Urine qui claque la bruine en flaque

Quoicoucou mes vraies hommes !! :3 Attention, cet OS contient des descriptions brèves et peu détaillées d'idées morbides. Rien de terriblement gore, mais un homme averti vaut mieux que deux tu l'auras. Bonne lecture mes vraies hommes...

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Lorsque Junmyeon sort de chez lui ce matin-là, une bruine furieuse s'abat sur la ville. Le ciel est gris, rendu quasiment impossible à fixer par les gouttelettes qui fusent à toute vitesse et le sillonnent sans douceur. Le cœur un peu alourdi, il sort son parapluie et entame son trajet quotidien avec un soupir à fendre l'âme.

Junmyeon n'aime pas la pluie. Plus que cela, même : il la déteste. Elle a le don de faire craquer certains de ses os avec une douleur proprement pénible et inconfortable, suffisamment bénigne pour ne pas réellement aggraver son état de santé mais suffisamment agaçante pour plomber son moral au moins pour la journée. La bruine, qui plus est, claque et l'empêche de voir clairement au-delà de cinq mètres devant lui. Cela n'a en soi rien d'extrêmement dangereux. Le parcours qu'il emprunte chaque matin a beau être répétitif, il demeure pour autant un homme prudent.

Seulement, ce n'est pas la crainte de bousculer quelqu'un ou de manquer de se faire écraser par une voiture qui le met si mal à l'aise. C'est un sentiment tout autre, quelque chose qu'il ne parvient pas réellement à nommer, mais qui se glisse sous son manteau en une intuition dérangeante. Au coin d'une ruelle, un frisson parcourt son bras gauche. Il le frotte avec ferveur, tentant d'annihiler la sensation désagréable, et jette un regard inquiet entre les deux bennes à ordures qu'il vient de dépasser. Rien. Junmyeon reprend sa route, la mâchoire contractée.

Quelques secondes plus tard, arrêté à un passage piéton, c'est sa jambe droite qui est prise d'un spasme léger. Il discerne à peine la lueur du feu rouge à travers la bruine, et entend seulement le ronronnement lointain d'une moto. Quand le minuscule point lumineux passe du rouge au vert, en face de lui, il serre les poings et s'avance. Alors émerge de la bruine une longue silhouette grise, le dépassant de presque deux têtes. Les jambes de l'homme qui se dirige vers lui sont anormalement longues, et pourtant il se déplace dans une lenteur à glacer le sang. Junmyeon le fixe alors qu'il semble foncer droit sur lui, comme s'il allait lui passer à travers. Au moment où ils ne sont plus séparés que d'un mètre, l'homme se rabat sur le côté. Junmyeon a le temps de remarquer, sous sa capuche, deux yeux clairs, figés sur un point derrière lui.

Ce n'est qu'une fois l'homme hors de son champ de vision qu'il se rend compte qu'il s'est arrêté au milieu de la route. Un nouveau frisson lui parcourt le dos, alors qu'il se retient de tourner la tête pour vérifier qu'il n'y a pas quelqu'un derrière lui. Ou quelque chose. Ses ongles s'enfoncent dans ses paumes alors qu'il se hâte de traverser le passage piéton. S'il ne regarde pas, ça n'existe pas.

Il se dit que c'est un peu puéril comme façon de penser, mais son éclair de lucidité est de courte durée. Une étrange sensation lui caresse la nuque, comme si quelque chose voulait sortir de son corps. Il fronce un peu plus les sourcils et s'étire les épaules dans un mouvement trop précipité pour réellement le soulager. Il le sait bien au fond, l'étirement n'a pas visée à détendre ses muscles. C'est son esprit qu'il essaie d'apaiser, parce que de toute évidence Junmyeon n'est pas réellement suivi.

Ou peut-être que si.

Il a beau essayer de ne pas y faire attention, il ne peut s'empêcher de porter une attention toute particulière aux divers bruits de pas qui vont et viennent autour de lui. Il a la saisissante impression qu'une paire de chaussures suit le même chemin que lui. Depuis quand ? Aucune idée. Plus les secondes passent, moins il se souvient du moment où il a commencé à ressentir la présence. Peut-être depuis le monsieur aux yeux clairs, peut-être un peu avant ça. Peut-être depuis qu'il est sorti de chez lui. Aucune idée ; il est à la fois étrangement obsédé par l'idée de se souvenir et trop préoccupé par les pas presque parfaitement synchronisés avec les siens pour y réfléchir clairement.

Junmyeon le sait, il n'y a qu'une fois arrivé à destination qu'il se sentira en sécurité. L'inquiétude qui le prend doucement aux tripes est grandissante, il accélère le pas. Il concentre ses pensées sur le bureau, là-bas personne ne pourra le suivre, il sera à l'abri. Son changement de rythme rend les pas derrière lui encore plus audibles. Qui sait si la personne derrière lui n'a pas entre les mains une machette aiguisée, prête à lui trancher la gorge ? Il peut discerner le bruit d'un drôle de grattement continu, sur le sol, peut-être son poursuivant porte-t-il une hache à bout de bras, parée à s'enfoncer dans son crâne...

D'un autre côté, il essaie de se raisonner, qui pourrait bien vouloir le suivre ? Son lieu de travail n'est un secret pour personne de son entourage, non pas qu'il ait beaucoup d'amis, mais l'adresse des locaux de son entreprise est une information publique. Et puis, qu'a-t-il bien pu faire pour s'attirer une pareille attention ? À moins qu'il ne s'agisse d'un voisin un peu dérangé, qui n'apprécie pas qu'il joue du violon à vingt heures passées... Mais tout de même, ça n'arrive pas souvent... Ou bien, un collègue jaloux qui espérerait lui voler son poste après l'avoir violemment dépecé dans une rue sombre ? Peut-être est-ce parce qu'il a déjeuné avec une de ses collègues mariées, et son conjoint croyant à un adultère cherche la vengeance ? Mérite-t-il donc une fin si atroce, pour une erreur si infime ?

Il lui semble que non, mais après tout, les personnes dérangées ont un sens de la morale particulier. Il est loin d'être un professionnel, mais sa sœur, elle, travaille dans un hôpital psychiatrique. Il a plus d'une fois eu vent des comportements peu orthodoxes que peuvent parfois avoir les personnes atteintes de troubles sévères. L'unique pensée qu'il y accorde fait courir un nouveau frisson le long de sa colonne vertébrale. Et soudain, il a une illumination.

Il se raidit alors qu'il est contraint de s'arrêter devant un nouveau passage piéton. Il est certainement suivi par un ancien patient de sa sœur. Peut-être que ce dernier a mal vécu son séjour à l'hôpital et qu'il en veut beaucoup au personnel, et surtout à sa sœur. Ça lui semble absurde pourtant ; il ne connaît personne de plus doux et apaisant qu'elle, personne de plus qualifié pour la fonction qu'elle occupe. Mais Junmyeon se rappelle à l'ordre : les personnes malades ne pensent pas comme la plupart des gens, et encore moins comme lui. Alors voilà, il aurait suffi d'un seul geste déplacé pour que l'individu se sente profondément blessé. Après sa sortie de l'hôpital, le patient a sûrement fait ses recherches, assoiffé de vengeance. Peut-être qu'il a déjà trouvé sa sœur et qu'elle est enfermée quelque part, dans la cave d'un psychopathe qui n'a rien à faire en liberté. Ou peut-être que ce dernier cherche plutôt à d'abord lui mettre la main dessus dans l'idée de faire chanter sa sœur par la suite. Au sens propre ou au sens figuré, il n'en sait rien. Sa sœur a une très belle voix après tout, et a toujours su animer leurs diverses soirées karaoké. Peut-être bien qu'en réalité, le fou a développé une obsession maladive pour elle. Peut-être qu'il veut kidnapper Junmyeon dans l'espoir de l'avoir à sa merci et lui faire subir tout un tas d'horreurs qu'il n'ose même pas imaginer.

Le feu passe au vert. Il déglutit difficilement. D'un geste crispé et d'une lenteur sans égale, il plonge sa main dans sa poche. Il agrippe son smartphone, tente d'être le plus discret possible en le sortant. Le contact de sa sœur s'affiche en haut de la liste, il s'empresse de lui envoyer un message :

"Hey, tu vas bien ?"

Ses doigts restent fermement accrochés à l'appareil lorsqu'il le glisse de nouveau dans sa poche. S'il veut être prêt à se défendre en cas d'agression, il ferait peut-être mieux de garder ses mains libres. D'un autre côté, il n'est pas très fort, alors garder son téléphone dans sa main lui garantit au moins de pouvoir appeler rapidement les secours. Mais en cas de tentative de meurtre, la police n'aurait pas le temps de dire ouf qu'il serait déjà effondré au sol dans une marre de son propre sang. Incapable de se décider, Junmyeon sort finalement sa main de sa poche et se cramponne à son téléphone à travers le tissus. La position lui donne la démarche d'un manchot, mais la distance qui le sépare de son lieu de travail ne s'exprime plus qu'en dizaines de mètres, et de toute façon, le ridicule ne tue pas, contrairement aux psychopathes.

Au loin, il commence doucement à apercevoir l'arrêt de bus en face des bureaux. Un soupir de soulagement s'échappe d'entre ses lèvres. Mais le bruit de quelqu'un - le psychopathe - s'enfonçant malencontreusement dans une flaque d'eau coupe court à son maigre espoir. Il est peut-être bientôt arrivé, mais le fou est toujours derrière lui et surtout, sa sœur ne lui a toujours pas répondu. Bureau ou non, Junmyeon ne se sentira en sécurité que quand il la saura également en lieu sûr. Sans aucune réponse de sa part, tout est possible. Le pire surtout.

Il essaie de ne pas presser le pas, de conserver sa démarche habituelle pour ne pas trahir son discernement. Mais c'est plus fort que lui, lorsque derrière le rideau de bruine se dessine enfin l'infrastructure dans laquelle il travaille, la vitesse de sa marche augmente. Il se dit qu'à défaut de paraître suspect aux yeux du fou, ce dernier prendrait un risque considérable en l'attaquant aux portes des locaux. Il y aura forcément quelques personnes pour voir l'horrible scène arriver devant leurs yeux et appeler les secours avant qu'il n'ait pu rendre l'âme. Junmyeon se dit que s'il doit mourir, il veut au moins que sa fin tragique ait servi à mettre sous les barreaux un individu dangereux

Son angoisse grimpe en flèche à l'entente des pas derrière lui accélérant également leur cadence. Le doute n'a plus sa place ; il est suivi, et il est en danger. La prise qu'il a toujours sur son téléphone à travers les couches de tissus rend ses mouvements inefficaces, alors il décide à contrecœur de ne plus s'y accrocher à l'effet de devancer le fou en sprintant vers les portes vitrées.

Les chaussures du psychopathe claquent contre le bitume et semblent déjà au niveau de Junmyeon lorsque celui-ci décèle enfin une silhouette rassurante.

"Monsieur Kim ! s'exclame Sehun, son stagiaire depuis un petit mois. Faites attention, il y a..."

Junmyeon n'a pas besoin que Sehun termine sa phrase, il sait pertinemment ce qui se trouve derrière lui. Il s'apprête lui aussi à le mettre en garde contre le fou lorsqu'un puissant bruit de moteur retentit tout près de lui. Pris d'un sursaut, il se fige après avoir à son tour plongé ses pieds dans une flaque. Comme sonné, il ne parvient à reprendre ses esprits qu'une fois Sehun arrivé à son niveau.

"Monsieur Kim, désolé, j'aurais dû vous prévenir à temps."

Junmyeon fronce à nouveau les sourcils qu'il avait haussé à cause de la surprise.

Sehun, le prévenir ? De quoi ? Du psychopathe ? Il était au courant ?

Soudain, deux évidences le frappent.

D'une, les bruits de pas ont disparu. De deux, il a les deux pieds plongés dans ce qui semble être une flaque d'urine.

La seconde d'après, son téléphone vibre enfin. Il le porte à ses yeux à une vitesse fulgurante. Le contact de sa sœur s'affiche à nouveau sur son écran.

"Oui, aucun problème."

"Et toi ? quelque chose ne va pas ? "

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