17. La cérémonie.



— Tu es prête pour ce soir, mon cœur ?

— Oui, maman ! J'ai hâte !

— Je sais ! Ma petite fille va devenir une femme...

Morgane versa une larme qu'elle essuya de son index puis elle la serra dans ses bras. Elles restèrent ainsi quelques instants puis elles se séparèrent. Lilith partit pour l'école tandis que sa mère prépara les affaires pour la grande cérémonie. La journée passa vite, le cœur de l'adolescente battait la chamade quand elle vit sur la grosse pendule indiquer que la fin des cours était imminente.

... 3, 2, 1...

Driiiing !

Elle se rua hors de la pièce, bouscula ses camarades puis fonça chez elle. Elle ouvrit la porte avec fracas et fixa la personne au milieu de l'entrée. Elle portait une longue tunique noire avec une capuche qui cachait quasiment tout son visage, elle reconnut cependant les cheveux corbeau de sa mère qui retombait sur son buste.

— Maman, je...

La femme fit un geste de la main pour la stopper.

— Ce soir, je ne suis plus ta mère. Ta tenue est sur ton lit, va te changer.

Lilith acquiesça et monta rapidement les escaliers. Elle se mit à nue et revêtit l'habit rouge-bordeaux ; le tissu au contact sa peau la fit frissonner. Elle passa la capuche puis s'observa dans le miroir derrière elle. Elle sourit, fière de ce qu'elle voyait ; la robe ne la grossissait pas et ses cheveux de jais contrastaient à merveille. Elle descendit les marches pieds nus, la femme lui saisit les épaules, les serrant légèrement puis elles sortirent. Une limousine noire les attendait depuis quelques minutes, elles prirent place à l'arrière et ils s'en allèrent. Lilith ne savait pas depuis combien de temps ils roulaient, mais cela lui parut long ; elle fixa la lune montante dans le ciel et les étoiles qui scintillaient. Ils prirent une petite route à travers la forêt, s'enfonçant toujours plus profondément. Le chauffeur stoppa la voiture, ses phares dévoilant deux silhouettes immobiles un peu plus loin. Les deux inconnues allèrent à leur rencontre et les saluèrent d'une accolade.

— Mes sœurs, dit l'une d'entre elles. Tout est prêt, venez.

Les quatre femmes avancèrent dans les bois, faisant craquer sous leurs pas les branches et les feuillages. L'astre céleste n'était plus visible, caché par les hautes cimes des arbres, il faisait sombre, mais elles se dirigeaient vers un point de lumière qui les éclairait faiblement. Lilith distingua plus clairement le feu de joie qui brûlait au milieu d'une grande clairière, elle sentit son corps se réchauffer tout doucement tandis qu'elle s'en rapprochait. Toutes les femmes la saluèrent puis ce fut l'heure de commencer.

— Mes chères sœurs, nous sommes toutes réunies ce soir pour célébrer une ascension, elle lui adressa un geste.

La jeune fille la rejoignit sans crainte. Elle saisit la main de la douairière et la lui leva bien haut. Les autres qui formaient un cercle autour d'elles crièrent d'allégresse. Vint le moment de la prière et la tête basse, elles marmonnaient des paroles en ancien dialecte. L'une apporta une petite chèvre et la maîtresse de cérémonie esquissa des signes sur le front de la bête. Elle prit le couteau qu'on lui tendait ainsi que le calice en or et elle trancha, d'un geste net, la gorge de l'animal. Le sang gicla d'abord sur sa robe puis elle récolta le nectar contre le cou sanguinolent. Elle trempa ses doigts dans la coupe et traça des figures sur le visage de Lilith. La femme lui passa ensuite le verre et elle avala un trait du liquide vermeil. Un parfum âcre envahissait petit à petit l'air ; elles avaient préparé un mélange d'herbes qu'elles faisaient fumer. La jeune sœur s'approcha et en inhala les émanations. Elle se sentait béate, son esprit était comme embrumé et elle ne fut pas surprise ni effrayée quand on la conduit devant un homme ligoté nu, sur une table en granit.

— Tu dois offrir ton présent de chair et de sang à notre Dieu tout puissant.

Elle savait parfaitement son devoir. Elle releva les pans de sa robe, monta sur la pierre et s'assit à califourchon sur son sexe dressé puis se laissa glisser doucement. Elle saisit le poignard à côté d'elle et tandis qu'elle perdait son innocence, elle planta le couteau dans la poitrine de sa victime. L'homme hagard regardait la jeune fille qui massacrait son buste, sous sédatif puissant et attaché, il restait conscient et incapable de se défendre. Lilith plongea sa main dans la bouillie de chair qu'était maintenant son ventre et s'enfonça plus profondément, farfouillant à l'intérieur. Elle mit quelques instants à trouver ce qu'elle était venue chercher et l'empoigna avec douceur. Les yeux révulsés, agonisant sur le granit glacé ; elle mit subitement fin à son supplice en tirant fermement sur son cœur qui céda non sans résister quelque peu. Son bras ensanglanté se retirait de l'antre chaud avec, dans ses petits doigts, l'organe vital de sa victime. Elle jeta un œil autour d'elle, les femmes hurlaient leur joie tandis qu'elle descendait de la table, rejoignant toute la troupe. Cérémonieusement, elle présenta son offrande à la maîtresse qui le brandit fièrement. Elle le balança dans l'immense feu en psalmodiant ses prières, les autres faisant de même.

— Tu es l'une des nôtres maintenant. Tu es une sœur. Une sorcière.

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