Chapitre 18 : Un allié inattendu


En ce dimanche matin, Gabriel Agreste sentait qu'il devait prendre des nouvelles de son fils. Il y avait un bout de temps qu'il n'avait pas senti les ondes négatives dans sa propre demeure; cela voulait nécessairement dire que les choses s'étaient tassées pour Adrien. Soit il avait réussi à reconquérir la jeune fille, soit il s'était décidé à passer à autre chose. Bizarrement, la deuxième option ne lui faisait pas envie.

Va savoir pourquoi, depuis que son fils lui avait parlé de sa flamme, il avait commencé à espérer que cette demoiselle fasse rapidement partie de la famille; elle avait un je ne sais quoi qui lui rappelait son épouse disparue. Il n'osait pas se l'avouer, mais la perspective de voir Marinette Dupain-Cheng au bras de sa progéniture, lui donnait presqu'envie d'abandonner la quête qu'il s'était imposé en tant que Le Papillon. Peut-être était-elle la cure nécessaire pour apaiser les tourments qui affligeaient cette famille bouleversée.

Il était debout depuis l'aube, l'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt. Il ne savait pas à quelle heure Adrien prenait son petit déjeuner. Il souhaitait ardemment partager ce repas avec lui, ce serait une façon de bien débuter sa journée. Après tout, son fils n'était plus un gamin, il commençait à apprécier les conversations qu'il avait avec lui, si on oubliait les portions plus embarrassantes bien sûr. Il sentait que tranquillement, leur dialogue était plus mature, leur sujet plus adulte. Il n'avait jamais été à l'aise avec les enfants, mais Adrien était manifestement en train de devenir un homme, avec les contraintes et les bénéfices que cela apportait.

Une seule personne pourrait le renseigner sur ce qu'il souhaitait savoir. Il appuyât sur le bouton de l'intercom.

"Nathalie, est-ce possible de me faire part du planning d'Adrien s'il vous plaît? Qu'a-t-il à l'horaire présentement?"

"Oui monsieur, je vérifie. Présentement, le jeune Adrien est au gym avec son entraîneur pour encore 30 minutes. Il est attendu pour le petit déjeuner vers 7h30, le temps qu'il se douche et se change. Il a ensuite un cours de..."

"Merci Nathalie. Veuillez aviser les cuisiniers que je prendrai le petit déjeuner avec mon fils. Est-ce possible de nous procurer des croissants de la boulangerie Dupain-Cheng? Il y a longtemps que je ne m'en suis pas permis un."

"Bien sûr Monsieur. Je m'en charge personnellement."

"Oh et Nathalie?"

"Oui monsieur."

"Transmettez par le fait même mes amitiés à M. et Mme Dupain-Cheng."

La secrétaire fût un peu déstabilisée par cette demande mais n'en laissât rien paraître.

"Bien monsieur."

"Et veuillez s'il vous plaît m'appeler lorsque le petit déjeuner sera servi."

"Oui monsieur."

Gabriel oubliât tout de la conversation dès qu'il raccrochât, après tout, Nathalie serait là pour lui rappeler ses engagements en temps et lieux. Pour l'instant, il devait se concentrer sur la collection d'hiver pour laquelle les stylistes sous ses ordres n'avaient absolument rien compris de sa vision.

Quand Adrien arrivât pour le petit déjeuner, il se demandât s'il avait oublié de se lever. Pourtant, la fatigue dans les muscles qu'il avait travaillés avec son entraîneur lui rappelait qu'il était bel et bien éveillé. Mais, voir son père l'attendre à table, avec une grande assiette de croissants et deux grandes tasses de café au lait, c'était surréaliste. Et c'était très inquiétant; Adrien avait fraîchement en mémoire leur dernière conversation et il souhaitait ardemment ne pas revivre un tel malaise.

"Bonjour Adrien, comment s'est passé l'entraînement?"

"Euh, très bien père je vous en remercie."

"Est-ce que tu aimes les séances? Ton entraîneur est compétent?"

"Oui... oui! J'aime vraiment beaucoup les séances. Pablo me fait travailler très fort mais ça me permet de faire le vide, vous voyez, d'arrêter de penser."

"C'est intéressant. Peut-être serait-il bénéfique que je m'y mette aussi."

"Oui, vous aimeriez, j'en suis certain."

"Et l'école, ça va toujours. J'ai pris connaissance de tes résultats. Je vois que ta moyenne est excellente. Tu as songé au chemin que tu souhaites éventuelllement prendre?"

Il se tortillât légèrement sur sa chaise. "Bien, j'avoue que j'ai un penchant pour la physique."

"Ce n'est pas une matière qui te sera très bénéfique pour ton avenir dans notre entreprise."

"Je sais mais... enfin... je ne savais pas si..."

"Tu n'es pas sans savoir que je compte sur toi pour prendre le relai."

Adrien soupirât. "Oui je sais Père."

"Tu as de la chance, peu de jeunes hommes ont un avenir prometteur ainsi tracé à ton âge. Je vois le potentiel en toi Adrien, tu as le talent pour diriger cette entreprise."

"Mais je n'ai aucune aptitude pour la mode, vous le savez ça."

"Détails que cela. Si tu t'entoures convenablement, tu n'as aucune crainte à avoir. Tu as les qualités d'un leader mon fils. Pour ce qui est de la mode, nous trouverons les meilleurs pour t'épauler. Et justement, je me demandais, cette demoiselle dont tu m'as parlé, comment se passe les choses avec elle?"

"Bien, rien en fait. Rien de nouveau."

"Tu as abdiqué?"

"Non, bien sûr que non... c'est juste... compliqué."

"Compliqué? Je ne vois rien de compliqué. Elle est intéressée ou elle ne l'est pas, c'est simple."

"J'aimerais que ce soit aussi simple."

"Adrien, mon fils, il y a quelque chose que tu me caches."

Il ne pouvait pas lui dire comment il savait, il répugnait à l'idée que son fils sache qu'il était le super vilain qui terrorisait Paris. En fait, c'était un sentiment nouveau; quelques semaines plus tôt, il aurait tenté de le joindre à sa cause, advenant le cas où il aurait pu être d'une aide quelconque. Mais là, il sentait qu'il ne pourrait que le décevoir et, étonnamment, cela lui brisait le cœur.

"Je ne vois pas de quoi vous parler Père."

"Cette fille n'en vaut-elle pas la peine?"

"Non, c'est pas ça du tout. Bien sûr qu'elle en vaut la peine."

"Alors pourquoi sembles-tu moins triste que la dernière fois? Elle t'a redonné de l'espoir? Elle a laissé tomber cet acteur?"

"Non pas encore."

"Pas encore? Donc, tu as de l'espoir. Qu'est-ce qui se passe? Pourquoi tu ne me dis pas tout?"

Adrien regardait son père avec des yeux nouveaux. Peut-être pouvait-il tout lui avouer, peut-être son père serait-il un allié après tout.

"Bien... c'est que..."

"Ne tourne pas autour du pot, tu sais très bien que je déteste ça."

"Père, est-ce que Nathalie vous a parlé de l'entrevue avec le magazine et des photos... vous savez, que j'avais prises moi-même?"

"Oui, elle m'en a glissé deux mots. J'ai personnellement autorisé l'entrevue, mes conseillers marketing croient fermement que cette image de toi se reflètera de façon positive sur nos ventes. En quoi cela a-t-il un lien avec notre conversation?"

Il prit son courage à deux mains. Il allait devoir passer par là pour arriver à ses fins.

"Vous vous rappelez que je vous ai avoué avoir eu... enfin... des relations intimes avec Marinette?"

"En effet, j'ai souvenir de cela."

"Bien ces photos ont été prises ce soir-là avec le portable de Marinette."

"Continue."

"Cédrick... l'acteur, a d'une manière ou d'une autre, surprit Marinette à les regarder et lui a soutiré de force." Il s'empressât de mettre les choses au clair. "Je ne le savais pas, Marinette, me la cacher longtemps. En fait, il la menacer de les publier sur les réseaux sociaux avec une remarque bien peu... disons... flatteuse, si elle refusait de sortir avec lui."

"QUOI!!! Adrien, corrige-moi si je me trompe mais cet... acteur (il était resté beaucoup plus poli qu'il ne le voulait) a fait chanté ta copine sur la base de ces photos. C'est inadmissible Adrien. Personne ne fait chanter un membre de la famille Agreste."

"Oui mais Père, Marinette n'est pas un membre de la famille Agreste."

"Pas encore, mais personne ne fera chanter la fille sur qui mon fils a jeté son dévolu et je vais y voir personnellement. Je..."

"Euh Père, je vous arrête tout de suite. La raison pour laquelle j'ai demandé à Nathalie de céduler cet entrevue est de justement, mettre fin à ce chantage sans esclandre."

Gabriel eût un sourire satisfait; son fils avait agi intelligemment, de manière sournoise qui lui permettait non seulement d'obtenir ce qu'il désirait mais de faire perdre la face à un concurrent par la même occasion. Si ces photos apparaissaient d'abord de façon officielle, le chantage ne tenait plus.

"Tu vois mon fils, c'est de cela dont je parle quand je dis que tu es prêt à reprendre l'entreprise familial, tu es vif d'esprit. Une vengeance élégante, doucereuse, efficace... je suis fier de toi."

"Merci Père mais la partie n'est pas encore gagnée."

"Pourquoi donc, ce plan est excellent."

"Bien, malheureusement, il y a une autre photo."

"Une autre photo?"

"Oui... c'est un peu complexe."

"Explique-toi."

Il se grattât l'arrière de la tête, il ne savait pas trop comment amener cette situation délicate.

"En fait, je crois que Cédrick voulait vraiment vraiment s'assurer que Marinette allait sortir avec lui. Il s'est, en quelque sorte fait une alliée..."

"Une alliée?"

"Oui, vous vous souvenez de cette fille qui avait fait croire qu'elle m'avait enlevé... euh... Volpina?"

S'il se souvenait de Volpina? Elle faisait partie de ses plans futurs, il la gardait dans sa manche pour un combat ultime contre Ladybug et Chat Noir.

"Je me rappelle vaguement, oui."

"Bien, c'est une fille qui me tourne autour plutôt... intensément et quelque part elle a réussi à me piéger et avec Cédrick, euh, l'acteur, ils ont pris une photo de elle et moi qui... enfin s'embrassait... dans sa chambre."

"Pardon?"

"Ouais, il l'a montré à Marinette pour lui faire croire que je ne tenais pas vraiment à elle et..."

"Adrien, comment as-tu pu te retrouver à l'embrasser dans sa chambre?"

"Bien on tourne un film et je suis allé me pratiquer chez elle et elle a bidouillé, euh pardon, trafiquer le script et..."

"Je vois."

Le jeune homme ne le montrât pas mais intérieurement, il fût totalement soulagé, il n'aurait pas à avouer qu'il avait pris de l'alcool.

"Et cette photo, elle est?"

"Dans le téléphone de Cédrick. Si elle paraît, je ne veux pas..."

"Si elle paraît, tu auras simplement l'air d'un adolescent normal. Quel jeune homme de 17 ans n'a pas embrassé une fille de nos jours? Surtout un jeune modèle. Une seule photo est inoffensive. J'avoue d'ailleurs que je suis soulagé de savoir que mon fils offre si peu d'occasions aux paparazzis de le prendre en faute. Ne t'en fais pas pour cette photo, elle a peu d'intérêt."

Il se souvenait lui-même de son adolescence: à cet âge, les situations bénignes prenaient souvent un tournant dramatique alors que les vrais drames étaient pris à la légère. Il comprenait que son fils ait fait une tempête dans un verre d'eau de cette photo; après tout, il l'avait élevé selon des critères plutôt stricts. Il était fier de la tournure des évènements, son fils était exactement comme il le souhaitait, à éviter les scandales à un point tel où ce qu'il considérait comme une faute grave n'était qu'une simple erreur de parcours.

"Oui Père. Et pour les autres photos, avez-vous des nouvelles?"

"L'article est prévue pour le prochain mois. D'ici là, tenez-vous à carreau. J'imagine que tu peux te contrôler encore un peu."

Adrien rougit violemment. "Oui Père."

"Parfait." Il se levât de table. "Je suis content d'avoir eu cette conversation avec toi. Je pars pour l'Angleterre cette semaine. Si tu as besoin de quoi que ce soit, Nathalie restera ici."

"D'accord Père."

Gabriel se dirigeât vers son bureau mais se tournât avant d'y entrer.

"Oh et Adrien?"

Le jeune homme levât la tête surpris.

"Oui Père."

"Dès que tout sera réglé, il me fera plaisir de faire la connaissance de cette demoiselle. Tu transmettras mes compliments à ses parents, ce sont, de loin, les meilleurs croissants que j'aie jamais goûté."

Adrien jetât un œil à son propre croissant. Était-ce vraiment l'œuvre de Tom? Il devait avouer que leur goût et leur texture parfaite lui étaient familiers. Il fit un sourire sincère à son père.

"Je n'y manquerai pas, Père."

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Quand Marinette allât rejoindre ses parents ce matin-là, elle ne s'attendait par au regard pétillant de sa mère et encore moins à la nouvelle qu'elle allait lui annoncer.

"Bon matin ma chérie, tu as bien dormi?"

"Oui merci, toi ça va ce matin?"

"Oh Marinette, tu devineras qui est passé chercher des croissants ce matin."

"Euh... d'accord. Qui?"

"L'assistante de M. Agreste. Elle a dit que M. Agreste nous transmettait ses amitiés. Est-ce que tu sais pourquoi, tout d'un coup il s'intéresse à nous?"

Elle s'intéressât d'un coup un peu plus à son bol de céréales. "Euh, non. Aucune idée."

"Allez Marinette, il ne s'est pas levé un matin avec une envie urgente de saluer le boulanger."

"Je sais pas maman. Je ne le connais pas tant que ça."

"Mais tu connais Adrien. Tu es certaine qu'il n'y a rien entre vous deux?"

"MAMAN!"

"Allez, je serais tellement heureuse de savoir que tu n'es pas avec ce Cédrick."

"Tu n'aimes pas Cédrick? Il est pourtant gentil et poli avec vous."

"Quoi, il ne l'est pas avec toi?"

Marinette ne répondit pas.

"Marinette, ma chérie, répond à ma question."

"Non maman, ça va il est très gentil avec moi." Son ton exaspéré la rendait tout sauf convaincante.

"Marinette, ce garçon, il ne te fais pas de mal n'est-ce pas?" Une autre hypothèse lui passât par la tête. "Et il ne te force pas à... tu sais... "

"MAMAN NON!"

"Alors dis-moi ce qui se passe avec lui ou avec Adrien. Je suis inquiète Marinette, tu es ma fille. Il se passe plein de petites choses inhabituelles et j'ai l'impression que certaines d'entre elles sont loin de te plaire."

Marinette avalât une autre bouchée de céréales en grognant.

"Est-ce que tu es intéressée par ce Cédrick?"

Elle poussât un autre grognement.

"Tu es toujours amoureuse d'Adrien, n'est-ce pas?"

La jeune fille regardât droit devant elle, elle ne voulait pas croiser le regard de sa mère.

"Et il te rend tes sentiments, pas vrai? C'est pour ça que son père s'intéresse soudainement à nous?"

"D'accord maman, oui. Adrien et moi, on est ensemble mais pour l'instant personne ne doit le savoir, d'accord? C'est très très important."

"Mais pourquoi? Son père semble être d'accord, vous êtes d'accord, nous sommes d'accord... qui peut bien... c'est ce Cédrick, c'est ça? Je savais qu'il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond avec lui. Qu'est-ce qu'il fait Marinette, il te menace? Il menace Adrien? Il..."

"Maman, Adrien et moi avons la situation bien en main. Fais-nous confiance d'accord? Tu sais tout ce que tu as à savoir maintenant, s'il te plaît, ne pose plus de questions."

Sabine n'était pas satisfaite. Visiblement un individu faisait la vie dure à sa fille, sa fille unique. Elle ne savait pas quoi et sa fille refusait de l'inclure dans la solution. Le seul côté positif était qu'enfin, elle l'avait l'amour de celui qu'elle convoitait depuis si longtemps et c'était un si gentil garçon.

La fameuse soirée où elle avait dû consoler sa fille lui revint en mémoire. C'était donc ça le problème. Ce n'était pas le père d'Adrien, c'était ce jeune homme qui ne lui avait définitivement pas fait bonne impression dès le tout premier jour.

"Bon d'accord, je te laisse tranquille. Mais ce garçon a intérêt à VOUS laisser tranquille sinon..."

"Maman, ne t'en mêle pas, tu vas juste empirer les choses. Fais-moi confiance, s'il te plaît."

"D'accord chérie, d'accord. J'espère simplement qu'un de ces jours, tu m'expliqueras toute la situation."

"Bien sûr maman, un jour..."


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