Les deux berlines noires arrivèrent devant l'un des plus chics hôtels de Séoul. Monsieur Kim descendit de la première voiture, lissant ses cheveux gominés, et Taehyung suivit, ajustant sa cravate qui lui serrait la gorge. Il passa rapidement sa langue sur ses lèvres, et emboita le pas de son père, entouré par Seo-Joon et Hyung-Sik pour lui, et de quatre autres hommes pour son père.

Le groupe entra dans le hall de l'hôtel, et sans se soucier de la vie qui pouvait s'y dérouler, prit la direction des ascenseurs. Tous s'engouffrèrent dans le petit habitacle de fer, les deux hommes Kim au centre, côte à côte. Comme à son habitude, Taehyung avait les mains jointes devant lui, et baissait la tête, regardant ses pieds. Daek-Jae, lui, relevait fièrement le menton.

— Qui était ce garçon ?

Taehyung releva la tête, sentant ses joues le brûler.

— Un garçon ? Quel garçon ?

Monsieur Kim fixait droit devant lui sans ciller ou montrer une quelconque faiblesse. Cet homme ne paraissait pas humain. Il ne semblait jamais douter, il connaissait tous les secrets de tout le monde, et jamais il n'avait le moindre sentiment ou sensibilité à l'égard d'un tiers.

— Ne me prends pas pour un imbécile, Taehyung. Je parle du garçon qui attendait devant le manoir... celui avec qui tu as parlé.

— Oh lui... feignit l'héritier. Il cherchait son chemin.

— Il me semblait que ces derniers jours, tu étais plus sérieux dans ton travail... plus engagé à travailler à mes côtés. Mais j'ai dû me trom-

— Si ! Si, bien sûr que je le suis, Père ! contra Taehyung.

— Je ne t'ai pas autorisé à me couper la parole !! cria-t-il avec un visage haineux.

Taehyung baissa de nouveau les yeux, et resta silencieux.

— Je saurais ce qui se trame, sois-en sûr ! Et j'espère que tu n'es mêlé à rien qui le concerne ! Nous n'avons que faire de ce genre d'individus, tu le sais ! Nous sommes des Kim ! Nous sommes l'élite ! Et jamais nous ne nous mélangeons aux autres !

— Oui, Père...

L'ascenseur s'ouvrit, et les deux hommes ainsi que leur escorte, longèrent le couloir jusqu'à une énorme salle de réunion. Monsieur Kim attrapa le bras de son fils avant d'entrer et murmura :

— Aujourd'hui, installe-toi à ma droite, en bout de table. Nous allons discuter en groupe restreint. Il n'y a pas d'investisseurs, ou de gros clients. Uniquement les directeurs de filiales. Il faut qu'on règle un certain problème avec l'une de nos agences d'assurance qui se trouve à Busan. Je dois prendre une décision, et j'ai besoin uniquement de notre famille, et de mes conseillers. Cette réunion, Taehyung... tu en auras souvent si tu reprends ma place, alors écoute et sois attentif.

Une boule se forma dans la gorge de l'héritier lorsqu'il comprit que l'agence dont parlait son père était celle de monsieur Jeon, le père de Jungkook. Il espérait sincèrement que le gamin serait rentré à la résidence, et qu'il ne serait plus devant les grilles du manoir. Taehyung ne s'était jamais préoccupé de personne, seulement de lui. Et peu lui importait que le courroux de son père s'abatte sur quelqu'un, tant que ce n'était pas lui. Pourtant aujourd'hui, il savait que Jungkook n'avait rien à voir dans cette affaire, et que s'il tombait dans les filets de la famille Kim, il y avait peu de chances qu'ils s'en tirent indemnes, lui et son père.

Monsieur Kim entra dans la pièce, les dirigeants s'inclinant respectueusement sur son passage. Il s'installa en bout de table, afin de dominer l'assistance, et Taehyung prit place à ses côtés. Parmi les membres présents, il remarqua Jin aux côtés de son père. Son cousin était élégant. Il portait un costume couleur sable de chez Armani, ainsi qu'une chemise ivoire. Lui n'avait pas de cravate et sa chemise était ouverte sur son cou, où reposait une chaine en argent. Il portait des mocassins marron, et il paraissait sérieux et digne.

SeokJin n'avait pas besoin de cravate pour dégager une certaine prestance, pensa Taehyung. Son charme opérait naturellement. Derrière, un peu plus loin, Namjoon était également présent aux côtés de son père. Le plus sérieux des cousins Kim avait en charge une filiale, malgré son jeune âge. Taehyung savait que lui aussi pourrait être à la tête de l'une d'entre elles. La seule raison qui faisait que ce n'était pas le cas, c'était sa médiocrité. Son père ne le laisserait jamais diriger tant qu'il ne se montrerait pas à la hauteur. Namjoon était lui aussi très élégant. Il portait un smoking bleu marine ainsi qu'une chemise blanche et une cravate dans les mêmes tons que son smoking. Ses cheveux étaient coiffés vers l'arrière, et rien qu'en regardant Namjoon dans les yeux, vous saviez qu'il ne plaisantait pas, et à quel point il fallait obéir. Pour ça, on aurait dit que son cousin tenait de Daek-Jae. D'ailleurs, monsieur Kim était très fier de Namjoon.

— Bonjour à tous... si nous sommes ici ce matin en comité restreint, c'est parce que je veux aborder avec vous un problème qu'il nous faut résoudre en famille. En effet, nous avons un problème avec l'agence Samsung Life Insurance de Busan, qui gère une partie de nos dossiers d'assurance, notamment pour la filiale qui représente le cœur de notre activité, l'agroalimentaire...

Taehyung se raidit sur sa chaise. Qu'est-ce qui allait arriver à cet homme ? Et pourquoi ça lui importait ? Jamais il ne s'était posé de question sur ce que faisait son père aux personnes qui lui barraient la route. Il se doutait bien qu'il avait ruiné la vie de pas mal de personnes. Il les menaçait, envoyait ses sbires les tabasser quelques fois, et il savait que même s'il n'en avait jamais directement entendu parler, son père avait également pris la vie de certaines personnes. Pas lui directement, mais ses hommes. Il ne pouvait pas dire que ça ne lui importait pas. Mais il faisait partie d'un tout bien trop grand pour pouvoir essayer de se dresser contre son père. S'il avait eu la prestance de Jin, ou l'intelligence de Namjoon, il aurait peut-être pu en toucher deux mots à son père, essayer de faire bouger les choses, mais il n'en était rien.

Une famille Chaebol, ce n'était pas une société comme les autres. C'était un empire, une dynastie. Un destin tragique auquel vous ne pouviez pas échapper. Taehyung ne tentait rien parce qu'il savait que malgré tout le pouvoir qu'il détenait, il n'en avait pas les moyens. En réalité, si de l'extérieur il passait pour un type insensible, froid, manipulateur et très puissant, son pouvoir était en réalité cadenassé. Il était là, comme un compte en banque auquel vous n'aviez pas l'accès. Il ne pouvait pas s'en servir, ou très rarement. Il avait pris l'habitude d'exercer le peu de pouvoir qu'il avait sur les gens qui lui étaient inférieurs. Les filles qui lui couraient systématiquement après, où encore sur Seo-Joon et Hyung-Sik qui lui obéissaient au doigt et à l'œil. Parfois, il avait un petit ascendant sur Jin et Namjoon, mais uniquement parce qu'il était héritier et que les deux autres le considéraient un peu comme leur leader en devenir.

Taehyung était partagé en deux. Une partie de lui désirait férocement s'échapper de ce quotidien dans lequel il était bien trop bridé. Il rêvait de partir seul, juste avec le strict nécessaire, de pouvoir monter en haut de ces montagnes qui dominaient Séoul, et d'observer les étoiles. Sans que personne ne puisse lui reprocher de ne pas avoir mis de cravate, de ne pas être à l'heure, ou encore de ne pas avoir été assez brillant. Mais une autre facette du jeune homme voulait se soumettre à ce destin qui se présentait à lui. Il voulait en être digne, faire honneur à sa famille. Pas seulement à son père, mais aussi à Jin et Namjoon, et aux directeurs des filiales. Il voulait qu'on le regarde avec admiration, et qu'on le traite avec respect. Il voulait asseoir son autorité avec la même assurance que son père, et avoir le monde à ses pieds.

Mais quelle facette de Kim Taehyung gagnerait face à l'autre ? Quelle partie de lui s'éteindrait lorsqu'il deviendrait un homme capable de diriger l'un des plus grands groupes financiers du pays ?

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Jungkook avait décidé de patienter. Nous étions le treize février. Et il ne restait que deux jours avant que son père ne doive délivrer une importante somme d'argent à la famille Kim. Il ne savait pas combien, mais il savait que son père n'avait pas l'argent que réclamait cette famille, quel qu'en soit le montant. La seule solution était de faire appel aux dirigeants de Samsung Life Insurance, et ça, Eung-Soo s'y refusait. Il ne voulait pas perdre son emploi. À son âge, il lui serait difficile de retrouver du travail, surtout dans le milieu et après être passé à la moulinette par les Kim. Sa réputation serait entachée, et jamais plus il ne pourrait trouver un autre emploi. Jungkook devait convaincre monsieur Kim de régler ce problème directement avec l'homme à la tête de la compagnie et pas avec un directeur d'agence.

C'est pour ça qu'il attendait devant la demeure de la maison Kim, patientant jusqu'au retour de Daek-Jae. Alors qu'il tentait de réchauffer ses mains en soufflant dessus, les frottant l'une contre l'autre, deux berlines noires apparurent au fond de la rue. Jungkook ouvrit de grands yeux. C'était maintenant, il devait se faire remarquer par monsieur Kim, et qu'il lui permette d'entrer dans le manoir pour avoir une discussion avec lui.

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Taehyung consultait ses e-mails depuis son portable à l'arrière de l'Audi qui arrivait au manoir. Il releva la tête lorsqu'il aperçut Jungkook se tenir devant le portail. La voiture devant lui s'arrêta, et Taehyung colla son visage à la vitre pour voir ce qui se déroulait dehors. Apparemment, Jungkook empêchait la voiture de monsieur Kim d'accéder à la propriété. Il faisait de grands gestes et tentait d'attirer l'attention. Rapidement, un des hommes de la sécurité l'attrapa sous les bras et le tira plus loin pour dégager le passage. Mais le gamin se débattit dans tous les sens tant et si bien qu'un deuxième homme dû venir en aide au premier pour le maîtriser.

Taehyung sentit son rythme cardiaque s'accélérer, et lorsque la voiture dans laquelle il était passa devant Jungkook, il constata que les deux hommes l'avaient emmené sur le bas-côté, et qu'ils étaient en train de le frapper. Taehyung ouvrit la portière, sortit du véhicule, et s'avança vers les trois hommes.

— Taehyung !!! Monsieur Kim !!!! cria Seo-Joon.

Mais le châtain pressait déjà le pas vers les hommes de la sécurité, et en attrapa un par le bras.

— Arrêtez ça tout de suite !

— Ce garçon a tenté de rentrer dans la propriété, les ordres de votre père sont clairs !

— Il est ordonné de maîtriser le sujet, pas de le tuer ! Lâchez-le !

Jungkook était au sol, la lèvre fendue, se tenant douloureusement les côtes. Les deux hommes arrêtèrent et se courbèrent devant l'héritier, puis s'éloignèrent. L'Audi attendait toujours, porte ouverte, alors que Hyung-Sik attrapait le bras de Taehyung.

— Monsieur... s'il vous plaît...

L'héritier lança un regard à son garde du corps, puis ses yeux se posèrent à nouveau sur le gamin blessé qui était encore sur le sol. Il ferma les yeux un instant et passa sa langue sur ses lèvres, avant de tendre la main à Jungkook. Celui-ci la saisit et se releva, époussetant de ses mains son pantalon mouillé et sale.

— Je t'ai dit de déguerpir ! Qu'est-ce que tu ne comprends pas ?!

— Je veux parler à ton père !

— Ta cause est vaine, Jeon !!! N'insiste pas ! Ou tu le regretteras !

Jungkook s'avança vers lui de manière à ce que leurs visages soient tout prêts, et cracha, à demi essoufflé :

— Je ne renoncerais pas ! C'est mon père ! Il est hors de question qu'il paye parce que votre famille utilise l'abus de pouvoir !

Taehyung arqua les sourcils vers le bas. Il était à la fois impressionné par la ténacité du plus jeune, mais aussi désespéré de voir qu'il était perdu. Monsieur Kim l'anéantirait, comme son père et le reste de sa famille. Jungkook ne savait clairement pas où il mettait les pieds. Il ne comprenait pas que sa vie allait être ruinée. Il était à la SNU et ne semblait pas faire partie des familles riches de Séoul, alors il avait certainement obtenu une bourse.

Taehyung savait que seuls les étudiants qui excellaient obtenaient ce genre d'aide financière. Ils étaient des centaines à attendre cette chance. Jungkook devait être un des meilleurs étudiants du pays pour avoir bénéficié de cette bourse. Alors il trouvait ça dommage qu'il gâche cette chance en se mettant en travers de son chemin. Mais il l'avait prévenu. Il avait été clément, pour une fois. Peut-être parce que Jungkook avait vraiment l'air d'un gentil gamin. Pourtant, Taehyung ne pouvait rien faire de plus. C'était le choix de Jungkook. Tant pis pour lui s'il ne comprenait pas qu'il risquait gros, il ne pouvait rien faire de plus pour l'aider.

— Je t'aurais prévenu, Jeon...

— Monsieur... insista Hyung-Sik qui s'impatientait.

— Tu ne m'intéresses pas, Taehyung ! C'est ton père que je veux rencontrer... alors, rends-toi utile et va le chercher.

L'héritier serra les poings face à l'insolence de son adversaire, et argua :

— Tu ne mérites pas mon aide, débrouille-toi tout seul.

Sur ces paroles, il fit demi-tour, escorté par son garde du corps, et remonta en voiture pour finalement arriver au manoir. En entrant dans le hall, la voix de son père résonna comme un sabre fendant l'air.

— Taehyung !

Le jeune homme fit claquer ses talons jusque dans le bureau attenant.

— Oui, Père ?

— Qui était ce garçon avec qui tu parlais ?

— Personne... un garçon de la SNU.

— Que voulait-il ?

— Je... j'ai pris un de ses manuels de commerce. Il voulait le récupérer.

Monsieur Kim haussa un sourcil, puis se racla la gorge.

— Tu sais, Taehyung... tu m'as toujours systématiquement déçu... j'ai toujours eu espoir que tu me rendes fier, que tu évolues, comme l'ont fait Jin et Namjoon. Mais je dois avouer qu'il te manque une qualité.

Son fils baissa les yeux et joignit ses mains devant lui, comme chaque fois. Chaque fois qu'il se faisait sermonner, encore et encore. Il avait parfois l'impression d'être dans une boucle sans fin. Monsieur Kim se tenait devant lui, à un mètre à peine.

— Tu es un très mauvais menteur, Taehyung.

Sa main fendit l'air, et vint s'abattre sur la joue de son fils. Son visage fut projeté sur la droite et ses yeux s'imbibèrent de larmes sous les picotements.

— Je connais l'être humain. Et ce gamin n'est pas venu pour un livre... il n'a pas mis toute cette énergie à m'empêcher de passer pour un stupide bouquin ! Alors, dis-moi la vérité !

Taehyung sentait son cœur courir dans sa poitrine, et son torse se soulever plus rapidement que d'ordinaire. Il releva la tête et son regard s'ancra dans celui de son père. C'était rare que le garçon défi monsieur Kim des yeux. Mais aujourd'hui était un jour particulier. Il s'apprêtait à livrer un innocent, à participer à son massacre et à celui de sa famille. Alors Taehyung n'avait d'autre choix que d'assumer, pour la dynastie, pour les Kim.

— Il s'agit de Jeon Jungkook. Il est le fils de Eung-Soo Jeon, directeur de l'agence Samsung Life Insurance de Busan. Et il veut vous rencontrer pour plaider la cause de son père...

[]

Jungkook était rentré à la résidence universitaire totalement dépité. Il n'avait pas pu rencontrer monsieur Kim. Il n'avait pas pensé qu'il serait si compliqué d'aborder l'homme. Il savait que les Chaebols étaient protégés, mais pas à ce point. Alors qu'il s'apprêtait à ôter ses vêtements, quelqu'un frappa à sa porte.

Hoseok se tenait là, une mine inquiète collée au visage. Jungkook s'en voulait d'avoir chassé le merveilleux sourire de son ami.

— Kook, est-ce que ça va ? Tu es parti si précipitamment tout à l'heure...

— Excuse-moi, hyung.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? Pourquoi tu es tout sale comme ça ?

— Je... j'ai voulu revenir ici chercher mon livre, mais je suis tombé, et j-

— C'est pour ça que t'as la lèvre fendue ?

— Euh, oui... murmura Jungkook en passant son doigt sur sa lèvre.

Hoseok se glissa à l'intérieur de la chambre, et Jungkook referma la porte derrière lui.

— Tu veux qu'on aille déjeuner ?

— Oui, OK. Laisse-moi le temps de prendre une douche et de me changer.

Hoseok acquiesça, et le plus jeune entra dans la salle de bain. Une fois prêt, il enfila des vêtements larges et confortables, et désinfecta sa lèvre. Il rejoignit ensuite Hoseok, et tous les deux quittèrent la résidence pour rejoindre Jimin à la cafétéria.

Ils s'installèrent avec leur repas tout prêt sur une des tables, et commencèrent à manger.

— Tu pourras me filer les cours que j'ai ratés ? demanda timidement Jungkook.

— Oui, bien sûr, affirma l'autre.

— Dis, hyung...

— Oui ?

— Je me demandais... si tu en savais un peu plus sur la famille Kim... tu sais, les Chaebols dont tu me parlais la dernière fois ?

Hoseok fronça les sourcils.

— Pourquoi tu veux savoir ça ?

— J'en sais rien, je dois avoir un côté curieux de ce genre de célébrités... mentit-il en avalant une cuillère de riz.

— Hey, salut les gars ! héla Jimin.

— Salut Jimin !

— Salut hyung.

— J'en sais rien, poursuivit Hoseok. J'ai appris qu'il étudiait ici quand je suis passé à la bibliothèque avant la rentrée. J'ai surpris une conversation entre deux filles. J'avais déjà entendu parler de lui à la télé, comme tout le monde.

— Et toi, Minie ? demanda Jungkook. Tu le voyais l'an dernier ?

— Qui ça, Kim ? Hmm... oui, je l'ai croisé deux ou trois fois... je sais qu'il doit reprendre le groupe Lotte... vu qu'il est fils unique et héritier direct. Mais c'est tout. Ah, si ! Il a deux cousins... deux mecs qui sont aussi en cours ici. Mais ils sont moins populaires... et ils ont aussi des chiens de garde qui les suivent partout.

— Ça, c'est vrai ! poursuivit Hoseok. J'ai vu une fille essayer de parler à l'un d'eux une fois, et le mec qui le suit partout... il a attrapé la fille par le bras et l'a dégagé assez vite de son périmètre. Personne ne peut les approcher ces gens-là ! dit-il en écaillant un œuf dur.

— Je crois que c'est mieux comme ça, ajouta Jimin. Ces gens ne sont pas fiables, et ils sont dangereux. Toute leur existence pue la magouille. Ils ne sont pas du même monde que nous...

Jungkook écoutait avec attention ses aînés, se demandant comment retourner au manoir et arriver à rencontrer monsieur Kim. Parce qu'il n'allait pas renoncer, ça non.

Le soir, Jungkook était attablé à son bureau dans sa petite chambre d'étudiant. Ses écouteurs enfoncés dans ses oreilles, il rattrapait les cours qu'il avait ratés dans la matinée, et s'avançait sur ses nombreux devoirs. Vers minuit, il bâilla, sentant la fatigue l'envahir, et se frotta les yeux. Puis il alla se brosser les dents et enfila soigneusement de quoi dormir chaudement, puis se glissa sous les couvertures, ses écouteurs toujours dans ses oreilles. Ici, les murs étaient fins, et Jungkook avait constaté qu'il était plus agréable de s'endormir avec un peu de musique qu'en entendant les ébats de ses voisins ou le bruit des fêtes qui se déroulaient un peu partout à l'étage.

Jungkook ne saurait dire vers quelle heure ça s'est passé. Lorsqu'endormi dans un profond sommeil, il sentit une main puissante s'abattre sur sa bouche, et des mains saisir ses membres pour l'empêcher de bouger. Il tenta de crier, mais la main bloquait le son de sa voix. La musique se jouait toujours dans ses oreilles, et se débattant de toutes ses forces, il fut maitrisé, soulevé, et ses poignets furent attachés dans son dos à l'aide de menottes.

Il faisait nuit noire, et il ne put rien distinguer dans l'obscurité. Un objet froid et métallique fut apposé contre sa nuque, et son coeur s'emballa.

— Chuuuuuuuut... chuchota une voix. Il ne te sera fait aucun mal. Mais pour ça, tu dois nous écouter, c'est clair ?

Jungkook hocha la tête de haut en bas.

— Tu vas nous suivre, sans crier, sans parler, sans faire un bruit. Si tu tentes de t'enfuir, si tu cries, si tu appelles à l'aide, je te descends. Tu as compris ?

Jungkook hocha de nouveau la tête, la sueur coulant sur ses tempes. Il fut poussé à l'extérieur de la chambre, et put distinguer un homme devant lui. Un autre maintenait ses mains fermement derrière son dos.

L'homme devant avança, tenant le long de son corps, une arme à feu. Le gamin ouvrit de grands yeux apeurés, puis la main lâcha son visage, et le haut de son corps fut poussé vers l'avant pour l'encourager à avancer.

Il avança ses pieds nus sur la moquette du couloir et suivit l'homme jusque dans le hall. À cette heure de la nuit, il n'y avait personne et les couloirs étaient déserts. Après plusieurs contrôles, l'homme qui était en tête fit signe à son acolyte d'avancer, et le gamin fut conduit jusque dans une voiture aux vitres teintées. L'homme derrière lui appuya sur sa tête pour l'inciter à pénétrer à l'intérieur, et il s'échoua sur le siège arrière, l'homme entrant à ses côtés, son arme pointée sur lui.

À cet instant, il avait accès aux visages des deux hommes. Pourquoi ne se cachaient-ils pas ? Les deux hommes n'échangèrent pas un mot, seul celui aux côtés de Jungkook gardait son arme pointée dans sa direction. Celui à l'avant se contentait de conduire. Jungkook mourrait d'envie de poser des tonnes de questions. Pourquoi ? Pourquoi lui ? Où est-ce qu'ils l'emmenaient ? Qu'est-ce qu'il avait fait ? Mais il resta silencieux. Pourtant, c'était loin d'être silencieux dans sa tête. Il entendait son cœur battre jusque dans ses tympans, et il sentait l'adrénaline parcourir ses veines, et sa respiration s'accélérer.

Quelques minutes plus tard, la berline s'arrêta devant les immenses herses du manoir Kim, et entra afin de se garer devant les grandes portes de la propriété. Jungkook ouvrait de grands yeux. Il était à la fois terrorisé d'avoir été enlevé dans son sommeil par les hommes de monsieur Kim, et subjugué par la magnificence de la maison.

Alors qu'il observait les moindres recoins à travers la fenêtre, il fut tiré en arrière et grimaça de douleur, sentant ses poignets meurtris par le métal des menottes. D'où est-ce que cette famille détenait des menottes ? N'y avait-il pas que les forces de l'ordre qui en avaient ?

L'un des hommes qui détenaient Jungkook le poussa vers l'intérieur. Les graviers blancs de l'allée blessèrent ses pieds nus et il avança maladroitement, puis gravit les quelques marches en marbre, afin d'accéder à l'intérieur de la propriété.

Soudain, Jungkook fut pris d'une panique violente.

En règle générale dans les films, les gens qui se faisaient enlever avaient les yeux bandés. Ils ne savaient pas où ils étaient conduits. Et on ne leur rendait la vue que dans un sous-sol sombre avant de les menacer et de les torturer. Or, lui avait tout vu. Les lieux, les visages, le trajet... Il n'y avait qu'une seule raison au fait qu'il ne soit pas utile de lui cacher les choses. Si Jungkook mourait, il ne serait pas en mesure de répéter quoi que soit ! C'était pour ça qu'ils ne lui avaient pas bandé les yeux ni empêché de voir leurs visages !

Les yeux imbibés de larmes, il fut poussé jusque de l'autre côté du hall, puis l'homme le mena jusqu'aux escaliers. Le hall était immense, les plafonds faisaient plusieurs mètres de haut, et des alcôves donnaient accès à d'autres pièces tout aussi gigantesques. Au plafond, un lustre en cristal brillait de mille feux. Les escaliers étaient larges et en marbre beige, recouvert d'un long tapis rouge sombre. Une rampe en fer forgé et de là où il se trouvait, il pouvait distinguer que le corridor à l'étage était bordé par un balcon qui donnait vu sur le hall.

Jungkook fut guidé jusqu'au premier où on le fit pénétrer dans une pièce s'apparentant à un grand bureau. La double porte était en bois foncé recouverte d'une vitre quadrillée et de dorures. Le parquet était en acajou, et les murs, ainsi que le bureau qui trônait au centre semblaient tous en bois foncé type acajou également ou merisier. Le bois installé sur le mur était ciselé et verni. Tout était sombre mais éclairé par de nombreuses appliques le long des murs qui renvoyaient des tons chauds. L'espace faisait très cosy, mais également très luxueux, et reflétait un certain standing. Pourtant, Jungkook s'y sentait tout sauf à l'aise.

L'homme le poussa jusqu'au centre de la pièce, face au bureau où se tenait un homme d'un certain âge. Pas encore très vieux, mais qui renvoyait une certaine assurance. Les yeux de biche de Jungkook balayaient les moindres recoins. L'homme face à lui ne souriait pas et son regard s'attarda sur sa tenue puis sur ses pieds nus. Jungkook recroquevilla ses pieds l'un contre l'autre et tenta de dégager les mèches de cheveux qui lui barraient le visage d'un geste de la tête. Puis l'homme posa ses yeux noirs sur lui.

— Bonjour, Jeon Jungkook.  

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Coucou mes p'tits chats! 🐾

J'espère que vous allez bien! Je suis ravie de vous retrouver pour la suite de Chaebol! 😉

Ça y est, les choses se précisent, et on entre dans le vif du sujet! Les deux prochains chapitres vont être très forts en rebondissements! 😁

J'ai hâte de vous poster la suite!!! 😍

Alors, que pensez-vous qu'il va se passer pour notre petit kookie? 🤨🤔😬 Ça semble mal engagé pour lui...

Je vous dis à la semaine prochaine pour les prochains chapitres! Je vous fait de gros bisous, prenez soin de vous! 😘😘🤸🏻‍♀️

✨Je mets une photo de notre leader d'amour, parce que c'est bientôt Joonie Day ! ✨