25 Victoire
- Merci et au revoir.
Je claque la portière du taxi qui vient de me déposer devant la gare. Les impératifs de Baptiste l'ont empêché au dernier moment de me raccompagner. Je suspecte Boher d'avoir fait exprès de rajouter ce rendez-vous de dernière minutes. Le lendemain de l'enregistrement de l'émission, il a convoqué les membres des BOP pour leur expliquer qu'a partir d'aujourd'hui, ils devaient faire attention à leur image et que même quand ils ne sont pas sur scène, ils doivent faire attention à ce qu'ils font où disent. Les médias sont partout et encore plus depuis les téléphones portables... J'ai donc passé le reste de mon séjour à Paris soit confiné avec Baptiste dans la chambre d'hôtel, soit seule dans les rue de la capitale. Après en avoir discuté tous les deux, je comprends la demande de Boher car elle est aussi bien pour la carrière de mon chéri que pour ma vie privé. Je n'ai jamais voulu être connue et je n'ai pas envie que ça le devienne.
Je monte dans le train et une fois assise, lui envoie un message pour lui dire que je suis bien installée et prête à partir. Puis je vais dans ma galerie photo et me perds dans la multitude de cliché que j'ai pris de mon séjour. Alors que le wagon s'ébranle me signifiant que nous sommes partie, je regrette un peu de n'avoir pu jouer les touristes avec Baptiste plus que le samedi.
" Clermont-Ferrand vous êtes arrivés en gare de Clermont-Ferrand. Cinq minutes d'arrêt "...
J'ouvre les yeux en sursaut. J'en reviens pas ! J'ai dormi durant tout le trajet du retour. Je bondis de mon siège en faisant sursauter les gens qui m'entourent puis je saisis mon sac et me dirige vers la sortie. Comme convenus, je me dirige vers le hall de la gare pour rejoindre le parking. Marie et Brice sont dans la voiture et m'attendent garés en double file.
- Vic ! hurle Marie en sortant du véhicule.
Elle me saute dans les bras, en faisant tomber mon sac au passage. Pourvu que mes souvenirs ne soient pas cassés. Je la serre contre mon coeur tout en l'embrassant. Depuis que nous nous sommes rencontrées, on ne s'était jamais quittées autant de jour ! Enfin nous nous séparons, car Brice insiste lourdement avec le claxon.
- Ça va ! On arrive !
Marie ramasse mon sac et le jette dans le coffre sans ménagement, tandis que je m'installe sur la banquette en croisant les doigts pour que rien ne soient cassés
- Salut la parisienne, ça va ? s'informe Brice en me saluant dans le rétro.
- Ça va ! Contente de revoir Clermont même si Baptiste me manque déjà.
D'ailleurs en parlant de lui, je lui envoi immédiatement un message pour l'avertir de mon arrivé.
- Bon, comme j'avais pas envie de cuisiner pour tout le monde et que tout le monde veut te voir, on va dans notre QG , lance Marie en prenant place à son tour dans la voiture.
Brice démarre et nous roulons vers le centre ville alors que Marie m'attaque avec une multitude de questions.
Assise à notre table, je regarde mes amis bavarder tranquillement. Je leur ai déjà raconté mon voyage et montré quelques photos. Ils ont prit des nouvelles du groupe des garçons avant de reprendre le cours de leur vie. Je me sens soudain très seule au milieux de tout ce monde. Les yeux fixés sur mon téléphone, je regarde la photo que le serveur a prit lors de notre virée en bateau mouche. Baptiste me sourit et son sourire en dit long sur son bonheur à cet instant là. Il me manque déjà horriblement, d'autant qu'il n'a pas répondu à mon message... Mais je sais que je ne dois pas m'en faire, il avait un rendez-vous assez important pour le groupe ce soir. Il me répondra quand il sera disponible.
- Ca ne va pas ? me demande Marie en se penchant vers moi.
- Je suis un peu fatiguée. On s'est couché tard hier soir et le voyage m'a épuisée. J'aimerai rentrer s'il te plaît.
Elle me fait signe que oui de la tête et part chercher Brice qui danse sur la piste. C'est dans le calme que nous regagnons la maison. Une fois seule dans ma chambre, j'ouvre ma valise et en sort le tee-shirt blanc de Baptiste que je lui ai subtilisé avant de partir. Je me déshabille et recouvre rapidement mon corps avec mon nouveau doudou. Une fois son odeur sur moi, je peux enfin m'endormir en ayant l'impression qu'il est contre moi.
Déjà une semaine que je suis revenue de mon voyage à Paris et pourtant, j'ai l'impression que ça fait une éternité. Ma vie a repris son cours normal et je suis mon rythme habituelle métro, boulo, dodo. Heureusement, on arrive à se caler des moments pour s'appeler chaque jour et je dois dire que j'attends à chaque fois cet instant avec impatience. En attendant, je referme la porte de mon casier.
- Prête pour une après-midi mouvementé ?
- Choc des générations nous voilà ! dis-je en sortant du vestiaire en souriant à Maguie.
- Élèves de maternelle contre les résidents de la maison de retraite, voyons qui va gagner ?
- Je mise sur les résidents !
Après notre relève, on se dirige vers nos étages afin de changer quelques patients et de ramener ceux qui le souhaitent dans le réfectoire. Après avoir couché quelques résidents fatigués, je me dirige vers la chambre de Monsieur Riera. Ce dernier est en grande conversation au téléphone quand je rentre dans la pièce.
- Oh excusez-moi, je reviens dans quelques minutes.
- Non ma belle reste, j'en ai pas pour longtemps.
Pour me faire malgré tout un peu discrète, je vais vers la salle de bain pour faire un peu de rangement.
- Oui mon grand. Je prends mes médicaments, je mange bien et... Comment ça désagréable avec le personnel ? Je vois pas ce que tu veux dire par là ! clame Monsieur Riera.
Je souris à l'évocation de son caractère bien trempé. Hier encore, il a menacé une collègue avec sa canne car celle-ci à oublié son deuxième morceau de pain sur le plateau du soir !
- Tu sais quoi ? Tu m'agaces ! Je vais aller rejoindre la jeune dame charmante qui m'attend dans ma salle de bain ! Au passage tu devrais pas trop la délaisser comme ça, elle va finir soit par tomber sous mon charme légendaire soi sous celui d'un autre plus présent, si tu vois ce que je veux dire.
A peine a-t-il prononcé ces mots que je comprends que son interlocuteur n'est autre que Baptiste. Immédiatement, je sors de la salle de bain. En me voyant, monsieur Riera me souris de toutes ses dents en me faisant signe de me taire.
- Va falloir que tu penses à quitter la capital. Elle s'ennuie sans toi ! Bon mais t'inquiète pas, je prends soin d'elle et Stéphane est toujours là pour elle !
Il me fait une grimace avec un clin d'oeil alors que je proteste. Je tente de tendre la main pour lui faire signe que je souhaite parler au téléphone mais ce dernier poursuit.
- Aller mon grand, prend soin de toi et si tu croises des célébrités penses à mes autographes s'il te plaît ! Oui ! Je lui dirai ne t'inquiète pas ! Je me charge du bisou aussi.
Et il coupe la communication avant que je n'ai pu entendre le son de la voix de mon amoureux. Je laisse retomber mon bras le long du corps, je suis frustrée, j'aurai tant aimé parler trente seconde avec lui. Monsieur Riera se lève et vient me rejoindre tout sourire.
- Alors on y va ma grande ?
Il me passe devant et va à la porte de sa chambre. Il se retourne surpris que je ne le suive pas.
- Bah alors ! Tu viens pas ?
Je lui fais les gros yeux pour tenter de lui faire comprendre que j'attends qu'il me transmette le message de Baptiste.
- On va être en retard ! bougonne-t-il.
- Il ne tient qu'à vous pour ne pas l'être ! Dites moi ce qu'il vous a dit et j'avancerais !
Il se met à taper le sol avec sa canne tout en réfléchissant à savoir si oui ou non il va finir par parler. Pour le pousser dans ses retranchements, je m'assoie sur son lit en croisant les bras.
- Bon ! Ça va ! Vous êtes une vrai gamine des fois ! bougonne-t-il pour la forme.
- C'est l'hôpital qui se fou de la charité non ?
Il me sourit et vient s'assoir à côté de moi.
- Il m'a demandé si j'allais bien. Je lui ai dis que ma prostate me jouée un peu des tours en ce moment ! commence-t-il l'air de rien.
Je pousse un soupir pour lui signifier que ce n'est pas ça que je veux savoir. Alors il rigole un peu et continu.
- C'est rigolot, il a fait la même chose ! Vous les jeunes, vous ne comprenez rien aux choses importantes.
- Oh si ! Je m'en soucie beaucoup ! D'ailleur je le signifierais à l'infirmière à la relève. Je pense que le médecin vous fera un touché rectale pour vérifier ce soucis de prostate ! lui dis-je avec mon plus beau sourire.
Il me dévisage avec des yeux horrifiés ! Ha, ha! Prit à son propre jeu le vieux brigand.
- Vous les jeunes, vous n'avez pas le sens de l'humour !
- Je ne suis pas d'accord avec vous,je trouve même que...
- Bon ça va ! Il pense à toi, il s'inquiète un peu pour toi aussi. Mais tout ce passe bien pour lui là-bas.
- Merci. Je le rassurerai ce soir. Il ne faut pas qu'il s'inquiète pour moi. Il doit garder son objectif en tête !
Je vais pour me relever mais il m'arrête en me saisissant le bras. Surprise, je me tourne vers lui et il me dit :
- Il m'a aussi demander de te transmettre un bisou.
Et là, horreur ! Je vois sa bouche édentée, former un cul de poule et s'avancer dangereusement de la mienne ! Il ferme les yeux près à savourer le moment. Je recule la tête tant que je peux mais sa main cramponne toujours mon bras.
- Monsieur Riera, pas besoin de joindre le geste à la parole ! Je pense que j'ai compris les grandes lignes de ce que voulait dire "je te fais un bisou" !
Il s'arrête, ouvre les yeux et en voyant mon air horrifié, il explose de rire !
- Alors, qui n'a pas le sens de l'humour ? En même temps, quand on me confie une mission, je m'applique à la faire jusqu'au bout.
- Vous êtes impossible ! dis-je en me relevant. Bon on va être en retard.
Je vais vers la porte et lui fait signe de me suivre. Il se lève et me rejoint sans oublier sa canne, qu'il avait posé sur le coin du lit. Quand il arrive à ma hauteur, il me dit :
- Et au fait, pas un mot au chef pour ma prostate. C'était une blague.
- Vous êtes sur ?
- On ne peut plus ! Tout fonctionne à merveille la dedant ! me répond il en montrant son pantalon et en me regardant l'oeil lubrique.
- Ah ! Vous voilà enfin ! nous interpelle Stéphane dans le couloir.
- Désolée ! Monsieur Riera a du mal à avancer aujourd'hui.
Je regarde mon patient préféré, en lui faisant mon plus beau sourire. Pour toute réponse, il écrase mon pied avec sa canne, je ne peux réprimer un petit cri.
- Ho, pardon mon petit, je n'avais pas vu ton pied ! me dit-il avec un air narquois.
- Monsieur Riera ! Vous êtes un vrai danger avec votre canne ! Vous savez ce qu'a dit la directrice au sujet de cet objet ! On va finir par vous la confisquer ! lance Stéphane qui a assisté à la scène du bout du couloir.
- Tente de me la confisquer et tu vas voir ou tu vas la prendre ma canne ! râle Monsieur Riera.
- Voyons ! dis-je choquée.
- J'ai pas dis de gros mot à ce que je sache !
- Soyez sage ! Et surtout faite attention avec votre canne et les enfants.
- S'ils se tiennent bien et qu'ils ne me crient pas trop dans les oreilles, tout ce passera bien.
- Ça va ? s'informe Stéphane alors qu'on arrive vers lui.
- Mais oui. Elle n'est pas en sucre mon petit Stéphane. Bon ils sont ou ces mioches que je leur parle du pays ?
Déjà le remue ménage de la salle nous indique que la classe de maternelle est déjà dans la place. L'après-midi promet d'être riche en bruit !
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