Chapitre huit

       

" Et la vie continue... "

Keira se leva pour aller à l'école ce matin, bien que l'envie n'y était aucunement présente. Mais elle ne voulait pas se lamenter sur ce que la vie lui avait enlevé. Alors, autant aller de l'avant !

En se dirigeant vers l'école, elle se mit à repenser aux funérailles qui auront lieu ce vendredi. Elle redoutait déjà cette journée. Keira savait parfaitement qu'elle aurait de la difficulté à s'y rendre et de devoir faire un petit discours. Tout ça lui faisait réaliser que ses parents étaient définitivement morts, que jamais elle ne les revérait. C'était dur. Dur pour une jeune femme de dix-huit ans de savoir qu'elle ne reverait plus ses parents.

Sur le chemin, elle croisa la voiture de Nathan, stationné sur une rue près de l'école. La jeune blonde souffla. Elle aurait aimé qu'il soit encore là. Elle n'avait pas envie de faire semblant que tout allait bien, que ses amis d'école lui posent des questions sur ça.

Keira rentra finalement dans la bâtisse et décida de se trouver un coin tranquille. Elle ne voulait pas voir ses « amis ». Elle alla finalement dans les estrades du gymnase de l'école, en attendant la cloche annonçant le début des cours. Elle resta là, un bon cinq/dix minutes avant que quelqu'un vînt la rejoindre : Nathan.

—  Merci d'être venu..., fit Keira, sans le regarder.
—  Ça fait plaisir. Je sais que tu vis un moment difficile.

Keira sourit légèrement, tout en serrant ses écouteurs dans son sac.

—  Tu sais, c'est bizarre, rigola-t-elle faussement. On dirait que c'est comme si... Le temps s'était arrêté. Je me sens... Perdue. C'est comme si j'avais perdu quelque chose en moi. Comme si maintenant, ma vie n'avait plus aucun sens. Je sais que ça doit paraître... stupide, mais je suis désorientée.
—  C'est normal, tu es jeune et tu viens de perdre les deux personnes qui s'occupaient de toi et de tes affaires. Mais ça va allez, ce n'est qu'une question de temps.

Et Nathan l'enlaça tendrement.
Jamais elle ne pourrait le remercier assez d'être là pour elle.

—  Merci Nate... je ne sais pas ce que je ferais sans toi, dit-elle  tendrement.

Le brun sourit et lui fit un bisou sur la joue.

—  Allez Kei, promets-moi que tu vas sortir d'ici la tête haute.
—  Je te le promets. Après tout, j'suis douée pour ça, non ? demanda la blonde d'un ton humoristique, ce qui déclencha un petit rire venant de son ami.
—  En effet ! Ça m'a pris quand même huit ans d'amitié avant de savoir exactement tes sentiments.
—  Eh ouais, t'es un real. C'est pas tout le monde qui perdrait son temps à déchiffrer les mimiques et expressions faciales de son amie.
—  Bah il fallait bien que je le fasse ! C'était impossible que je sache si t'étais vraiment heureuse ou pas !
—  Et... Ça fait quoi ? Ça compte autant que ça que je sois heureuse ?

Keira trouva cela assez curieux que son ami veuille autant son bonheur. Surtout depuis ces temps-ci. Nathan se rapprocha d'elle et lui fit un bisou sur la joue avant de lui chuchoter :

—  Bien plus que tu peux le croire.

Et il partit aussitôt dit, aussitôt fait, à cause de la sonnerie annonçant le commencement des cours.

Keira sortit un instant après lui et elle le vit avec une blondasse super maquillé. Elle roula des yeux.

Eh voilà! Le Nate doux et affectueux est parti. Bienvenue au Nate matcho !

Sur ces pensées, elle rentra dans sa classe.

J'espère sincèrement que ce cours passera vite...

Heureusement pour elle, Charlie était en classe aujourd'hui. Ça serait beaucoup moins pire qu'elle ne l'imaginait...

***

Après cette journée d'école qui s'était avérée plutôt rapide, la blonde sortit des cours aux côtés de Nathan et de Ruth. Enfin... Elle ne leur parlèrent pas toutes de suite, mais lorsqu'ils s'éloignèrent des regards, elle le fit.

—  Où sont les autres ? demanda Keira, ne voyant pas le reste de la bande.
—  Honnêtement, je sais pas pour Bai... Mais Masson et Jesse sont ensemble. Ils ont manqué les cours pour aller fumer, je crois.
—  Sacré Jesse et Mass ! Ils ne changeront pas, ria Ruth.
—  Eh ! s'exclama soudainement Nathan. On va les rejoindre ?

Keira sourit. Après tout... Ça lui fera du bien. Avec toutes ses émotions, elle était littéralement fatiguée. Elle aimerait juste se sentir bien pour une fois.

—  Bah quel question ! s'exclama la jolie blonde. Allons-y !

Et les trois rentrèrent dans la voiture de Nathan pour se diriger vers la grange.

***

—  Kei, Ruth, Nate ! s'exclama Jesse, complètement défoncé. Quelle belle surprise !

Et il ria, accompagnée par Masson.

—  On aurait dit ma mère quand ma tante vient chez nous par surprise ! commenta Masson.

—  Oh ta gueule Mass ! bouda Jesse. J'aime mes amis. T'as compris ? demanda Jesse, ce qui décrocha un sourire à Keira.
—  Ouais bah je les aime aussi, mais je n'agis pas comme une fille !
—  Mass ! Laisse-le, dit Keira. Il est trop cute !

Et elle prit la joue de Jesse, qui ria face à ce geste avant de la prendre dans ses bras.

—  Je t'adore Kei ! Je suis fier d'être ton ami !

Jesse agissait vraiment comme un enfant et Keira trouvait cela vraiment mignon. Cette dernière lui fit un bisou sur la joue et prit un joint sur la table et l'alluma.

—  Il est chou Jesse aujourd'hui ! commenta celle-ci en prenant une bouffée.
—  Juste avec toi, oui ! taquina Ruth, en prenant une bouffée à son tour.

Keira lui fit une grimace

—  Bon arrêtez de parler de Jesse ! Il va trop se sentir sexy ! fit Nathan, désespéré.
—  T'es juste jaloux ! s'exclama Ruth.
—  Pas du tout !
—  Aw ! Nathouuu ! fit Keira en allant lui faire un câlin. Mais on t'aime aussiii !

Il roula ses yeux et se colla un peu plus contre elle.

—  Mhm.
—  Mass ? Avez-vous eu des nouvelles de Bai ? demanda soudainement Keira, anxieuse.
—  Non, pourquoi ? demanda Jesse.
—  Personne ne lui a parlé et c'est inquiétant... D'hab', elle me parle toujours.
—  T'inquiètes, fit Masson en passant un bras sur ses épaules, on va tous en avoir demain.

La blonde hocha de la tête, même si elle était peu convaincue.

Mais qu'est-ce qu'elle fiche ?!

***

Jour-J alias le jour le plus horrible pour la jeune femme. Dans deux heures, elle allait voir ses parents dans un cercueil. Cette idée lui donnait un de ses maux de ventre. D'ailleurs, elle n'avait pas mangé depuis deux jours. Rien qu'en pensant à ce jour sinistre, l'appétit de la petite blonde s'était estompé.

Elle avait juste hâte que cette journée se finisse. Vraiment hâte...

—  Callie, Keira, Ellie ? Êtes-vous prêtes ? appela Clarisse du salon.

Keira était en ce moment même en train de zipper le zipper de sa robe noire.

Noire comme mon âme...

Les manches étaient en dentelles et c'était la seule chose qui la rendait « moins simple ». Elle rajouta un collier en or, conseillé par Ellie, pour son plus grand bonheur.

Celle-ci s'était mise à lui parler davantage et souhaitait bâtir une meilleure relation avec elle. Et bien évidemment, Keira fit un effort et laissa sa grande sœur choisir ses vêtements d'aujourd'hui. Ellie adorait la mode. Elle étudiait pour devenir designer. C'était donc pour lui faire plaisir qu'elle s'était habillée ainsi.
Mais bon, tant qu'à vouloir faire plaisir...

—  Presque ! cria la voix de Callie, suivie de près par celle de Ellie.
—  Prête ! cria Keira, en se préparant pour sortir de sa chambre.

Seulement, elle croisa Ellie, qui croisa ses bras.

— Vraiment, Kei ? Tu pensais partir sans maquillage ?

La blonde souffla, devant sa grande sœur à la chevelure rousse.

—  Ellie, j'ai vraim...
—  Hop, hop, hop ! Au boulot !

Et la rousse poussa sa petite sœur dans la chambre de celle-ci, pour s'occuper de son cas.

—  Puisque t'es pas trop d'humeur à te maquiller. Je vais te mettre juste du mascara et du rouge à lèvres.

Keira roula des yeux. « Juste ». Elle se laissa faire malgré tout. La blonde n'avait pas envie de s'obstiner, de toute façon.

Après quelque temps, les quatre filles se dirigèrent finalement aux funérailles.
Arrivée là-bas, Keira put apercevoir quelques membres de sa famille arriver. Lorsqu'il aperçut Keira et ses sœurs, ceux-ci se précipitèrent vers elles pour leur présenter leurs condoléances. Seulement, Keira s'en fichait. La plupart d'entre eux ne venaient jamais les voir en dehors pour quelques petites faveurs monétaires. Et ça, c'était la preuve qu'ils espéraient recevoir de l'argent de la part de leur famille. Mais ça, jamais elle ne le permettrait.

Puis pour les amis à ses parents, c'était pareil. Enfin... Sauf les Turner. Eux, ils avaient toujours été présent que ce soit dans les bons et mauvais moments. Keira leur en était redevable, malgré qu'elle n'appréciait pas nécessairement ses parents. Elle savait au moins qu'ils avaient eu de vrais amis pour les épauler.

—  Keira ! s'exclama une voix derrière la jeune fille.

Celle-ci se retourna vers cette personne et sauta dans ses bras.

—  Nate, merci d'être venu...
—  Mais de rien ! En plus, je ne suis pas seul..., dit-il en se tassant pour qu'elle puisse voir Bailey derrière Nathan.

Les yeux de la blonde s'écarquillèrent en voyant sa meilleure amie et sauta dans ses bras aussi.

—  Bai ! Mais t'étais où ?
—  Oh... Ça va... J'étais juste malade, expliqua Bailey mal à l'aise, ce que Keira trouva bizarre.
—  Ah bon ? Pourquoi tu m'as pas laissé de messages ? Je me suis fucking inquiétée !
—  Désolée Kei... J'avais pas la force de répondre. J'aurais dû demander à quelqu'un de te répondre à ma place.

Hmm... Bailey semblait lui cacher quelque chose. Cette excuse ne tenait pas debout. Elle connaissait ses petits tics lorsqu'elle mentait et Bailey était en train de les faire. Elle se gratta derrière l'oreille et lorsqu'elle parlait avec Keira, elle évitait son regard.

Mais pourquoi Bailey mentait-elle à sa meilleure amie ? Nate serait-il au courant de la vérité ?

La jeune blonde n'eut aucune chance de poser une question à Bailey, qu'ils devaient s'asseoir, puisque la cérémonie commençait.

Plus celle-ci avançait, plus Keira eut de la difficulté à garder la tête haute. Elle voulait juste sortir de ce fichu bâtiment. Son cœur se mit à battre plus rapidement, lorsqu'elle voit le curé s'approcher des cercueils de ses parents, s'apprêtant à les ouvrir. Sa respiration se fit lourde. Keira sentait qu'elle allait faire une nouvelle crise. Nathan ainsi que Bailey se retournèrent rapidement vers leur amie, voyant qu'elle respirait de plus en plus bruyamment. Nate retourna son visage vers le sien et lui dit quelque chose. Cependant, elle se sentait tellement étourdie et brûlait de chaleur qu'elle ne comprit pas ce qu'il disait.
Le brun lui montra de calmer sa respiration et de le regarder toujours dans les yeux. Keira finit par limiter, tout en le regardant. Bailey les regardait avec admiration. Nathan savait vraiment s'y faire avec sa meilleure amie. Elle était un peu jalouse, car la jeune fille n'avait jamais été capable de la calmer lors d'une de ses crises d'anxiété. Et là, elle voyait que Keira commençait à aller mieux. Certaines personnes les regardèrent, se demandant ce qu'il se passait. Bailey leur jeta un regard noir pour qu'ils cessent de faire leur curieux. Sa meilleure amie n'était pas une bête de foire.

—  Ça va mieux ? demanda Nathan à Keira, ce qui fit sortir de ses pensées Bailey.

Keira hocha de la tête avec un petit sourire. Soudain, on l'appela pour qu'elle montât à l'avant pour faire un petit discours sur ses parents. Les deux jumelles ne voulaient pas le faire pour raison que ce soit « trop difficile pour elles ».

Comme si ça ne l'était pas pour moi...

La blonde monta les marches, avant de lancer un dernier regard à ses deux meilleurs amis. Ceux-ci lui firent un petit signe d'encouragement; Nathan fit un coup de tête et Bailey un tumbs up avec un petit sourire.

Cela a eu dont de lui donner un peu plus de force avant de commencer à parler. Keira examina la salle du regard et vit que tous attendaient qu'elle commence. Elle souffla et démarra sa lecture de son texte.

—  Je n'ai jamais été particulièrement été proche de mes parents. On ne s'est jamais vraiment bien entendus... Par contre je sais une chose : ils nous ont tout donné. Ils ont tout fait pour que nous puissons avoir une belle vie et un bel avenir. Et ça, je leur en serai toujours redevable.
Je sais aussi que je n'ai jamais été comme ils auraient voulu que je sois ni la plus obéissante des enfants..., dit-elle avec un petit rire, tout en essuyant les larmes qui coulaient. Mais je sais que malgré tout, ils m'aimaient à leur façon. Même si je détestais la manière dont mes parents agissaient avec moi, jamais je n'aurais voulu que leurs vies finissent ainsi. C'est horrible... Je-je veux dire, ma mère était une remarquable avocate et mon père... un super comptable ! Ils vivaient une belle vie au-delà de nos éternelles chicanes... Pourquoi y a-t-il des gens aussi horribles pour détruire une famille ?

Un silence se fit dans la salle. Certains pleuraient, tout comme Keira et ses sœurs, alors que d'autres avaient un regard de pitié.

Keira essuya une dernière fois les larmes qui coulaient sur ses joues et finit son discours.

—  Cependant, il y a une chose que mes parents n'ont jamais comprise et qu'ils ne comprendront jamais : la perfection n'existe pas. Et ce n'est pas en forçant les autres qu'elle va forcément exister.

Ceci dit, elle fit un petit sourire et reprit sa feuille dans ses mains avant de rejoindre ses amis, qui la prirent dans ses bras.

Pendant ce temps, on annonça aux gens de se rendre au cimetière où on enterrerait les défunts.

—  Tu vas être capable de voir ça ? demanda Bailey.
—  Je... Je crois oui, dit Keira en lançant un regard vers ses sœurs qui avaient les yeux rouges. Il faut que je sois là pour mes sœurs... Et pour mes parents. Je... Je ne me le pardonnerais jamais sinon...

Bailey hocha de la tête malgré qu'elle fut grandement surprise que sa meilleure amie ait dit cela.

Seulement, elle n'était pas la seule à avoir été surprise. Keira fut tout autant surprise qu'elle ait pu dire ces choses.

Car tout aussi étonnant que cela puisse être, elle pensait vraiment ce qu'elle disait...

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