12. La belle Hélène.
— Vous êtes superbe.
Hélène se retourna pour se retrouver face à un homme charmant. Elle le détailla de haut en bas ; brun, beau gosse, les yeux châtains, une barbe de quelques jours, la trentaine environs... Tout ce qu'elle adorait. Elle sourit, dévoilant une rangée de dents blanches et parfaites puis fit tourner son siège vers le comptoir.
— Merci.
— Je peux vous offrir un verre...
— Hélène.
— Je peux vous offrir un verre belle Hélène ? sourit-il à son tour.
— Avec plaisir.
L'homme s'installa près d'elle et fit un signe au barman qui se dirigea vers eux. Il questionna du regard sa dame.
— Un whisky, s'il vous plaît.
— Deux, enchaîna-t-il.
Le serveur s'éloigna et il se pencha légèrement vers elle.
— Vous êtes de celles qui aiment les alcools forts.
— En effet, qu'en déduisez-vous ?
— Que vous êtes une femme de caractère.
Elle sourit à nouveau, plongeant la main dans son petit sac posé près d'elle, saisit une cigarette dans son étui en métal, le bellâtre craqua une allumette qu'il lui tendit. Elle souffla doucement, le fixant de ses yeux charmeurs.
— Vous ne m'avez pas révélé votre nom...
— Je m'appelle Bradley, je suis ingénieur.
— Ça alors, un homme de science... J'ai toujours adoré discuter avec eux, tellement... intéressant.
— À condition que vous ne tombiez pas sur un monsieur je-sais-tout.
— Bien au contraire, ce sont ceux qui sont persuadés de tout savoir qui me passionnent le plus... À ce propos, quelle est votre opinion sur les histoires paranormales, en tant qu'homme de science je parle.
— Eh bien... Certaines sont plausibles, d'autres moins ; il y a des faits avérés et d'autres que l'on ne pourra jamais expliquer, si tant est qu'il y ait une explication.
— Vous êtes malin, monsieur Bradley. Je suis de votre avis, certains faits nous dépassent totalement.
Le serveur apporta leurs boissons qu'il déposa sous deux petits carrés de tissus blancs avec quelques olives vertes dans une coupelle. Le bel homme tendit son verre ; ils trinquèrent puis avalèrent une gorgée.
— Que faites-vous dans la vie, Hélène ?
— Je suis chasseuse de têtes.
— Et que chassez-vous en ce moment ?
— Un peu de tout et n'importe quoi, je veux dire, selon les besoins de ma clientèle.
— Votre métier doit vous faire rencontrer beaucoup de monde, comment se fait-il que vous soyez célibataire ?
— Je l'ignore... Mais je suis certaine de ne pas rentrer seule ce soir ; que dites-vous à l'idée de venir chez moi ?
— Vous êtes directe.
— Il faut bien avouer que vous êtes à croquer.
Ils finirent leurs verres puis ils partirent. Dans sa robe rouge fendue jusqu'à son mollet, Hélène était splendide. Ses longs cheveux noirs et bouclés faisaient ressortir sa peau claire, ses yeux sombres, aux cils infinis, étaient mis en valeur par un maquillage discret tandis que ses lèvres pulpeuses revêtaient un somptueux carmin. Bradley posa une main sur sa hanche et elle sourit. Elle n'habitait pas très loin, à quelques rues de là, ils marchèrent silencieusement quand soudain, s'échappant de son emprise, la belle s'enfonça en riant dans une ruelle obscure. Il se prêta au jeu, ne tardant pas à la rejoindre et une fois aux abords, il se rendit compte qu'il ne distinguait seulement que quelques formes assez vagues formées par les objets.
— Vous êtes cachée, Hélène ?
— Venez ! s'esclaffa-t-elle. Trouvez-moi...
Il s'élança, cherchant à tâtons sa douce.
— Vous chauffez...
Il s'avança prudemment, les mains en avant pour être sûre de ne pas se cogner quelque part. Il buta contre une caisse et faillit tomber.
— Quelle drôle d'idée, c'est tout de même très excitant, je dois bien l'avouer...
— Vous brûlez...
Sa voix se faisait de plus en plus proche et soudain il entrevit sa fine silhouette, elle était dos à lui. Cependant, quelque chose n'allait pas. Elle se tordit dans un angle aigu, semblant comme retomber en arrière. Son visage vint basculer vers lui, il voyait ses cheveux retomber en cascade au sol ; ses bras s'allongèrent, tout comme ses jambes, rehaussant son corps. Mêlés au halètement de Bradley, de sinistres craquements d'os brisèrent le silence. Déchirant sa robe, deux grandes pattes lui poussèrent sur chacune de ses côtes. Son abdomen prit de l'ampleur, ainsi que son thorax, devenant aussi noir que les huit yeux qui ornaient maintenant sa tête. Bradley était comme paralysé, ses membres refusaient de bouger, hypnotisé par cette transformation. L'araignée géante approcha à toute vitesse de sa proie, ne lui laissant pas le temps de hurler et elle lui planta ses deux crochets dans la gorge. Le venin traça son chemin rendant le pauvre homme inerte, il continuait de voir, entendre et ressentir, mais il ne pouvait plus se mouvoir. Elle saisit le corps de ses deux mandibules et commença à ronger la chair de ses jambes, les yeux de Bradley fixèrent la chose en train de le dévorer, une larme s'en échappant ; il ne pouvait hurler ni s'enfuir écoutant sans pouvoir s'en empêcher le bruit écœurant de ses os raclés par de monstrueuses dents.
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