2. Je ne peux pas te sauver.



Je me suis réveillée.

Quelque chose ne va pas.

Mes yeux sont grands ouvert, mais je ne bouge pas. Qu'est-ce que c'est que cette sensation qui me laisse dans la bouche un mélange d'amertume et d'acidité. Ce silence, il n'est pas naturel, pourtant il me semble que dehors c'est le chaos.
Je me redresse et la couverture retombe mollement à ma taille ; je frissonne.
Quelque chose ne va pas.
Ma chambre est plongée dans le noir, seule quelques étranges lumières viennent danser sur les murs, dessinant des ombres effrayantes.

Je glisse mes jambes hors du lit, je ne cherche même pas mes chausson, non, je veux faire le moins de bruit possible. Plus les secondes s'écoulent, plus ce malaise continue de grandir en moi ; je ne sais pas pourquoi, mais mon cœur bat la chamade et ce bruit lancinant qui vient doucement hanter la maison.

Un, deux, trois, quatre...

J'avance sur la pointe des pieds dans le couloir et je me penche par dessus la rambarde en bois. J'entends des voix, mais je ne les connais pas. Des pleurs. 
Maman, qu'est-ce qui ne va pas ?

Je me faufile dans la chambre qui est en face de la mienne. Mes yeux sont grands ouverts, essayant de s'habituer à l'obscurité. Je m'approche du lit et observe avec attention la personne qui s'y trouve. J'avance ma main et je sens le souffle chaud de ma sœur qui dort paisiblement. Un long frisson vint me parcourir l'échine comme si une main glacée venait me caresser le dos.

J'hésite, mais je retourne finalement dans le couloir. Je peine à respirer normalement, je me sens comme étouffée par quelque chose qui me dépasse et ces voix, ces voix qui insistent de plus en plus.

Un, deux, trois, quatre, cinq, six...

Mon pied cherche la première marche de l'escalier ; je les connais par cœur, la quatrième grince, alors je reste à la troisième et je m'assois. Je retiens mon souffle à nouveau. J'écoute, mais je ne comprend rien. J'ai si froid. J'essaie de me réchauffer en frottant mes mains sur mes bras nue, mais rien n'y fait, la maison est glaciale. Je n'ose pas bouger, j'ai peur. Je ne fais pourtant rien de mal, alors pourquoi cette terreur ne me quitte pas ? Pourquoi cette boule coincée au fond de ma gorge ne disparaît pas ?

Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit...

Maman, arrête de pleurer. Est-ce que l'on a des ennuis ? Je me sens fautive, comme en train de commettre une grosse bêtise, mais si ma mère est là, si ma sœur dort, alors qu'est-ce qu'il se passe ?

Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf...

J'aimerai aller sous mes couvertures et me cacher, mais L'angoisse fige mes jambes et glace mon sang. Cette sensation au creux de mon ventre, comme si un milliers d'insectes me dévoraient les entrailles, j'ai envie de vomir. Je me penche un tout petit peu, juste assez pour entrapercevoir la lumière de la salle à manger.

Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix.

Qu'est-ce qu'ils comptent ? Et ce bruit qui se répète encore. Je dois aller sauver ma maman ! Mais qu'est ce que je pourrai bien faire face à eux, ils m'attraperons et me ferons du mal à moi aussi ! Je ne sais pas quoi faire et je suis comme tétanisée dans les escaliers. J'entends des bruits de pas et ils viennent vers moi !
Je recule ; une main puis l'autre et ensuite mes pieds, un a un et tout doucement, je gravis les marches telle une araignée à quatre pattes.

C'est terminé, je suis désolé.

Elle pleure très fort, mais pourquoi ? J'ai envie d'y aller, le devrais-je ? Je ne sais pas quoi faire ! Maman, pourquoi tu pleures ? Arrête s'il te plait... Je ne peux pas te sauver !

Comment vais-je expliquer à mes filles qu'elles ne reverront plus leur père ?

Derrière moi, les lumières bleue et rouge dansent toujours sur les murs de ma chambre.
Cette nuit, la mort est venu nous rendre visite.

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