salle de concert les cris de nos spectateurs semblent ne pas baisser de volume. Rien que de les entendre continuer d'applaudir m'électrise complètement. Quand la porte se referme, la pièce retrouve un semblant de calme. Je finis par m'assoir sur le canapé, les yeux dans le vide. Je revis le concert, notre entrée en scène, les gens en train de chanter nos chansons en même temps que nous. C'est incroyable qu'en si peu de temps, tout le monde connaissent les paroles !

J'avais déjà eu une forme de connexion avec notre publique lors de nos concerts durant l'été, mais là ! C'est plus fort que tout. Je plane, mieux qu'une bonne cuite !

- Bon, qu'est ce que tu fous Baptiste. Aller bouge qu'on sorte de là, lance Patrice en passant devant moi.

Je bondis de mon fauteuil plus que je ne me lève tout en arrachant mon tee-shirt trempé de transpiration. Dans mon sac de voyage, j'attrape un autre haut à manche longue ce coup-ci et part rejoindre les mecs dans le couloir. On gagne la porte de derrière ou notre van nous attend. Quelques fans courageux nous attendent. Dès que nous sortons, les filles nous appellent.

- S'il vous plaît, un autographe ! lance une fille en tendant un stylos.

Je m'approche d'elle, me saisit du stylos et griffonne ma signature. Je lui rends le stylos, elle me sourit et me dit :

- J'adore ce que vous faite ! Vos chansons me font un bien fou, si vous saviez ! Je peux vous demander de faire une photo s'il vous plait Baptiste ?

- Demander comme ça, je ne peux que dire oui !

Je me penche vers elle et elle tend son bras pour nous prendre en photo. Puis je passe à la fan suivante. On se laisse prendre au jeu quelques minutes puis, Boher nous fait signe qu'il est l'heure de partir. On salut tout le monde et on grimpe dans le van.

- Alors ? Le goût de la gloire ?

- C'est le top Boher ! Putain que ca fait du bien, cri Olivier en tapant sur sa cuisse.

- Grave. En plus que des poulettes à la sortie. T'as vu ça ? lance Patrice en me poussant de l'épaule.

- Ouai, j'ai vu.

- Tu fais quoi ?

- J'envoie un message à Vic.

- Tes trop sérieux. On vit un truc de ouf et toi tu penses à Vic !

- On va pas revenir là dessus Patrice. Je vous empêche pas de vous amuser, en contre partie vous me laissez faire comme je l'entends.

- Tant que ça reste discret tu sais ce que j'en pense ! répond Boher d'un ton super sérieux.

Je fais signe que oui de la tête, tout en réprimant un soupir pour ne pas me le mettre à dos. Son attitude vis à vis de Victoire commence sérieusement à me gonfler. Pour le moment, je prends sur moi car il lance notre carrière mais il faudra que je lui parle s'il continue comme ça.

Moi 00h34 : ça y est mon coeur on est sortie. C'était un truc de fou. J'aurai aimé que tu vois ça !

Vic 00h34 : je suis trop heureuse. J'ai pensé à toi toute la soirée.

Moi  00h35 : c'était de la folie. J'aurai aimé que tu vois ça !

Vic 00h35 : je le verrais quand vous viendrez à Clermont. Tu m'appelles ?

Moi 00h36 : je suis en voiture. Boher nous emmène fêter notre première scène...

Vic 00h37: ah... bon et bien bonne soirée. Je vais me coucher, je suis de matin demain. Je t'aime.

Moi 00h37 : moi aussi. Bonne nuit ma belle.

Je range mon téléphone dans ma poche tout en regardant par la fenêtre. Je sais que Vic a du mal avec mes nombreuses viré en boîte. J'aurai peut-être dû éviter de lui dire que je sors en boîte. Mais ça reviendrait à lui mentir et ça je ne le veux pas. Perdu dans mes pensées je n'ai même pas vu que le véhicule est stationné.

- Bah alors qu'est ce que tu fous ? gueule Patrice impatient.

- Ça va, j'arrive.

Je m'extirpe du van et un flash vient m'éblouir. Je regarde du côté d'ou provient cette lumière et vois un photographe qui continu de prendre des photos. On continue à avancer sous le regard intrigué des jeunes qui font la file pour rentrer dans la discothèque. Notre notoriété se fait petit à petit mais je suis étonné de la venu de ce paparazzi.

Une fois dans la boîte, on nous conduit dans un coin un peu éloigné, ça doit être leur carré VIP. On est bien loin de ceux de Paris mais pour une fois, il nous est exclusivement réservé ! Boher nous fait signe de nous installer et se saisit de la bouteille de champagne et nous sert une coupe à tous.

- Longue vie à BOP !

On lève nos coupes et trinquons à cette soirée qui restera gravé à jamais dans nos têtes.

- Allo.

Sa voix ensommeillée me fait sourire. Je l'imagine allongée dans notre lit, sa longue tresse glissant le long de son corps que je rêve de caresser.

- Salut ma belle, bien dormi ?

- Un peu cours. Il est quelle heure ?

- 5 heures du matin.

- Oh t'abuse ! Tu viens de me voler trente minutes de sommeil.

- Oui mais tu gagnes un moment avec moi !

- C'est vrai. Alors que fait tu de si bon matin ?

- Pour moi il est tard dans la nuit. On vient de rentrer de boîte. Boher tenait à fêter notre première scène officielle dignement. Mais tu m'as trop manqué et j'avais envi d'entendre ta voix.

- Bah voilà, tu l'entends. Je suis pas sur qu'elle soit super belle de bon matin.

- Elle est toujours parfaite pour moi. J'aimerai être avec toi tout de suite.

- On est presque ensemble là. Tu es dans ton lit ?

- Ouais, il est froid et vide.

- Le miens aussi était comme ça tout à l'heure et j'ai dû le réchauffer toute seule !

- J'espère bien !

- Pardon ?

- Ça me ferai bien chier que tu ai fait appel à un autre que moi pour le réchauffer !

- N'importe quoi.

Je l'entends bouger dans le lit, je l'imagine très bien en train de se lever. Je la vois tendre son bras pour attraper son gros pull pour couvrir son corps que j'imagine avec une jolie nuisette rouge. Rien qu'en voyant cette scène dans ma tête, je sens une pulsion que je ne connais que trop bien entre mes jambes. Je passe ma main dessus, en savourant le bien que ça me procure. Pour le plaisir je lui demande :

- Tu fais quoi ?

- Et bien, puisque tu m'as réveillé, je vais m'offrir une bonne douche bien chaude, suivit d'un petit déjeuné copieux, avant d'aller réveiller ton grand-père qui doit être impatient d'avoir un premier retour de ta première scène !

Je souris en l'entendant parler de mon grand-père. D'après ce qu'elle me dit de lui depuis quelques temps, il est encore plus infernale que d'habitude. Mais ça me rassure, tant qu'il est comme ça, c'est qu'il va bien.

- Youhou, tu m'entends ?

- Pardon ?

- Je te disais, pense à l'appeler tout à l'heure. Il rale que tu ne l'appelles pas asser. Ça ne te prendra pas longtemps et ça lui fera plaisir.

- Oui. Ne t'inquiète pas, je le ferai.

- Tu pars quand pour la prochaine ville ?

- Dans la journée. On chante demain soir.

- Ok. Tu me tiendra au courant quand tu arrives ?

- Oui ne t'inquiète pas.

- Oh non !

- Qu'est ce qu'il y a ?

Elle semble agacée et ne me répond pas tout de suite. Je l'entends tourner et virer tout en remuant des objets et en bougonnant.

- Qu'est ce qu'il y a Vic ?

- Rien ! Enfin si. La baignoire a un problème, l'eau ne s'écoule presque pas du tuyaux. C'est la deuxième fois que ça me le fait.

- Putain, je le savais. Je l'avais dit que c'était du travail de merde. Le type qui a fait ça n'a vraiment pas de scrupule. Il a fait que du repicage. Comment tu veux avoir du débit avec ça ?

- T'énerve pas Baptiste, je vais me débrouiller.

- Non mais ça fait chier. Je l'avais dit en plus. Mais avec le début de la tournée, j'ai pas pu regarder ça ! Je vais appeler l'agence, je te le dis ça va chauffer.

- Attend, ne leur rentre pas dedans n'importe comment. J'ai pas envi qu'on se les mette à dos !

- Non mais en même temps, on paie une fortune alors c'est un peu normal de réclamer un débit d'eau normal ! Tu as une machine qui tourne ?

- Pardon ?

- Je te demande si tu as une machine en cours en ce moment ?

- Non.

- C'est ce que je dis, travail de merde !

- Bon écoutes, c'est pas grave, je vais me débrouiller. En attendant, je vais devoir te laisser, avec tout ça, je vais être en retard.

- Ouais. Mais ça fait chier. Dès que je me lève, j'appellerais l'agence.

- Ok. Mais gentiment.

- Oui.

- Aller, file te coucher veinard.

- C'est déjà fait. Bon courage pour ta journée Vic. Je t'aime tu le sais ?

- Oui ! Bonne nuit.

Elle ne me laisse pas le temps de répondre et coupe la communication. Je soupir en posant mon téléphone sur la table de nuit. Puis je roule sur le dos tout en portant ma main à mon cou. Je me saisi de ma chaine et je cherche le petit ange qui représente ma belle. Je peste de savoir qu'elle galère toute seule à la maison. Ma situation est paradoxale et me perturbe beaucoup. Dernièrement, je vie un rêve éveillé tout en aillant le regret de mon ancienne vie. Si je n'étais pas en tournée, je serai auprès d'elle et je pourrai l'aider. Mais si je n'étais pas en tournée je serai toujours en train de rêver de connaître le succès...

Je ferme les yeux en soupirant. Les images du concert me reviennent en mémoire comme des flashs qui par moment sont entre coupé par le visage de Victoire. Je finis par m'endormir en rêvant de tout ce bonheur que je vis en ce moment.

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