10 Victoire

Il ouvre la porte de son appartement fébrilement et une fois à l'intérieur, il la referme en la faisant claquer puis il tourne la clef dans la serrure et se plaque contre la porte. Je suis debout au milieu de son appartement et je lui souris. Il est vraiment beau et pour une fois, je ne suis pas la seule à avoir les joues rouges ! Ses yeux bleus détails mon corps et me font frémir à distance. Il passe sa main dans les cheveux pour remonter une mèche qui vient frôler son visage. Puis il souffle et me dit :

- Ouf ! Enfin seuls ! A croire qu'on a du mal à pouvoir se retrouver tous les deux tranquillement. Mais là, la porte est fermée à clef donc les mecs ne peuvent pas nous interrompre.

Il sort son portable de sa poche et me montre qu'il l'éteind également. Il me sourit et mon coeur chavire. Il s'avance vers moi et m'attire sur le canapé avec lui. Assis côte à côte il se tourne vers moi et me caresse le visage. Ses doigts sur ma peau me font frissonner. Sa langue passe doucement entre ses lèvres et ses dents viennent mordre lentement sa lèvre inférieur, intensifiant ainsi son regard. Une douce chaleur me parcours le ventre et vient finir sa course juste à mon entre jambe, m'obligeant à serrer un peu les cuisses pour contenir le plaisir.

- J'aimerais voir un truc s'il te plait. Ça m'intrigue depuis le premier soir ou je t'ai vu et je meurs d'envie de le faire.

Il remonte sa main vers ma tête et d'un geste précis, il dénoue mes cheveux qui retombent en cascade sur mes épaules et finissent de se dérouler jusqu'au bas de mon dos. Je secoue légèrement la tête pour étaler la masse brune uniformément. Ses yeux parlent pour lui et laissent montrer son étonnement. Je lui sourie tout en lui disant :

- Alors satisfait ?

- Je dirais plutôt surpris. Je ne m'attendais pas à une telle longueur !

Il glisse ses doigts entre les mèches et les fait passer de la base de mon crâne à la pointe de mes cheveux. Il bouge légèrement les doigts pour faire apparaître des reflets avec la lumière du plafonnier. Puis il monte la mèche à son nez et l'inspire en fermant les yeux comme pour mieux en capturer l'odeur. Ce geste est simple et pourrait même passer pour désuet mais là, sur l'instant, je trouve qu'il rend notre intimité des plus romantiques. Puis il finit par ouvrir les yeux et nous restons plongés dans le regard l'un de l'autre durant un temps infinies, écoutant nos respirations qui rythment le temps.

Au bout d'un certain temps, il finit par secouer la tête et me dit :

- Tu veux boire quelque chose peut-être ? Je manque à tous mes devoirs en tant qu'hôte !

- J'avoue que j'ai un peu soif.

Il bondit du canapé comme un pantin sorti de sa boîte et se rend vers le petit frigo.

- Coca grenadine ? Histoire de faire péter ta dose de sucre ? Je suis allé acheter de la grenadine rien que pour toi !

Devant cette gentille attention, je lui sourie et me lève pour le rejoindre tout en le remerciant.

- Il ne fallait pas !

- Oh que si ! Je dois absolument me faire pardonner pour hier.

Tout en disant celà, il sert mon verre et se prend une bière au frigo. Je ne peux réprimer une grimace devant la bouteille. Il s'en rend compte et me dit :

- Ça te dérange ?

- Oh ! Non, pardonne moi ! J'ai l'alcool en horreur mais qui je suis pour interdire des choses aux gens ?

- Tu es la fille avec qui j'ai envie d'être et que j'essaie d'impressionner...

- Tu cherches à m'impressionner ? Mais tu sais, tu n'as rien à faire de particulier pour ça ! Il te suffit juste d'être toi !

Voyant qu'il rouvre le frigo pour ranger sa boisson je rajoute :

- Ne fait pas ça ! Cela ne me gêne pas du moment que ça n'est pas une habitude qui tourne à l'addiction.

Il me regarde un peu surpris et hésite quelques instants, comme s'il se demandait intérieurement ce qu'il devait faire.

- J'insiste. Boit ce qui te fait plaisir.

Il ressort sa bouteille et nous rejoingnons le canapé. Une fois installé, je bois un peu dans mon verre tout en regardant Baptiste. Il a ouvert sa bouteille et joue avec le bouchon, le faisant passer adroitement entre ses doigts. Puis il le jette en l'air avant de le rattraper et de le déposer sur la table basse.

- Je peux faire un truc ? dit-il en se retournant vers moi.

- Ça dépends quoi...

Il se saisit de mon verre tout en me disant :

- Je me demande quel goût ça a ton truc.

Il trempe ses lèvres dans le verre et avale une gorgé avant de faire une grimace.

- Beurk ! C'est beaucoup trop sucré ton truc ! Tu fais péter le taux de sucre à un diabétique à coup sûr avec ça !

- Petite nature ! dis-je en riant. C'est pas donné à tout le monde de reconnaître les bonnes choses !

- Ouais bin il semblerait que tu n'as pas eu le don ! s'esclaffe-t-il en me rendant mon breuvage.

- Bon et ce concert ? Tu es satisfait ? demandé-je pour changer de conversation.

- Oh que oui bordel ! T'as vu le monde ? Bon on est d'accord c'est un petit bar mais quand même !

- J'ai entendu que des compliments dans la foule. Les gens vous adorent ! Même Stéphane a dit que vous étiez au top !

- Alors si Stéphane l'a dit ! râle-t-il.

- Pourquoi tu dis ça comme ça ? dis-je surprise par le ton qu'il emploie.

- Pour rien... laisse tomber.

- Bin non. Tu en as trop dit ou pas assez. C'est quoi le problème ?

- Il est trop gentil...

- Trop gentil ? Moi je le trouve cool.

- Cool à quel point ? dit-il en se penchant vers moi l'air très intéressé par ma réponse.

- Cool, c'est tout. Il aime les personnes âgées et son travail. Et j'apprécie celà.

- Ah ! Pas plus cool que ça ?

- Plus cool que toi ? Non !

En entendant ma réponse, il sourit et se penche sur moi pour reprendre notre baiser là ou nous l'avons laissé quelques minutes plus tôt. Une nouvelle vague de chaleur se répand dans mon corps, m'indiquant par la même occasion que ce garçon ne me laisse vraiment pas insensible. Sa main se glisse dans mon cou et finit sa course dans mes cheveux, quand ses doigts atteignent leurs but, je le sens sourire contre mes lèvres. Il s'arrache à notre étreinte et nous nous regardons avec plaisirs en silence. Nous passons le reste de la nuit à discuter. Nous ne voulons pas brûler les étapes et nous souhaitons nous connaître un peu mieux.

Main dans la main il me raconte son enfance. Sa mère a eu un enfant toute seule, son gentil géniteur n'ayant pas voulu le reconnaître... Puis suite à une maladie grave, il a perdu sa mère à l'âge de treize ans. Les parents de sa mère se sont occupés de lui après le décé de celle ci. Malgré cette enfance tumultueuse, il n'a pas l'air traumatisé.

- Voilà pourquoi j'adore mon grand-père. Il a toujours eu cet humour un peu décalé mais depuis que mamie est morte, il se laisse un peu aller...

Cette confidence sur son grand-père et sur le reste de sa vie m'émeut. Nous avons tous les deux à notre manière vécu une enfance écorchée ce qui nous permet de mieux comprendre l'autre...

- Et toi, pourquoi une maison de retraite ? Tu aurais pu bosser dans d'autre secteur avec ton diplôme.

Son regard est intense et je peux voir que cette interrogation l'intéresse vraiment. Et celà me fait plaisir car comme il l'a déjà ressentie ce n'est pas un choix anodin.

- Tu as raison. J'aurai pu travailler en clinique ou dans un hôpital, j'aurai vu plein de pathologie différentes et intéressantes à n'en pas douter. Mais les gens dans ces structures ne font que passer. J'avais besoin de voir des gens sur une plus longue durée, pour mieux les connaitre. Et puis les personnes âgées ont ce contact si particulier. Chacun d'eux a un parcours de vie qui fait qu'ils sont devenu comme ils sont. J'aime qu'ils me racontent des anecdotes sur leur passé. J'ai toujours aimé les personnes âgées et c'est tout naturellement que j'ai dirigé mon choix vers la maison de retraite. C'est aussi une forme de reconstruction, je trouve dans mon travail le semblant de famille que je n'ai jamais eu. Ce qui n'est pas facile pour moi car malgré tout, je dois mettre la barrière que mon métier m'impose pour être une meilleure soignante.

Durant toute mon explication, Baptiste me regarde avec attention et semble boire mes paroles. A la fin de mon explication, un silence s'abat sur nous, comme s'il analysait tout ce que je viens de lui confier. Puis il m'attire à lui et je me blotti entre ses bras.

- Tu sais quoi ? Au premier arbore, j'ai tout de suite su que tu étais une belle personne. Et je suis en colère par tout ce que tu as du subir dans la vie.

- Il ne faut pas. J'ai appris à vivre avec, même si effectivement j'ai toujours une petite douleur au font de moi. C'est aussi grâce à ce que j'ai vécu que je suis la personne que je suis aujourd'hui !

Il penche la tête vers moi et s'empare de mes lèvres pour y déposer dessus un baiser d'une infinies douceur.

La nuit est déjà bien avancée quand je finis par regarder ma montre. Il est quatre heure du matin ! Décidément, je ne vois vraiment pas le temps passer quand je suis avec lui. Je me redresse brusquement en disant :

- Bon sang ! Il est quatre heure du mat !

Surpris, il se redresse sur le canapé et me regarde sans vraiment comprendre ma réaction.

- Et alors ? Tu bosses aujourd'hui ?

- Non mais Marie va s'inquiéter !

- A mon avis, elle ne t'attend pas avant cet après-midi...

- Ce n'est pas dans mon habitude de découcher...

- Je suis ravie de l'apprendre. Écoute si tu y tiens vraiment je te ramène chez toi, mais si tu veux, on peut dormir ici.

Tout en disant ça, il se lève et déplace légèrement le clic-clac afin de pouvoir l'ouvrir. Je le regarde faire super mal à l'aise et lorsqu'il se retourne vers moi il ne peut que constater ma gêne.

- Baptiste, là pour le coup, on saute beaucoup d'étape et je heu...

- Victoire je te propose juste de dormir car il est tard et que j'ai pas envie que tu partes... Mais si tu y tiens je te ramène.

Déjà il ramasse ses clefs de voiture sur la table et me regarde l'air interrogateur. La balle est dans mon camp ! Mon coeur s'emballe car au font de moi, un combat intérieur est en train d'avoir lieu. Ma raison me dit de retourner chez moi mais mon coeur me dit de rester et de vivre l'instant présent. Mes yeux vont du lit à la porte, ce qui n'échappe pas à Baptiste qui commence à se diriger vers cette dernière. Mais avant qu'il ne l'atteigne ma décision est prise !

- Et puis zut ! On a qu'une vie ! dis-je en posant mon sac au sol et en m'asseyant sur le lit.

- Je suis bien d'accord avec toi.

Il jette ses clefs sur la table basse et me rejoint.

- Je te promets d'être un vrai gentleman ! Si tu veux te mettre à l'aise, la salle de bain est là.

Je vais dans la petite pièce et avant que je ne ferme la porte, il me dit :

- Tiens, je te passe un tee-shirt si tu veux.

J'attrape ce qu'il me tend et lui souris. Une fois seule, je me regarde dans le miroir. Je ne sais pas ce qui me prend en ce moment. J'agis rarement sur un coup de tête mais avec lui, je ne sais pas pourquoi, je fais fis de tous mes principes. Je retire ma petite robe et passe le tee-shirt qu'il m'a prêté. Il sent bon et je prends le temps de respirer son odeur. Après un dernier coup d'oeil dans le miroir, je regagne le salon. Dans mon sac à main, j'attrape ma brosse de voyage, outil indispensable quand on a une telle longueur de cheveux et j'entame un rapide démélage. Baptiste ne rate aucun de mes gestes et me dévore des yeux.

- Quoi ?

- Rien. Je te trouve sublime. Et j'adore la couleur que prennent tes cheveux quand tu les brosses. Ils ont l'air encore plus doux que tout à l'heure. Mais pourquoi tu les attaches ?

- Sinon tu vas en avoir plein visage et pour dormir c'est pas top. dis-je en faisant une tresse rapide.

Puis je range la brosse et me couche auprès de lui et nous restons silencieux, les yeux dans les yeux sa main caressant le bas de mon dos.

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