Chapitre 58


Le sort frappa Voldemort sans un bruit scellant son destin. Le monstre qui avait terrorisé le monde magique était mort.

Severus resta quelques instants immobile, incrédule, n'arrivant pas à croire que tout était terminé. Qu'il n'aurait plus à répondre à ses appels, qu'il n'aurait plus à tuer contre son gré. Pendant quelques secondes, il laissa le soulagement le submerger, vacillant presque.

Puis, il fit volte-face, laissant les pans de sa cape voler autour de lui, et avança à grands pas jusqu'à ses élèves. Il s'agenouilla près d'eux, et posa une main sur l'épaule de Pansy. Comme elle ne bougeait pas, restant agrippée à Harry, il leva les yeux et fixa Drago.

Il n'eut pas besoin de dire le moindre mot. Son filleul avança en titubant, avec une expression de choc et d'horreur sur son visage, et se laissa tomber près de son amie, évitant soigneusement de regarder le corps de Potter. Il attrapa la jeune fille à bras le corps, pour l'éloigner, mais Pansy se mit à hurler et à se débattre plus fort encore.

En temps normal, il aurait probablement stupéfixé la jeune fille. Mais il comprenait sa douleur — il se souvenait avoir eu la même réaction face au corps sans vie de Lily, tant d'années auparavant — et il resta silencieux alors que Drago lui murmurait des paroles réconfortantes, ne cachant même plus son chagrin et ses larmes.

Severus reporta toute son attention sur le corps du gamin qu'il avait tant détesté, juste parce qu'il était le reflet de son père. Il avança la main pour fermer les yeux grands ouverts, mais lorsque son bras fit de l'ombre, il nota un léger mouvement des pupilles.
C'était infime. Juste une minuscule dilatation en réponse au changement de luminosité.

S'il n'avait pas été à ce point obsédé par les yeux du gamin, les yeux de Lily, il n'aurait rien vu.

Aussitôt, il se pencha, fixant le visage du Gryffondor, espérant un autre signe de vie. N'importe quoi qui puisse indiquer qu'une fois de plus, il avait survécu.
Sourcils froncés, il posa ses doigts sur la carotide du jeune homme, priant pour percevoir un battement, même léger.


*


Harry avait toujours essayé de ne pas penser à sa propre mort, refusant d'être paralysé par la peur et de provoquer plus de morts encore. Il savait qu'il avait peu de chances de survivre à la guerre, et il l'acceptait tout simplement.
Après tout, il n'avait pas eu une vie très heureuse, et il espérait juste qu'il aurait droit au repos...

Malgré tout, il craignait de souffrir. Beaucoup avaient dit que l'Avada était indolore, mais cette peur persistait. Ça semblait si stupide comparé au risque de mourir, mais il ne voulait pas avoir mal.

Lorsque le rayon vert le frappa, il s'attendait à ressentir une brûlure peut-être. N'importe quelle sensation qui dirait à son esprit qu'il était mort.

Mais il se sentit juste tomber.

Il cligna les yeux — il eut la sensation de cligner des yeux. Un instant, il était dans le repaire de Voldemort, au sol après avoir reçu l'Avada, immobile, mais douloureusement conscient de ce qui l'entourait. La seconde suivante, il était... ailleurs.

Là encore, ce n'était rien de ce qu'il avait imaginé. Il avait pensé que s'il existait quelque chose après la mort, ce serait forcément un monde d'une blancheur éblouissante, quelque chose de lumineux. Mais il était dans un petit salon cosy, sombre, éclairé uniquement par un feu de cheminée. Il y avait deux fauteuils et un canapé, disposés autour de la cheminée. La pièce ne contenait rien d'autre, et les murs étaient nus. Ni décoration ni porte.


Le jeune homme cligna des yeux en tournant sur lui-même, perplexe. Lorsqu'il fit face à la cheminée de nouveau, il sursauta brusquement en voyant une silhouette installée dans un des fauteuils.
Il avança prudemment, se rendant soudain compte qu'il n'avait pas sa baguette. C'était une femme qui regardait le feu tristement. Les flammes faisaient flamboyer sa chevelure rousse et Harry haleta en se rendant compte que la silhouette était douloureusement familière.

Le son qu'il produisit alerta la femme et elle tourna la tête vers lui, souriante.

Il la reconnut instantanément. Après tout, il l'avait vue en photo. Il passait son temps libre à regarder les seules photos d'elle qu'il avait, et elle était dans ses rêves, lui chuchotant qu'elle le protégerait.
Dans ses rêves, elle le prenait dans ses bras avec douceur. Parfois, quand il était éveillé, il se demandait quel serait son parfum.

Face à elle, alors qu'il avait tant de choses à dire, à demander, il ne put que bégayer, stupéfait.
— Maman ?

Leurs yeux se rencontrèrent, identiques. Elle hocha doucement la tête, et ouvrit les bras comme pour l'appeler vers elle.

Au fond de son esprit, une voix lui hurla de se méfier, d'être prudent, mais il l'ignora. C'était sa mère devant lui, belle et éternelle, et il avait désespérément besoin de sentir son étreinte, au moins une fois dans sa vie.

Il avança vers l'apparition lentement, sans la quitter des yeux comme s'il avait peur qu'elle disparaisse. Lorsqu'il fut si près qu'il aurait pu la toucher en tendant le bras, une larme roula sur sa joue et il se jeta contre elle.

Aussitôt, elle le serra contre sa poitrine, avec un soupir. Elle murmura, tout contre lui.
— Oh Harry. Mon tout-petit. Mon bébé.
Ce fut comme si des digues se brisaient en lui. Harry se laissa aller et éclata en gros sanglots. Il se laissa bercer et cajoler, se gorgeant de ce contact tendre qui lui avait tant manqué.

Finalement, Lily passa la main dans ses cheveux fous et l'écarta légèrement d'elle pour le regarder, avec un sourire tendre.
— Mon chéri... Je suis si heureuse de te revoir. D'être là pour toi...

Harry renifla et baissa la tête.
— Maman... Je suis où ?
C'était si perturbant de prononcer ce mot. « Maman ». Il n'avait jamais eu l'occasion de le dire avant.

Lily lui essuya les joues, avec toute la tendresse d'une mère, et lui sourit tristement.
— Te souviens-tu de ce qui s'est passé ?

Harry hocha la tête en hésitant. Il murmura incertain.
— J'ai reçu l'Avada. Je suis mort ?

Lily soupira et lui caressa le front. Elle sembla réfléchir un instant à sa réponse, puis elle haussa les épaules.
— Oui et non.

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