11 Baptiste
Une semaine c'est écoulée depuis cette soirée là. On a passé un bon moment à parler lorsqu'elle m'a rejoint dans le lit puis le dimanche, lorsque nous nous sommes réveillés nous avons prit le temps de déjeuner puis nous sommes aller nous balader un petit peu avant que je la ramène chez elle. Elle m'a fait monter dans son appartement puis après un petit moment, je l'ai laissé avec son amie Marie.
Depuis, nous nous sommes parlé par téléphone mais impossible de trouver un moment pour se voir. Nous avons prit un peu de retard sur le chantier et Victoire a reprit le travail de jour. Et puis avec le groupe, nous avons dû intensifier les répétitions car la fête de la musique arrive à grand pas. Nous avons obtenus une estrade bien placé en plein coeur du centre ville, ce qui va nous permettre de mieux nous faire connaître.
- Tu as bouffé du lion aujourd'hui ? me demande mon chef alors que je suis en train de finir un branchement, me ramenant ainsi à la réalité.
- J'ai plein de truc à faire ce soir chef. Ça fait trois jour que j'active pour rattraper le retard.
- J'ai vu ça ! Et ça paye. Tu peux y aller Baptiste.
Il n'a pas le temps de finir sa phrase que déjà je jette mes outils dans la caisse et rassemble tout mon matériel avant de quitter le chantier. Une seule idée en tête, aller rejoindre ma belle ! Elle est du soir et je vais enfin pouvoir la voir, certe sur son lieux de travail mais je n'ai pas d'autre choix. Et puis, je dois mettre au point avec l'animateur le petit concert pour la fête de la musique.
La route me semble longue jusqu'à Durtol mais enfin, je me gare sur le parking juste à côté de la voiture de ma belle. Je me présente d'abord au niveau administratif pour prévenir Stéphane de ma présence et on m'indique qu'il est dans le refectoire. Je m'y rends rapidement, pressé d'en finir pour enfin pouvoir la voir.
- Un peu plus à droite ! dit une voix chevrotante.
- Mais non à gauche clame une autre voix plus grave qui cherche à imposé son point de vu.
J'ouvre la porte et découvre un joyeux remu ménage. Tous les petits vieux valides de la maison de retraite sont debout en train de s'affairer dans la pièce. De la peinture, des ciseaux et des feuilles de papiers sont éparpillés un peu partout sur les tables. Mais au milieux de la salle, je vois pépé s'agiter en levant sa canne d'un air menaçant. Devant lui, une petite dame au cheveux blanc avec une mise en plis impeccables ne semble pas perturbée pour un sous.
- Et je vous dis qu'on le verra mieux ici ! réplique la petite vieille sans se démonter.
- Bon il va falloir vous décider ! Et Lucien pour l'amour de dieu, baissez cette canne !
Cette voix me procure immédiatement un frisson de plaisir dans le dos. Je détourne mes yeux de la scène de combat et je remarque dans tout le groupe ma belle, juchée sur une chaise, elle même installée sur une table, les bras tendus avec une affiche dans les mains. Je comprends rapidement que l'affiche est le sujet de la discorde.
- C'est pour mieux indiquer l'emplacement de l'affiche et j'ai dit un peu plus à gauche ! D'ailleurs c'est le groupe de mon petit fils donc c'est moi qui décide ! Victoire mon petit décalez moi cette affiche.
Du bout de sa canne, il tapote la feuille faisant sursauter Victoire qui manque de tomber. Je me précipite pour la rattraper mais je suis devancé par Stéphane qui sort de je ne sais où et qui rattrape Victoire par la taille pour la stabiliser. Ses mains sur son corps m'agace au plus haut point. Déjà que toute la semaine j'ai pesté de savoir qu'il avait la chance de pouvoir la voir mais jamais je ne m'étais dit qu'il pouvait aussi la toucher.
- Monsieur Riera vous exagérer ! le gronde Stéphane.
- Je suis responsable de la communication du groupe ! clame pépé toujours en brandissant sa canne.
- Il se sent surtout plus depuis qu'il a un petit fils chanteur ! lance une mamie essayant de dire ça sur le ton de la confidence mais en parlant si fort que toute la salle en profite.
Cependant, comme tout le monde m'a l'air dur de la feuille, personne ne relève. Voyant que la situation ne se débloque pas et que la pauvre Victoire a toujours les bras en l'air, je me rapproche et leur dit :
- Il m'a l'air très bien ici !
- Oh ! Le chanteur ! clament des mamies en se rapprochant de moi immédiatement.
- Évidemment monsieur arrive et vient saboter mon travail ! bougonne pépé.
Victoire profite de ce moment d'inattention du petit groupe pour fixer l'affiche et je la vois descendre de sa chaise aider par se con de Stéphane qui lui tend la main. J'aimerai bien venir l'aider mais le gang des mamies en furie me bloque le passage en me posant mille questions !
- Vous allez bien ?
- Vous trouvez les affiches comment ?
- Nous avons tout décoré pour vous !
- Vous êtes célibataire ?
Cette dernière question m'interpelle. Je baisse les yeux sur la mamie qui est suspendu à mon bras et qui me regarde avec des yeux plein d'amour derrière ses lunettes à double foyer.
- Voyons mesdames, calmez-vous ! réplique pépé en les poussant pour venir me rejoindre. Viens là mon petit, regarde ce qu'on a préparé ! Ça a de la gueule !
Au plafond sont suspendus des dessins de guitares, de synthétiseur et autre objet en rapport à la musique et Victoire vient de finir d'accrocher une bannière sur laquelle est inscrit le nom du groupe en grosse lettre noir et doré.
- On a arrangé un peu votre logo ! Le votre est un peu dépassé à notre goût ! m'explique pépé d'un air supérieur.
- Heu oui, bien, si tu le dis...
- Allez tout le monde, il est tard. Tout le monde repose les ciseaux sur la table centrale et retourne dans sa chambre ! lance Stéphane.
Le petit groupe bougonne un peu tout en reposant le matériel et la pièce commence à se vider un peu.
- Bonjour Baptiste !
- Bonjour Stéphane. C'est sympa ce que vous avez fait.
- Ils sont tous très motivés et ravis de pouvoir assister à votre petit concert.
- Oui, on commence petit mais on en fera un plus grand avec une meilleure préparation ! s'incruste mon grand-père dans la conversation.
- Monsieur Riera, c'était valable pour vous aussi le retour en chambre.
- Mon petit Stéphane, ça fait bien longtemps que je ne fais pas ce que l'on me dit ! Je suis peut-être vieux mais je suis encore libre de mes choix ! clame pépé en levant sa canne en signe de protestation.
- Pépé calme toi ! Bon au final je venais pour dire qu'on sera là vers quatorze heure trente pour s'installer. Concert à quinze heure car à seize heure trente grand maximum on devra partir pour tout mettre en place sur notre scène en centre ville.
- Parfait ! On ouvrira le portail de derrière pour que vous puissiez mettre votre matériel au plus près.
Après avoir parlé deux, trois minutes tous les deux afin de tout mettre au point, je raccompagne pépé à sa chambre tout en pestant interieurement. Victoire a quitté la pièce et je ne sais pas ou elle est. Tout en marchant, je jette des regards discrets pour tenter de la trouver.
- Pas besoin de te dévisser la tête, elle est pas là ! ricane mon vieux bougon.
- Je ne vois pas de quoi tu parles...
- Oh arrête, ne me la fait pas ! Je suis peut-être vieux mais on ne me la fait pas à moi ! T'as toujours pas réussi à sortir avec elle ? Stéphane il manque pas une occasion !
- Oui merci, j'ai pu constater ! D'ailleurs merci de lui avoir dit de venir voir mon concert l'autre soir ! J'ai passé mon temps à chanter tout en l'observant draguer Victoire !
Je le vois rire en coin et cela m'agace au plus au point.
- Ça t'amuses ?
- Oui !
- Et bien pas moi. C'est à se demander de quel côté tu es ?
- Du côté qui s'ennuie et qui trouve une occupation comme il peut !
- Ouais bin j'ai vu en venant qu'ils font une après-midi petit chevaux dans le grand salon demain, ça devrait te passer le temps !
A peine ai-je fini ma boutade que sa canne vient s'abattre sur ma tête !
- Aie ! Pépé, tu vas finir par te la faire confisquer ! dis-je en me frottant le dessus du crâne.
- Pas moyen, je ne me laisserais pas faire et puis j'en ai une autre caché dans mon placard ! Et t'aurais pas reçus de coup si t'arrêtais de dire des conneries ! Alors t'en es où avec la petite ?
Son regard se fait pressant alors qu'il s'installe dans son fauteuil. Je fais un rapide tour de la chambre pour voir s'il ne manque de rien, puis je m'assoie sur son lit en souriant bêtement en repensant à notre dernière soirée.
- Bah vas-y, fait profiter ! Tu sais que j'ai plus que ça moi à présent !
- Tu savais qu'elle a les cheveux hyper long ? dis-je brusquement, en revoyant dans ma tête la cascade brune recouvrir ses épaules et son dos.
Avant je trouvais ça bête les filles avec les cheveux super long, mais depuis que j'ai rencontré Victoire, je ne pense qu'a ça. Je revois ma main s'y glisser dedans et ça peut paraître con mais je trouve ça érotique.
- Quel con ! clame pépé en se tapant la tête avec sa canne.
- Quoi, tu as oublié quelque chose ? m'alarmé-je.
- Oh j'ai du foirer ton éducation ça c'est sûr ! Je te demande des détails et tu me parles de ses cheveux ! C'est à ce demander si t'es normal ? Regarde par exemple quand j'ai rencontré ta grand-mère, elle avait une paire...
- Bon, il se fait tard, j'avais pas vu l'heure ! Je vais te laisser te reposer et n'oubli pas de prendre tes cachets !
Je lui donne une tape amicale dans le dos et quitte rapidement la chambre avant qu'il n'ait le temps de me parler de l'incroyable paire de ma grand-mère !
Après un rapide coup d'oeil dans le couloir, je suis obligé de constater que Victoire n'est pas là, alors je me dirige vers la sortie un peu dépité. En faisant le tour du bâtiment pour regagner le parking, j'entends le son que j'aime le plus au monde depuis quelques temps, le rire de Victoire. Je me laisse guider et la découvre en pleine conversation avec ses collègues et Stéphane. C'est à croire qu'il est toujours fourré avec elle ! Contrarié, je bifurque à nouveau vers le parking. Dans mon dos, j'entends des pas précipités.
- Baptiste !
Ce n'est autre que Victoire qui me cours après. Je meurs d'envie de me retourner mais on est encore trop prêt de ses collègues et je n'ai pas envie de la partager. Quand j'estime que nous sommes assez loin et surtout que je commence à avoir peur qu'elle ne me suive plus, je m'arrête et me retourne tout en glissant une main dans ma poche, pour me donner un peu de contenance.
- Baptiste tu ne m'entendais pas ? peste-t-elle en reprennant son souffle.
- Si mais on était trop près de Stéphane !
Elle se retourne pour évaluer la distance et me regarde en souriant.
- T'es jaloux ?
Dans le mille ! Mais je ne vais quand même pas lui avouer !
- Je dirais plutôt que je ne l'aime pas ! Et j'ai encore plus de mal avec lui quand il a ses mains sur toi !
Elle me regarde embêtée puis elle se rapproche de moi. De là où on est, ses collègues ne peuvent pas nous voir car les branches du sol pleureur tombent autour de nous. Elle me tend la main et instinctivement, je m'en saisit. Elle me sourit timidement et je sens mon coeur fondre littéralement.
- Tu m'as manqué cette semaine...
- A moi aussi, dis-je en l'attirant à moi.
Automatiquement, elle se blotti contre moi et à ce moment là, je sais que je n'ai jamais ressentie ce que je ressens pour elle avec aucune fille. Je la sens inspirer calmement l'air contre mon torse, son dos se soulève lentement sous mes mains puis elle lève les yeux vers moi et me dit :
- Ce soir Marie n'est pas là... Ça te dirais de venir chez moi ?
Si ça me dit ? Plus que ça encore ! Je vois dans son regard qu'elle guette ma réponse et je ne peux la faire patienter plus longtemps !
- A quelle heure ? dis-je simplement.
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