14 Victoire
Il est là ! Sur la scène, je ne vois que lui ! Il porte un jeans noir troué à son genoux droit, et un tee-shirt gris clair. Ses cheveux blond passent de temps à autre devant ses yeux et il les remonte d'un simple mouvement de tête, ce qui lui donne un air encore plus mystérieux. Par moment, il ferme les yeux, comme pour être imprégné de la chanson. Les gens devant la scène tapent dans leurs mains en mesure, preuve qu'ils sont conquis par le rythme entêtant de la musique de BOP ! Moi même, je lève les mains au dessus de ma tête et tape en cadence.
Nous sommes cinq de la maison de retraite. Quand je leur ai dit que les BOP étaient là, ils ont tous tenu à venir les voir avec moi. Je savoure le moment avec mes collègues mais j'ai hâte que le spectacle prenne fin. Dans la foule, les filles crient le prénom des garçons et je suis ravie de me dire que Baptiste n'en a rien faire puisque c'est avec moi qu'il est !
La soirée touche à sa fin et la foule commence à se disperser. Je m'approche de l'arrière de la scène sans oser pour autant rejoindre le groupe. Cependant je les entends discuter et revivre le concert entre eux :
- T'as vu la foule ?
- Putain c'est clair ! Y avait un monde de fou ! Et toutes ces filles qui gueulaient nos prénoms !
- J'en reviens pas, une soirée de folie !
- On fait quoi après ?
- Vous je ne sais pas mais moi, je vais rejoindre ma belle !
- Avec toutes les cailles qui ont crié ton prénom, tu vas pas essayer d'en profiter un peu ?
En entendant ça, mon sang se glace instantanément. Il est vrai que les musiciens ont l'embarras du choix... cependant, la réponse de Baptiste ne tarde pas et me rassure immédiatement.
- Franchement, j'en ai rien à faire ! On remballe et je pars la rejoindre.
Je recule un peu du rideau noir qui nous sépare et vais m'assoir un peu plus loin. J'ai dit à Marie de continuer la tournée des bars sans moi, préférant voir mon chéri. Un légé vent frais c'est levé, je ferme les yeux, appréciant pleinement cet air rafraîchissant. La journée a été longue et épuisante. Le mini concert des BOP ayant survolté les résidents, je dois bien avouer que le fait de me poser un peu au calme me fait du bien. Je savoure ce moment de plénitude quand soudain, une voix vient troubler mon repos.
- Bonsoir. C'est pas prudent de rester toute seule comme ça. Je me propose de te tenir compagnie ! dit un garcon, que je ne connais pas.
Il commence déjà à s'avancer pour s'assoir à côté de moi. Je vais pour lui répondre que je ne souhaite pas qu'il s'installe mais je n'en ai pas le temps.
- Elle est pas seule, merci ! tonne Baptiste en passant rapidement devant le mec et en me tendant la main.
Il a sa guitare rangée dans son étui qu'il porte sur son dos, lui donnant vraiment l'air cool du musicien. Le mec le regarde faire avec l'air contrarié. Je saisie la main de Baptiste qui m'attire directement à lui. Le mec ne cherche pas plus loin et s'en va en mettant ses mains dans ses poches .
- Qu'est ce que tu fais là toute seule ?
- J'attendais que tu ai finit.
Il se penche sur moi et m'embrasse avec fougue. Sa main presse le bas de mon dos me plaquant un peu plus contre lui.
- Tu aurais dû venir nous rejoindre derrière ! finit-il par me dire en me carressant la joue.
- J'ai pas osée venir vous déranger.
- N'importe quoi. Tu es toujours la bienvenue.
Comme pour assurer ses dire, il m'entraîne dans les coulisses ou ses collègues sont en train de finir de boucler les malles.
- Tiens Baptiste tu prends cette malle pour le van s'il te plaît. indique Olivier sans même se retourner.
- Ouais ok. répond Baptiste en lâchant ma main.
Un peu gênée, je me mets dans un coin, ne sachant quoi faire. Les mecs se retournent et voient que je suis là.
- Salut, dis-je en faisant un signe de la main.
- Ah, salut. Tu es venue faire la groupie ? raille Patrice.
- Non, juste voir mon copain. Mais vous avez bien joué.
- Merci, me dit Olivier en venant claquer un bisou sur ma joue.
- Je peux vous aider ?
- C'est pas de refus, dit Patrice en me tendant une boîte.
Je la prends et les suis jusqu'à leur véhicule. Ils rangent tout leur matériel dedans tout en continuant à parler de leurs impressions suite à ce concert.
- J'en reviens pas ! Tu te rends compte, les gens commencent même à connaître nos chansons !
- Mon petit Pat c'est le début de la gloire ! réplique Olivier en lui frottant le crâne avec son poing.
- En tous les cas, ça fait un bien fou ! Bon les mecs, on en reparle demain, je vais y aller avec Victoire.
- Ok. C'est ton choix. lance Patrice d'un air entendu.
Cela me met mal à l'aise et me rappelle leur conversation de tout à l'heure. Baptiste répond par l'affirmative et les saluts tout en me prennant par la main. Je fais un signe pour saluer ses amis et nous nous éloignons.
- Tu es sur que tu n'aurais pas préféré passer la fin de soirée avec eux ? demandé-je une fois que nous sommes seul.
- Oui pourquoi ?
- Je ne sais pas... pour profiter de votre moment de gloire à trois...
- On profite pleinement ne t'en fait pas. Et puis entre une soirée entre potes et une soirée avec toi, y a pas photo...
Il s'arrête et plonge ses yeux bleus dans les miennes comme s'il cherchait à me sonder. Je dévis le regard pour tenter de lui échapper mais il ne lâche rien et finit par me dire :
- Qui a-t-il ?
- Rien...
- Si, je le vois bien. Y a un truc dans ton regard. Parle moi.
- Et bien... je vous ai entendu tout à l'heure, sur le fait que tu t'encombres de moi alors que tu pourrais profiter de votre succès pour avoir plein de filles bien mieux que moi... et puis Patrice tout à l'heure qui m'a traité de groupie...
- Laisse tomber, si tu veux mon avis. Quand aux gars du groupe... ils sont pas du genre à se poser... Mais moi, je ne fais pas de la musique pour le show biz et les filles... je fais de la musique car y à que ça de vrai pour moi ! Quand je chante, j'oublie tous mes soucis et cette vie qui parfois me fait chier. Et puis, depuis quelques temps, il y a toi dans ma musique...
- Moi ?
- Oui. Depuis que je te connais j'ai tout un tas de mélodie qui virevoltent dans ma tête. J'ai jamais autant écrit et composé que depuis que je te connais. Tu as bouleversé beaucoup de chose dans ma vie en très peu de temps et sans même t'en rendre compte.
Devant cette sincérité désarmante, je ne sais plus quoi dire. D'ailleurs, y a-t-il vraiment quelques choses à dire ? Sa main caresse ma joue, son regard est braqué sur moi et sa bouche est une invitation au plaisir. Alors, je me hisse sur la pointe des pieds, car même malgré mes talons, il me dépasse, et je pose mes lèvres sur les siennes qui ne se font pas prier pour me répondre. Sa langue douce et chaude écarte déjà mes lèvres pour venir caresser la mienne. Je fais le vide intégral autour de nous car ici, à cet instant, après les confidences qu'il vient de me faire, il n'y a plus que lui et moi !
Puis, il interrompt notre baiser et me dit :
- J'aimerais faire un truc avec toi.
Mon regard perplexe le fait rire, du coup il m'explique partiellement ce qu'il compte faire.
- Je voudrais aller dans un endroit avec toi pour prolonger la nuit !
Sans attendre ma réponse, il tire sur mon bras et c'est en courant que nous rejoignons sa voiture. Une fois à l'intérieur, il mets directement le contact et nous partons sur les hauteurs de Clermont-Ferrand. Il finit par se garer dans un endroit complètement désertique et me fait signe de sortir de la voiture. Il est plus de deux heures du matin mais la nuit est bien éclairée par la pleine lune. Il saisie son étui à guitare sur la banquette arrière et me fait signe de le suivre.
- Baptiste, je ne veux pas te contrarier mais le parc de Monjuzé est fermé la nuit. On ne pourra pas y rentrer.
- Parce que tu ne sais pas ou regarder !
Il m'entraîne vers un grillage et tire directement à un endroit comme s'il savait déjà qu'il était cassé.
- Après vous mademoiselle ! dit-il en se décalant pour me laisser passer.
- T'es conscient que je suis en mini robe et que je porte des talons ?
- Je te promets que si tu abîmes tes affaires, je t'en offrirais des plus jolie encore. Dès que je toucherai mon premier caché, le jour ou je percerai enfin dans la musique. Et mon petit doigt me dit que c'est pour bientôt.
- Ok. Je saurais te le rappeler !
Sur ces mots, je me mets à quatre pattes et me glisse dans le parc, tout en esperant qu'il n'y ait pas de chien de garde la nuit. Baptiste ne tarde pas à me suivre et en se relevant, il m'entraîne avec lui.
- Viens, je sais exactement ou je veux t'emmener.
Nous marchons main dans la main, la lune éclairant notre chemin, la légère brise apportant juste ce qu'il faut de fraicheur. Le silence qui nous entoure est des plus appréciables, surtout après avoir eu autant de bruit juste avant. Nous arrivons rapidement là ou il veut et il commence à descendre le long d'un toboggan.
- Qu'est ce que tu fais ?
- Rien n'est pas peur suis moi !
- Hors de question !
Il me regarde surpris de ma réaction, n'y tenant plus, je rajoute d'un ton enjoué.
- Si tu veux me faire descendre, je prends le toboggan !
Je lâche sa main et rejoint le haut du jeu. Il me regarde encore plus surpris et je glisse devant lui en criant et en levant les bras, savourant ce moment de retour en enfance. Une fois en bas, je me relève et en me retournant, je vois Baptiste dévaler à son tour le toboggan avec sa guitare dans les bras.
- C'est quand même plus rapide ainsi tu ne crois pas ? dis-je en tendant la main pour l'aider à se relever.
- En vrai, j'avais peur que tu n'oses pas le faire...
- N'importe quoi ! Bon on va ou ?
Il pointe du doigt la pelouse dans un endroit un peu reculé de l'air de jeux. Une fois arrivé à destination, nous nous installons dans l'herbe côte à côte. Il pose son étui et commence à l'ouvrir. Il se met à gratter les cordes et la musique emplie rapidement le lieu, rendant encore plus magique cet instant. Ses yeux plantés dans les miens, il commence à jouer une mélodie lente mais entêtante. Puis il commence à chanter, sa voix chaude provoque des frissons sur mon corps. Je bois littéralement ses paroles ou il décrit notre rencontre et ce qu'il ressent lorsqu'il me voit. Mon coeur chavire car c'est plus qu'une déclaration d'amour.
A la fin de la chanson, je ne trouve plus les mots pour exprimer ce que je ressents. D'ailleurs, ils ne seraient pas assez fort. J'attends qu'il repose l'instrument dans son étui et je me jette sur lui pour l'embrasser. Il me réceptionne et se couche sur le dos, tout en me serrant dans ses bras. Nous restons là, enlacés durant un long moment, nos bouches et nos mains nous permettant de parler mieux que des mots. Puis, au bout d'un moment, nous interrompons notre étreinte et il me fait glisser sur le côté tout en me gardant contre lui.
- Ça va ? me demande-t-il en caressant tendrement ma joue.
- Oui. Je suis... émue.
- Pourquoi ?
- Par tes mots, par cette chanson, par ce moment que tu m'offres si intime et si beau à la fois. Jamais encore un garçon n'a fait ça pour moi.
- Et bien, ils sont bien bête mais ça m'arrange.
Le ciel commence à s'eclaircir et nous nous relevons pour pouvoir admirer le levé du soleil. J'admire le paysage qui s'offre à moi, tout en regardant la nature et la ville se réveiller sous nos yeux. Puis Baptiste nous fait pivoter brusquement, tout en me gardant dans ses bras.
- Mais qu'est ce que tu fais ? Le spectacle est dans notre dos !
- Oui mais pas complètement, il manque l'essentiel.
Il gigote un peu et sort son portable de la poche de son jeans. Il le brandit devant nous, en me serrant toujours contre lui, puis il me dit :
- Maintenant le spectacle est au complet.
Il appuis sur le bouton, déclenchant la photo, immortalisant ce moment si magique.
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