26 Baptiste
- Alors tout est ok pour vous ?
- Impec Boher ! Vous nous offrez cinq jours de repos avant le début de la tournée de Tomy lee, réponds Patrice en mimant des gestes de baguettes de batterie dans les airs.
- Tout à fait. Profitez en pour rentrer chez vous, mettre quelques affaires en ordre car cette tournée va lancer votre carrière à coup sûr !
Il se lève, fait le tour de son bureau et nous serre la main avant de nous indiquer la porte de son bureau histoire de nous signifier que la réunion est finie. Une fois dans l'ascenseur, on reste silencieux comme pour assimiler les derniers mots de Boher. Bientôt nous serons de vrai célébrités, ça m'excite autant que ça me fait peur.
- Vous faites quoi les mecs ? Vous rentrez chez vous ou pas ?
- Oui quand même. J'ai des trucs à régler avant de commencer la tournée, me répond Patrice.
- Et moi, je vais pas rester tout seul ici. Je suppose que tu vas en profiter pour aller voir Victoire ?
- Ça c'est sur ! Après, je ne sais pas quand je pourrais la revoir et puis y a mon grand-père aussi...
- Bon, alors direction l'hôtel on récupère nos bagages et si on gère bien, on arrivera à chopper le train pour Clermont cet après-midi, lance Olivier en élan un taxis.
Après cinq heures de voyage qui m'a paru être une éternité, notre train arrive enfin en gare de Clermont-Ferrand. Je bondis de mon fauteuil, plus que je ne me lève et je commence à avancer lentement dans l'allée centrale à cause des voyageurs qui prennent leur temps pour descendre. Dans mon dos Patrice bougonne :
- La prochaine fois, j'espère bien qu'on arrivera en jet privé !
Je sourie de sa remarque. De nous trois, c'est celui qui rêve le plus de la gloire et du fric qui va avec... Je regarde ma montre, il est vingt-heure trente. J'avance dans l'allée en poussant un peu le type devant moi pour le forcer à aller plus vite. Si je veux pourvoir tenir mon plan, il va falloir accélérer le mouvement. Une fois sur le quai, je salue mes amis d'un geste de la main et je me mets à courir comme un dératé pour ne pas foirer mon plan. Les mecs sont au courant de mes projets et ne m'en tiendront pas rigueur. Coup de chance pour moi, un taxis vient de se garer pour déposer un passager. Je m'engouffre sur la banquette arrière tellement vite que le chauffeur sursaute. Je donne l'adresse de la maison de retraite et nous voilà parti dans les rues de la ville. Je suis nerveux et impatient. Je sourie intérieurement car j'ai l'impression d'être comme un ado amoureux. C'est bien la première fois que je ressens vraiment ce genre de chose pour une fille et c'est bien ce qui me prouve que Victoire est vraiment particulière. Les yeux rivés à la fenêtre, je regarde défiler le paysage en battant la mesure avec mon index sur mon genoux. Quand on arrive enfin sur le parking de la maison de retraite, il fait complètement nuit et je remarque que des lampadaires du parking fonctionnnent mal. Il faudra que je fasse remonter l'information à la direction, c'est dangereux de laisser les filles sortirent sans lumière !
- Vous voilà arrivé ! Je suis dans les temps ? demande le chauffeur en se retournant.
- Parfait ! dis-je en lui tendant un billet de cinquante euros. Gardez la monnaie.
Le mec me regarde étonné. Je jette un coup d'oeil sur son compteur et je comprends mieux pourquoi... il indique vingt euros la course. Je sourie en ouvrant la portière, voilà un truc que je n'aurai pas pu faire avant !
- Je peux vous attendre si vous voulez, lance le chauffeur alors que je vais pour refermer la portière.
- Ça ira merci.
Je le salut et jette mon sac sur mon épaule, j'avance dans la pénombre, il est encore tôt, j'en profite pour fumer une clope. Les yeux braqués sur la porte de service qui laissera bientôt sortir le personnel. L'impatience me gagne et je regarde ma montre toutes les trente secondes mais on dirait qu'elle n'avance pas ! De rage, je jette mon mégot et l'écrase sous ma chaussure. J'attrape un chewing-gum dans la poche arrière de mon jean. Je sourie en le mettant dans ma bouche car ce nouveau reflexe, je l'ai depuis que Victoire est dans ma vie. Pour ne pas l'incommoder avec des odeurs de tabac froid, j'ai pris l'habitude de mâcher un chewing-gum pour enlever l'odeur.
Un rayon de lumière me fait relever la tête. La porte de service vient de s'ouvrir et laisse des silhouettes apparaître. Mon coeur s'emballe et je plisse les yeux pour mieux distinguer ma belle. Les filles se saluent en se dirigeant vers leur voiture mais toujours pas de Victoire en vu. Je commence à m'agacer, pourvu que son je planning n'est pas changer ! Je finis par perdre patience et j'avance vers la porte quand je vois une silhouette énorme apparaître.
- Victoire ! appelle une voix masculine que je ne connais que trop bien malheureusement. Attends je vais t'aider.
J'accélère le pas pour atteindre ma copine mais il est plus rapide que moi et la débarrasse avant que je n'ai pu la rejoindre.
- Je t'avais dit de m'attendre. T'es garée où ?
- J'aurai pu y arriver seule tu sais mais bon, puisque tu y tiens, viens je suis garée là...
Elle se tourne pour lui indiquer sa voiture et se retrouve face à moi. Son visage reste choqué et je savoure ce moment de surprise.
- Baptiste ? s'étonne-t-elle ravie.
Je lâche mon sac et lui tends les bras. Elle se jette dedans et j'inspire profondément en la serrant fort contre moi. Cela fait trois semaines que l'on ne s'est pas vu et la dernière fois n'a pas été une grande réussite... Elle se détache un peu de moi et ses grands yeux marrons sont emplies de larmes. Je pose mes pouces sur ses joues pour les effacer avant de l'embrasser tendrement. Ses lèvres sur les miennes me font perdre la raison et tout tourne autour de moi. Je suis bien, je suis heureux et je prends vraiment pleinement conscience qu'elle m'a énormément manqué.
- Hum, hum !
Ce raclement de gorge m'agace et me ramène à la réalité. Je me détache de Victoire légèrement et regarde par dessus sa tête. Stéphane les bras chargés de cartons nous regarde un peu gêné.
Et ouais mec, tu peux faire tout ce que tu veux et porter ses affaires, il n'en reste pas moins que cette belle brune aux yeux petillants est ma copine !
- Stéphane ! Bonsoir. dis-je en plaquant Victoire contre moi, histoire qu'il pige bien que c'est ma copine.
- Baptiste. Je ne savais pas que tu revenais... bredouille ce con.
- Victoire non plus. C'est une surprise. La maison de disque nous laisse cinq jours de répit, alors... me voilà.
- Je suis trop heureuse ! clame Vic en tapant dans ses mains comme le ferait une petite fille.
- Je vais prendre le relais, dis-je en attrapant le chargement de Stéphane.
- Heu, ok. Bon bin à plus.
Stéphane recule en nous faisant un signe de la main et regagne sa voiture en silence.
- T'es garé où alors ?
- Par là ! elle se penche et prend mon sac de voyage avant de se diriger vers sa voiture.
Une fois devant, elle ouvre le coffre, pose mon sac dedans et m'indique que je peux poser mon chargement par dessus.
- Tu comptes faire quoi de tous ces cartons ? Tu déménages ?
- Presque.
Je la regarde étonné et l'attire à moi alors que je m'appuis au coffre qu'elle vient de refermer. Je cherche par la même occasion à me souvenir si elle m'a parlé de ça, lors de nos conversations téléphoniques mais rien ne me reviens en mémoire. Elle enroule ses bras à mon cou alors que je plaque mes mains sur ses reins pour la coller un peu plus près de moi.
- Alors ?
- Alors, il fait froid, j'ai faim et je suis fatiguée. On rentre manger un morceau et je t'explique ?
- Ça me va. Mais on peut aller chez moi ? On sera tous les deux comme ça, je n'ai pas envie de te partager ce soir.
Elle me fait un grand sourire en prenant place derrière le volant.
On est assis sur le canapé et je regarde victoire siroter son milkshake les yeux fermés. Même comme çà, elle rayonne ! Elle finit par ouvrir les yeux et me sourit en voyant que je la dévisage.
- C'est meilleur avec les yeux fermés ! affirme-t-elle en posant le pot vide sur la table.
- Si tu le dis. Bon alors, maintenant que tu as mangé, que tu es assise et que tu n'as plus froid malgré la glace que tu viens de boire, tu m'expliques pourquoi tu charges ta voiture de cartons ?
- A cause de Marie et Brice.
- Vous vous êtes disputés ?
- Non ! En fait ils sont toujours fourrés ensemble et ils en ont marre d'aller l'un chez l'autre... Brice vie en colocation avec deux autres mecs dont Victore, tu te souviens ils étaient ensemble cet été ?
- Ouais vaguement, dis-je en répondant évasivement alors que je me rappelle très bien du brun colossale qui parlé avec Victoire au bord de la piscine cet été !
- Bon et bien c'est compliqué pour Marie de se retrouver avec tous les garçons et ils trouvent qu'ils sont plus à l'aise à la maison... Alors Brice va s'installer chez nous et pour çà, il faut qu'on lui fasse un peu de place... d'où le fait que je charge ma voiture de carton.
- Ah. Et t'as pas l'air enchanté ?
- Si, je suis contente pour eux, surtout pour Marie... mais je suis un peu jalouse, je dois bien l'avouer. Et les voir s'embrasser ou rigoler et parfois même les entendre faire... enfin tu vois ce que je veux dire, et bien ce n'est pas évident pour moi, d'autant que tu me manques énormément.
Elle me dit çà avec une fragilité dans la voix et le regard qui me bouleverse complètement. Je dois bien avouer qu'elle me manque énormément à Paris mais avec les enregistrements, les répétitions et puis les soirées, je suis bien occupé pour souffrir réellement du manque. Alors qu'elle, ici, dans sa routine quotidienne, elle doit vraiment trouver le temps long et elle ne s'en plaint jamais au téléphone. Elle a toujours une question ou une attention pour moi. Je l'attire à moi et la serre dans mes bras pour la réconforter. Puis, au bout d'un moment l'un contre l'autre dans un silence casi religieux, il me vient une idée. Je me lève et me dirige vers le comptoir puis je reviens vers elle.
- Tiens, prends ces clefs. Tu n'as cas venir vivre ici ou du moins viens quand tu as besoin de te retrouver un peu seule.
Elle me regarde entre l'émerveillement et l'interrogation.
- Tu veux qu'on emménage ensemble ?
- Et bien, c'est un peu l'idée bien que je ne sois pas souvent là en ce moment...
- Ah.
Elle semble déçus et je ne suis pas sur de comprendre son ressentie. En voulant la soulager, j'ai l'impression de l'avoir mise mal à l'aise et rendu encore plus triste qu'elle ne l'est déjà.
- T'as l'air déçu. Y a un problème ? Tu ne veux pas... C'est trop tôt ?
- Non, y a pas de problème.
- Alors dis moi ? Je ne comprends pas là.
- Je t'aime et oui je veux passer plus de temps avec toi... Et c'est génial, tu me propose de venir vivre ici avec toi mais en même temps, tu ne te mouilles pas trop vu que t'as vie à présent se trouve à Paris ! Et ici pour le coup je vais me retrouver vraiment toute seule.
- Alors quitte Clermont et viens avec moi sur Paris !
- Je ne veux pas vivre à Paris et puis là bas je n'aurai personne à part toi ! Non je préfère rester ici, là j'ai ma vie et mes amis. Il faut juste que je me fasse une raison et m'habituer à cette relation à distance.
- Je ne resterai pas éternellement sur Paris. Là c'est le temps que tout se mette en place.
- Je le sais, ne t'en fais pas !
Accroupi face à elle, je plonge mon regard dans ses grands yeux ambrés. Ils sont remplis de tristesses et je m'en veux de la rendre triste avec cette nouvelle vie qui me tombe dessus. Mais elle lève les yeux vers le ciel et inspire un grand coup, comme pour ravaler ses larmes puis elle tend la main et se saisit des clefs.
- Tu sais quoi, je les prends et puis j'aviserai. En attendant, je veux profiter des ces instants avec toi sans prises de tête ok. Tu restes pas longtemps et durant ces quelques jours, je te veux rien qu'à moi !
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