Chapitre 65
Il y eut un lourd silence. Puis Severus murmura, d'un ton glacial.
— Vous saviez !
Dumbledore répondit sèchement, le regard fixé sur Harry.
— C'est mon rôle de savoir ce qui se passe dans cette école. J'ai compris où il allait, et il n'a pas été compliqué de deviner ce qu'il tentait. Je suis surpris cependant que ce garçon ait pu réparer cet objet aussi rapidement.
Harry eut un sourire en coin.
— Peut-être parce que je l'ai aidé, et que je lui ai demandé de les faire entrer. J'ai prévenu Kingsley et Rémus. L'idée était de les laisser entrer dans la salle sur demande, mais de les neutraliser directement.
Dumbledore vacilla, regardant Harry comme s'il était soudain une menace. Il fit un geste brusque et Pansy se tendit et recula, trébuchant. Drago la rattrapa et Hermione lui posa une main sur l'épaule avec un sourire hésitant.
La jeune femme agrippa la main de Hermione comme pour se donner sur courage, restant appuyée contre Drago, le regard fixé sur le directeur.
— C'était vous. Dans l'escalier. C'était vous ! Vous m'avez poussée !
Rémus ceintura Harry à l'instant où il se précipitait en avant pour se jeter sur le vieil homme et Severus le fixa avec dégoût.
— Comment avez-vous pu ! Vieux fou ! Et dire que vous prétendez protéger les élèves !
— Ce que je fais Severus ! Contre de la graine de Mangemort !
Le hurlement de Harry les fit sursauter, mais Rémus ne relâcha pas son étreinte. Il ne tenait pas à voir le jeune homme être accusé de quoi que ce soit. Pas alors qu'il était proche d'être libre de son destin hors normes.
Severus eut un ricanement amer.
— Bien évidemment. Les Serpentard ont toujours été des ennemis à vos yeux, non ? Même moi. Je n'étais qu'un outil. Ça ne vous a jamais gêné de me voir revenir titubant, souffrant des tortures reçues pour avoir échoué à lui livrer Poudlard...
Dumbledore l'ignora, et continua, presque enragé.
— Cette petite peste le manipulait. Il fallait la mettre hors jeu.
Une puissante vague de magie dévasta le bureau de Dumbledore, une fois encore. Rogue leva un sourcil moqueur, et s'inclina à demi.
— Il me semble que vous allez avoir du rangement à faire, Albus...
Rémus gronda, ses yeux ambre prenant un instant la teinte jaune propre au loup en lui.
— Et vous allez avoir à donner beaucoup d'explications sur vos agissements. En attendant, Harry sera sous ma surveillance. Et celle de Severus. N'essayez même pas d'interférer cette fois.
Le vieil homme sembla mécontent, prêt à protester. Cependant, Severus eut un rictus froid.
— Je doute que vous ayez gain de cause face à ceux qui ont défait le Seigneur des Ténèbres.
Il y eut un lourd silence, alors qu'ils s'observaient. Bien qu'il tentait de garder l'air digne, Dumbledore savait qu'il avait perdu et que sa réaction n'était plus qu'une bravade inutile. Il était en infériorité numérique et la mort de Voldemort changeait tout. Surtout avec Harry Potter toujours en vie.
Il grogna et finit par se rasseoir dans son fauteuil, les congédiant d'un geste sec de la main.
— J'ai du travail. Nous en reparlerons.
Les adolescents sortirent en premier, suivis par Rémus. Severus marqua un bref arrêt à la porte et eut un regard haineux en direction de l'homme qui s'était servi de lui toutes ces années, profitant de sa culpabilité pour le pousser encore et encore, n'hésitant jamais à le mettre en danger, le laissant être torturé sans le moindre mot de réconfort.
Il susurra, d'un ton presque menaçant.
— Ne pensez même pas à utiliser la marque sur mon bras pour me nuire Albus. Une des conséquences de la mort du Seigneur noire est la disparition complète de ce maudit tatouage. Et puisque j'ai été jugé à l'époque, et innocenté par vos soins, nul crime ne pourra plus être retenu contre moi. Pas sans vous causer de sérieux ennuis en tous cas.
Albus Dumbledore grimaça, mais resta silencieux, ses yeux bleus habituellement si pétillants fusillaient l'homme du regard. Lorsque la porte du bureau claqua derrière le professeur Rogue, il ferma les yeux un instant, maudissant le sort et le jeune Potter — trop têtu pour son propre bien.
*
Hermione suivit Drago, Pansy et Harry sans un mot, jusqu'à ce qu'ils arrivent dans le couloir. Ils hésitèrent, mais Rémus leur adressa un clin d'œil et leur fit signe qu'ils pouvaient s'éloigner pour discuter tranquillement pendant qu'il attendait Severus.
La jeune Gryffondor observait les interactions entre ses trois camarades et elle constata sans étonnement qu'il n'y avait plus d'animosité entre Drago Malefoy et Harry. Pansy lui tenait la main et lui lançait des coups d'œil inquiets alors que le brun semblait perdu dans ses pensées.
Elle soupira et fixa Harry, notant son air coupable et le rougissement léger de ses joues.
— Harry...
Il l'interrompit, sur la défensive.
— Je voulais te tenir à l'écart de tout ça Hermione. Tu n'avais pas à être en danger, toi aussi.
Elle roula des yeux, agacée et posa les mains sur ses hanches en un geste brusque.
— Tu es un idiot.
Il se mordilla la lèvre et baissa la tête. Hermione constata avec amusement que Pansy lui jetait un regard noir, prêt à défendre Harry bec et ongles. Elle souffla et secoua la tête.
— Bon sang, Harry, tu ne peux pas décider de qui peut se battre ou non ! Nous sommes amis, non ? Tu aurais dû me laisser le choix, plutôt que d'agir sans me demander mon avis.
Elle eut droit à un regard de chien battu de la part de son ami et elle grogna. Pansy éclata de rire et embrassa la joue de Harry vivement, le faisant rougir. Puis, elle lança un clin d'œil à Hermione.
— Granger, tu devrais commencer à savoir qu'il est plus têtu qu'une mule.
Hermione fronça les sourcils, et fixa Harry sévèrement un instant, puis un large sourire éclaira ses traits.
— Bien évidemment qu'il est têtu. Il n'a pas cherché à te dissuader ?
Drago intervint alors.
— C'est elle qui a tenté de le garder à l'écart, Granger. Ces deux là... ils se sont bien trouvés.
Elle hésita un instant surprise du regard dépourvu d'animosité de Drago Malefoy. Puis, elle soupira et lui sourit, avec complicité, décidant de lui laisser une chance.
— Dans ce cas, on ne sera pas trop de deux pour garder un œil sur eux...
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