Chapitre 2
Lorsque Harry Potter fêta son dix-septième anniversaire, il avait changé. Radicalement changé.
Il aimait toujours autant la magie, inconditionnellement. Cependant, il avait perdu ses illusions sur le monde magique et il savait que ce n'était pas l'endroit parfait qu'il avait imaginé lorsqu'il était enfant.
Il avait traversé suffisamment d'épreuves pour l'apprendre, et il avait retenu la dure leçon.
Le gamin naïf et émerveillé avait grandi et était devenu trop vite un adulte.
Aux yeux de ses camarades, Harry restait le gentil Gryffondor prêt à aider son prochain, souriant et voyant le bien partout. Cependant, ce n'était qu'une façade. Son côté Serpentard ressortait de plus en plus, mais il savait qu'il valait mieux dissimuler ses vraies pensées.
Bien évidemment, il était prêt à aider ses camarades. Il était même d'accord pour offrir une seconde chance à ceux qui l'avaient durement humilié. Mais ce serait à ses conditions. Il ne se laisserait pas dicter ce qu'il devait faire, que ce soit par ses amis ou par Dumbledore. Il avait perdu toute confiance en lui, le directeur lui avait trop dissimulé de choses, sans parler de sa façon de le tenir à l'écart, refusant même de croiser son regard.
Puis, son parrain — sa dernière famille — lui avait été arraché brutalement, et il avait cru en devenir fou.
Ce jour-là, quand Sirius était tombé, il avait pensé un bref que son esprit allait se briser, qu'il allait devenir fou de chagrin et de rage. Il aurait pu torturer Bellatrix sans le moindre état d'âme, et quoi que Dumbledore puisse dire, Harry savait que s'il avait réussi à lancer le Doloris, il l'aurait maintenu jusqu'à ce qu'elle devienne une coquille aussi vide que les parents de Neville.
Il avait détruit le bureau de Dumbledore dans un accès de rage, refusant de l'écouter, avant d'être renvoyé chez ses moldus stupides sans qu'il ait son mot à dire. Et il pensait que sa famille ne savait pas la chance qu'elle avait qu'il ait peur de voir sa baguette brisée, qu'il soit expulsé du monde magique, parce qu'il avait été terriblement tenté de laisser libre court à son ressentiment en leur montrant à quel point il les haïssait...
L'été avait été le pire de sa vie, probablement. Il était hanté par la mort de Sirius et son oncle le malmenait encore plus qu'avant, maintenant qu'il savait que personne ne viendrait le défendre et qu'il ne pouvait pas se servir de la magie. Il avait ruminé sa colère et sa rancœur, avec l'impression que sa magie voulait sortir hors de son corps.
Lorsque la rentrée arriva, il avait l'air plus calme, mais sa colère était toujours là, intacte, enfouie en lui, prête à ressurgir au moindre incident.
Découvrir l'enfance de Voldemort avait rendu Harry pensif. Il y avait tant de similitudes entre eux, qu'il aurait pu devenir comme lui, aussi avide de vengeance. Lui avait des amis, mais un jour, ça ne serait peut-être pas suffisant. Après tout, ses amis n'avaient pas donné de nouvelles pendant l'été... Hermione et Ron avaient été ensemble au Terrier, mais n'avaient pas pris la peine de lui écrire une seule fois, le laissant une fois de plus à l'écart.
Il s'isolait de plus en plus, prenant les convocations de Dumbledore comme excuse, passant de longues heures à ruminer. S'il était certain que jamais il ne rejoindrait l'assassin de ses parents, il n'était pas sûr de vouloir se sacrifier pour un monde qui l'adulait un jour pour l'insulter le lendemain. Il n'était pas stupide au point de vouloir encore suivre aveuglément un homme qui le manipulait sans vergogne, lui cachant l'essentiel avant de l'envoyer face au danger.
Il avait l'impression de ruminer depuis des heures, alimentant sa colère — se délectant de sa colère même — lorsque quelqu'un le poussa brutalement dans une salle de classe déserte et sombre.
Bien que surpris, Harry donna un coup de reins pour ne pas chuter lourdement au sol et se retourna rapidement, baguette en main, ses yeux verts brillants avec démence.
Il s'était attendu à une attaque en règle de Malefoy — même s'il semblait défait et aux abonnés absents — ou de ses deux gorilles stupides. Aussi en croisant un regard bleu-vert peu familier, il eut du mal à cacher son expression de surprise.
Il plissa les yeux, l'observant attentivement, prêt à se défendre. Mais elle ne bougeait pas, se laissant inspecter avec une bonne volonté suspecte. Il marmonna, agacé.
– Pansy Parkinson.
Habituellement, il ignorait la jeune fille. Elle gravitait dans l'entourage de Malefoy, mais elle restait à l'écart lorsqu'ils entamaient une dispute. Elle se heurtait souvent avec Hermione, mais leurs prises de bec restaient de l'ordre du crêpage de chignon plutôt que du véritable affrontement, bien loin des batailles rangées qu'il entretenait avec Malefoy...
Il se souvint que quelques années plus tôt, ils l'avaient comparé à un bouledogue, entre son air renfrogné et son visage disgracieux. Il ne pouvait pas dire qu'elle était jolie, et elle avait l'air toujours aussi renfrognée, mais elle avait un visage plus fin et plus harmonieux. Ses cheveux d'un noir de jais avaient poussé et retombaient sur ses épaules en ondulations soignées.
Elle l'observait d'un air moqueur, les bras croisés sur sa poitrine, se prêtant à l'inspection sans rien dire. Lorsqu'il se rendit compte qu'elle n'avait pas sa baguette en main, il se détendit légèrement, et baissa la sienne sans pour autant la ranger. Il passait peut-être pour un Gryffondor naïf, mais il ne l'était pas à ce point.
Après un long moment, il souffla, et secoua la tête.
— Que veux-tu ?
La Serpentard laissa échapper un ricanement dépourvu de joie, et une expression de colère passa dans ses yeux. Pansy avança vers lui, presque séductrice avant de s'immobiliser à quelques pas, fronçant le nez.
Finalement, elle cracha, serrant les poings.
— Mon père m'a donné une mission te concernant...
Aussitôt, Harry eut un mouvement de recul, levant de nouveau sa baguette, méfiant.
— C'est un Mangemort !
Loin de s'offusquer de sa réaction, elle ricana, amusée.
— Quelle capacité de déduction, Potter ! Du moment que j'ai une mission en rapport avec toi, ça me semble plutôt évident non ? Et dire que pour beaucoup, tu représentes le salut du monde magique... À se demander s'ils t'ont bien regardé...
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