C'est vous que j'aimais

Il est 9h30, je reste silencieuse à écrire sur mon téléphone la suite de mon histoire. Je l'attends. Je sais brièvement à quoi il ressemble mais rien de plus. Je soupire en pensant que cette journée va être nulle. Je passe une main sur ma robe sombre et balance mes jambes comme une enfant. Je finis par poser mon téléphone à côté de moi et il se met à sonner. C'est toujours comme ça de toute façon. Je décroche et salue la personne au bout du fil en attendant qu'elle se présente.

-Hey! C'est Ryan! Dit la voix au bout du fil.

-Oh, s-salut, je réponds d'une voix qui ce veut joyeuse.

-Dis-moi, t'es déjà arrivé?

-Oui. Ca ouvre à 10h30. Il y a déjà pas mal de monde, après nous sommes en période de vacances, c'est compréhensible.

-O-ok. Je suis en route, j'aurai un peu de retard.

-T'as une heure pour venir je pense que tu sera à l'heure, je réplique en riant.

-C'est honteux de ma part de faire attendre une fille à un rendez-vous, dit il.

-Le fait que tu le reconnaisse est déjà un bon point.

Je ris et on se salue. Je raccroche et sens un regard proche sur moi. Je tourne la tête et sursaute. Lui? Ici?

Cela va faire un an que j'ai quitté le lycée. J'ai pu trouver un petit boulot avant de commencer mes d'études l'année prochaine. Je souris étrangement facilement et le salue.

-Bonjour monsieur! Je dis les yeux brillants.

-Bonjour Diana, me dit il avec un petit sourire.

Mon professeur d'anglais. L'année dernière à été pour moi une année difficile. J'avais besoin d'en parler et il a été cette personne à qui je me suis confiée. Je rougis en repensant à tout ça et il me reprend. Quoi? Il a dit quelque chose?

-Pardon? Excusez-moi j'étais un peu ailleurs, je balbutie en rougissant encore un peu.

-Je me demandais ce que tu faisais ici, seule.

-J-je... Hum, je-j'attends quelqu'un.

J'ai honte. C'est comme ci je le trahissais... J'avais une certaine fidélité envers lui. Ce n'était qu'avec lui que, après avoir exprimé tout ce que je voulais, je me sentais mieux. Personne ne pourra remplacer cette sensation. Celle d'un adulte compréhensif. Je serre mes poings contre ma robe et le regarde tristement.

-Tu n'as pas l'air contente de sortir, je me trompe? Me dit-il en ricanant.

Je ris face à son rire. Il tape en plein dans le mille en plus. Je rougis et passe une main dans mes cheveux bruns.

-Tu les as coupés?

Il approche une main de mes cheveux et je l'esquive facilement. Il me lâche un sourire surprit et content de voir que je suis plus vivante qu'avant.

-Content de voir que tu ailles bien quand même, me dit-il en souriant.

-Oui oui. Mais vous. Comment allez-vous?

-Tu sais, les cours, les devoirs, les élèves turbulents, la routine quoi. Mais dis-moi, tu es habillé différemment je me trompe?

Je secoue ma tête pour répondre négativement à sa question mais il prend quelque pas de recul en posant une main sur son menton. Il m'analyse de son regard habituel dans ses cas là. Il plisse les yeux pour donner un côté comique.

C'est cette partie là de lui que j'aime. Il arrive à me faire sourire même si je ne le veux pas mais alors, pas du tout. Je ricane en voyant sa posture et il s'approche de nouveau de moi.

-Les chaussures ainsi que tes cheveux. Tu as fais quelques efforts à ce que je vois, dit-il d'un ton malicieux.

-N-non ce n'est pas du tout ce que vous-

-Tu apprécies la personne avec qui tu vas sortir. C'est ça?

-Je ne la connais pas, cette personne.

Il s'arrête et penche un peu la tête. Je rentre ma tête dans mes épaules et baisse le regard.

-C'est une amie qui m'a dit: "je suis sûre que cette personne te correspondrai" et je n'ai pas eu le choix, je dis en imitant la voix de mon amie. Du coup, me voilà.

-Contre ton gré.

-C'est à moitié exact. Si j'avais été catégorique, je serais resté chez moi tranquillement en pyjama.

Je ris et il m'accompagne. L'ouverture du centre commercial nous interrompt. Il me salue, espérant qu'on se recroise dans le centre. Je le regarde disparaître dans la foule se pressant d'être le ou la première à être dans le magasin. Je tourne la tête et attends.

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-Tu veux un truc à voir avant d'aller au cinéma? Me demande Ryan.

-Bah pourquoi pas. Par contre faudra finir la boisson avant d'entrer dans la salle. Ils acceptent pas sinon.

-Ok, j-je reviens, je dois appeler un pote, d'accord?

Je hoche la tête. Il disparaît derrière le rayon. Je sens l'arnaque venir. Et dire que j'aurai pu dessiner tranquillement... je prend une bouteille de thé et cherche Ryan. J'ai l'habitude de chercher ma mère quand je me balade dans les rayons avec ma sœur, je trouve facilement mon objectif et m'arrête. Il est rayon chips et apéritif. Son téléphone à l'oreille, le dos tourné, je reste à l'écart, silencieuse et les bras le long du corps.

-Hé! T'es sérieuse là? Tu m'as dit que c'était une de tes potes. Oui mais je savais pas que t'avais un thon comme amie. Nan sérieux- Ouais mais- Nan c'est pas ça mais-... T'énerves pas comme ça, c'est pas ma faute si tu veux pas voir la vérité. Si t'étais à ma place, franchement, tu dirais la même cho- Nan! Tu peux pas dire ça, pas du tout même.

Je serre ma bouteille de thé, fais quelques pas et pose ma main violemment sur un paquet de chips. Il se retourne rapidement vers moi et laisse tomber sa mâchoire en me voyant. Je garde mon expression neutre et penche ma tête sur le côté.

-Des chips, ça te dis? Je demande d'un ton grave. Ou c'est trop gras pour moi.

Il bégaye quelques syllabes et s'approche de moi. Je pensais pas que j'étais aussi grande par rapport à lui, où il s'est courbé en avant pour s'excuser.

-Heu, E-Elodie,  n'est pas ce que tu-... En-en fait, c'est pas que je te trouve moche hein! Loin de là! C'est juste que-

-T'aime pas le poisson, je le coupe en le fusillant du regard. J'ai jamais digérée le porc de toute façon. Gardes ça pour toi.

Je lui tends la bouteille de thé délicatement. Il la prend, surprit de ma douceur et je lui souris.

-Je te remercie d'avoir brisé le peu de confiance que mes amis avaient mis du temps à construire avec moi. Bon film à toi, je dis en me penchant vers lui. T'as de la chance, ils rembourse pas les places.

Je perds mon sourire et m'en vais. Il m'appelle. Enfin, je crois que "Élodie" c'est moi. Je pense qu'un porc à plus de mémoire que lui. J'entends ses pas me suivre. J'ai assez d'avance pour le semer. Je tourne a un rayon et tourne une nouvelle fois. Il passe droit et continue ses recherches, son téléphone à la main. Parfait.

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Assise sir un petit banc, je ne me suis jamais sentie aussi ronde. Je sens mes cernes revenir sous mes yeux, les alourdir et les noircir. Je secoue ma tête et passe une main sur mon visage. J'inspire profondément et me dégonfle comme un ballon. La métaphore est bien choisie si c'est un gros ballon.

-Je croyais que tu avais un rendez-vous?

Je me tourne vers la voix et croise mon ancien professeur. Son chariot comporte tout ce dont un célibataire à besoin. Tien, il a un chat? Je suppose que ce paquet de croquettes n'est pas pour lui. Je pose finalement mon regard sur lui et je ne peux m'empêcher de sourire. Même dans cette journée, il arrive à me faire penser à autre chose. Ça aurai été autre chose s'il n'était pas là.

-C'est pas l'amour fou on va dire, je réponds en ricanant.

-Ca ne vient pas d'un coup comme ça tu sais? Il y a des étapes pour se connaître, me répond-il en s'appuyant sur son chariot et souriant un peu.

-Je pense que, juger quelqu'un sur son physique ou son intelligence à un rendez-vous, ce n'est plus un rendez-vous, je me trompes?

Il se redresse et perd son sourire.

-Je ne vais pas te demander ce qu'il t'as dit alors, dit-il en baissant un peu la tête.

On soupire ensemble. J'espère ne pas avoir bousillé sa journée. Je sens mon téléphone vibrer. Je le prends en main et remarque que tout ce boucan est à cause de Ryan. Je soupire et le pose à côté de moi.

-C'est lui?

-Oui...

Il penche la tête vers le téléphone, légèrement curieux et se redresse, me souriant un peu.

-Ne t'en fais pas. Tu trouvera la bonne personne, me dit-il comme encouragement.

-Je crois que c'est écrit dans mon cœur...

-Ne dis pas ça, tu trouvera-

-Pendant plus d'un an, j'ai aimé une seule et même personne. M'éloigner d'elle m'a fait rendre compte que, même s'il ne m'aime pas, je n'ai pas encore la preuve que je trouverai mieux un jour, je dit en lui souriant tristement.

-Que veux-tu dire exactement?

-J'étais amoureuse. Chaque jour, je me devais d'en parler à mes amies. À chaque fois que je dessinais, j'étais obligé de faire son portrait. Qu'il soit réaliste ou pas, l'intention et la symbolique y était.

-Oh, c'est mignon ça, me dit-il en souriant.

Je lui rends son sourire et soupire de tristesse. C'est écris dans mon cœur... Je regarde l'heure, je vais devoir me rendre à l'arrêt de bus dans pas longtemps.

-Je vais devoir vous laisser, je dis en me dressant sur mes pieds. J'ai un bus à prendre.

-D'accord. Gardes espoir en l'avenir et il te sourira, me répond-il en tapotant sur mon épaule.

-Vous avez raison. Et je ne devrais pas avoir de regrets, j'ajoute.

On se regarde un moment. Je fixe ses yeux brun et recule d'un pas, serrant mon téléphone contre moi. Je soupire, un air peu rassuré sur le visage et l'appelle alors qu'il s'éloigne. Il se retourne et me regarde.

-C'était vous, je dis en m'éloignant. C'était vous qui aviez fait vibrer mon cœur comme jamais, monsieur.

Je m'éloigne et me mets à courir dans la galerie. Ce-c'est la première fois que je l'avoue à quelqu'un comme ça. C'est la première fois que je l'avoue en face complètements. Enfin, cette fois-ci j'ai attendue plus d'un an pour le dire. C'est la première fois qu-que je cours aussi vite. J'arrive devant l'arrêt de bus et reprends mon souffle. Cette journée aurai pu être pire en fait.

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