1 Victoire

Je prends mon sac à main suspendu au porte manteau dans le hall de notre appartement et je rejoins Marie qui est déjà sur le palier, la clef de notre appartement à la main, prête à fermer la porte.

- Bon alors tu viens ? bougonne-t-elle.

- Voilà ! J'arrive !

- Je ne veux pas être en retard et tu sais combien il est difficile de se garer en centre ville le soir.

- Oui Marie, je le sais. Tu as dû me le répéter au moins dix fois depuis que tu es rentrée du travail. Mais tu sais quoi ? C'est toujours le bordel pour ce garer là-bas, que ce soit de jour comme de nuit !

- Raison de plus pour se dépêcher !

Elle tire la porte afin de m'obliger à sortir, manquant de me coincer le doigt au passage. Puis nous dévalons l'escalier en riant pour rejoindre sa voiture garée devant l'immeuble. Elle enclenche la première et démarre sur les chapeaux de roues, faisant sursauter une pauvre vieille dame qui marchait sur le trottoir.

Toutes fenêtres ouvertes et la musique à plein volume, nous avançons en direction du centre ville de Clermont-Ferrand pour rejoindre des amis dans un Pub. Les cheveux de Marie virevoltent dans tous les sens et je me félicite intérieurement d'avoir opté pour une tresse africaine. Au moins, je ne ressemblerais pas à une sauvage en arrivant à destination. Marie profite d'un feu rouge pour se remettre du rouge à lèvre puis me tend le tube pour que je m'en applique également.

Nous nous connaissons depuis l'enfance et nous avons toutes les deux eu un parcours un peu difficile. Placé dans un foyer dès notre plus jeune âge, nous avons passé le plus claire de notre temps ensemble. C'est à force de courage et de volonté que nous nous sommes soutenu et que nous avons réussi à avancer dans la vie. Nous ne sommes pas de la même famille mais l'adversité nous a fait devenir soeur de coeur. Nous avons toujours tout partagé, dans la limite du raisonnable bien sûr, et c'est donc naturellement que dès que nous l'avons pu nous avons prit notre appartement ensemble.

Grâce à une aide de l'état trouvé par mon tuteur, j'ai eu la chance de pouvoir faire mon année d'étude d'aide soignante. Une fois mon diplôme en poche à l'âge de dix-neuf ans, nous avons pu trouvé un petit appartement que nous meublons au fur et à mesure avec les moyens du bord. Marie n'aimant pas l'école a très vite trouvé du travail et bosse dans un magasin de prêt à porté dans une petite rue du centre ville.

Depuis que nous avons nos salaires respectif et notre avenir plus où moins assuré, nous savourons le plaisir de chaque instant que la vie nous offre.

- Bon alors, tu as fini avec le rouge à lèvre ? me demande Marie, me ramenant ainsi à l'instant présent.

Je plaque mes lèvres l'une contre l'autre pour bien étaler le rouge puis je lui rends son tube en fermant le miroir de courtoisie. La voiture est garée et il ne nous reste plus qu'à rejoindre le bar. Nos talons claques sur les pavés de la rue piétonne qui reste malgré tout bien animé pour l'heure qu'il est. Le temps est agréable en ce début juin et nous savourons le plaisirs de pouvoir enfin ressortir nos petites robes d'été.

Je regarde Marie marcher à côté de moi en secouant sa crinière blonde qui n'est presque pas emmêlé malgré le traitement qu'elle lui a fait subir dans la voiture. Décidément, nous ne sommes pas tous égaux ! Le moindre courant d'air emmêle les miens, provoquant des noeuds horribles à coup sûr.

- Tu vas finir par nous mettre en retard !

- Ça va Marie. Arrêtes de râler. Je te signale que je suis debout depuis cinq heure du matin moi.

- Oui bin t'avais cas choisir un travail ou on se lève moins tôt ! réplique-t-elle en ouvrant la porte du bar pour me laisser passer.

Nos amis sont déjà installés à une table, Sarah tend la main pour nous faire signe de les rejoindre. Nous nous exécutons en slalomant entre les tables et les gens.

- Et bien ! On a faillit ne pas vous attendre ! s'exclame Vincent en nous regardant nous asseoir sur la banquette face à lui.

- La faute à Victoire ! rétorque Marie du tac-au-tac. Mais à ce que je vois, l'attente n'a pas été trop dur ! Constate-t-elle en montrant leurs verres du doigts.

- On c'est dit que ça vous ferez arriver ! répond Julien en s'asseyant à côté de Sarah.

C'est deux là sont ensemble depuis le lycée et sont quasiment inséparables. Il passe sont bras derrière son fauteuil et lui tend le verre qu'il vient d'aller lui chercher au comptoir. Elle le remercie en l'embrassant avec tendresse. Cela me met un peu mal à l'aise et je détourne les yeux quelques instants. Je trouve leur couple très mignon mais j'avoue aussi être un peu jalouse par moment de leur bonheur et souvent, en les regardant si heureux, je me demande si un jour aussi, j'aurai la chance de vivre un amour aussi beau que le leur.

- Ah ça commence ! dit Marie en tapant dans ses mains.

Effectivement, sur la petite scène du bar, trois garcons sont en train de s'installer. Marie les a découvert lors d'une soirée avec ses collègues de travail et depuis elle n'a qu'une idée en tête, nous faire écouter ce groupe. Rapidement, le pub devient silencieux alors que la musique commence à résonner dans l'espace confiné.

- Vous allez bien ce soir ? lance le chanteur et guitariste du groupe.

Pour toute réponse le publique se met à taper dans ses mains, certaines personnes sifflent et c'est en souriant derrière son micro que le chanteur commence sa première chanson.

Marie se lève et nous fait signe de la suivre pour pouvoir se rapprocher du groupe. Julien et Vincent nous montrent leur verre nous indiquant qu'ils ne peuvent pas les laisser. Marie se saisit quand même de Sarah qui ne peut pas lui refuser de la suivre et vu que je n'ai pas de verre à surveiller ni à siroter d'ailleurs, je les suis pour aller danser un peu devant la scène.

L'espace danse n'est pas très grand et il y a pas mal de monde qui s'y trouve déjà, alors c'est en jouant des coudes que nous nous frayons un chemin. La musique est accrocheuse et donne vraiment envie de danser mais je suis surtout conquise par les paroles qui sont juste magnifique. Chaque chanson traite d'un thème qui me touche et qui me parle vraiment et je ferme les yeux pour pouvoir en capter tout le sens.

Assez vite, je commence à avoir chaud et la gorge sèche. La danse, la chaleur et la foule n'aidant en rien, je me dirige tant bien que mal vers le comptoir. Ce dernier est libre car on dirait que tout le pub à convergé vers la scène, ce qui pour le coup m'arrange. Je commande un coca grenadine et m'installe sur un tabouret dos à la scène n'ayant pas besoin de voir le groupe pour être transporté par leurs paroles.

La musique laisse place à une autre dont le style est complètement different et je suis obligée de me  retourner pour constater que ce n'est plus le même groupe qui joue. Je ne suis pas la seule à le trouver moins bien car dans le bar, un mouvement indique que les gens regagnent leurs places dans un brouhaha pas très sympathique pour les artistes en cours de représentation.

Je décide de laisser passer le troupeau avant de rejoindre mes amis à notre table. Soudain je suis bousculée par un mec qui manque de me faire renverser mon verre.

- Pardon, je n'ai pas fait exprès, lance-t-il un peu embarrassé.

- Ce n'est rien, dis-je en attrapant une serviette sur le comptoir pour essuyer mes mains.

- Tu peux nous passer des bouteilles d'eau Michel s'il te plaît ? demande le garçon.

- Ah merde, j'ai oublié d'en laissé derrière. Attend, je vais te donner ça. répond le barman.

- Alors ta soirée se passe bien ? s'informe le jeune en attendant ses bouteilles d'eau.

- Oui ça va merci. Et toi ?

- Je suis assez content de la soirée. Le concert te plait.

- Oui. Enfin ce groupe là n'est pas à mon goût mais il faut de tout pour faire un monde... Celui d'avant été bien meilleur tu ne trouves pas ?

Il me sourit, d'un air un peu bizarre et plonge son regard bleu azur dans le miens, me faisant rougir au passage. Ses yeux me donnent l'impression de me sonder, comme s'il cherchait quelques choses au plus profond de moi. Un peu mal à l'aise je commence à gigoter sur mon tabouret, prête à descendre pour aller rejoindre mes amis. Heureusement, le barman le sort de ses pensées, l'obligeant à détourner son regard de moi.

- Tiens Baptiste désolé.

Le jeune homme se saisit des bouteilles et se retourne vers moi dans un grand sourire dévoilant des dents blanches magnifiques. Je sens la gêne me gagner à nouveau, ne sachant quoi dire, je réponds à son sourire un peu mal à l'aise. Il est prêt à me parler à nouveau mais il se fait pousser par un type qui tente d'atteindre le bar. Cette légère secousse semble le ramener à la réalité et il secoue la tête comme s'il venait de reprendre ses esprits. Il regarde rapidement autour de lui puis me lance avant de repartir aussi vite qu'il était venu :

- Ravie de t'avoir rencontré à une prochaine j'espère.

Je n'ai pas le temps de répondre, qu'il n'est déjà plus là. Je me lève pour rejoindre mes amis. Je n'ai pas le temps de m'asseoir que déjà Marie me lance :

- Alors toi j'y crois pas !

- Quoi ? dis-je un peu surprise.

- J'ai vu le groupe deux fois dans ce bar et toi dès le premier concert tu tapes déjà la conversation avec l'un des membres et pas le moindre en plus !

- De quoi tu parles ? répliqué-je en prenant place à côté de Vincent.

- Mais du mec avec qui tu viens de parler !

- Ah ! Il voulait de l'eau.

- Je te demande pas ce qu'il a commander mais plutôt sais-tu as qui tu viens de parler ?

- Non. Il ne c'est pas présenté mais le barman l'a appelé Baptiste si ça peut t'aider.

- Tu vois ! J'avais raison ! bougonne mon amie en se tapant le front. Elle ne fait attention à rien. Plus tête en l'air que toi y a pas ma pauvre.

- Bon et bien explique moi alors !

- Tu viens de parler avec le chanteur du groupe que j'adore ! Tu lui as dit quoi ?

Je regarde mon amie étonnée avant de lui répondre :

- Rien de spécial. Il m'a bousculé sans faire exprès et il a demandé ses bouteilles d'eau.

- C'est tout ? Il est comment ? Il est gentil ? Et sa voix elle est comment sans chanter ?

- Quoi ? Mais il est normal.

- Bon mais vous avez parlé ! Il t'a dit quoi ?

- Rien de spécial. Des banalités du genre, tu aimes le concert ?

- T'as répondu quoi ?

- Que le groupe actuelle n'est pas à mon goût, que j'ai préféré celui d'avant et par politesse je lui ai demandé ce que lui préféré !

Toute la table explose de rire alors que Marie se tape une nouvelle fois sur le front en faisant mine de faire un malaise.

- Irrécupérable la fille ! clame-t-elle sur un ton dramatique.

- Bin quoi ?

- Tu viens juste de demander au chanteur du groupe ce qu'il pense de son propre groupe banane ! Ne me dit pas que tu ne l'as pas reconnu ?

Je me retourne un peu surprise pour regarder vers le bar mais bien sur il n'y est plus puisqu'il l'a quitté avant moi. Je reporte mon regard vers mes amis qui sont tous mort de rire.

- Et bien non. Figure toi que j'ai beaucoup aimé leurs chansons et du coup, j'ai fermé les yeux pour pouvoir mieux écouter les paroles.

- Qu'est-ce que je disais. Et dire que moi je viens pour la troisième fois et je n'ai jamais encore eu la chance de parler avec l'un d'eux. Le monde est vraiment cruelle !

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