Chapitre 6 : Les parents


Nos deux héros ne passaient pas une belle journée. Suite à sa conversation avec Cédrick, Marinette se sentait totalement prise au piège. Elle ne voulait surtout pas apporter plus d'ennuis à Adrien. Il était évident que si certaines informations arrivaient aux oreilles de son père, il serait vite empêché de fréquenter l'école publique.  Elle savait pertinemment que si elle en parlait avec le principal intéressé, il ne la laisserait pas le protéger. Il était comme elle, il passait le bonheur des autres avant le sien. Mais la demoiselle considérait qu'une légère entorse à sa propre liberté ne serait pas si catastrophique alors qu'elle comparait sa situation à celle du modèle. Et elle finirait par trouver une solution. Après tout, elle était Ladybug. En attendant, elle supporterait du mieux qu'elle peut les sorties avec Cédrick.  

Adrien qui avait le cœur plus léger suite à sa conversation avec Marinette, déchanta rapidement en entrant dans la classe. La demoiselle en question évitait définitivement son regard. Pire, il avait l'impression qu'elle voulait être ailleurs. Il était pourtant resté sous l'impression que les choses s'étaient arrangées. Il avait même dit à Nino qu'il avait réglé la situation. Sa conversation avec la styliste lui avait fait prendre conscience d'à quel point il lui était attaché et la discussion avec Cédrick avait renforcé cette certitude. Il ne laisserait pas l'acteur venir la lui prendre. À partir du moment où le beau brun l'avait quitté, Adrien avait pris la décision de concéder toute son attention à Marinette. Ladybug avait clairement fait comprend à Chat Noir qu'il n'était pas l'élu de son cœur et il semblait qu'une jeune fille toute aussi extraordinaire s'intéressait réellement à lui, le vrai lui.  Il appréciait chaque moment passé avec la jeune fille et il se mourait de poser à nouveau ses lèvres sur les siennes. Il ne restait qu'à comprendre pourquoi elle agissait ainsi.  

Alya passa la journée à envoyer des regards interrogateurs à Marinette. Son instinct de journaliste lui disait que quelque chose n'allait pas.  Sa meilleure amie ne répondait pas aux attentions du modèle.  Elle ne répondait pas non plus à aucune de ses questions. Elle répétait inlassablement qu'elle allait bien et qu'elle était simplement fatiguée et démontrait que très peu d'enthousiasme face à différentes petites choses qui d'ordinaire, lui décrochait un fou rire. Pour ajouter à son état plutôt inhabituel, elle accorda même une sortie à Cédrick.  

Du côté d'Adrien, ce n'était pas plus prometteur. Il semblait avoir développé un certain intérêt pour la styliste. Il tentait d'attirer son attention, lui faisait des sourires et des clins d'œil, s'informait sur son humeur. Alya commençait à avoir mal à la tête.  Comment, en quelques journées seulement, le vent avait-il pu tourner de la sorte? Elle interrogea son copain, qui d'un air coupable, l'informa qu'il ne pouvait rien dire. Même si elle voulait plus que tout savoir la vérité, la journaliste n'obligerait jamais Nino à briser une promesse faite à son meilleur pote.  Elle devrait trouver les réponses auprès des deux intéressés, mais ils demeuraient muets comme des carpes.  

La journée fût longue et pénible mais elle se termina quand même. Adrien ne réussit pas à intercepter Marinette qui l'évitait avec efficacité.  Pour ajouter à son malheur, il fut témoin de la demande de Cédrick et de la réponse positive, bien que peu enthousiaste, de la demoiselle. Il avait définitivement manqué un bout de l'histoire. Il était dévoré par la jalousie, abattu et totalement perdu. Il ne lui restait que les messages pour communiquer avec sa douce. Mais avant tout, avant de tenter des rapprochements avec elle, avant de mettre fin à ses attentes envers l'héroïne, avant de poser finalement un geste concret vers une relation amoureuse officielle, il devait en parler avec la seule personne susceptible de lui mettre des bâtons dans les roues. 

En arrivant à la maison, il alla tout de suite au bureau de Nathalie qui était revenue de son voyage.  

"Bonjour Nathalie, est-ce que mon père est disponible?" 

"Bonjour Adrien. Justement, il souhaite s'entretenir avec vous. Il vous attend. " 

"Merci!" 

Cela ne regardait pas bien du tout. Un entretien avec son père n'était jamais une bonne nouvelle et considérant les dernières paroles échangées avant son départ, il s'attendait au pire. Lorsqu'il entra dans la pièce, il fut surpris de constater que son père l'attendait, non pas au bureau comme à l'habitude, mais de façon plus décontractée dans un fauteuil.  Le styliste invita son fils à prendre place dans le fauteuil voisin. 

"Adrien, si je t'ai fait venir ici, c'est d'abord pour te remercier. " 

Le jeune homme n'en croyait pas ses oreilles. Il leva un sourcil interrogateur mais demeura silencieux.  

"Pendant mon voyage, j'ai discuté avec Nathalie. Elle a dit que tu avais accepté d'emblée la proposition de suivre un entraînement régulier.  Je ne sais pas ce que, par le passé, tu as entreprit pour te retrouver avec cette stature, mais je dois avouer que tu as bien fait les choses. Je suis content de voir que tu prends des initiatives en ce qui concerne ton apparence et ta santé. J'ai peut-être été un peu injuste la semaine dernière en ce qui concerne l'accroc fait à ta diète. Il est évident, lorsqu'on te regarde, que tu n'en prends pas une habitude. J'aimerais cependant que tu me demandes la permission la prochaine fois. Un simple message texte suffira. " 

"D'accord père." 

"Je voulais aussi te parler de tes fréquentations." 

Adrien se raidit. Sa diète n'était pas un sujet sensible, ses amis: oui.  

"Je voulais premièrement te faire part de mon approbation par rapport à tes amitiés actuelles. J'avoue que ce Nino a un langage un peu coloré et un style plutôt original, mais il semble très attaché à toi et son influence semble saine. Depuis deux ans, je n'ai aucune raison de désapprouver ce jeune homme. Par contre, j'ai eu vent qu'un certain acteur venait récemment de joindre ta classe. J'aimerais que tu évites ce genre de fréquentations.  Les acteurs ont la réputation d'être plutôt volages, indécents et quelque peu délinquants. Je ne voudrais pas que tu sois associé à ce genre d'individu." 

"Croyez-moi père, je n'ai aucune intention de me lier avec lui." 

"Je suis content de l'apprendre. Ce qui règle la question. Tu peux retourner à tes activités." 

Il vint pour se lever.  

"Père, il y a un sujet dont j'aimerais m'entretenir avec vous." 

"C'est à quel sujet?" 

Adrien se sentit tout à coup mal à l'aise. ""Ma vie amoureuse." 

Gabriel se réinstalla confortablement. "Évidemment, un sujet bien d'actualité pour un garçon de 17 ans. Y'va-t-il une fille en particulier?" 

"En fait oui. Il n'y a rien d'officiel. Elle m'intéresse vraiment beaucoup et j'aurais voulu avoir votre approbation... je veux dire, je veux bien faire les choses." 

"Est-ce cette demoiselle Bourgeois, la fille du maire?" 

"Chloé? Non, Chloé n'est qu'une bonne amie."

"Ah bon. Ça aurait fait une belle publicité pourtant." 

"Eh bien, ce n'est pas vraiment un critère pour moi mais de toute façon, ce n'est pas une fille très populaire auprès des gens de notre âge. Elle est plutôt détestable et a plus d'ennemis que d'amis." 

"Il est alors sage de ne pas la considérer. Mais je suis curieux, est-ce la jolie rousse qui est venue faire un travail la semaine dernière? Elle semblait avoir un caractère qui me plaît bien."

"Alya, non. En fait, Alya est la copine de mon ami Nino. La fille en question, vous l'avez déjà vu, c'est Marinette Dupain-Cheng." 

"Oh oui, je vois, la jeune fille du pâtissier, celle qui a gagné mon concours avec son chapeau melon?" 

"Oui, c'est ça, c'est bien elle." 

"C'est un joli brin de fille, talentueuse en plus. Elle aurait eu sa place dans l'entreprise familiale. C'est bien dommage." 

"Qu'est-ce que vous voulez dire?" 

"Bien, il est rare qu'une amourette d'adolescent se termine en mariage. Cette demoiselle Marinette aurait fait une charmante épouse et une associée très respectable." 

Adrien devait s'avouer qu'il commençait à peine à définir ses sentiments pour la jeune fille. Considérant le fait qu'il y a à peine 24 heures, il se voyait passer sa vie avec la coccinelle, il ne pouvait totalement lui donner tort. Mais cela l'agaçait tout de même que son père jette si vite la serviette sur une relation qui n'avait même pas encore débutée. 

"Je suis désolée de vous contredire père, mais à quel âge avez-vous connu mère?" 

"À 17 ans..." Il se radoucit "Tu as raison mon fils; personne d'autre ne pourra jamais prendre sa place." 

"Sans vouloir vous manquer de respect père, je pourrais avoir la fille que je veux pour combler une amourette d'adolescent. Mais je suis comme vous et mère, je ne donne pas mon cœur facilement et je ne joue pas avec celui des autres. " 

"C'est tout à ton honneur mon fils." Gabriel remua un peu inconfortablement dans son fauteuil. "Adrien... il y a des choses que je ne peux décemment pas demander à Nathalie de faire par rapport à ton éducation. Une de celle-ci est de te parler des risques à avoir certaines... relations avec une jeune fille et les précautions à prendre." 

Adrien devint instantanément écarlate. Les conversations avec son père n'étaient déjà pas très confortables, là ça devenait totalement insupportable. 

"Père, je vous arrête tout de suite. Je sais déjà tout ce que je dois savoir." 

"Tu voudrais que je demande à Nathalie de t'acheter des préservatifs?" 

"Euh non, merci, c'est gentil. J'ai déjà tout ce qu'il me faut." 

"Et comment t'en es-tu..." 

"Nino." Répondit précipitamment le jeune homme.  

"Ah oui, bien sûr. Une bonne personne que ton ami Nino. Mais s'il t'en faut d'autres n'hésite pas à demander à Nathalie." 

"Oui, merci. Je... je vais me débrouiller père." 

"D'accord. Donc, en ce qui concerne la jeune demoiselle, il me fera plaisir de la rencontrer." 

"Pour l'instant, je ne l'ai pas encore invité à sortir." 

"Oh, et bien dès que ce sera officiel alors."  

Le malaise entre les deux perdurait et Adrien souhaitait simplement que son père lui donne congé.  Il semblait que ce fût réciproque.  

"J'ai du travail maintenant, tu peux retourner à tes occupations." 

"Merci père." 

Il sortit aussi rapidement que la décence le lui permit. Un entretien personnel avec son père était définitivement un évènement à mettre sur la liste des choses les plus embarrassantes qu'il ait connues.  

En arrivant, dans sa chambre, il sortit son téléphone et prit dix bonnes minutes pour définir sa pensée en quelques mots adressés à Marinette. 

Dans sa chambre, la demoiselle était assise sur son lit et discutait avec Tikki des évènements de la journée. 

"Marinette, tu ne peux simplement pas laisser Cédrick te mener par le bout du nez. C'est du chantage." 

"Si tu as une solution Tikki, je suis preneuse." 

"Parles-en avec Adrien." 

"Plus facile à dire qu'à faire." Elle prit sa voix nerveuse. "Euh Adrien... euh , eh bien, en fait... euh... tu sais... contente de t'avoir parlé, à plus." 

Tikki éclata de rire. "Oh Marinette, on aurait pu croire qu'après l'avoir vu dans son plus simple appareil, tu serais plus à l'aise avec lui." 

"Oui bien sûr, c'est bien moins embarrassant de parler avec quelqu'un quand on sait exactement ce qu'il cache dans ses shorts..." Elle se laissa tomber sur son oreiller. "De toute façon Tikki, tu sais très bien comment est Adrien, il va me dire de ne pas me sacrifier pour lui, de laisser Cédrick publier les photos, qu'il a l'habitude des punitions de son père... Je ne veux pas qu'il soit empêché de sortie ou ne puisse plus venir à l'école ou je ne sais quelle restriction encore." 

"Oh Marinette, mais dans un sens, il aurait raison. Ce n'est pas ton problème à toi..." 

"Tikki, tu sais très bien que ce qui compte le plus pour moi, c'est le bonheur d'Adrien." 

"Mais qu'est-ce que tu fais de ton bonheur?" 

On cogna à la trappe de la chambre. 

"Cache-toi Tikki! C'est ouvert." 

"Marinette ma chérie, comment s'est passé ta journée?" 

La jeune fille était étonnée de ce comportement inhabituel de sa mère. D'ordinaire, elle se contentait de discuter au repas. Elle ne venait que rarement prendre de ses nouvelles dans sa chambre. 

"Euh... très bien merci." 

"Et ta fin de semaine s'est bien passée?" 

"Oui, oui bien sûr." 

"Pas de nouvelles particulières à m'annoncer?" 

"Maman, qu'est-ce que tu veux?" 

Sabine parut tout à coup embarrassée.  Elle monta dans la mezzanine de sa fille puis s'assit sur son lit à ses côtés.  

"Eh bien, ma chérie, tu sais que je respecte beaucoup ton intimité et qu'il ne me viendrait jamais à l'esprit de fouiller dans tes affaires." 

Marinette n'aimait vraiment pas la tournure que prenait cette conversation. "Oui... et alors." 

"En fait, je continue à venir ici pour certaine chose comme... vider les poubelles par exemple et..." 

L'adolescente commençait à comprendre et ses yeux s'agrandissaient au fur et à mesure que sa mère parlait. 

"... je m'attendais à ce que ça arrive un jour ou l'autre. Tu as dix-sept ans et tu es incroyablement jolie et en amour par-dessus la tête. " 

"Maman, arrête tout de suite." 

"Ma chérie, il y a aucune honte à avoir. Tu aimes Adrien depuis si longtemps." 

"Ok qui t'a dit que c'était Adrien?" 

"Nous l'avons croisé dans l'entrée quand nous sommes partis vendredi alors j'en ai déduit que... bon enfin.  Tu sais que tu peux l'inviter quand tu veux. Il pourrait même venir souper avec nous." 

"Maman, moi et Adrien, on ne sort pas ensemble." 

Sabine eut l'air un peu perdue. "Mais alors... avec qui tu..." 

Marinette ne pouvait visiblement pas caché à sa mère qu'elle avait en effet couchée avec un garçon, les preuves étaient un peu trop accablantes. Elle savait qu'il n'y en avait qu'un qui entrait dans les bonnes grâces de ses parents.  

"Adrien... mais... nous ne sommes pas ensembles." 

"Oh ma chérie, je suis désolée. Je ne croyais pas qu'Adrien serait du genre à... enfin faire cela à une fille. Je croyais que c'était un vrai gentleman." 

"Maman, Adrien est un vrai gentleman, mais lui et moi, ce n'est pas possible. Pas présentement." 

"Mais chérie pourquoi?" 

"Je ne peux pas en parler maman, c'est pour son bien." 

"D'accord ma chérie, je comprends mais sache que je suis là si tu en as besoin." 

"Je sais maman." 

Sabine plaça un baiser sur le front de sa fille et la quitta, un peu à contrecœur. Elle voulait en savoir plus sur cet amour interdit mais ne voulait pas non plus forcer la main de sa fille.  

Au moment où sa mère quitta sa chambre, son téléphone bipa. Elle ouvrit de grands yeux au moment de lire le message d'Adrien.  

"Mari, j'aimerais qu'on se laisse une chance. Tu me manques déjà terriblement. Est-ce que je peux passer te voir?" 

Tikki qui s'était perchée sur son épaule pour lire, étouffa une exclamation. "Qu'est-ce que tu vas faire maintenant." 

"Je ne sais pas Tikki, je ne sais vraiment pas." 


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