— Harry Potter. Ainsi nous nous retrouvons...

La voix sifflante fit frissonner l'adolescent, mais il ne recula pas. Il raffermit sa prise sur sa baguette et se redressa, repoussant la peur au fond de lui.
Il sentit Severus Rogue juste derrière lui, présence rassurante dans son dos. À l'entrée de la pièce, Pansy et Drago assuraient leurs arrières, veillant à ce qu'ils ne soient pas interrompus par des Mangemorts.

Voldemort se leva avec grâce de son siège et se tourna. S'il espérait effrayer l'adolescent, il en fut pour ses frais : Harry ne frémit même pas à la vue de son apparence. Il l'avait vu ainsi lors de son retour dans le cimetière de Little Hangleton, avec son visage de serpent et ses yeux rouges. Il avait eu le temps de s'habituer à cette apparence monstrueuse en le voyant dans chacun de ses cauchemars.

L'homme — la créature plutôt — ricana en avançant, semblant glisser sur le sol.
— Courageux Harry Potter. Mais tu vas mourir aujourd'hui.

Harry ne bougea pas. Il ne répondit même pas, observant juste son ennemi. Voldemort regarda Rogue et eut un sourire cruel.
— Mon Mangemort, Severus... Dire que cette chère Bellatrix doutait de ta fidélité. Et voilà que tu me livres le jeune Potter sur un plateau...

Le Gryffondor resta silencieux, pensant offrir une porte de sortie à son professeur s'il échouait, mais l'homme laissa échapper un ricanement moqueur.
— Le livrer ? Pas vraiment. Il est venu de son plein gré et je suis ici pour le protéger.

Le visage monstrueux de Voldemort se tordit de rage et il hurla. Il leva sa baguette, prêt à lancer un impardonnable sur Rogue, mais Harry lança un protego sur le maître des potions, lui évitant un Doloris.

Il y eut un moment de silence, où ils s'observaient tous les trois. Severus, abasourdi par le geste de son élève, Harry déterminé et Voldemort pensif. Puis, dans un geste vif, Voldemort lança un nouveau sort que cette fois le Gryffondor ne put parer. L'adolescent s'effondra, la bouche ouverte sur un hurlement muet, alors qu'il subissait le Doloris. Il avait l'impression d'avoir les os brisés les uns après les autres, d'être méthodiquement torturé.

Dans un brouillard de souffrance, il entendit des cris, et le sort cessa soudain.
Il reprit son souffle, alors qu'un corps chaud se jetait sur lui et l'aidait à se lever. Il reconnut le parfum de Pansy, et il nota le regard furieux de Voldemort, qui avait légèrement reculé. Il serra la main de la jeune fille et la poussa légèrement en arrière avant d'avancer d'un pas, prêt à se battre de nouveau.

*

Lorsqu'elle avait vu Voldemort, Pansy avait eu l'impression que son sang gelait dans ses veines. Le Mage Noir n'était plus humain. Il n'y avait plus d'humain, aussi bien dans son apparence que dans ses actes.
À ses côtés, Drago était pâle et tremblant, et il tentait visiblement de se faire oublier. Cependant, il tenait toujours sa baguette et semblait déterminé à continuer d'aider Harry.

Elle resta silencieuse lorsque leur professeur fut pris à partie, mais elle étouffa une exclamation choquée en voyant le sort fuser. Elle masqua un sourire amusé en voyant Harry le contrer, satisfaite de la colère sur le faciès grimaçant de Voldemort.

Cependant, le sort suivant toucha Harry de plein fouet et il s'effondra. Pansy hurla, et se précipita, baguette en main, incapable de laisser son amant souffrir de cette façon. Sans réfléchir, elle lança un Experlliamus sur le Mage Noir, oubliant toute prudence, tandis que Rogue se concentrait pour les entourer d'un bouclier.

Son sort ne désarma pas Voldemort, mais il eut le mérite de stopper le Doloris et elle se précipita sur Harry pour l'aider, ignorant l'expression stupéfaite du Monstre. Elle serra Harry contre elle, l'aidant à se relever, inquiète.

Il se reprit à une vitesse effarante, serrant sa main comme pour la rassurer et il fit un pas en avant, baguette tendue.

*

Tout en lançant un bouclier qu'il espérait assez efficace pour contrer la plupart des sorts que le Seigneur des Ténèbres lancerait, Severus surveillait du coin de l'œil le monstrueux serpent qui commençait à s'agiter devant la cheminée.

Alors que l'animal ondulait, attirant son regard, Voldemort hurla un sort en direction de Harry qui glaça le sang de Severus.
- Avada Kedavra.
Presque au même instant, le gamin rebelle, insolent, planté fermement sur ses pieds cria un Experlliamus rageur.

Severus eut l'impression que le temps se figeait. Il eut le temps de se rendre compte qu'il ne pouvait rien faire. Il était trop loin pour pousser l'infernal gosse loin du danger et aucun bouclier ne permettait de stopper le sort de mort. Il eut le temps d'entendre Pansy Parkinson hurler, et de la voir lever sa baguette, lançant avec un temps de retard un sort de découpe.
Il eut surtout le temps de voir Nagini se redresser et observer la scène, prête à fondre sur eux.

Puisqu'il ne pouvait rien pour stopper l'Avada, Severus se concentra sur le monstrueux reptile. Il regretta de ne pas l'avoir tué immédiatement, mais il pouvait remédier à cet oubli pendant que celui qu'il avait si longtemps « appelé » maître était occupé.

Sans la moindre émotion, il leva sa baguette et lança un Sectumsempra sur Nagini.

*

Harry, encore tremblant après le Doloris qu'il venait de subir, poussa Pansy derrière lui pour la mettre à l'abri et avança d'un pas. Décidé, tête haute, il dévisagea le monstre qui avait détruit méthodiquement sa vie.
Il était prêt et il n'avait plus peur. En voyant Voldemort lever sa baguette, il l'imita.

Sans surprise, le mage noir lança un Avada. Harry n'avait pas oublié ce qu'il avait appris sur l'impardonnable. Qu'il fallait avoir la puissance et la volonté de nuire nécessaire pour le lancer. Même s'il était convaincu de vouloir la mort de ce monstre, il se souvenait parfaitement de son échec face à Bellatrix Lestrange. Elle avait tué Sirius, sa dernière famille, et il n'avait pas réussi à lancer le Doloris malgré sa souffrance et sa haine.

Il lui fallut une fraction de seconde pour se décider et il utilisa le sort qu'il maîtrisait le mieux. Les livres de duel de Severus Rogue lui avaient appris à quel point un Experlliamus pouvait être utile pour déstabiliser un adversaire. Et si lui était incapable de lancer l'Avada, Harry savait que son professeur était parfaitement apte et qu'il se ferait un plaisir de détruire Voldemort.