Chapitre six

" Nouvelle maison "

Keira se réveilla au petit matin, par un coup de fil. Cependant, la chambre où elle était lui semblait inconnue. Elle se retourna et vit qu'il y avait un gars à côté d'elle. La blonde sursauta en remarquant que c'était Nathan.

Comment était-ce arrivé ?
Avait-elle...

Eh merde!

C'était tout ce qu'elle craignait le plus.

Le brun se réveilla, avec tous ces mouvements et la regarda avec des petits yeux.

— Tu décroches ou quoi ?
— Ah ta gueule toi, répondit froidement la blonde avant de se lever pour aller répondre au téléphone. Allô ?
— Keira ? cette dernière souffla à l'entente de la voix de sa sœur. Tu viens de te réveiller ou je rêve ?!

Keira grogna. Pour sa famille, se lever à sept heures et demie du matin était totalement normal. Après cette heure, se réveiller était considéré comme étant tard.

— Qu'est-ce que tu en as à foutre ?
— Écoutes, avec ce qui se passe, tu pourrais pas être un peu plus... Sympa ? Ah c'est vrai..., rit Ellie, tu en es incapable.

La colère se mit à augmenter.

— C'est certainement pas avec toi que je vais l'être ! T'agis comme une...
— Une quoi, hein ? J'fais juste agir comme tu le fais avec moi, répondit la plus vieille avec un sourire dans la voix.
— Ok, tu m'énerves royalement. Tu veux quoi ?
— Tu viendras chercher le reste de tes trucs à la maison. On déménage chez Clarisse.

Clarisse était leur tante, soit la petite sœur de leur mère. Keira l'avait toujours aimé, même si elle ne le démontrait jamais.

— Ah bon, je vais devoir vous supporter encore ?! Je croyais que tu serais bien excitée à l'idée de pouvoir enfin vivre chez ton stupide copain ?

Cette phrase irrita sa sœur.

— Je ne peux pas temporairement. Alors voilà comment ça va fonctionner : tu vas être à la maison pour onze heures pour prendre tes choses et après, on va chez Clarisse. Maintenant, lève-toi sale fainéante !

Et Ellie raccrocha. Quelle conne.
Keira retourna ensuite dans la chambre de Nathan pour prendre ses choses pour se changer. Celui-ci la fixa toujours.

— Pourquoi t'es bête comme tes pieds ?
— Pourquoi t'es un connard ?

Nathan souffla.

— J'ai fait quoi encore ?
— Ou plutôt, ce que tu n'as pas fait.
— Tu m'en veux encore pour hier soir ?
— Bah voilà ! Il a un cerveau en fait !
— Keira ! Elle m'avait chauffé, ok ? Ça m'a vraiment énervé que tu arrives au moment où il allait se passer quelque chose !
— Bien évidemment... Coucher est inévitable pour monsieur Maloley...

Ceci dit, elle partit avec toutes ses choses, ce qui ne passa pas inaperçu pour Nate.

— Tu fais quoi ?!
— Je fiche mon camp d'ici !
— Sérieusement Keira ? Pour une connerie pareille ?!
— T'en prends qu'à ta gueule ! Tu crois toujours que c'est de ta faute, mais réveille-toi Nathan : il n'y a pas que toi dans ma vie.

Le brun sentit un coup de poing dans son ventre. Il était blessé par ces paroles.

— Et en passant, j'vais vivre chez ma tante. Voilà pourquoi je pars.

Et Keira sortit de l'appartement. Le jeune homme la rattrapa rapidement.

— Je t'y emmène. Laisse-moi juste le temps de me changer, lui dit-il, encore en simple boxer.
— Ouais, j'veux bien. Mais fais-moi pu chier.
— Ouais, ouais. Allez rentre.

Elle revint dans l'appartement pour l'attendre dans l'entrée. Il ressortit rapidement habillé d'une camisole noire et d'un short beige.
Les deux embarquèrent dans sa voiture et se dirigèrent vers l'ancienne future maison de la blonde.

Arrivée devant celle-ci, Keira se sentit extrêmement bizarre rien qu'à l'idée de ne plus vivre là-bas. Plusieurs souvenirs lui revint en tête comme la fois où elle et ses sœurs, à l'âge de quatre ans, avaient construit un bonhomme de neige dans leur cour. Cette pensée lui fit un petit sourire.

Les temps changent...

Nathan s'arrêta devant celle-ci et Keira débarqua de la voiture, suivi par le jeune homme. Keira lui lança un regard du genre « tu fais quoi ? » et il lui dit :

— Je viens t'aider à traîner toutes tes choses dans ma voiture. Ça sera moins long.
— Désolé pour toi, Nathan, mais Keira embarque avec nous, aujourd'hui, intervint Ellie.

Le brun ria un coup avant de lui dire :

— Tu crois sérieusement que toutes vos affaires vont rentrer dans une voiture ? demanda Nathan, incrédule.
— Ouais... J'y avais pas pensé..., murmura Ellie.
— Donc, Keira embarque avec moi, commença le jeune homme, et si vous avez des trucs qui ne renteront pas dans la voiture, alors vous mettrez le tout dans la mienne. C'est bon pour vous, les filles ?

Les deux jumelles hochèrent positivement de la tête, alors que Keira le remercia silencieusement.

— Bien alors je viens t'aider, Kei.
— Ça va, je peux me débrouiller toute seule, grogna la jeune blonde.
— Nate, tu pourrais m'aider à transporter mon bureau ? demanda Callie, d'une voix mielleuse. Il est trop lourd pour mes petits bras, rigola cette dernière, d'une manière de garce.

Keira roula des yeux avant de rentrer dans la maison, sans oublier de pousser sa grande sœur qui l'énervait plus que tout. Elle avait un copain et Callie se mettait à draguer son ami. Ça l'énervait vraiment... Surtout que Nathan était l'un des meilleurs amis de son petit ami. Elle la trouvait stupide de faire ça.

Un peu après avoir ramassé ses trucs dans quelques boîtes, Nate arriva dans sa chambre et tenta de l'enlacer. Seulement, Keira ne se laissa pas faire. Elle était dégoûtée. Dégoûtée qu'il s'était laissé draguer par la petite-amie d'un de ses meilleurs amis.

— Tu me fais encore la tête ? soupira le jeune.
— Non, mais ça va, hein. Tu te laisses draguer par la copine de ton ami.
— Keira... Callie ne m'intéresse aucunement alors je ne vois pas pourquoi ça t'énerve autant que je l'ai aidé ! En plus, elle aime beaucoup Jack... Je ne vois pas pourquoi elle m'aurait supposément « dragué » !
— T'es tellement aveugle..., soupira Keira en sortant de la pièce.
— Kei, je suis ici pour toi. Pas pour tes sœurs ! Mets-toi ça dans le crâne.
— Je sais... Mais son comportement m'énerve tellement et tu le sais !
— Oui, je le sais... Regarde, on va tout embarquer dans mon auto et on va chez ta tante, ok ? Ne t'en préoccupe plus pour le moment.

Elle lui lança un regard compatissant.

— Merci Nate... Je me demande juste pourquoi tu es si gentil en ce moment... C'est bizarre.
— Je sais que tu as besoin de quelqu'un. Et je n'ai jamais été un connard avec toi.
— C'est vrai et je t'en remercie. C'est l'une des raisons pour laquelle je tiens beaucoup à toi... Et sache-le, je déteste l'avouer. Alors, souviens-toi en, parce que je ne le répéterai sûrement plus.

Il sourit et ne lui dit rien. Nathan avait entendu ce qu'il devait et appréciait ces paroles. Ça lui faisait du bien.

— T'as tout dans ces boîtes ? demanda-t-il en montrant de la tête, l'ancienne chambre de la blonde.
— Ouais. J'emmène pas de meuble. Trop chiant.

Nathan ria.

— Bien ! Alors on ira chez ta tante après.
— Ouain...
— Allez... C'est pas si pire que ça.
— Je vais devoir vivre encore avec... elles.
— T'auras qu'à les ignorer, comme tu as l'habitude de faire.
— Mhm... Bon. Dépêchons-nous. Je déteste cette maison.

***

Arrivée devant la demeure de sa tante, Keira soupira fortement. L'envie d'y aller n'était pas présente. Nathan lui lança un regard et lui dit :

— Allez Kei, elle ne va pas te mordre, tu sais ?

La jeune fille lui lança un regard noir.

— Sans rire ?
— Keira... Clarisse n'était pas ta tante préférée quand tu étais petite ?
— Et alors ?
— Dis-toi que ce n'est pas comme si tu allais chez Béatrice.
— Oh seigneur... Ok, allons-y !

Nathan ria à sa réaction et l'aida à prendre ses choses. Seulement, la femme de quarante ans sortit de sa demeure et leur dit qu'elle va d'abord leur faire visiter la maison. Nathan lui parla un peu, alors que Keira l'ignora complètement. Elle avait juste hâte que ses deux crétines de sœurs arrivent pour qu'elle puisse s'enfermer dans sa nouvelle chambre.
C'est donc avec chance que la voiture bleue des deux jumelles arriva après quelques minutes. Keira murmura un « enfin » et Callie sortit de la voiture et sauta dans les bras de Clarisse. Celle-ci semblait apprécier cet accueil. La blonde trouva cela pathétique.

Toujours en train de lécher le cul des gens...

— Bien alors puisque vous êtes tous là, je vais vous faire visiter ! s'exclama Clarisse.

Les trois filles la suivirent et Clarisse n'arrêtait pas de leur dire qu'elle était vraiment contente qu'elles viennent vivre chez elle. Callie et Ellie semblaient être ravies de pouvoir la revoir. Keira elle... C'était autre chose. La blonde détestait plus que tout les retrouvailles familiales. En fait, elle détestait tout ce qui avait en rapport avec la famille. Elle préférait crever.

Clarisse les fit monter à l'étage en montrant la première chambre d'invitée, qui s'avérait à être la future chambre de Keira. Puis, présenta la deuxième, en s'excusant aux deux jumelles.

— Je n'ai que deux chambres de plus... Vous allez devoir partager la chambre.
— Ne soit pas gênée, fit Ellie, nous allons vivre bientôt chez nos petits copains alors il n'y aura plus de problème.
— Ah bon ? Et vous prévoyez y aller quand ?
— À nos dix-neuf ans, soit dans deux mois, expliqua Callie.
— Tant mieux ! On pourra fêter cet événement en famille, souria Clarisse, alors que Keira souffla fortement.

Les trois autres lui lancèrent un regard.

— Y a-t-il quelque chose, Keira ? Demanda sa tante.
— Ah, mais pas du tout ! souria faussement cette dernière.

Ellie lui lança un regard mauvais.

— Ok Miss Je-Me-Fou-De-Tout-Le-Monde, ça va faire. Peux-tu au moins respecter Clarisse ? Elle a accepté de nous héberger ici et c'est comme ça que tu l'as remercié ?! Non, mais regarde-toi, tu es si égoïste.

Égoïste. Ce mot résonna dans la tête de la jeune fille. Bien que son visage ne changea pas, face à ceci, Keira était affectée, voire blessée. Tous semblaient être d'accord avec sa sœur.

Était-elle à ce point égoïste ?

Elle ne pouvait simplement pas supporter ces deux pestes... C'était plus fort qu'elle d'être méchante et arrogante. Keira ne voulait pas non plus que sa tante se mette à la détester et à la renvoyer de chez elle...

Et à ce moment-là, elle se sentit seule. Très seule. Si seulement Nate aurait été là...

Clarisse enleva le malaise en continuant la visite, bien que le moral de Keira était définitivement à zéro.
Ses sœurs étaient des expertes, lorsqu'il s'agissait de blesser ou de dévaloriser Keira devant tout le monde. Au début, tout le monde remarquait qu'elle était blessée. Mais à la longue, elle s'était renfermée et plus personne ne savait ce qu'elle ressentait. Keira ne voulait plus leur laisser le plaisir de voir combien cela l'a blessée. Maintenant, elle faisait comme si elle s'en fichait. Et ça ne changera pas d'aussitôt...

Après la fameuse visite complète, la blonde fut la première à sortir dehors. Elle courra presque jusqu'à Nathan, qui fut surpris. Keira lui fit un câlin, bien qu'elle n'est pas une fille affectueuse.

Nathan avait bien dit qu'il serait là pour elle, non ?
Eh bien, elle en profitait.

— Toi, tu dis rien, dit-elle sèchement dans l'oreille du jeune homme.
— Ok, ok !

En se détachant de son meilleur ami, elle vit que les autres étaient sortis de la maison et que sa tante les regardait avec un gros sourire.

Eh merde... Manquait plus qu'elle pense qu'on sort ensemble.

Les deux jeunes firent comme si de rien n'était et Nathan débarqua quelques affaires, suivit de près par Keira. Ce fut après une heure ou deux que le « déménagement » fut terminé. Clarisse remercia Nathan d'avoir aidé ses nièces et il lui sourit. Elle lui dit aussi qu'il pouvait venir quand il le souhaitait, qu'il était le bien venu. Ce dernier la remercia et partit voir Keira, avant de partir.

— Eh bien, par chance, je suis près d'ici..., fit Nathan avec plein d'allusions.

Keira ria, tout en roulant des yeux.

God, va t'en !

Ce dernier ria un bon coup et partit après lui avoir fait un bisou sur la joue. Ce geste la surprit un peu, mais n'en fit pas un drame. Elle rentra à l'intérieur. Ses grandes sœurs étaient en train de discuter avec leur tante. Elle décida donc de monter rapidement dans sa chambre, ne voulant pas du tout avoir à faire à celles-ci.

Malheureusement pour Keira, les choses ne tournèrent pas comme elle le souhaitait...

Un cognement se fit à sa porte. Keira soupira et ne dit rien. Sa tante rentra timidement et vint s'asseoir à côté d'elle, sur son lit.

— Tu sais, je ne comprends pas pourquoi tu agis ainsi avec tes sœurs...

Si seulement tu savais...

— Elles ne sont pas méchantes, tu sais ? Je sais que ça ne doit pas être tout rose, mais...
— Tu ne sais aucunement ce qui se passait à la maison, Clarisse. Tu ne sais rien.

Clarisse se tut et fit de gros yeux. Elle n'aurait jamais cru que sa plus jeune nièce aurait employé un ton aussi froid.

— Puis, même si je te racontais, tu ne me croirais pas plus. Alors, à quoi bon parler ?
— Je vais te croire, Keira. Ne crois pas que je suis du genre à demander par la suite à tes sœurs si c'est vrai... Je crois par la sincérité qui se voit. Et si je vois que tu l'es, alors je vais te croire.

La jeune fille soupira, puis commença son récit.

— Avant, quand on était jeune, la vie était belle. Il n'y avait pas cette... Cette sorte de compétition que mes sœurs se sont mise dans leurs têtes. Une compétition qui consiste à être meilleure que moi. Tout ça à commencer le jour où j'avais dessiné un dessin d'un oiseau. Il était très bien réussi et mes parents étaient très fiers de moi. Depuis ce jour-là, mes sœurs, mais surtout Callie, commencèrent à être jalouses de moi. Elles se sont mises à être détestables avec moi. Elles me faisaient des mauvais coups. J'avais beau en parler avec mes parents, mais ils commencèrent à ne plus me croire et à préférer mes sœurs. Elles ont donc commencé à faire tout parfaitement, pour que mes parents s'intéressent plus à eux que moi. Et ça a réussi. Mes parents adoraient ces petites pestes. Moi, à chaque faux pas, on me chicanait ou me grondait. C'était « inacceptable ». Mais pour elles, c'étaient moins... Grave. Une haine s'est formée en moi et je me suis mise à les envoyer tous promener, en ayant marre de devoir toujours être parfaite avec mes parents et je me suis rebellée. C'est ce qui fait que je suis ainsi avec elles et que mes parents ne m'aiment/m'aimaient pas...

Clarisse lui lança un regard compatissant.

— Tu sais... Ça n'a pas toujours été facile à la maison... Nos parents à ta mère et moi étaient pareils... J'ai été moi aussi « rebelle », si on veut. Bon, je n'ai pas fait grand-chose... Mais mes parents n'en étaient pas fiers et ta mère non plus. Mais... Ça na jamais été une relation d'haine entre elle et moi. Cependant, je comprends ton comportement. Mais Keira... Tu ne crois pas que tu devrais enterrer cette haine et faire la paix avec elles ? Vous avez une grosse épreuve à vivre ensemble et je crois que vous aurez besoin de chacune de vous.

Keira baissa la tête.

— Je ne sais pas Clarisse... Je ne te garantis rien, mais je peux essayer.
— Merci, c'est tout ce que je veux, sourit Clarisse, d'un sourire réconfortant.

Et sa tante l'enlaça. C'était un moment spécial pour Keira car pour la première fois depuis des années, elle se sentit aimée. Aimée par quelqu'un dans sa famille.

Et ceci fut la plus belle chose qui lui soit arrivée.

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