24 Baptiste

La fin de la mélodie retentit dans le studio. L'animateur de l'émission se dirige sur la scène et reprends la suite de l'enregistrement après nous avoir salué une dernière fois. On sort de scène et nous regagnons les coulisses, mon coeur cogne à tout rompre dans ma poitrine. Boher nous tape dans les mains mais je n'ai qu'une seule personne en tête ! Victoire. Je balais la pièce du regard et enfin je la voie ! Elle est là dans un coin en train de nous fixer, tout en se tordant les mains. Elle est magnifique et la voir autant stresser pour nous me fait sourire. Je me dirige immédiatement vers elle et la prend dans mes bras. Elle s'agrippe à moi, comme si elle cherchait à échapper à une chute.

- Vous étiez super ! me glisse-t-elle à l'oreille.

- C'est grâce à toi ma belle. J'aurai pas réussi à tout donner si tu n'avais pas été là !

- Ils sont où les BOP ?

Je repose Victoire au sol tout en gardant sa main dans la mienne puis je me retourne pour voir le nouvel arrivant. Je suis estomaqué en voyant rentrer Tomy Lee, l'un des plus grand chanteur du moment. Le silence retombe dans la salle et tout le monde le regarde avancer vers nous. Passé la seconde de surprise, Boher reprend son rôle d'agent et nous présente. Je serre la main de Tomy qui ne tarit pas d'éloge sur notre musique.

- Je veux des maquettes. Je recherche quelqu'un pour ma première partie et je pense que vous pouvez faire l'affaire.

Putain j'y crois pas ! Je ne trouve même pas les mots ! Dire qu'il y a quelques mois, on faisait le tour des campings et que là, je suis en back stage à parler avec Tomy Lee qui nous demande de faire sa première partie après avoir écouté seulement une chanson du groupe !

Heureusement, Boher ne perd pas le nord. Il file sa carte de visite à Tomy qui lui dit de le rappeler demain pour organiser l'écoute des bandes ! Je jette un coup d'oeil à Victoire qui comme moi n'en croit pas ses oreilles. Tomy repart aussi vite qu'il est venu et nous nous regardons tous en silences complètement sous le choc de sa proposition.

- Vous savez ce que ça veut dire ? demande Boher en brisant le silence. Fiesta ! Aller, ramassez vos affaires ce soir on sort faire la fête !

Tout le monde se met à bouger en même temps et nous prennons la direction de la sortie.

Dans le SUV qui nous conduit à la boite parisienne ou Boher a réservé, un joyeux brouhaha résonne. Chacun refait la soirée en décrivant les meilleurs moment. La main de Victoire dans la mienne, je reste silencieux en savourant la clope que je me suis allumée. D'un oeil un peu distré je la regarde, elle est magnifique même dans la pénombre. Ses cheveux savamment coiffé avec une tresse africaine élaboré et son visage maquillé de façon discrète, elle est vraiment renversante. La main sur le nez, elle tente tant bien que mal de se protéger des odeurs du tabac qui l'insupporte. Un peu honteux, j'écrase ma cigarette dans le cendrier et la fait venir contre moi. Elle se laisse aller et colle son nez dans mon cou et inspire profondément.

On arrive enfin vers la discothèque, la porte du véhicule s'ouvre et toute la joyeuse bande sort. Quand arrive mon tour Boher m'attrape par le bras et me dit :

- Faudra qu'on parle demain, mais en attendant colle pas trop ta petite là !

Il montre Victoire d'un coup de tête tout en la détaillant du regard. Il laisse trainer ses yeux un peu trop longtemps sur la courbe de ses reins ce qui m'agace passablement.

- C'est ma copine alors...

Il ne me laisse pas le temps de finir ma phrase et me coupe.

- J'en ai rien à foutre. Tu restes discret sur ta vie privé et si tu t'affiches en publique comme ça, je ne pourrais pas lancer ta carrière comme je le veux. Alors tu te tiens pour la soirée. Après tu fera ce que tu veux avec elle dans ta chambre et demain on en reparle.

Il me plante là et part parler avec le vigile de la boîte de nuit. Je suis un peu séché de son commentaire et je ne sais pas trop comment prendre la chose.

- Baptiste, tu viens ? demande Victoire en me tendant la main.

Ses grands yeux brun me regardent avec plein de tendresse mais les mots de Boher résonnent dans ma tête et je la secoue pour les sortir de là mais je passe à côté de Vic sans lui prendre la main et tente de lui faire un sourire pour l'inciter à me suivre. Je ne suis pas bien fière de moi, surtout quand je la vois baisser la main que je viens délibérément de refuser. Elle passe devant moi pour rentrer dans la boîte tout en me lançant un regard perplexe.

Une fois dans la boîte, nous sommes installés comme des rois dans un carré VIP. Boher nous la joue grande star et commande du champagne pour fêter cette super soirée. Tout le monde se saisit d'une coupe de champagne et nous trinquons au succès.

Assise à côté de moi, Victoire fait teinter sa coupe contre la mienne en me mangeant du regard. Sa main disponible glisse sur ma cuisse, ce qui a pour effet de me filer la chair de poule. Ma main se pose sur la sienne mais je n'arrive pas à me retirer de la tête les paroles de Boher, alors je décale sa main et je vois dans son regard une lueur de tristesse poindre. Alors je me penche discrètement vers elle et lui chuchote à l'oreille :

- Ne le prend pas mal Vic. Je viens de me faire engueuler par Boher. Il dit qu'en publique je dois rester discret sur ma vie privé. J'ai pas trop compris pourquoi mais il dit que ça peut compromettre le lancement de ma carrière...

Elle me fait un signe de la tête, tout en retirant sa main de la mienne. Je tente de la retenir mais elle est plus rapide que moi. Le reste de la soirée se passe dans le silence entre elle est moi. Au bout de trois heures, je fais signe à Boher que je souhaite rentrer, il me commande un uber et je fais signe à Victoire de me suivre. Elle se lève et me suit en prenant bien soin de ne pas me toucher. Je salue tout le monde et pars la rejoindre devant la boîte. Il est plus de trois heure du matin et il y a toujours autant de monde dans les rues de la capitale. Le chauffeur et là et nous montons dans le véhicule sans un mot. Après avoir indiqué le nom de notre hôtel, je me cale au font de mon siège. Ma main cherche celle de Victoire mais sans succès. Je cherche à lui parler mais elle me fait signe de me taire. Dans le rétroviseur je vois le regard de notre chauffeur nous détailler discrètement ce qui me pousse à ne pas chercher plus la discussion. Heureusement, nous arrivons rapidement à notre hôtel. Victoire n'attend pas que le chauffeur nous ouvre la porte et quitte le taxis en remerciant ce dernier, puis elle se dirige d'un pas rapide vers l'ascenseur.

Une fois dans la cabine, je lui dis :

- Vic, je t'en pris fait pas la tête.

Elle tourne la tête et se met à contempler les chiffres lumineux qui défilent pour indiquer les étages. Quand la porte s'ouvre elle sort et se dirige vers ma chambre. Une fois à l'intérieur, je reprends :

- Vic, je t'en pris...

- Quoi ?

Son ton et cinglant et sans appelle. Elle est en colère et j'avoue ne pas trop savoir comment m'y prendre. Depuis que nous sommes ensemble, nous ne nous sommes jamais vraiment disputé. Je la regarde se diriger vers la salle de bain et je la regarde se déshabiller bêtement.

- Le prend pas comme ça Vic. J'avoue que j'ai été déstabilisé par Boher. Avant ce soir, il n'avait jamais fait allusion à ma vie privé et j'avoue que je n'y avais jamais vraiment pensé avant.

- Tu n'avais jamais pensé à ta vie privé avant ?

Les deux mains en l'air pour défaire sa coiffure, elle suspend son geste et me lance un regard surpris dans la glace.

- Mais pas comme tu l'entends. Je veux dire, je ne m'étais jamais posé la question à savoir comment il faudrait faire le jour ou je serais confronté à la célébrité. Tu imagines tout ce que ça implique pour toi comme pour moi ?

Ma remarque semble la déstabiliser un peu. Mais elle finit par se reprendre et recommence à se décoiffer.

- Vic parle moi s'il te plaît. Je te jure que la situation ne m'a pas plus également.

- Écoute c'est un tout. Je m'étais dis que je ne t'en parlerai pas mais franchement ça fait beaucoup pour une journée. Ta fameuse Béa, je n'ai pas du tout apprécié sa façon de faire tout à l'heure, ni la manière dont elle m'a parlé. Limite j'étais une escorte girl pour elle.

- Elle est un peu brut de décoffrage mais elle est super sympa.

- Et elle rentre dans ta chambre comme si c'était normal, fouille dans tes fringues comme si de rien était...

- Mais c'est normal, c'est ma styliste.

- Ah et donc c'est normal également que tu te montres à moitié nu devant elle et qu'elle finisse par te toucher les fesses avant de partir ?

Elle me dévisage un peu énervée et je peux lire dans ses yeux la rage qu'elle tente de contenir. J'ai un peu de mal à trouver ce que je dois répondre. Jusqu'à présent on ne s'était encore jamais disputé et je dois bien avouer que je ne suis pas sur de bien avoir saisie toute ses revendications.

- Écoute bébé, je suis désolé. Je ne voulais pas te contrarié et Boher m'a prit au dépourvu tout à l'heure ! Du coup, je ne savais plus quoi faire...

- Tu ne savais plus quoi faire ! clame-t-elle en tapant dans ses mains.

Raté, moi qui espérais la calmé il semble que j'ai aggravé mon cas...

- Tu te fou de ma gueule ? Tu m'as expressément demandé de monter à Paris pour te soutenir et vivre cette première télé avec toi ! Au final j'ai été traité comme une escorte girl par ta styliste, comme un fantôme par l'équipe qui m'a ignoré et enfin comme une moins que rien par toi sur les ordres de ton manager !

Effectivement, dit comme ça, je comprends un peu mieux sa rage. Après sa tirade qui m'a vraiment mit mal à l'aise elle me plante là au milieu de la chambre et va vers la fenêtre. Quand elle passe près de moi je tente de la saisir par le poignet mais elle m'évite. Ce geste me fait un mal de chien et je me rends compte à présent combien j'ai du la blesser ce soir en l'ignorant comme je l'ai fait.

Assise sur le bord de la fenêtre, elle contemple Paris de nuit. J'arrive à capté son reflet dans la glace et je suis triste de constater qu'elle pleure. Elle finit par essuyer rageusement son visage avec la manche de son haut puis elle s'attèle à détacher ses cheveux qui retombe sur ses épaules et son dos lui offrant ainsi un voile de protection en masquant son reflet. Le silence règne dans la pièce interrompue par moment par sa respiration irrégulière qui m'indique qu'elle pleure encore.

Je suis là comme un con, en plein milieu de la pièce à ne pas savoir quoi faire. Je m'étais pourtant promis de ne jamais lui faire de mal et de la rendre heureuse. Jusqu'à maintenant, je m'étais pas trop mal démerdé. Mais il semblerait que ce soir, j'ai tout foutu en l'air. Je retire mes pompes en les envoyant valser dans la pièce d'un coup de pied et soudain, je me sens opressais dans ma veste en cuir. Je la retire avec la même douceur que mes godasses et l'envoi valser au sol. Une fois libéré, je me rapproche de Vic, toujours assise dos à moi elle est immobile et n'a pas réagit au bruit que je viens de faire. Une fois près d'elle, je m'accroupie et doucement je tends la main vers ses cheveux et glisse mes doigts dedans pour dégager son visage. Elle tente de tourner la tête un peu plus vers la fenêtre pour éviter mon regard mais je plaque ma main sur sa nuque pour l'en empêcher. Voir son visage recouvert de larmes me brise le coeur.

- Vic pardonne moi. C'est nouveau pour moi tout ça et je ne suis pas encore au point pour gérer. Je ne voulais pas te blesser ce soir. Boher ma déstabilisé et je ne savais plus comment me positionner... quand à Béa, je n'ai pas assister à toute la scène, sinon je l'aurai remise en place directement mais je te promets que je vais lui dire deux mots. Je t'en pris, pardonne moi s'il te plaît.

Ses yeux scrutent mon visage, comme s'ils cherchaient à déceler le mensonge que je pourrai cacher. Je suis complètement anéanti, depuis notre rencontre, je sais que Victoire est une personne à fleur de peau suite à son histoire... et à présent, je crois bien que j'ai égratigné cette confiance qu'elle avait en moi. A genoux devant elle, j'attends qu'elle me réponde ou qu'elle fasse un geste. Elle finit par fermer les yeux, comme si elle ne supportait plus de me voir. J'ai du mal à retenir la grimace qui apparait sur mon visage, sa réaction est aussi violente pour moi qu'un coup de point. Ma main sur sa nuque fait de petites pression pour l'inciter à parler alors que mon autre main se pose sur son genoux. Ma bouche laisse échapper :

- Pardonne moi.

Dans un murmure presque inaudible. Ma voix semble cassé tellement la boule de chagrin dans ma gorge me fait mal.

- Je suis désolée ! finit-elle par dire entre deux sanglots.

Je la regarde surpris de l'entendre s'excuser alors que c'est moi qui me suis mal comporté avec elle. Sur mon visage, elle doit lire la surprise et me dit :

- Je ne voulais pas te faire de crise alors que tu vivais une soirée extraordinaire. Mais je ne m'attendais tellement pas à être mise de côté ! Je crois que moi aussi j'étais mal préparée à cette célébrité et tout ce que celà entraîne. Pardonne moi.

Non mais je rêve ! Elle est là, à s'excuser devant moi, avec une telle sincérité que ça en est désarmant. Je me redresse et la soulève pour prendre sa place sur ce rebord de fenêtre puis je l'installe sur mes genoux. Ses yeux scrutent tous mes gestes et ses cheveux retombent autour de nous, nous dissimulant comme si nous étions dans une cabane. Je comprends pourquoi elle les a détaché tout à l'heure. Ils offrent une réelle protection.

- Tu n'as pas à t'excuser ma belle. Tu n'as rien fait de mal et puis ta colère était légitime. C'est moi qui m'excuse.

- N'importe quoi. Tu t'es retrouvé devant le fait à complit et tu ne pouvais pas savoir pour Béa...

- T'as raison ! Après tout ce n'est pas de notre fautes mais de celle de Béa et Boher !

Nous explosons de rire et Victoire passe ses bras autour de mon cou alors que je l'embrasse avec une infinie tendresse pour faire fuir toutes les larmes de son visage.

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