Il se saisit de la carafe et n'attend pas ma réponse avant de me servir. Il la repose et continue de parler tout en changeant de sujet. Mais mes oreilles ne l'écoutent pas, un petit bourdonnement m'en empêche. Je ne comprends pas ma réaction. Je ne souhaite pas avoir d'enfant tout de suite mais sa façon catégorique de me le dire m'a perturbé.
- Tu es d'accord ?
- Pardon ? dis-je en secouant la tête pour m'aider à revenir avec lui.
- Je disais que demain avant le tournage de l'émission on ira jouer un peu au touriste. Ça te dis ?
- Oh oui ! Super.
Je prends le partie d'oublier cette contrariété et de profiter de l'instant présent. Après tout, je ne veux pas d'enfant maintenant.
Baptiste fait le tour de la table et me tend la main. Il m'attire à lui et me prend dans ses bras. Je passe ma main dans ses cheveux tout en le détaillant du regard.
- Quoi ?
- Y'a du changement, dis-je en tirant légèrement sur la mèche qui lui tombe à présent devant les yeux.
- Ah ça, répond-il en dégageant sa vue d'un légé coup de tête. C'est Béa qui dit que c'est plus fun ainsi.
- Béa ?
Une pointe de jalousie me parcours le corps et me pince le coeur au passage. Depuis quelques temps j'ai la désagréable sensation qu'il m'échappe complétement. Mon trouble doit être visible car il passe son index sous mon menton et me force à lever la tête. Mes yeux finissent par plonger dans le bleu infini de ses yeux et je me sens comme paralysée.
- Mon coeur, je ne veux pas que tu te fasses de soucis. Y a beaucoup de chose qui change dans ma vie en ce moment. Mais mon amour pour toi ne fait qu'accroître. Béa, c'est juste notre styliste et crois moi, on s'en serait bien passé et encore moi je m'en sors bien !
- C'est pour ça tout ces sacs ? dis-je en lançant un regard aux multiples sacs dans la pièce.
- T'as tout compris. Nouveau look pour une nouvelle vie... Mais dans cette vie là, je te veux avec moi !
A ces mots, mon corps frémit et mon coeur bondit de bonheur. Il nous fait basculer sur le lit avant d'approfondir notre étreinte.
****
- Tu en penses quoi ?
Baptiste me regarde d'un air émerveillé, on dirait qu'il détail chacun de mes gestes. Sa main caresse la mienne alors que nous marchons en direction de la tour Effeil.
- C'est juste magnifique. Je ne sais même plus de quel côté regarder !
- Je vois ça ! A ce rythme là, tu vas te faire un torticolis.
- Je veux être sur de ne rien louper.
- Au pire, on y reviendra.
- Oui mais ça ne sera pas pareil !ce ne sera plus ma première visite.
Pour toute réponse, il accélère le pas pour me conduire au guichet de la tour Eiffel.
- Version sport ou version touriste ? me demande-t-il l'air goguenard.
- Ça va de soit !
- Ok ! Comme tu voudras. Version sport.
- Mais...
Je n'ai pas le temps de répondre, qu'il m'attire déjà sur les premières marches. Je le suis en riant, je suis heureuse de ces instants passés avec lui. Il m'a tellement manqué durant tout ce mois. Je gravi les marches et regarde le sol s'éloigner peu à peu de moi. J'avoue que je n'en mène pas large. Je n'ai jamais eu le vertige mais en même temps, je ne suis jamais allée aussi haut de ma vie. Baptiste doit se rendre compte de mon malaise car il serre ma main dans la sienne avant de me dire :
- Ne regarde pas vers le bas.
Je suis son conseil et regarde droit devant moi. Il fait beau aujourd'hui et la vue est dégagée. Je suis complètement émerveillée par ce panoramique à couper le souffle. Il y a du monde et pourtant, j'ai l'impression d'être seule au monde avec la seule présence de Baptiste à mes côtés. Il me serre dans ses bras en me faisant tourner le dos à la vue que m'offre cet édifice magnifique puis il tire son téléphone de sa poche et me dit :
- Souries car cette photo va trôner sur ton mur dans ta chambre !
A l'évocation de mon mur photo, je souris. Je sais que cette fantaisie dans ma chambre a beaucoup plus à Baptiste et j'aime le fait qu'il veuille en faire partie. Dans ses bras, je savoure chaque seconde et j'inspire profondément en fermant les yeux. Béa a changé beaucoup de chose sur son physique mais je suis rassurée de voir qu'elle ne lui a pas changé son parfum ni son coeur.
- Tu comptes t'endormir dans mes bras ou on poursuit notre visite touristique ? me demande-t-il en m'embrassant les cheveux.
- Je croyais qu'on se faisait la visite version sportive !
- C'était le cas pour monter ici mais par contre pour la suite, j'ai prévu un peu plus calme.
- Quoi ?
- Surprise !
Il a un air mystérieux qui m'intrigue mais j'ai beau faire mes yeux de chat pour l'attendrire, il refuse de m'en dire plus et m'entraîne sur les bords de la seine. Le soleil se reflète dans l'eau qui brille à présent comme si des milliers de diamants y été caché en dessous. Hypnotisé par ce spectacle magique, je ne vois pas Baptiste freiner et le percute de plein fouet.
- Oups pardon, je ne regardais pas ou j'allais. Pourquoi tu t'arrêtes ?
- Sûrement parce qu'on est arrivé.
Je détache mon regard de mon amoureux pour regarder ou nous sommes. Devant moi, une péniche gigantesque est à l'arrêt. Une file d'attente indique qu'elle ne va pas tarder à prendre des passagers. Et je constate que Baptiste nous a stoppé dans cette file d'attente !
- T'es pas sérieux ?
- On ne peut plus !
- Oh la la ! Je ne suis jamais montée sur un bateau !
- Et tu veux bien y monter avec moi ?
- Et tu oses poser la question ?
Je suis toute excitée. Je sautille sur place d'impatience tout en tapant dans mes mains. On dirait une gosse devant un sapin de Noël. Les gens autour de nous nous regardent d'un air bizarre, mais j'en ai rien a faire ! Je suis heureuse, je suis avec l'homme que j'aime et je suis à Paris ! Alors je lâche prise et je savoure l'instant présent.
On est sur la péniche depuis environs une heure et je suis à présent assise en face de Baptiste. Et je dois dire que je n'en reviens pas ! C'est bien plus qu'une balade en bateau qu'il m'offre. Après avoir assisté au départ depuis l'avant du bateau, nous nous sommes dirigés à l'intérieur pour prendre notre repas. Sa main caresse la mienne et ses yeux me dévorent littéralement, me faisant rougir de plaisir.
- Monsieur s'il vous plaît ! interpelle Baptiste.
- Oui ? dit le serveur en revenant vers nous.
- Pouvez-vous nous prendre en photo s'il vous plaît ?
- Avec plaisir.
Le serveur prend le téléphone de Baptiste, qui se rapproche de moi pour prendre la photo. Je pose ma tête contre son torse alors que le serveur nous mitraille de tous les côtés. Puis, il rend l'appareil à Baptiste qui le remercie et il retourne à son travail. Je me penche vers mon amoureux pour regarder les clichés qu'il fait défiler lentement.
- Celle-là ! dit brusquement Baptiste en me faisant sursauter.
- Quoi celle-là ?
- Et bien, je pense que c'est celle-là que tu devrais mettre sur un coin du mur dans ta chambre !
J'étudie la photo qu'il me montre puis je relève la tête et je le vois qui me regarde avec tellement d'amour et aussi autre chose, un petit je ne sais quoi, qui me fait complètement frémir.
- Non, je ne pense pas ! dis-je tout à coup sans même vraiment réfléchir à ce que je suis en train de dire.
Son visage se décompose complètement. Et il bredouille :
- Ah, je pensais pourtant...
- Laisse moi finir avant de te vexer. Cette photo mérite plus qu'un coin de mur ! Elle mérite de trôner en plein milieu oui !
Le soulagement se laisse clairement voir sur son visage. Il se frotte d'ailleurs la joue tout en esquissant un petit sourire en coin et en rejetant sa mèche de cheveux en arrière. Je tends à mon tour ma main par dessus la table et lui dis :
- D'ailleurs au rythme ou on va, il me faudra bientôt un mur dédié qu'à toi !
Le reste de la journée défile rapidement. A trois heure de l'après-midi, nous devons regagner l'hôtel, Baptiste doit se préparer pour l'enregistrement de l'émission de ce soir. Assise sur le lit, je le regarde partir sous la douche. Je détail chaque partie de son corps pour bien l'imprégner dans ma mémoire, sachant pertinemment qu'à la fin de la semaine, je repartirai pour Clermont-Ferrand sans lui sans savoir quand je pourrais le revoir... Un coup à la porte me fait sursauter.
- J'y vais ! dis-je en bondissant du lit.
On a rien commandé au service d'étage et je suis donc un peu surprise, à moins que ça ne soit les garçons... J'ouvre la porte et me retrouve nez à nez avec une jeune femme blonde et super bien habillée. Elle me regarde aussi surprise que moi tout en vérifiant le numero de la chambre.
- Je peux vous aider ? dis-je d'une petite voix mal assurée.
- Non ! C'est bien là ! Baptiste t'es là mon grand ? dit-elle en me poussant pour rentrer dans la chambre.
Je la regarde rentrer complètement sidérée. Elle commence à fouiller dans les affaires de Baptiste comme si de rien été, à croire qu'elle a l'habitude de se retrouver dans sa chambre. Je ferme la porte en la faisant claquer volontairement. Elle relève la tête rapidement, avant de reprendre ses investigations. Dépitée et ne sachant pas trop quoi faire, je croise mes bras sur ma poitrine en la regardant faire impuissante.
- Chérie, tu comptes me regarder longtemps sans rien faire ? Sois tu me trouve cette putain de veste en cuir, sois tu rentres chez toi ! Baptiste à une soirée importante ce soir et on a pas de temps à perdre avec toi, lance cette connasse en me lançant un regard foudroyant.
- Je vous demande pardon ? dis-je sur un ton qui je l'espère l'intimidera.
Bon je ne suis pas sur que cette fille soit du style à être intimidé mais je tente ma chance quand même.
- Écoutes chérie, Bapt fait ce qu'il veut sur ses heures de repos mais là, on bosse ! Alors sois tu te rends utiles, sois tu vires ! Tu piges ?
Je vais pour répondre lorsque la porte de la salle de bain s'ouvre en laissant passer un nuage de fumé d'ou en sort Baptiste torse nu, tel une apparition. Il me sourit et comprend rien qu'en regardant mon visage que quelque chose ne va pas.
- Vic ...
Il n'a pas le temps de me poser de question que la blonde se jette sur lui en lui tapant la bise.
- Bapt ! Ça va ? Pas trop stressé ?
- Béa ! Non ça va. Tu es là depuis longtemps ?
Alors là, les bras m'en tombent ! Ils se parlent comme si de rien n'était tout en m'ignorant !
- Non t'inquiète, ça doit faire cinq minutes que je suis arrivée. Avant j'ai été voir Olivier et Patrice. Ils sont en train de se préparer. Alors maintenant à toi. Pour cette première apparition, je veux marquer les esprits des filles. N'oublions pas que même si votre publique touche tout le monde, on ne va pas se mentir, c'est les filles qui vont lancer votre carrière. Alors je te veux ténébreux ! On va se la jouer simple, le jean noir légèrement troué au genoux avec le tee-shirt blanc et ta putain de veste en cuir noir que je ne retrouve pas ! Je l'avais laissé là l'autre soir pourtant !
Je manque de m'étouffer, en voulant avaler ma salive, en l'entendant dire qu'elle était dans la chambre de Baptiste l'autre soir ! Personne ne prête attention à ma quinte de toux et Baptiste reprend en regardant son jeans qu'il vient d'attraper au vol.
- Mais Béa il est pas troué mon jeans !
- Ah ! C'est vrai. Donne.
Elle lui arrache le jeans des mains et se dirige vers le bureau dans le coin de la pièce. Elle se saisit d'un ciseaux et d'un geste théâtrale, elle donne un coup dans le pantalong, elle repose le ciseaux et revient vers Baptiste tout en tirant de chaque côté du trou qu'elle vient de faire.
- Voilà un jean troué Monsieur ! Aller zou, va te préparer et ne te rase pas ! Ça fait bien cette légère ombre sur ton visage.
Elle se dirige vers la porte et en passant à côté lui elle lui met une petite claque sur la fesse. Ce qui le fait rigoler. Moi par contre, je fulmine dans mon coin. Mais Béa quitte la pièce aussi vite qu'elle est rentrée en lançant :
- Dans vingt minutes dans le hall compris ?
Elle n'attend pas la réponse et fait claquer la porte en sortant. Le silence retombe dans la pièce et je suis toujours sous le choc. Baptiste me regarde et me sourit en me disant comme si tout ce que je venais de voir était normal.
- Elle est extra !
Toujours sans voix, je ne trouve rien a lui répondre car pour ma part, je la trouve loin d'être extra ! Je déglutie avec peine en m'appretant à lui répondre mais soudain, je me rappelle que ce soir ce joue une partie importante pour la carrière de Baptiste et que par amour pour lui, je peux mettre un peu de côté mon amour propre et avoir cette conversation au sujet de cette fameuse "extra Béa " à un autre moment ! Alors je souris à Baptiste en lui disant :
- File te préparer, tu vas être en retard.
- Tu viens te préparer avec moi ?
- Et bien je ne sais pas. Je dois m'habiller comment à ton avis ?
- Je ne sais pas. On ne te verra pas, tu vas rester en coulisse mais après, on risque de sortir...
Je regarde ma valise et me décide pour un pantalong habillé noir et un haut blanc en dentelle. J'agrémente le tout avec une paire descarpins noir. Sobre mais classe.
Et vingt minutes plus tard, on quitte la chambre main dans la main pour rejoindre le groupe dans le hall de l'hôtel.
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