Un personnage affronte sa plus grande peur
Un personnage affronte sa plus grande peur
(je suis tellement en retard omg)
*
Elle détestait la douleur.
Non, elle la haïssait.
Elle détestait son corps pour se montrer aussi faible, pour ne pas réussir à faire tout ce qu'elle voulait. Pour la stopper alors qu'elle n'avait même pas commencé. Elle aurait voulu se planter un poignard là où elle avait mal, séparer cette partie défaillante de son corps, se séparer d'elle même. Elle le vivait comme un obstacle insurmontable, une barrière invisible, un mur de verre qu'elle se prenait en pleine tête dès qu'elle oubliait sa présence.
Non, pire encore. Elle le vivait comme une trahison.
Elle se détestait pour son corps aussi faible. Elle se détestait pour ne pas avoir le courage de ce séparer de ce membre qui la bloquait plus que tout. Et surtout, elle se détestait pour être sur le point de pleurer - de pleurer ! - à cause de ça.
Les larmes embrumaient déjà ses yeux, et elle se détestait d'autant plus ça.
Pourquoi ne pouvait-elle pas être normale ? Posséder un corps normal ? Elle se détestait, elle se haïssait pour cette faiblesse, pour sa faiblesse.
Elle aurait voulu avoir un punching ball, taper dedans, jeter toute sa haine dans ce pauvre sac de sable. Mais non, bien sûr, ça lui était impossible.
Parce que ça lui faisait encore plus mal.
Quand le médecin lui avait dit qu'elle ne pourrait plus faire de sport, elle avait senti sa vie s'effondrer. Son désespoir avait été si grand qu'il avait fini par revenir sur ses paroles, quelques semaines plus tard. Maintenant, elle pouvait toujours participer, à condition qu'elle se stoppe dès l'appartition de la moindre douleur.
Parfois, elle se demandait si ce n'était pas encore pire.
Parce qu'elle était obligé de le dire, quand elle avait mal. Elle était obligée de s'arrêter quand les autres continuaient, d'assister à l'entraînement sur le côté, de regarder les progrès des autres avec de grands yeux déçus. Le pire, c'est qu'elle savait que concrètement, elle pouvait continuer. Tant qu'elle tenait debout et que la souffrance ne la faisait pas se convulser sur le sol, elle pouvait encore agir.
Elle l'avait fait, une fois.
La douleur avait été si forte qu'elle n'avait pas pu bouger pendant trois jours sans en ressentir des douleurs jusqu'aux larmes.
Maintenant, elle s'arrêtait. Pas dès la première douleur, oh, elle n'était pas encore à ce point. Si elle s'était arrêté pour si peu, elle ne serait jamais revenue sur un terrain de toute sa vie. Mais il y avait toujours un élancement plus fort que les autres, une douleur qui la clouait au sol et contractait tout son visage. Elle se relevait et s'écartait aussi dignement que possible, retenant toutes les larmes de détresse et de frustration qu'elle n'avait jamais pu verser. Et elle se retrouvait sur le côté, déchirée entre la culpabilité de pouvoir continuer encore un peu, encore un tout petit peu, et la volonté de garder son corps en bonne santé.
La plupart du temps, elle arrivait à faire la limite. Elle se stoppait quand la douleur arrivait, revenait quelques heures ou quelques jours plus tard. Mais cette fois, elle n'avait pas pu.
Elle aurait dû. Elle le savait. Mais quand elle avait vu le regard réprobateur du nouveau au loin, quand elle l'avait entendu dire que, comme d'habitude, elle se mettait sur le côté et ne faisait rien, elle avait cédé. Elle avait voulu lui montrer, à cet abruti, qu'elle était bien plus forte que lui et qu'il avait plutôt intérêt à la fermer si il ne voulait pas avoir l'étiquette de "nul" jusqu'à la fin de son séjour ici.
Elle lui avait peut-être prouvé. Une fois.
Mais maintenant que l'adrénaline était repartie, maintenant qu'elle se retrouvait seule, elle se demandait si elle avait réellement bien fait.
Elle ne regrettait pas - oh, non, loin de là. Il s'était prit la raclée de sa vie et cela avait été bien mérité. Mais elle se demandait si cela avait vraiment servi à quelque chose.
Parce que lui, le nouveau dirait sûrement dans quelques temps que c'était un coup de chance. Et elle, une fois de plus, s'était ruinée le corps, ne pourrait plus faire de sport pendant de longues semaines, et allait stagner au même niveau - si elle ne régressait pas.
Ce qu'elle détestait vraiment, c'était cette frustration qu'elle ne parvenait pas à calmer. Elle aurait voulu taper dans quelque chose, crier sa haine, mais elle ne pouvait pas. Ça lui était impossible, dans son état, et ça aurait été totalement stupide. Elle entendait déjà son corps craquer, ses muscles protester.
Et cela l'effrayait.
Parce qu'au fond, c'était ça, sa plus grande peur. Qu'elle ne soit pas à la hauteur. Qu'on la remplace. Qu'on l'oublie définitivement. Elle ne voulait pas être un simple rouage dans la machine, un chiffre de plus dans leurs statistiques. Elle ne voulait pas que les gens tournent la tête vers elle, la désignent comme une énième concurrente, une énième ratée.
Elle aurait voulu une destinée éclatante, bouleversante. Cela l'importait peu, d'être une étoile filante, tant qu'elle brillait dans les cieux et embrasait la galaxie. Elle préférait mille fois vivre une existence courte et auréolée de bonté plutôt qu'une longue vie dénuée de sens. Elle voulait inspirer des gens. Les aider, leur venir en aide.
Mais pour cela, elle avait besoin d'être forte.
Et elle savait qu'elle n'y parviendrait jamais.
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