Chapitre 10: Chapitre 9

Chapitre 9 : Où Voldy commence à dévoiler son embrouille de l'année.

Un homme franchit vivement la porte de la salle d'audience privée de Voldemort. Habillé des habituelles robes noires, le visage caché par son masque, le Mangemort s'inclina promptement devant son maître. Les pupilles rouges se tournèrent vers lui avec une lueur d'avidité.

" Eh bien, Avery, des nouvelles ? "

" Oui, Maître ! Ca y est, elle est parvenue à un résultat. Nous ignorons toujours en quoi cela consiste, mais nous savons qu'elle l'a toujours en sa possession. "

Voldemort se renversa dans son fauteuil avec un sifflement satisfait.

" Parfait ! Avery, quoi que ce soit, je le veux. Tu sais quoi faire. "

" Oui, Seigneur. "

Avery s'inclina une nouvelle fois, puis ressortit de la salle sans attendre. Il était temps que leurs partisans à Poudlard compensent leur erreur de la précédente réunion, où un simple Cracmol les avaient empêchés d'obéir à leur maître.

Lorsque Severus se leva ce jour-là, la première chose qui lui sauta aux yeux fut le visage anormalement joyeux et fier de Zabini.

" Qu'est-ce qui se passe ? " demanda-t-il, sourcils froncés.

Son camarade se retourna vers lui sans même essayer de cacher la lueur satisfaite qui illuminait ses yeux.

" Un message du Maître. "

" Une nouvelle réunion ? "

" Non, il me confie une tâche. "

Severus haussa un sourcil, incrédule.

" Une tâche ? A toi seul ? Et on peut savoir de quoi il s'agit ? " s'enquit-il.

" Tu sais bien que non " répondit le Serpentard en se rengorgeant. " S'il y avait l'un de nous qui était trop bavard, ça compromettrait tout. "

Severus haussa les épaules et fit semblant de se désintéresser de l'affaire. Cependant, il ne put pas s'empêcher de ressentir un pincement au cœur de contrariété. Pour qu'une tâche soit déléguée à un simple aspirant Mangemort, cela devait être quelque chose que seul l'un d'eux pouvait faire, et c'était donc forcément en rapport avec Poudlard.

'C'est bien ce que je lui avais dit, je n'ai aucune information valable à communiquer' ragea-t-il silencieusement. 'Dav... Harry est trop confiant.'

Il dut tout juste retenir un frisson en se forçant à appeler son professeur par son prénom. Drôle de lubie, ça, aussi...

Sans un mot, les Serpentards de septième année se préparèrent pour leur nouvelle journée de cours et se dirigèrent vers la Grande Salle. Severus n'écoutait que d'une oreille le bavardage incessant de Zabini, que le message avait visiblement remonté à son niveau d'orgueil ordinaire. En effet, l'incident avec Evans, quelques jours auparavant, et ce qui en avait découlé, l'avaient plongé dans un état de rage réprimée qui lui avait fait perdre son éloquence de tous les jours. Aujourd'hui, cependant, il ne manquait pas de se rattraper...

" Quelle peau de vache, ce Davies ! Il nous a fait nettoyer toute la partie non utilisée des cachots. Vous vous rendez compte ? C'est pas croyable le nombre de bestioles qu'on trouve là-dedans ! On est même tombé sur un Epouvantard, et ce toqué a voulu le garder ! J'imagine que c'est tout à fait le genre d'animal familier qui lui convient... "

Severus releva un instant la tête, surpris, pendant que les autres ricanaient.

'Un Epouvantard ? Qu'est-ce qu'il trafique avec ça ?' se demanda-t-il, perplexe.

" Vraiment, tout ça à cause de cette Sang-de-Bourbe d'Evans... Elle nous le paiera, ça, c'est sûr ! "

Severus se retint de rouler des yeux d'ennui et se détourna. Son regard tomba sur Potter, seul, qui se dirigeait droit vers eux. Le Gryffondor s'arrêta juste devant Zabini qui eut un instant l'air surpris, puis reprit son sourire moqueur.

" Eh, mais c'est Potter ! Où sont passés tes toutous, Pot... ? "

" Zabini " interrompit l'adolescent. " Tu as la tête dure, on dirait. J'étais sûr que tu serais coincé à l'infirmerie pour un bout de temps... "

Severus sentit son ennui aller croissant.

'Potter a entendu le commentaire sur sa chère Evans, on dirait.'

" Alors, c'était vous ! J'en étais sûr. Tu vas me payer ça, Potter ! "

" Quoi ? " reprit le Gryffondor, narquois. " Ne me dis pas que tu as peur de quelques livres ? "

" Tu n'es qu'un lâche, Potter ! Le courage des Gryffondors. Peuh ! Tu parles ! Tu as préféré te planquer et nous jouer cette minable farce, pas vrai ? "

'Bon, ça commence à bien faire' se dit Severus en vérifiant sa montre. 'Je ferais tout aussi bien d'aller déjeuner, si je ne veux pas arriver en retard en cours.'

Le Serpentard se détourna et se dirigea nonchalamment vers la Grande Salle.

" Répète un peu ça ? " entendit-il Potter s'exclamer sans y faire attention. " Qu'est-ce que tu sous-entends, au juste : que moi, j'aurais peur de toi ? Tu débloques, mon pauvre ! "

Le Gryffondor éclata d'un rire moqueur.

" Parfait ! " rétorqua Zabini. " Si tu n'as pas peur, alors un duel ne te dérangera pas, pas vrai, Potter ? "

Severus stoppa net devant les portes. Un duel ? Qu'est-ce que c'était que cette histoire ? Et Zabini... Il se retourna lentement et un simple coup d'œil confirma ce qu'il avait pressenti : Zabini avait l'air beaucoup trop sûr de lui. Potter lui jeta un regard incrédule.

" Un duel ? Avec les Aurors dans les couloirs en plus de Rusard ? T'es malade ? "

Le Gryffondor avait considérablement baissé la voix de peur qu'un des professeurs ne les entendent.

" Oh, je suis sûr qu'on peut arranger ça, Potter " répondit Zabini avec un sourire moqueur. " Pour réussir à te balader à ta guise dans l'école, tu dois bien avoir un moyen de circuler discrètement, non ? "

" Peut-être bien, mais ça ne couvrirait certainement pas un duel ! "

" Ici, non, mais à Pré-au-Lard ? "

Potter ouvrit des yeux ronds.

" A Pré-au-Lard " répéta-t-il d'une voix lente.

" Ne me regarde pas comme si j'étais un attardé mental, Potter " s'énerva Zabini. " En tant que fouineur professionnel, tu dois bien connaître un passage secret qui y mène, non ? "

" Possible " répondit Potter d'une voix prudente.

" Alors on se retrouve à Pré-au-Lard, près de la Cabane Hurlante, ce soir à minuit. Ca te va, comme ça ? "

Le jeune homme le fixa un moment d'un œil méditatif, comme méfiant.

" Oh " ricana Zabini. " Ne dirait-on pas que le valeureux Gryffondor a peur d'un petit duel ? "

Potter se hérissa aussitôt.

" Comme tu voudras " dit-il à travers ses dents serrées. " Mais sans témoins. "

" Et pourquoi ça ? " demanda le Serpentard. " Est-ce que par hasard tu aurais l'intention d'en profiter pour m'attaquer par derrière dès que j'arriverais ? Oh non, bien sûr, ce n'est pas assez Gryffondor... "

" Ferme-la, crétin. On n'aura moins de risque de se faire repérer si on n'est que deux. "

" Hum " médita Zabini. " Ok, alors, pas de témoins. "

" Jure que tu n'amèneras vraiment pas tes petits copains avec toi " ajouta-t-il en désignant les autres Serpentards.

Zabini poussa un soupir d'impatience.

" Potter, tu es vraiment... "

" Jure. "

" Je le jure sur le blason de Serpentard. Ca te va, maintenant ? "

" Ouais. On se retrouve ce soir. "

Potter se retourna vers la Grande Salle, mais son adversaire le rappela.

" Oh, oh ! Une minute, Potter. Tu ne crois quand même pas t'en tirer comme ça ? "

" Qu'est-ce que tu veux ? " grogna l'adolescent.

" Toi aussi, tu dois jurer. "

" Je jure sur le blason de Gryffondor que je n'amènerais personne d'autre ce soir. Fini ? "

" Fini, Potter. A ce soir, et attends-toi à mordre la poussière. "

Le Gryffondor poussa un " pff " de dédain et se dirigea à nouveau vers sa table, passant devant Severus sans lui adresser un regard. Le Serpentard rejoignit prestement Zabini et sa cour qui faisaient de même de leur côté pour écouter leur conversation.

" T'es dingue, Adrian ? " s'exclama l'un des septième années. " Pourquoi t'as fait ça ? Si les Aurors te chopent, tu vas... "

" Ferme-la " coupa Zabini. " Ca ne vous regarde absolument pas, c'est entre Potter et moi. "

Le sujet fut donc clos et ils s'assirent tous pour avaler rapidement leur petit déjeuner avant le début des cours. Mais Zabini se releva avant tous les autres.

" Où est-ce que tu vas ? "

" A la volière. Ne m'attendez pas pour aller en Enchantements, je vous rejoindrais. "

Le jeune homme s'éloigna rapidement et disparut dans le Grand Hall. Severus n'en laissa rien paraître, mais son cœur se serra soudain. Depuis quand Zabini avait-il du courrier si urgent qu'il risquait d'arriver en retard en cours au lieu de remettre cela à la pause du déjeuner ?

'J'attends et je vois ce qui se passe. Si vraiment c'est trop louche, je vais voir Dumbledore' décida-t-il.

Lily se laissa tomber dans le fauteuil le plus proche du feu et ouvrit le livre qu'elle tenait en main. Mais après quelques lignes, elle dut se rendre à l'évidence : elle ne parvenait pas à se concentrer assez sur la signification des mots. Soupirant, elle s'étira et jeta un coup d'œil circulaire à la Salle Commune de Gryffondor. C'était si calme, aussi tard dans la nuit... Et c'était heureux, car lorsque Lily n'arrivait pas à dormir, elle avait avant tout besoin de calme.

Elle poussa un nouveau soupir et repensa à la lettre de sa famille qu'elle venait de recevoir : ses parents l'avertissaient que sa sœur Pétunia faisait des pieds et des mains pour qu'ils ne l'autorisent pas à revenir chez eux pour les vacances d'hiver. Bien sûr, elle savait depuis longtemps maintenant que Pétunia ne supportait pas d'avoir une sorcière pour sœur et qu'elle faisait tout pour faire adopter son point de vue à leurs parents, mais ça faisait tellement mal d'être méprisée et haï par un membre de sa propre famille...

Et voilà que sa mère lui conseillait effectivement de ne pas rentrer pour Noël afin de ne pas " exacerber les tensions " qui existaient déjà entre elles. Elle ne faisait pas ça pour l'éloigner, Lily en était sûre, mais ça faisait quand même mal. Voilà. Cette année, elle devrait rester à Poudlard avec les professeurs, l'insupportable concierge et seulement une dizaine d'élèves, dans lesquels il ne faudrait certainement pas compter ses amies qui, elles, rentraient dans leurs foyers.

Lily laissa ses larmes couler sans chercher à les retenir. Ici et maintenant, il n'y avait personne pour la regarder, et elle pouvait laisser tomber sans rôle de préfète et de première de la classe quelques temps. Si seulement tous ceux qui la considéraient comme un cerveau surboosté doté de jambes pouvaient se rendre compte à quel point ce rôle lui pesait. Toujours, on attendait d'elle qu'elle gagne des points pour Gryffondor, qu'elle ait réponse à tout, qu'elle soit toujours là pour aider tout le monde.

Bien sûr, elle était préfète, bien sûr ses notes étaient les meilleures de son année, mais est-ce qu'elle n'était que ça ? Une insigne sur le devant d'une robe et des O sur tous ses devoirs ? Elle était fatiguée de tout cela. Les seuls moments où elle pouvait relâcher la pression étaient ceux qu'elle passait avec ses amies. Evidemment, elle avait apprécié ses précédents petits amis, mais elle se rendait toujours compte, tôt ou tard, qu'ils ne pourraient jamais être aussi proches d'elle qu'Anna, July et Eloïse.

Alors elle étudiait, elle gagnait des points pour Gryffondor, et les Maraudeurs les perdaient. Etait-ce si étonnant que cela l'énerve ? Potter et les autres étaient si immatures... Mais elle devait tout de même s'avouer qu'ils s'étaient beaucoup améliorés ces derniers temps.

Un bruit la fit soudain sursauter et elle se retourna vers l'escalier des garçons. Différentes pensées s'entrechoquèrent alors dans son esprit, comme 'Quand on parle du loup...' ou 'Mais qu'est-ce qu'il fiche là ?', mais surtout 'Si Potter s'aperçoit que j'ai pleuré, je suis mal.' Elle se raidit donc dans son fauteuil et regarda l'adolescent descendre les dernières marches et se diriger vers la sortie sans l'avoir vu. Juste avant de sortir, il vérifia que sa baguette était à sa ceinture, puis se couvrit d'un morceau de tissu argenté.

Lily retint tout juste un cri de surprise alors que Potter disparaissait soudain, comme aspiré par l'air.

'Une Cape d'Invisibilité !'

Un instant plus tard, le portrait de la Grosse Dame s'ouvrit, puis se referma. Sans hésiter une seconde, la jeune Gryffondor s'élança à sa suite. Elle n'allait quand même pas laisser Potter préparer une nouvelle blague stupide si elle pouvait l'en empêcher ! Mais d'un autre côté, si c'était vraiment la raison pour laquelle il sortait aussi tard, pourquoi les autres n'étaient-ils pas avec lui ? Elle fronça les sourcils et passa à son tour l'entrée de la tour de Gryffondor aussi silencieusement que possible. La Grosse Dame, profondément endormie, émit à peine un grognement.

Quelle raison pouvait avoir Potter de se promener dans Poudlard si ce n'était pas pour mettre au point une nouvelle stupidité ? Lily était curieuse de le découvrir. Seulement, cela allait être dur de suivre l'Homme Invisible. Elle ferma les yeux et se concentra fermement sur le silence qui régnait dans le couloir. Un faible bruit de pas s'éloignant vers la gauche la récompensa de sa patience. Le cœur battant, elle entreprit de suivre Potter sans se faire elle-même repérer.

A force de marcher sur la pointe des pieds et de retenir sa respiration à tous moments, elle se trouva essoufflée lorsqu'ils parvinrent enfin dans l'un des couloirs du quatrième étage. Les bruits de pas légers stoppèrent, et elle s'arrêta aussitôt. Passant prudemment la tête au coin du couloir qui la séparait du Maradeur, elle vit avec surprise le grand miroir ovale suspendu au mur pivoter sur le côté. Les pas reprirent et disparurent dans le passage ainsi dévoilé, et le miroir commença à se refermer. Lily se précipita aussi silencieusement qu'elle le pouvait et parvint à se faufiler dans l'ouverture.

Au moment où le cadre rejoignait à nouveau le mur, Potter s'arrêta de nouveau. Lily se raidit, certaine qu'il l'avait entendu malgré toutes ces précautions, mais un bruit de tissu et un sort murmuré retentirent dans le passage, et une légère lueur éclaira son chemin. Elle avança prudemment jusqu'au coude du passage et jeta un rapide coup d'œil de l'autre côté, pour voir le Maraudeur ranger soigneusement sa cape dans la poche de sa robe et reprendre sa route, sa baguette levée au-dessus de sa tête pour y voir clair.

'Mais qu'est-ce que tu fabriques, Potter ?' pensa-t-elle en fronçant les sourcils.

Puis, décidée à aller jusqu'au bout, elle le suivit en se cachant dans les ombres, assez loin pour qu'il ne l'aperçoive pas s'il se retournait.

Harry se réveilla en sursaut, les larmes ruisselant à nouveau sur son visage. Encore et toujours ces satanés souvenirs qui refusaient de le laisser en paix... La potion de Sommeil sans Rêves était une bénédiction pour lui, malheureusement il ne pouvait pas en prendre chaque nuit sous peine de s'y accoutumer et de ne plus pouvoir compter sur cet appui. Aussi, il ne s'en servait que lorsqu'il n'avait pas dormi correctement plusieurs nuits de suite, afin d'éviter l'accumulation de la fatigue.

Ses longs cheveux glissèrent devant son visage et se collèrent à sa peau humide. Agacé, il les repoussa en arrière et essuya prestement ses joues. Sa montre indiquait presque minuit. Soupirant, il se résigna à avoir encore une fois recours à la potion. Rester éveillé toute la nuit pour corriger des copies et préparer des cours ne lui disait rien. Un bruit sourd l'interrompit alors qu'il empoignait le flacon déposé près de son lit. Stupéfait, il s'aperçut que quelqu'un frappait frénétiquement à la porte de ses appartements.

'A cette heure ?' s'ébahit-il. 'Quelque chose serait arrivé ?'

Laissant la potion où elle était, il se leva prestement et courut à la porte d'entrée qu'il ouvrit d'un geste.

" Severus ? " s'exclama-t-il.

Le Serpentard essouflé fit irruption au milieu de la pièce et se laissa tomber dans un des fauteuils pour reprendre son souffle. Harry le rejoignit aussitôt.

" Que s'est-il passé ? Qu'est-ce que tu fais ici ? " interrogea-t-il, le front barré par une ride d'inquiétude.

" Dumbledore... " murmura le jeune homme en réponse. " Je ne peux pas accéder à son bureau. Même avec le mot de passe, la gargouille ne me laisse pas passer ! "

" Mais pourquoi voulais-tu aller voir Dumbledore ? " reprit Harry.

" Je voulais l'avertir. Tu-Sais-Qu... Vol... "

Harry sourit en voyant son jeune élève grimacer, incapable de finir de prononcer ce nom. Au moins, il essayait... Ensuite seulement, il réalisa.

" Voldemort ? " s'exclama-t-il. " Qu'est-ce qu'il a fait, Severus ? "

" Zabini a défié Potter en duel aujourd'hui. Le duel doit avoir lieu dans très peu de temps à Pré-au-Lard. "

" A Pré-au-Lard ? " répéta Harry, incrédule.

" Laisse-moi finir " coupa Severus. " Ce matin, Zabini nous a avoué qu'on lui avait confié une mission, mais il n'a pas voulu dire quoi. Mais je suis sûr que son rôle était précisément d'attirer Potter hors de l'enceinte de Poudlard ! Zabini avait l'air beaucoup trop fier de lui depuis l'incident avec lui, et il s'est vanté ce soir que Tu-Sais-Qui serait content de ce qu'il avait fait. C'est trop de coïncidences ! "

Severus n'eut pas le temps d'ajouter un mot, Harry avait déjà disparu par la porte qui menait à sa chambre.

" Pourquoi n'as-tu pas essayé plus tôt d'avertir quelqu'un ? " lui parvint quand même sa voix empreinte d'une légère touche de panique.

" Je ne pouvais pas ! J'étais coincé avec les autres. Ç'aurait été trop louche que je m'absente... "

Severus s'interrompit et fixa l'Auror qui venait de ressortir, ébahi. Harry enfilait prestement une chemise d'une main, tenait une paire de bottes de l'autre et gardait ses dents serrées sur sa baguette et un morceau de parchemin. Il le regarda finir de boutonner son vêtement en un temps record, chausser ses bottes tout en laissant tomber le reste de son chargement sur un fauteuil pour pouvoir lui répondre.

" Bien sûr " murmura-t-il. " Excuse-moi, je me laisse emporter. "

" Pas de mal " réussit à murmurer le Serpentard, toujours stupéfait par sa vitesse.

'On dirait un vieux vétéran qui a vécu la moitié de sa vie en temps de guerre' pensa-t-il vaguement.

L'Auror empoigna prestement sa baguette et la tapota contre le parchemin tout en courant vers la porte. Severus se releva rapidement pour le suivre et l'entendit murmurer quelque chose d'inaudible. Il leva à peine un sourcil en voyant le morceau de papier autrefois vierge se zébrer de traits d'encre, en revanche, le juron de son professeur le prit de court. C'était bien la première fois qu'il était aussi vulgaire.

" Une réunion de l'Ordre ! Pas étonnant que tu n'aies pas pu rentrer... " murmura-t-il.

" L'Ordre ? " répéta Severus sans comprendre.

" Sans importance ! Ecoute, retourne à l'entrée du bureau d'Albus et attends le temps qu'il faudra, mais préviens-le. Je vais les retenir, mais je ne sais pas si je tiendrais longtemps. Compris ? "

Severus hocha la tête et le regarda partir en courant dans les couloirs vides et silencieux.

' " les " retenir ? Il parle des Mangemorts ? Mais, bon sang, pourquoi est-ce qu'ils s'intéresseraient à Potter ?' s'interrogea-t-il.

Puis il se secoua et repartit par là d'où il venait. Peu importait ce qu'était cet Ordre, ça n'était certainement pas aussi important qu'un élève, même un stupide Gryffondor, menacé par les Mangemorts et un professeur, même un puissant Auror, à ses trousses.

Harry poussa sans ménagement les portes du Grand Hall et fit irruption dehors sans se soucier de les refermer. La respiration précipitée, il se précipita dans la direction du Saule Cogneur. Il connaissait trois passages pour aller de Poudlard à Pré-au-Lard : le premier était celui de la sorcière borgne du deuxième étage, qui aboutissait droit dans la cave de Honeydukes, mais Harry doutait que les propriétaires de la boutique de confiseries apprécient qu'un Auror ne débarque chez eux en pleine nuit, et que la porte d'entrée devait être fermer. Pas moyen, donc, de se faufiler discrètement.

Le second était celui du miroir du quatrième étage, mais il ne l'avait jamais emprunté puisqu'il avait été effondré dans le Poudlard de son époque, ignorait comment l'ouvrir et où il menait. Or, il ne tenait pas du tout à se retrouver dans un autre lieu clos ou encore à quelques kilomètres du village lui-même, pas à un moment pareil. Restait donc celui de la Cabane Hurlante.

L'arbre fou agita furieusement ses branches à son approche, mais Harry ne ralentit même pas. Bien au contraire, il fixa les rameaux menaçants, nota leurs mouvements erratiques dans un coin de son esprit, et s'engouffra aussitôt au mépris de toute prudence dans une faille entre leurs coups de fouet. Le Saule Cogneur ne réussit qu'à l'attaquer une seule, misérable fois avant qu'il ne se précipite dans le passage à sa base.

Harry grimaça et passa une main sur la coupure toute fraîche à son bras.

'Sans gravité' jugea-t-il. 'Je fonce.'

Pourvu qu'il arrive à temps...

Lily émergea du passage à la suite de James pour découvrir une ruelle étroite et sombre, de jour comme de nuit. La jeune fille se retourna vivement, mais l'ouverture qu'ils avaient tous deux empruntée n'étaient plus visible seul un vieux mur de briques délabré se tenait là. Tenaillée par l'angoisse, Lily tendit la main et s'aperçut avec soulagement que sa paume ne rencontrait aucun obstacle et passait directement à travers l'illusion qui cachait le passage.

Elle pouvait imaginer qu'une seconde protection avait été ajoutée pour que ceux qui ne connaissaient pas l'existence du couloir n'aient aucune chance de tomber dessus par hasard. Oui, Poudlard était vraiment bien protégé...

Les bruits de pas de Potter s'éloignant la ramenèrent à la réalité. Craignant de rester seule en arrière dans cet endroit sordide, elle lui emboîta aussitôt le pas tout en restant aussi discrète que possible. Bientôt, à son grand soulagement, ils passèrent devant un pub miteux qu'elle reconnut pour le Hog's Head. Ils étaient à Pré-au-Lard ! Sa première idée fut vite confirmée lorsqu'ils se trouvèrent dans une rue qui se trouvait être l'artère principale du village. Elle se détendit un peu, mais la perspective de ce qui leur arriverait s'ils étaient tous deux découverts à une heure pareille hors de l'école lui pesa tout d'un coup sur la conscience.

Toutefois, poussée par la curiosité, elle continua de suivre son condisciple Gryffondor et découvrit bientôt qu'il s'éloignait du centre de l'agglomération. En fait, ils dépassèrent même les dernières maisons de Pré-au-Lard, et le jeune garçon n'avait pas l'air de vouloir ralentir. Lassée de sa filature, Lily décida qu'il était grand temps de prendre le Maraudeur la main dans le sac.

" Potter ! " appela-t-elle soudain.

James fit un bond phénoménal sous le coup de la surprise et se retourna d'un bloc.

" Evans ? " s'exclama-t-il. " Qu'est-ce que tu fiches là ? "

" Je te suis, figure-toi ! " répondit la jeune fille en s'approchant furieusement du fauteur de troubles. " Depuis Poudlard. Et j'aimerais bien savoir ce que tu as l'intention de faire ici au milieu de la nuit ? "

" Ca ne te regarde absolument pas, Evans " cracha James. " Fiche le camp d'ici, je n'ai pas que ça à faire ! "

" Oh, mais si ça me regarde ! Je suis préfète, tu as oublié ? "

" J'aurais du mal à l'oublier, avec toute l'énergie que tu mets à nous le rappel... "

Le Maraudeur s'arrêta au milieu de sa tirade et se figea.

" Potter ? " interrogea Lily en fonçant les sourcils.

" Tu as entendu ça ? " souffla-t-il.

" Mais de quoi tu p... "

" Tiens, tiens, tiens " ricana soudain une voix moqueuse. " Notre Gryffondor a amené sa petite Sang-de-Bourbe préferée, on dirait. Tant mieux, ça n'en sera que plus amusant... "

" Mangemorts ! " hurla James en voyant une silhouette sombre émerger des ombres près de la Cabane Hurlante, suivie de près par une dizaine d'autres.

Figée par la stupéfaction, puis la terreur, Lily le regarda sortir précipitamment sa baguette sans bouger.

" Mais c'est qu'il est perspicace, en plus " railla la même voix. " Endoloris. "

Le sort frappa James de plein fouet, lui coupant la respiration. Il tomba aussitôt au sol et se tordit de douleur, hurlant comme il n'avait jamais hurlé. Jamais il n'avait éprouvé une douleur aussi intense dévorer son corps, submerger son esprit, le submerger jusqu'à ce qu'il ne puisse plus penser à rien qu'à cette souffrance infinie. Tout ce qu'il connaissait, ce qu'il aimait ou ce qu'il détestait, ce qui était important et ce qui ne l'était pas, ce qu'il avait vu, entendu, touché, senti ou goûté, plus rien n'existait en-dehors du sortilège qui lui dévorait les entrailles. Son monde se limitait à la douleur.

Puis, tout cessa, et sa conscience anesthésiée par la souffrance s'aperçut vaguement du rire mauvais des Mangemorts, et du hurlement de Lily.

" James ! Bande de... Expelliarmus ! "

Le ricanement cessa aussitôt et un bruit de choc l'informa que le sort avait pris quelques-uns des laquais de Voldemort hors garde.

" Sale Sang-de-Bourbe " grogna la voix qui avait prononcé le Sortilège Impardonnable. " Tu vas nous payer ça. "

'Lily...'

James mobilisa toutes les forces qui lui restaient, ouvrit les yeux et, ignorant les protestations virulentes de chacun de ses membres, se jeta sur sa baguette qui avait roulé un peu plus loin quand les convulsions l'avaient obligée à la lâcher. Il la leva aussitôt sur le Mangemort qui visait déjà la Gryffondor.

" Stupéfix ! " réussit-il à prononcer d'une voix rauque.

" Protego ! " s'écria l'homme qui avait perçu son mouvement du coin de l'œil.

Le Bouclier et le sort de James s'évanouirent tous deux dès qu'ils entrèrent en contact, mais le Stupéfix de Lily, lui, ne rencontra aucun obstacle et atteint directement sa cible. Le Mangemort s'effondra aussitôt à terre. L'un de ceux qui le suivait bondit en avant au moment où James tentait tant bien que mal de se relever.

" Bande de sales gosses ! " jura-t-il. " Endoloris ! "

James s'effondra pour la deuxième fois à terre et ses cordes vocales lui parurent vouloir s'arracher de sa gorge alors que son sang se changeait en lave dans ses veines. Lily le fixa, des larmes d'impuissance dans les yeux.

" James ! Non ! "

" Expelliarmus. "

Le sortilège de l'un des autres Mangemorts la prit par surprise et elle lutta à peine pour y résister. Elle fut projetée au sol tandis que les sorciers habillés de robes noires ranimaient leur collègue et l'aidait à se relever. James s'était tu et ses contorsions avaient cessé, mais il ne bougeait plus. Lily l'observait avec désespoir, guettant de toutes ses forces un signe de vie dans le corps immobile du Gryffondor. Une baguette apparut soudain dans son champ de vision, à quelques centimètres de son visage. Instinctivement, elle recula.

" Assez joué. "

Le Mangemort qu'ils avaient tous deux pris pour cible semblait plutôt en rogne.

" On n'a rien à faire avec celle-là, autant nous en débarrasser avant qu'elle ne nous apporte encore plus d'ennuis. "

Lily se figea devant la signification évidente de cette phrase et baissa ses yeux brouillés par les larmes pour attendre sa mort. Ce faisant, son regard tomba soudain sur James et elle retint sa respiration sous le coup de l'incrédulité. Le jeune homme, après avoir reçu deux Doloris à la suite et de plein fouet, essayait de se redresser, ses yeux fixés sur le visage de la Gryffondor exprimant la peur et la colère mêlées.

Un coup de pied d'une des figures masquées mit fin à sa tentative frénétique, mais Lily sentit quelque chose irradiant de chaleur prendre naissance dans sa poitrine. La voix du Mangemort la ramena à la réalité, et elle leva hautainement la tête vers lui. Elle mourrait peut-être à genoux, mais pas comme une lâche. Elle était une Gryffondor...

" Avada Ked... "

" Pyro ! "

Le rugissement résonna contre les murs des maisons de Pré-au-Lard les plus proches, mais le Mangemort n'eut pas le loisir de se retourner : sa robe avait pris feu. Hurlant, il se jeta à terre pour tenter de l'éteindre. Lily tourna vivement la tête vers son sauveur et James réussit à se mettre sur le dos pour pouvoir le voir. Les autres Mangemorts firent volte-face avec un bel ensemble, leurs baguettes déjà pointées vers l'intrus.

A la seconde suivante, deux d'entre eux recontrèrent violemment le sol, percutés de plein fouet par l'Auror en furie qui avait émergé de l'ombre de la Cabane Hurlante. Les vêtements totalement noirs de leur professeur de Défense contre les Forces du Mal se fondaient dans la pénombre du milieu de la nuit, et Lily et James ne le reconnurent que par ses longs cheveux noirs qui suivaient chacun de ses mouvements. D'un salto arrière, il évita le sort qui lui était lancé et riposta avant même que ses pieds ne touchent à nouveau le sol.

Médusés, les deux Gryffondors regardèrent les sortilèges fuser dans toutes les directions sans jamais le toucher. Les Mangemorts tombaient comme un jeu de quilles, et de moins en moins d'entre eux parvenaient à se relever en dépit de tous leurs efforts. Reprenant ses sens, Lily rampa précautionneusement jusqu'à James et s'aplatit au sol près de lui en murmurant le sortilège du Bouclier.

Plus loin, en direction du village, les lumières commençaient à apparaître aux fenêtres des maisons. Réveillés par le bruit, les habitants ouvrirent prudemment leurs volets pour comprendre de quoi il retournait. L'un des Mangemorts commit l'erreur de se retourner et son masque brilla aux lueurs de Pré-au-Lard. Aussitôt, des cris d'alarme retentirent et les sorciers désertèrent leurs fenêtres pour se précipiter dans les rues, baguette à la main, en direction du combat.

Au même instant, un immense bruit de pétarade salua l'arrivée du directeur de Poudlard accompagné d'une bonne quinzaine de personnes. La torche vivante qui avait réussi à s'éteindre, mais qui s'en sortait tout de même probablement avec des brûlures au moins du second degré, hurla la retraite. Poussé par l'urgence, l'un des Mangemorts parvint à atteindre le professeur Davies d'un simple sort d'Expelliarmus qui n'eut pas d'autre résultat que de le faire vaciller un instant. Aussitôt, les hommes masqués ramassèrent leurs blessés au sol et s'enfuirent aussi vite qu'ils le pouvaient vers les champs à l'écart de la route afin de pouvoir transplaner.

Le visage crispé de rage, l'Auror hurla un dernier sort qui heurta de plein fouet l'homme qui avait failli tuer Lily. Il tomba sur le bas-côté de la route, raide comme une planche de bois. Certains qu'il n'irait pas plus loin, Dumbledore et ses hommes se ruèrent à la poursuite des autres et disparurent dans la nuit, bientôt suivis par une bonne partie des villageois.

Les cris s'estompèrent peu à peu, et Lily vit quelques enfants curieux et excités sortirent des maisons avant d'y être vivement ramenés par les adultes restants. Un silence irréel tomba sur la scène. Il ne restait plus qu'elle, James, toujours allongé et incapable de bouger, et le Mangemort totalement immobile, allongé sur le ventre dans ses robes carbonisées. Une voix profonde au-dessus d'elle la fit sortir de son hébétude.

" Oh ! mon dieu... "

Elle sursauta en sentant la main du professeur Davies sur son épaule, puis le laissa l'aider à s'asseoir. L'Auror se pencha aussitôt sur le corps du second adolescent et passa précautionneusement son bras sous ses épaules. Malgré tous ses soins, James grimaça.

" Le Doloris " murmura Davies. " Combien de fois ? "

" Deux " marmonna presque inaudiblement le Gryffondor.

L'Auror fit une grimace de sympathie et de tristesse, puis prit lentement le jeune homme dans ses bras, veillant toujours à ne pas lui faire trop de mal.

" Je vous ramène à Poudlard " déclara-t-il. " Miss Evans, pouvez-vous marcher ? " ajouta-t-il à son attention.

Lily hocha la tête, préférant ne pas faire confiance à ses cordes vocales, et se remit difficilement debout. L'Auror lui fit signe d'approcher de lui.

" Accrochez-vous à moi, nous allons transplaner. "

La jeune fille retrouva brutalement sa voix et le fixa, incrédule.

" A trois ? Mais c'est très dangereux ! "

L'Auror eut un léger sourire.

" Je ne peux pas vous laisser là avec monsieur pour seule compagnie " dit-il en désignant le Mangemort neutralisé du menton. " Allons, Miss Evans, faites-moi confiance. "

Lily hésita encore un instant, puis s'aperçut que James avait à demi rouvert les yeux et la fixait d'un air inquiet. C'est seulement à ce moment qu'elle réalisa qu'elle tremblait comme une feuille du contrecoup du combat. Davies l'avait également remarqué depuis un moment et la regardait d'un œil concerné. Sans un mot de plus, elle s'accrocha fermement à sa chemise.

Elle vit l'Auror ferma les yeux pour mieux se concentrer et se força à penser à tout sauf au corps de son condisciple de Gryffondor qui gisait dans ses bras. Lily voulait passer son permis de transplaner dès qu'elle aurait terminé ses études à Poudlard, et elle avait donc pris la précaution de s'informer quelque peu là-dessus. Elle savait que cette manoeuvre présentait toujours un risque si l'on n'était pas assez concentré, et que l'utilisateur pouvait ne réussir à déplacer qu'une seule partie de son être physique.

La première partie du procédé était la plus importante pour éviter ce genre d'erreur, car c'était celle pendant laquelle le sorcier devait se concentrer sur son corps tout entier pour parfaitement comprendre tout ce qu'il devait déplacer. Pendant cette étape, il pouvait s'il le voulait choisir de déplacer avec lui des objets, comme par exemple des vêtements. Il lui était également possible de choisir d'emporter avec lui d'autres personnes, mais c'était une manoeuvre encore bien plus dangereuse que le simple fait de transplaner, car s'il ne parvenait pas à se représenter parfaitement l'autre voyageur et qu'il en laissait une partie derrière lui ils seraient tous deux coincés entre le point de départ et celui d'arrivée.

Elle ferma les yeux pour ne plus penser à ce qui se passerait en cas d'erreur, et fut soudain prise d'un bizarre sentiment de vertige. Déstabilisée, elle ouvrit les yeux en tentant de retrouver son équilibre et se retrouva le nez presque collé aux gigantesques grilles d'entrée du parc de Poudlard. A côté d'elle, Davies émit un grognement réprobateur.

" Un peu trop en avant. J'ai toujours eu du mal à calculer mon coup à quelques mètres près... "

Incrédule, Lily leva ses mains à hauteur de son visage, puis tourna sur elle-même pour vérifier qu'elle pouvait vraiment sentir normalement chaque partie de son corps. Un petit rire amusé l'interrompit et elle se tourna à nouveau vers son professeur, rougissant légèrement de s'être laissée aller.

" Allons, Miss Evans, ouvrez cette grille, je vous prie. Ne traînons pas, Mr Potter a besoin de soins. "

Lily obéit et poussa assez le battant majestueux pour laisser passer l'Auror et son chargement. Une énorme silhouette sortit des ombres devant eux et elle poussa un cri de surprise et de peur mêlées. Davies releva la tête et lui fit un sourire rassurant.

" Allons, Miss Evans, ce n'est qu'Hagrid. "

La jeune fille soupira de soulagement en reconnaissant effectivement le Gardien des Clés de Poudlard qui venaient vers eux, l'air effrayé.

" Professeur Davies ? Mais qu'est-ce qui s'passe, à la fin ? L'professeur Dumbledore est d'jà passé y a quelques minutes avec tout l'Ordre à ses trousses, et puis... "

" L'Ordre ? " interrogea Lily, curieuse.

Le demi-géant rougit soudain comme un gamin.

" Euh, nan, c'est rien, oubliez c'que j'viens d'dire... "

Davies émit un petit rire amusé et Hagrid se tourna à nouveau vers lui, pour remarquer pour la première fois le corps du jeune homme qu'il portait.

" Mon dieu ! Mais c'est l'jeune Mr Potter ! Mais qu'est-ce qui s'est passé ? Il est blessé ? "

" Il a reçu deux Doloris " répondit sombrement le professeur tout en reprenant sa marche vers le château.

" Mang'morts, hein ? " devina Hagrid en se rembrunissant à son tour. " Mais aussi, qu'est-ce qu'y f'sait dehors ? "

Davies haussa les épaules sans répondre, concentré sur le chemin pour ne pas trébucher ou secouer son précieux fardeau. Voyant cela, le demi-géant se porta tout naturellement à son aide.

" V'voulez qu'je l'porte ? "

L'Auror se tourna vers lui et lui adressa un sourire reconnaissant.

" Ce ne serait pas de refus. Il n'est pas lourd, mais ce n'est pas précisément un poids plume non plus... "

James émit un grognement étouffé de protestation et Hagrid pouffa en tendant les bras pour le recevoir. Lily poussa un soupir de soulagement en constatant qu'il était toujours conscient.

'Depuis quand est-ce que je m'inquiète autant pour lui ?' se demanda-t-elle soudain.

'Peut-être,' lui souffla une voix quelque part au fond de son esprit, 'depuis que tu l'as vu s'inquiéter pour toi...'

Lily chassa cette pensée et suivit son professeur et Hagrid à travers le parc, puis les couloirs de Poudlard. Finalement, ils atteignirent l'infirmerie et Mme Pomfresh se rua littéralement sur eux.

" Mon dieu, mon dieu, je savais que ça allait dégénérer ! Un élève qui vient ici au milieu de la nuit pour me prévenir que des Mangemorts attaquent une nouvelle fois Pré-au-Lard, Dumbledore qui part en courant avec tous ces gens, et voilà ! Je le savais... "

" Ce n'était pas précisément une attaque, Pompom... " tenta d'intervenir Davies.

" Peu importe " le coupa l'infirmière d'un ton sans réplique. " Posez-le là Hagrid " ajouta-t-elle en désignant un lit non loin de la porte. " Alors, de quoi souffre-t-il ? "

" Il a reçu deux Doloris... "

" Ah ! oui, bien sûr, Doloris... " marmonna-t-elle.

Puis elle repartit précipitamment dans son bureau et en ressortit aussitôt avec deux fioles et des gobelets. Lily la regarda verser le contenu des fioles dans deux verres différents avec sa célérité presque frénétique.

" 'Vous inquiétez pas, professeur " entendit-elle Hagrid murmurer à Davies. " Elle est toujours comme ça. "

" Elle doit avoir le cœur fragile, avec tout ce stress " plaisanta-t-il en réponse avec une fausse grimace d'inquiétude.

" Au lieu de débiter des bêtises, venez plutôt m'aider " ordonna Pomfresh en leur lançant un coup d'œil furieux.

Davies s'approcha aussitôt et redressa doucement James le temps qu'elle lui fasse boire les deux potions.

" Voilà ! " s'exclama-t-elle quand elle eut fini. " Il devrait dormir, maintenant. Et Miss Evans ? "

Lily, qui s'était assise sur un lit en attendant qu'on lui donne la permission d'aller se coucher, se redressa et s'apprêta à répliquer qu'elle n'avait besoin de rien, mais l'Auror répondit à sa place.

" Etat de choc et beaucoup de fatigue. Je suggère que vous la gardiez pour cette nuit. "

" Mais... " commença à protester Lily.

" Je vous remercie, je connais mon métier " renifla l'infirmière. " Allons, Miss Evans, par ici. Vous allez me prendre un peu de potion de Sommeil sans Rêves. "

" Je vous assure, je vais très... "

" Miss Evans " coupa Pomfresh d'un air menaçant. " Venez. "

Lily jeta un coup d'œil implorant à Hagrid mais le demi-géant ne lui adressa qu'un sourire amusé, et elle dut se résigner à suivre l'infirmière en soupirant. Deux minutes plus tard, elle portait une chemise de nuit de l'infirmerie, se couchait et s'endormait aussitôt.

" Sirius ! "

" Humm... "

" Sirius, bon sang, réveille-toi ! "

Marmonnement sans signification particulière.

" Sirius, où est James ? "

Un œil vitreux surgit soudain de l'amoncellement de couvertures et fixa le visage inquiet de Rémus.

" ... De quoi ? " grommela-t-il très intelligemment.

" Oh ! bon sang, ce que tu es lourd le matin, Sirius. James n'est nulle part et son lit n'est même pas défait ! "

La seconde suivante, les couvertures furent toutes projetées en masse sur Rémus qui tomba très peu élégamment par terre. Patmol, soudain bien réveillé, se précipita vers le lit de son ami.

" Quoi ? " s'exclama-t-il. " Oh non ! Mais où est-ce qu'il est ? "

" C'est ce que Rémus te demandait depuis un bon moment, Sirius " fit remarquer Peter sans le regarder, occupé qu'il était à ôter les couches de tissu de par-dessus Lunard pour qu'il puisse à nouveau respirer.

Quelques mèches de cheveux châtains émergèrent, bientôt suivies de la tête entière de Rémus qui reprit son souffle comme un plongeur resté en apnée.

" Pfou... Merci, Peter " soupira-t-il. " Mais comment tu fais pour survivre là-dessous, Patmol ? " interrogea-t-il avec stupéfaction en se dégageant totalement de la chaleur tropicale qui régnait sous la canopée aux couleurs de Gryffondor.

Sirius n'avait absolument pas fait attention à sa question, mais il se jeta sur lui dès que le jeune homme se releva, ce qui eut pour effet de les faire tous deux retomber sur la montagne qui recouvrait maintenant le sol après avoir été chassée du matelas de Patmol.

" Rémus ! Tu l'as vu sortir, hier soir ? " s'exclama-t-il, l'air passablement paniqué.

" Euh... non " répondit le jeune lycanthrope, faisant un effort de mémoire. " Ah ! Mais j'ai entendu un peu de bruit au milieu de la nuit, je crois " se rappela-t-il. " Quoi que ça pouvait tout aussi bien être toi qui ronflais... "

Sirius se releva précipitamment en murmurant un juron et se dirigea aussitôt vers la porte de leur dortoir qu'il ouvrit à la volée.

" Sirius, attends ! " s'exclama Rémus. " Tu es encore... "

La porte claqua violemment derrière le septième année.

" ... en pyjama " gémit Lunard en rejetant la tête en arrière de désespoir. " Viens, Peter, allons le récupérer avant que l'idole de ses dames ne fasse encore des victimes. "

" Euh... mais... " bredouilla Peter en le voyant se redresser comme il le pouvait et suivre le même chemin. " Nous aussi, on est encore en pyjama " soupira-t-il au tas de couvertures à côté de lui, avant de se diriger à son tour vers la Salle Commune.

En effet, quelques filles poussèrent des cris perçants en voyant surgir Sirius en haut de l'escalier qui menait au dortoir des garçons, les cheveux excessivement emmêlés et la veste de son pyjama de travers.

" Quelqu'un a vu James ? " s'écria-t-il à la cantonade.

Ne recevant que des réponses négatives et des froncements de sourcil, il se précipita sans perdre de temps vers le portrait de la Grosse Dame, mais une main ferme empoigna la ceinture de son pantalon et le tira en arrière vers l'endroit d'où il venait.

" Tu ne sortiras pas d'ici avant d'être convenablement habillé, joli cœur " décréta fermement Rémus.

" Mais, Rémus, " protesta virulemment Sirius, " James est peut-être en danger et... et puis d'abord, tu n'es pas mieux ! "

" James est parfaitement capable de se défendre, et je n'aurais pas eu besoin de te courir après dans cette tenue si tu cessais de te comporter comme un gamin de cinq ans " répliqua son ami d'un air purement réprobateur en remontant sa veste de pyjama déboutonnée sur ses épaules. " Maintenant, amène-toi, tu nous fais honte... "

Peter arriva à la rescousse et ils entreprirent tous deux de remonter un Sirius pestant et maugréant dans leur dortoir. Le silence régna quelques instants encore dans la Salle commune où chacun fixait la porte par laquelle ils avaient disparu, puis quelques filles qui avaient pris une teinte rouge pivoine remontèrent en courant prévenir leurs compagnes de dortoir afin de pouvoir jaser à souhait.

'Complètement malades' décréta Anna Anderson en retournant à son livre. 'Ce n'est pas tout ça, mais ça ne me dit pas où est Lily...'

" Il est à l'infirmerie ! " hurla Patmol tout en enfilant sa robe, les yeux fixés sur la Carte des Maraudeurs étalée devant lui. " Je l'avais dit, il est blessé, il faut... "

" Stop, Sirius ! " ordonna fermement Rémus en le rattrapant par le col de sa robe avant qu'il n'atteigne la porte. " S'il est à l'infirmerie, Mme Pomfresh s'en occupera et tu n'as pas besoin de t'en faire comme ça. "

" Mais il a besoin de nous ! Il faut y aller, Lunard, je suis sûr qu'il va vraiment mal... "

" Sirius, tu es vraiment mère poule quand il s'agit de James " soupira Peter en enfilant ses chaussures.

" De toute façon, on ne peut pas y aller maintenant ou on loupera le petit déjeuner avant les cours " décréta Rémus en se retournant pour attraper son sac de livres. " On ira au déjeuner, et peut-être même qu'il nous rejoindra avant, ça ne peut pas être aussi grave... Sirius ! "

Le Gryffondor, profitant de l'inattention de son ami et du fait que Peter vérifie qu'il avait bien tout ce qu'il lui fallait pour les premiers cours dans son sac, s'était glissé vers la porte et se faufilait déjà dehors. Pressé de s'assurer de l'état de son meilleur ami, il fonça aussitôt vers l'escalier et faillit rentrer dans la personne qui le gravissait dans l'autre sens. Perdant l'équilibre en essayant de l'éviter, il fut rattrapé par un bras qui le cueillit au milieu de la poitrine et le redressa immédiatement en position verticale. Titubant, il jeta un coup d'œil à celui qui lui avait évité une longue dégringolade.

" Professeur Davies ! "

L'Auror lui jeta un sourire avant de l'entraîner à nouveau vers le haut de l'escalier.

" Bonjour, Mr Black ! " salua-t-il joyeusement. " Vous m'avez l'air bien agité, dès le matin. "

" Professeur, c'est James, il n'est pas... " tenta-t-il d'expliquer.

" Je sais, je sais " coupa Davies. " C'est pour ça que je suis là. Vous permettez que j'entre ? " ajouta-t-il à l'adresse de Rémus qui se tenait dans l'embrasure de la porte de leur chambre, l'air interdit.

" Oh ! oui, bien sûr " s'exclama celui-ci, surpris, et il battit en retraite pour rejoindre Peter.

Davies entra avec un petit sourire satisfait, tira Sirius derrière lui et referma la porte. Un rapide coup d'œil circulaire sur le capharnaüm qui régnait dans la pièce amena un petit sourire sur ses lèvres.

" Vous avez l'air de donner beaucoup de travail aux elfes de maison, dites-moi " plaisanta-t-il.

" Professeur, s'il vous plaît " supplia Sirius.

" Oui, oui, bien sûr " le calma Davies. " Puisqu'il faut y aller franchement : votre ami et Miss Evans ont eu tôt ce matin un incident avec un groupe de Mangemorts. "

Un silence lourd tomba sur la chambre pendant que les trois élèves fixaient leur professeur, incrédules.

" Mangemorts ? " hurla finalement Sirius, les faisant tous sursauter.

Aussitôt, il se précipita pour la troisième fois en moins d'un quart d'heure vers la porte, mais cette fois ce fut Davies qui le ramena en arrière.

" Oui, des Mangemorts " reprit-il tranquillement. " Mais tranquillisez-vous, il n'a rien de grave. "

Rémus et Peter lâchèrent un soupir unanime de soulagement, mais Sirius s'accrocha avec frénésie à la chemise de l'adulte.

" Alors pourquoi est-ce qu'il est à l'infirmerie ? " s'écria-t-il. " Qu'est-ce qu'il a, exactement ? Il est blessé, ou... "

A la surprise générale, Davies lâcha un petit rire.

" Vous l'aimez vraiment beaucoup, n'est-ce pas ? "

Comme il ne recevait pas de réponse, il continua :

" Mr Potter a reçu deux Doloris au cours d'une courte bataille... "

" Doloris ? " cria Sirius. " Ah ! les traîtres, les... "

" Oui, Mr Black, " coupa Davies, une main sur son oreille, " Doloris. Mais s'il vous plaît, évitez de martyriser mes tympans. "

Sirius prit aussitôt un air penaud.

" Désolé " marmonna-t-il.

" Mais comment est-ce que des Mangemorts sont entrés à Poudlard ? " interrogea alors Rémus. " Normalement, c'est presque impossible. "

" C'est vrai, Mr Lupin " approuva l'Auror. " Mais c'est que ce ne sont pas les Mangemorts qui sont entrés, mais Mr Potter et Miss Evans qui sont sortis. "

" Sortis de Poudlard ? " s'écria Peter sous le coup de la surprise. " En pleine nuit ? "

" Qu'est-ce qu'ils faisaient dehors ? " approuva Rémus.

" Peut-être qu'ils avaient un rendez-vous galant ?" suggéra Sirius en reprenant son expression calculatrice préferée. " Et dire que James ne nous l'avait pas dit, le cachottier... "

" Ne vous faites pas trop d'illusions, Mr Black " rit Davies. " Non, ce n'était pas un rendez-vous galant. En réalité, " reprit-il en prenant une expression plus sérieuse, " l'un des élèves de cette école a poussé Mr Potter à sortir sans tenir compte des consignes de sécurité. Bien entendu, il sera sévèrement puni " ajouta-t-il avec un haussement dédaigneux d'épaules comme pour montrer ce qu'il pensait de la punition " sévère ".

Les Gryffondors gardèrent un instant le silence.

" Quel élève, si on peut le demander ? " demanda finalement Rémus en plissant les yeux.

" Oh, de toute façon, je ne doute pas que Mr Potter vous racontera tout plus en détail " affirma le professeur. " Il s'agissait de Mr Adrian Zabini. "

Sirius poussa un sourd grondement de rage.

" Bien entendu " continua Davies comme s'il débitait une leçon apprise par cœur, " il n'avait pas pour intention de le placer en danger de mort mais plutôt de le faire prendre par Mr Rusard ou l'un de mes collègues, afin qu'il soit puni. Mais enfin, vous voyez de quoi il retourne " conclut-il en haussant une nouvelle fois les épaules.

Les adolescents acquiescèrent, conscients de ce qu'il leur soufflait pour qui savait lire entre les lignes. Zabini avait bel et bien fait cela pour que les Mangemorts puissent attaquer James.

" Et Evans ? " demanda au bout d'un moment Rémus.

" Miss Evans a probablement surpris Mr Potter à se déplacer dans Poudlard la nuit et aura cherché à le suivre pour le ramener. Elle se trouve également à l'infirmerie, mais elle ne souffre de rien d'autre que d'une trop grande fatigue. J'apprécierais que vous en avertissiez ses amies afin qu'elles ne s'inquiètent pas. Elle ne devrait de tout façon pas tarder à sortir. "

" D'accord " approuva Rémus.

L'information transmise, L'Auror se retourna pour partir, mais il se figea soudain la main sur la poignée, puis se retourna vers eux, l'expression grave.

" J'ignore ce qui se trame, " dit-il, " mais protégez-le. "

Les trois Maraudeurs se redressèrent et le regardèrent dans les yeux.

" Vous pouvez compter sur nous " affirma Sirius.

Davies leur sourit, puis partit sans se retourner.

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