29 Victoire
Ces derniers jours ont défilé beaucoup trop vite à mon goût. Nous avons passé un maximum de temps ensemble et pourtant j'ai la sensation que nous ne nous sommes pas vu. Baptiste reprend le train ce soir et il a dû aller chercher un truc chez un collègue à lui, me laissant seule chez lui. Assise sur le canapé, je contemple son sac de voyage. Je râle un peu car j'aurai aimé l'accompagner pour pouvoir profiter de lui un peu plus mais il a tenu à s'y rendre seul. J'ai bien tenter de regarder la télé mais je n'arrive pas à fixer mon esprit sur les images. En même temps, s'ils mettaient des programmes plus intéressant, j'arriverai peut-être à suivre ! Rageusement, j'ai éteins la télé et je reste seule dans ce silence oppressant qui a tendance à être trop présent dans ma vie depuis que celle de Baptiste a changé.
Soudain, la porte s'ouvre, le laissant entrer et redonner vie à la pièce. Il me regarde un peu surpris et ferme rapidement la porte avant de venir me rejoindre.
- Ça ne va pas ? demande-t-il en s'asseyant prés de moi et en me prenant dans ses bras.
- Si.
Mais mon intonation ne le trompe pas. Il m'embrasse tendrement tout en passant sa main dans mes cheveux que j'ai laissé détaché.
- J'aime pas te voir si triste.
- Ne t'en fait pas. C'est le fait de savoir que tu pars ce soir... Et puis j'étais un peu contrariée que tu ne m'ai pas permis de t'accompagner chez ton collègue.
Il me regarde et pose son front contre le mien tout en souriant. Ses yeux sont rieurs, son sourire et à faire fondre ce qui me fait perdre tous mes moyens. J'étais encore contrariée il y a quelques instant et maintenant, je n'ai qu'une envie, qu'il m'embrasse. Ce qu'il finit par faire d'ailleurs. Quand il interrompt notre baiser, il regarde un peu autour de lui.
- Qu'est-ce que tu faisais en m'attendant ?
- Rien. J'écoutais le silence.
Je laisse échapper cette phrase sans vraiment y penser mais il me regarde surpris et un peu contrarié. Son regard s'assombrit, alors je tente de me rattraper.
- J'ai voulu allumer la télé mais il n'y a que des programmes nuls alors franchement, je préfère mille fois le silence.
Ma réponse semble lui convenir et pour finir de détourner ses pensées je poursuis :
- Ton collègue n'était pas là ?
- Si pourquoi ?
- Bin tu reviens sans rien...
Il me sourit et immédiatement, je sens mon coeur se réchauffer. Il a se don de pouvoir changer mon humeur avec seulement un regard ou un sourire. Il se lève et fouille au fond de la poche de sa veste en cuir.
- En fait, je suis pas vraiment allé voir un pote...
Il tend la main dans laquelle repose une boite carré. Je le regarde surprise, du coup il me dit :
- C'est pour toi.
- Mais pourquoi ? Ce n'est pas mon anniversaire, ni la saint Valentin...
- Je n'ai pas besoin d'un événement spécial pour te faire un cadeau et te dire que je t'aime.
Sur ces mots, il s'assoit à nouveau sur le canapé et dépose la boîte dans ma main. Dessus, la marque de la bijouterie écrit en lettres argenté me fait sourire.
- Mais tu es fou ! C'est beaucoup trop !
- Tu ne sais même pas ce qu'il y a dedans. Ouvre là avant de parler.
De son regard tendre, il m'invite à ouvrir le paquet. D'une main fébrile, je tire sur le ruban puis délicatement, je soulève le couvercle. Mon rythme cardiaque s'accélère quand je découvre le bracelet Pendôra qu'il renferme. Je sens le regard de Baptiste braqué sur moi et qui observe chacune de mes réactions. D'une main tremblante, je touche le bijoux n'osant pas le soulever. C'est la première fois que j'ai un cadeau avec autant de valeur si bien sentimentale que financier.
N'y tenant plus, Baptiste se saisit du bracelet et le passe à mon poignet avec une rapidité déconcertante. Il me sourit tout en repassant une de mes longues mèches derrière mon oreille.
- Il te plaît ?
Je lève mon poignet pour admirer les breloques qu'il a choisit. Un ange, un appareil-photo, une tour Eiffel, un micro et un coeur. Chacune est sertie d'une pierre de couleur différente. Baptiste se saisit de chacune d'elle et me dit :
- Un ange car tu m'y fait penser, un appareil-photo pour ton mur du souvenir que j'adore, une tour Eiffel pour cette fabuleuse journée en touriste à Paris, un micro pour que tu penses à moi et un coeur pour représenter l'amour que j'ai pour toi.
Ses explications ont raison de moi et des larmes silencieuses coulent à présent sur mes joues. Il se penche vers moi et boit chacunes d'elles tout en déposant de tendre baiser à la place.
- Vic, je sais que la situation n'est pas toujours facile pour toi et que tu attendais autre chose de notre relation. Mais des que notre groupe sera lancé, je te promets d'être plus disponible pour toi. En attendant, tu aura ce bracelet pour te rappeler combien je t'aime et combien je pense à toi et si tu me vois sur scène regarde bien mon cou tu verras que tu y es avec moi.
Tout en disant çà, il tire sa chaîne de sous son tee-shirt et me montre qu'un ange identique au mien a rejoint sa guitare. Une nouvelle vague d'émotion me submerge et je me jette à son cou en le serrant si fort qu'il perd l'équilibre et que nous finissons par terre. En prise à un énorme fou rire, je le regarde rire à gorge déployée et je savoure cet instant que je range précieusement dans un coin de ma mémoire pour pouvoir le ressortir quand le manque de lui sera trop grand.
Après avoir savourer nos derniers instant d'intimité, il me raccompagne chez moi. Il ne veut pas que je l'emmène à la gare pour m'éviter cet au-revoir qui me déchire le coeur. Patrice doit venir le récupérer d'un instant à l'autre et en attendant, on se serre fort la main et on s'embrasse le plus possible devant l'urgence de notre situation. Marie et son chéri nous laisse un peu d'intimité mais viennent nous rejoindre dans le salon quand la sonnette de l'interphone retentit.
Baptiste m'embrasse une dernière fois avec passion, je n'ai pas envie de quitter ses bras mais je me force à le faire. J'inspire profondement pour retenir les larmes qui ne sont pas loin et Marie prend ma place dans ses bras pour lui dire au revoir à son tour.
- Bonne chance la vedette et nous oublie pas.
- Y a pas de risque, répond-il en la serrant dans ses bras.
Puis Brice s'avance et lui serre la main à son tour.
- Aller mec bonne chance. T'inquiète pas on prend bien soin d'elle.
Tout en lui disant ça, Brice me prend dans ses bras. Baptiste semble me scanner un instant puis il secoue la tête et m'attire à lui pour une dernière étreinte avant de partir sans se retourner pour abréger nos adieux.
Une semaine c'est écoulée depuis son départ. Les sms ont remplacé sa voix et les rares moment skype ont remplacé ses bras. Le vide de son absence est vraiment terrible pour moi. Je suis en prise à de nombreux sentiments contradictoires qui me perturbent et me mettent mal à l'aise. Je suis heureuse de pour lui et ses amis de ce succès si fulgurant mais paradoxalement, je suis triste de cette solitude que son bonheur m'apporte. Je suis fière de lui et jalouse de cette vie à Paris sans moi. Bien sur, il m'a proposé de tout quitter et de le rejoindre mais je ne suis pas folle, je ne vais pas tout plaquer sur un coup de tête ! Non, je dois être patiente tout va bien finir par se poser et nous trouverons notre rythme de croisière, après tout, je suis un peu comme les femmes de soldats sauf que mon homme ne risque pas sa vie au front ! Alors, je me raisonne et continue mon quotidien en essayant de le vivre au jour le jour.
Mon téléphone posé sur le plan de travail de la cuisine se met a sonner. Je reconnais immédiatement la musique que j'ai attribué à Baptiste. Du coup, je saute sur mon mobile pour être sur de ne pas louper l'appel.
- Bonjour mon ange. clame-t-il au téléphone.
Depuis qu'il m'a offert mon Pendorra, il m'appelle toujours ainsi et j'adore çà !
- Bonjour toi ! Ça va ? Je ne m'attendais pas à ce que tu m'appelles !
- Ouais, ça va super bien. On a fait une journée de folie hier et j'ai pas eu le temps de te répondre.
- C'est ce soir le concert ?
- Ouais et je vais devoir y aller d'ailleur dans pas longtemps. Les autres sont dans la loge mais je voulais te faire un coucou, alors je me suis un peu exilé.
- T'as pas trop le trac ?
- Grave mais faut pas le dire ! Mais tout ira bien. J'ai mon ange sur moi.
A l'évocation de son pendentif, je touche instinctivement le mien à mon poignet.
- Ah mon chéri tu es là ! On te cherche partout depuis tout à l'heure.
J'entends Baptiste bredouiller des excuses.
- Désolé Béa je...
- Laisse tomber. Donne moi ça et rejoins les autres.
Je n'ai pas le temps de souhaiter bonne chance à mon amoureux que déjà la communication est interrompu sans même me dire au revoir. Je repose mon téléphone un peu démoralisé et stressée pour les BOP à la fois. Mais je n'ai pas le temps de m'apitoyer sur mon sort car la porte d'entrée s'ouvre laissant passer Marie, Brice et ses amis. Je ne les connais pas plus que ça et je suis ravie de voir que Victor est de la partie, sinon je me serai senti bien seule.
- Vic, on a ramené des pizzas ! lance Marie alors que tout ce petit monde s'installe dans le salon.
- Vite Brice allume la télé on va louper le début du match ! gueule un des mecs tout en ouvrant une cannette de bière.
Génial une soirée foot ! Je m'en serais bien passé. Je lève les yeux au ciel en prenant une grande inspiration pour pouvoir affronter ce qui m'attend.
- Bonsoir tout le monde, dis-je en m'avançant dans le salon.
- On a improvisé une soirée foot ça ne te gêne pas j'espere ? me demande Marie mal à l'aise.
- Non sans problème, mens-je en priant pour qu'elle ne le remarque pas.
Les mecs ont tous les yeux braqués sur l'écran et il ne reste qu'une place sur le canapé. Je m'y glisse discrètement et regarde la télé sans vraiment la voir.
- Tu veux une part ?
L'un des mecs me tend la boîte plus pour s'en débarrasser que par courtoisie. Je prends un morceau et pose la boîte sur la table.
- Bière ?
Là encore, il se débarrasse du pack sans un regard, bien trop occupé de regarder les mecs en short à la télé.
- Non merci, je ne bois pas, réponds-je poliment.
- Ah c'est cool bin fais passer.
Il commence à me plaire ce rustre ! Je croque rageusement dans ma part de pizza pour éviter de lui dire le font de ma pensée. C'est un ami de Brice et il est chez lui après tout.
Au bout d'un moment, je me lève pour aller me chercher un verre de coca dans la cuisine. Alors que je suis en train de me servir, une voix me fait sursauter.
- Ça ne va pas ?
Je me retourne et vois Victor avancer dans la pièce. Une bière à la main, il s'appuie sur le bord de l'évier et semble me détailler du regard ce qui me met un peu mal à l'aise.
- Si, j'avais juste soif et je...
- Tu ne bois pas d'alcool.
- Ah tu as entendu, je pensais que tu étais comme les autres obnubilés par le ballon rond.
- Je préfère le ballon ovale et j'ai surtout déjà remarqué depuis cet été que tu ne bois jamais d'alcool. Tu es plutôt coca grenadine si mes souvenirs sont bons...
Il me dit ça avec un petit sourire espiègle qui détend un peu l'atmosphère qui jusqu'à présent été tendu.
- Tu te souviens bien. Sauf qu'aujourd'hui, je vais faire sans car il n'y a plus de sirop.
Pour toute réponse, il me fait une grimace et ne sachant quoi dire d'autre, je bois quelques gorgé de soda.
- Tu n'y retournes pas ? demande-t-il au bout d'un moment.
- Non. Je ne suis pas trop d'humeur et puis, je ne suis pas trop ballon rond non plus.
- Oh oh ! Amatrice de rugby ?
- Je préfère, bien que pour le moment mes connaissances ne se basent que sur un match vu à la télé dans un bar !
Le silence s'installe entre nous. On se regarde sans oser parler le premier. La situation n'est pas désagréable mais elle me met quand même un peu mal à l'aise. Je finis mon verre cul sec, histoire de me donner un peu contenance, ce qui le fait rire.
- Heureusement qu'il n'y a pas d'alcool dedans, sinon tu serais mal pour retrouver ta chambre !
- Ma chambre je la retrouve les yeux fermés ! dis-je en souriant et en m'avançant vers lui. D'ailleurs j'y vais de ce pas.
- Attends, je disais pas çà pour te faire fuire !
- Je ne l'ai pas prit ainsi. Mais demain je bosse, je me lève à 5 heure du matin et si je veux être en forme, j'ai plutôt intérêt à me coucher tôt. Bonne soirée Victor.
Je me dirige dans ma chambre, le laissant dans la cuisine un peu surpris. Une fois au lit, je mets mon réveil sur mon téléphone pour être sur de ne pas me louper demain matin, puis je le repose un peu déçu. Baptiste a du finir son concert depuis un moment maintenant, généralement les premières parties durent une vingtaine de minutes, et pas une nouvelle de lui, ni en message vocal, ni même en texto. Seul un message sur son mur Facebook dit qu'il a passé le meilleur moment de sa vie...
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