21
Des murs de béton, des installations électriques aux ampoules clignotantes, d'immenses câbles pendant au plafond, grésillant au rythme des secousses sismiques qui frappaient la terre. Et la chaleur... Une chaleur étouffante, insupportable dans ces boyaux viciés de la Terre.
Constant peinait à respirer. Alors qu'il suivait Auguste dans un long couloir de base souterraine, il était passé sur une fissure dans le béton armé d'où le gaz brûlant du volcan jaillissait. Il en avait respiré un peu, avant d'être trainé derrière un sas anti-incendie par le Major Bob. A présent il essayait difficilement de reprendre son souffle, sous le regard terrifié de Lucie qui cherchait désespérément un masque à oxygène quelque part. L'Akwakwak à ses côtés semblait s'agiter avec le même empressement.
— Vous n'en avez pas ? Il va s'asphyxier et les dommages sur ses poumons seront irréversibles !
— Ils sont dans mon laboratoire, un peu plus bas en sous-sol, lui répondit Auguste en remontant ses lunettes teintées sur son nez fin.
Alors qu'ils se remettaient en route, une nouvelle secousse ébranla la base. Des filets de poudre de ciment se mirent à tomber des murs, comme des sabliers rappelant aux visiteurs qu'ils seraient bientôt piégés.
— On ne devrait pas s'enfermer sous terre pendant une éruption volcanique, murmura la géologue.
— On n'a pas le choix, lui répondit le Major d'un ton sec.
Elle le regarda porter Constant jusqu'au laboratoire sans plus rien dire. Il avait perdu son air coopératif. La présence d'un autre membre de la Team Rocket semblait l'avoir définitivement rappelé à ses obligations.
La jeune femme sentait qu'un nouvel affrontement serait inévitable, s'ils arrivaient à sortir de cette fournaise.
Auguste referma un sas incendiaire derrière eux en serrant les dents, alors que son bras semblait le faire souffrir le martyr, puis il se précipita sur une de ses machines. Lucie vit par-dessus son épaule des milliers de données défiler alors qu'il les téléchargeait sur une disquette. Il semblait avoir totalement oublié les autres personnes autour de lui et grommelait des phrases incompréhensibles dans sa tourmente intérieure, un peu à la manière de Constant lorsqu'il était confronté à des problèmes de statistiques pendant ses travaux de recherche.
— Auguste ! le rappela à l'ordre le Major.
Le scientifique parut émerger lentement de ses calculs.
— Hmm, oui... Il y a une interface de soin aux pokémons sur l'unité centrale, vous pouvez l'utiliser. Les masques à oxygène sont dans la caisse sur votre droite.
La jeune femme se précipita sur cette dernière et ramena un masque pour aider Constant à respirer. Alors qu'elle le laissait reprendre son souffle, elle se mit à observer toutes les installations du laboratoire.
Elles lui semblaient toutes étrangement familières. Peut-être même trop familières, car elle crut reconnaitre le numéro de série exact d'une une polisseuse à minéraux, un outil qu'elle utilisait fréquemment avec Pierre d'Argenta lorsqu'elle voulait préparer un échantillon de roches. La polisseuse avait disparu il y a de cela quelques années, lors d'un incendie criminel dans le laboratoire du musée géologique d'Argenta.
Lucie vit aussi plusieurs installations de géologie avancée, comme une machine à identifier les radiations de météorites qui avait été dérobée à l'université de Mérouville...
Elle observa Auguste qui cachait avec empressement la disquette dans la poche intérieure de sa blouse. Un éclair d'intuition traversa l'esprit de la jeune femme. Si cet homme était effectivement géologue et qu'il travaillait pour la Team Rocket, il était de son devoir de récupérer ces données pour l'empêcher de nuire à l'environnement terrestre de quelque manière que ce soit...
A cet instant, Contant se mit à tousser, et après quelques inspirations d'oxygène, il retira le masque en clignant des yeux.
— Auguste, où est Auguste ? demanda-t-il immédiatement.
Le scientifique se retourna vers lui avec un air pressé. Il descendit la manche de sa blouse sur son bras bandé qui semblait le gratter atrocement.
— Suis-moi, nous devons parler, vite.
Lucie lança un regard inquiet à son ami. Elle n'était toujours pas certaine des intentions de cet homme, mais ce qui l'angoissait plus encore, c'était qu'elle ne savait toujours pas si Constant était encore sous l'influence de son Tengalice ou s'il avait repris son état « normal ». En réalité le problème était peut-être bien plus profond, mais elle n'osait à peine l'envisager. La véritable question était si Constant avait changé à jamais...
L'entomologiste se releva immédiatement d'un air déterminé.
— Qu'est-ce que vous me voulez ?
Le Major Bob se retourna à son tour vers eux, prenant un air suspicieux. Lucie comprit immédiatement qu'il n'avait plus confiance en son collègue.
— Constant, souffla-t-elle à voix basse, je crois que tu peux suivre cet homme...
N'y avait-il pas un dicton de ce style ? « Les suspects de tes ennemis sont tes potentiels amis ? ».
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