Pansy resta deux jours à l'infirmerie, pendant lesquels Harry Potter venait à ses côtés dès qu'il avait un instant de libre. Drago et lui semblaient se relayer pour qu'elle soit presque continuellement entourée.
Elle se posait beaucoup de questions, mais Drago avait refusé de lui répondre tant qu'elle était à l'infirmerie, et Harry lui souriait et évitait adroitement les sujets épineux.

Le troisième jour, elle se réveilla avec un mal de tête violent, et l'infirmière lui donna une potion qui la plongea dans une bienheureuse inconscience. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle avait retrouvé la mémoire en grande partie.

La seule chose qui restait dans le flou était les quelques minutes avant sa chute, mais elle avait la sensation que c'était une agression et non pas un simple accident. Et visiblement, Harry et Drago étaient du même avis.

Il était assez fascinant de voir ces deux-là s'entendre, pour elle. Ou plus exactement, ils avaient fait l'effort de s'entendre pour elle, mais ils avaient découvert qu'ils se ressemblaient plus qu'ils ne l'imaginaient.

L'infirmière Pomfresh l'examina, et lui annonça qu'elle pourrait sortir dès que l'un de ses camarades viendrait la chercher. Elle fut avertie qu'elle pourrait avoir des maux de tête, des nausées et des vertiges, mais que si les symptômes se faisaient trop présents ou persistaient au-delà de deux mois, elle devrait revenir à l'infirmerie.
Elle hocha sagement la tête, et prit un livre, attendant la fin des cours avec impatience.

*

Lorsque Harry entra dans l'infirmerie, il était sur le point d'exploser. Depuis l'accident de Pansy, il était tendu et sur le qui-vive.
Il supportait de moins en moins les regards permanents sur lui, et même si Hermione le soutenait ce n'était pas le cas de Ron ni de Ginny.

Bien évidemment, la chute de Pansy avait fait le tour de Poudlard, ainsi que sa propre réaction. Il avait été sommé de s'expliquer en pleine salle commune, face à une Ginny écumante de rage, et depuis, Ron ne lui parlait plus.
Pire encore, l'air insupportablement satisfait de Dumbledore l'avait mis hors de lui, et il lui avait fallu lutter de toutes ses forces pour ne pas attaquer le directeur. Seuls les regards furieux de Rogue envers le vieil homme l'avaient aidé à se contrôler et il avait trouvé particulièrement ironique de considérer le pire professeur de Poudlard comme un allié digne de confiance.

Harry s'était attendu à devoir lutter pied à pied avec Pomfresh pour passer du temps avec Pansy. Après tout, ils étaient de maisons ennemies et Dumbledore était totalement contre leur rapprochement. Mais l'infirmière l'avait accueilli à bras ouverts et lui avait laissé passer autant de temps que possible avec la jeune fille.

Enfin, le dernier élément qui lui mettait les nerfs à vif était la perte de mémoire de Pansy. Il lisait une méfiance permanente dans son regard et elle était bien trop nerveuse. Il lui demandait chaque fois si elle était d'accord qu'il reste et elle acceptait, mais il craignait que ce ne soit pour accomplir l'atroce mission imposée par son père.
Il avait réussi à avoir une conversation civilisée avec Drago et ils s'étaient entendus pour la laisser récupérer complètement avant d'aborder des sujets compliqués. Ils détournaient l'un et l'autre la conversation même si Pansy semblait frustrée et furieuse à chaque fois.

Le jeune homme prit quelques secondes pour respirer profondément avant d'approcher du lit de Pansy. La jeune fille était dissimulée par un paravent, et il ferma les yeux brièvement, réprimant l'habituelle pointe de déception d'avoir provisoirement perdu la relation qu'il avait avec la Serpentard, puis avança, plaquant un large sourire factice sur son visage.

Cependant, en arrivant face à elle, il comprit immédiatement qu'elle était de retour. Pansy avait visiblement recouvré sa mémoire puisqu'il retrouvait la lueur malicieuse au fond de ses yeux clairs, et sa façon de le regarder comme si elle allait le dévorer.

Aussitôt, il eut l'impression que tous ses soucis se diluaient et il se sentit presque euphorique. Il se précipita vers elle pour l'enlacer fermement, la faisant glapir de surprise.
— Pansy... Tu es enfin de retour.

La jeune fille eut l'air surprise et cligna des yeux avant de demander.
— Comment tu le sais ? Pomfresh te l'a dit ?
— Je n'ai pas vu l'infirmière. Elle est dans son bureau, je suppose. Je ne sais pas, je... J'ai deviné, je crois.

Pansy gloussa de plaisir en le voyant rougir et malgré elle, elle l'attira pour l'embrasser, retrouvant le visiblement le plaisir de sentir Harry contre elle s'il en croyait la façon dont elle s'agrippait à lui.
Un grattement de gorge les fit s'immobiliser et Harry, les pupilles dilatées, rougit un peu plus en essayant de cacher son malaise.

Drago les observait avec un sourcil levé, l'air perplexe, et il fronça les sourcils.
— Potter ! Tu es obligé de sauter sur elle ? Elle...

Mais Pansy roula des yeux et l'interrompit brusquement.
— Elle est là, elle est consciente de ses actes et elle a retrouvé la mémoire, insupportable blondinet !

Harry laissa échapper un rire amusé, et caressa tendrement la joue de Pansy. Cette dernière accepta l'attention avec un soupir comblé et se redressa soudain.
— J'ai le droit de sortir aujourd'hui ! Je devais juste vous attendre pour être accompagnée parce que je risque des vertiges, mais...

Aussitôt, Harry et Drago échangèrent un regard complice et ce fut Drago qui posa la question tandis que Harry caressait la main de Pansy, le cœur battant d'inquiétude.
— Pans'... Est-ce que tu te souviens de la personne qui t'a poussé ?

Elle se tendit et Harry la prit dans ses bras, lui frottant le dos en signe de réconfort tout en jetant un bref coup d'œil à Drago. Il allait changer de sujet quand elle laissa échapper un rire amer.
— Je suis stupide de me mettre dans cet état, au bord de la crise de panique, alors que je ne parviens pas à m'en souvenir...

Drago grogna.
— Tu n'es pas stupide. Ne t'en fais pas, on trouvera qui s'en est pris à toi...

Harry hocha la tête, et eut un sourire froid, bien loin de son expression habituelle.
— Quoi que tu puisses dire, nous allons veiller à ce que ça ne se reproduise pas et à ce que celui qui s'en est pris à toi le regrette.

La jeune fille cligna des yeux, puis secoua la tête.
— Je ne sais pas ce qui est le plus effrayant avec vous deux. Vous voir vous battre ou vous voir complices de cette façon...