- 33 -
Jungkook s'était réveillé ce matin avec une affreuse migraine. Il était de mauvaise humeur, et fatigué. En se levant, il remarqua sur son bureau, une petite boîte rouge, entourée d'un ruban blanc. Posée sous la boîte, une lettre, dans une enveloppe blanche comportant son prénom. Il regarda un instant la boîte, sans la toucher. Est-ce que ça venait de Taehyung ? De qui ça pouvait venir d'autre en même temps ? Il fronça les sourcils, et fit glisser la boîte ainsi que l'enveloppe dans la poubelle de son bureau. Puis il fila sous la douche, et enfila une chemise bleu ciel ouverte sur un t-shirt blanc, un jean bleu, ainsi que des sandales. Il allait encore faire très chaud aujourd'hui, mais heureusement, la fac disposait de climatisation. Il attrapa son sac en bandoulière, et enfila un bob noir, puis sortit dans le couloir. La porte d'à côté s'ouvrit, et Taehyung sortit à son tour. Jungkook se mordit la lèvre jusqu'au sang de devoir supporter la présence de l'héritier.
— Bonjour... le salua-t-il de sa voix grave.
— Bonjour.
Jungkook le contempla rapidement, avant de fuir par les escaliers, et de monter dans la BMW.
Taehyung marcha mollement, comme déjà fatigué de la journée qui allait suivre. Il était vêtu d'un pantalon couleur sable, de sandales noires, d'un t-shirt blanc et d'une veste en jean fermée sur son torse. Seuls les deux derniers boutons de son col étaient restés ouverts. Ses bracelets de couleurs entouraient son poignet fin, et ses cheveux étaient ondulés. Il descendit les escaliers du hall à la suite de Jungkook, et s'engouffra dans l'Audi en le suivant du regard.
Si Jungkook était mal et qu'il souffrait, pour Taehyung, la souffrance était différente. Elle était atroce, terrassante, et accablante. Il s'en voulait atrocement de son comportement durant son anniversaire. Il avait sacrément merdé, et en agissant ainsi, il avait perdu la seule personne qui rendait son existence plus heureuse. Parce que oui, Taehyung s'était rendu compte que Jungkook le rendait heureux. Il respirait la vie. Une vie simple, sans complication, sans dîners mondains, sans hypocrisie. Jungkook était simple, et bienveillant. Il l'avait aimé de toute son âme, et lui, il avait marché dessus, broyant son cœur au passage.
Taehyung ne s'en voulait pas, il se haïssait. Il se détestait d'avoir fait vivre ça à son petit cœur, et il savait que rien, aucun geste, ni aucune parole ne pourrait rattraper ce qu'il avait fait. Alors il avait accepté. Il avait accepté que Jungkook le déteste, peut-être parce que c'était plus simple s'il l'avait en horreur. Il ne savait pas si un jour il serait possible que leur relation ne revienne à de valeurs plus douces, ni s'il reverrait de sitôt son sourire.
Durant le trajet, Seo-Joon lança des regards compatissants à Taehyung, qui lui repensait au sourire de Jungkook. À ses lèvres roses et douces, qui s'étiraient de manière à former un magnifique sourire. Quand Jungkook souriait, le monde souriait avec lui, et il n'y avait rien de plus beau. Taehyung pensa à cette façon dont il avait de froncer son nez lorsqu'il était content. À la manière dont il le regardait, de ses grands yeux brillants et innocents. Il s'en voulait tellement d'avoir entaché ça. D'avoir touché à son innocence en manquant de le préserver correctement. Mais que croyait-il ? Que son milieu allait épargner le gamin ? Qu'il s'en sortirait indemne ? Putain, il aurait donné n'importe quoi pour revenir en arrière, pour le voir sourire encore une fois. Il en serait malade le reste de sa vie, mais il devait accepter. Il devait le laisser faire ses propres choix, et ne pas le contraindre à lui pardonner. Parce qu'il n'aurait pensé qu'à lui dans ce cas. Et Taehyung voulait en premier lieu que Jungkook soit heureux, peu importe que lui ne le soit pas.
En arrivant à l'Université, les deux véhicules se garèrent l'un derrière l'autre, et très rapidement, Jungkook monta les marches du bâtiment principal, puis retrouva Hoseok et Jimin. Taehyung jeta un œil au trio, sans que Jungkook ne lui accorde aucun regard.
— Monsieur...
L'héritier tourna la tête vers Seo-Joon, décontenancé.
— Votre père veut vous voir en rentrant, vous et monsieur Jeon.
Les yeux de Taehyung s'écarquillèrent, et son cœur rata un battement. Quoi, qu'avait-il fait encore ? Quelle nouvelle catastrophe allait de nouveau lui tomber dessus ?
— Très bien, merci, dit-il en s'éloignant.
La matinée fut morose. Il ne parvint à aucun moment à se focaliser sur ses cours, et décrocha complètement en fin de matinée. À l'heure du déjeuner, il se rendit à la cafétéria et fit la queue derrière une trentaine d'étudiants. Seo-Joon le regarda bizarrement.
— Monsieur... pourquoi restez-vous ici ? Vous pouvez directement vous servir, vo–
— Parce que je suis un Kim ?! Parce que j'ai le droit ? Le droit de quoi d'ailleurs ?! D'être supérieur aux autres parce que je suis né dans cette putain de famille ?!
— Monsieur... tenta l'homme.
— J'en ai assez ! cracha-t-il en faisant claquer son plateau contre les rails du réfectoire dans un bruit métallique.
Le silence se fit et les regards se tournèrent vers lui, alors qu'il sortait de la cafétéria en trombe, Seo-Joon sur ses talons. Il dévala les marches, et emprunta une allée bordée d'arbres menant à un espace vert derrière le campus. Seo-Joon suivait à bonne distance, mais Taehyung s'arrêta, et pointa un doigt sur son torse en le repoussant.
— N'en as-tu pas assez de me suivre comme un petit chien depuis toutes ces années ?!
Seo-Joon avança les mains devant lui.
— Monsieur... calmez-vous... venez.
Il posa sa main sur son épaule, et l'entraîna plus loin, sous un banc, à l'ombre d'un chêne.
— Asseyez-vous.
Taehyung respirait fortement, au bord des larmes. Seo-Joon prit place à ses côtés, et se pencha vers lui.
— Est-ce que vous allez bien ? Vous voulez de l'eau ?
— Non... non. Ça va, merci, soupira-t-il en posant ses mains de chaque côté du banc de bois.
Le garde hésita un instant, les sourcils arqués vers le bas. Il connaissait Taehyung depuis de nombreuses années, et il ne l'avait jamais vu dans un tel état. Seo-Joon connaissait Taehyung. Il connaissait ses mauvais côtés, son caractère impétueux et dirigiste, mais il savait aussi qu'il n'était pas mauvais, et depuis le temps, il s'était attaché à l'héritier. Il osa enfin poser une main dans la nuque du garçon, qui ferma les yeux, essayant de se retenir. Des perles salées scintillantes étaient retenues dans ses cils, prêtes à courir sur ses joues.
— Je vois, monsieur... et je comprends.
— Qu'est-ce que tu vois ?! grogna Taehyung en posant un regard froid sur l'homme à ses côtés.
— Je vois que vous êtes amoureux, mais que vous souffrez...
Taehyung détourna le regard, le posant dans l'herbe face à lui. Plus loin, des groupes d'étudiants mangeaient, tout en observant de loin, la discussion entre les deux hommes.
— Tu sais quoi, exactement ? l'interrogea-t-il en incrustant ses iris brillants dans celles de l'homme.
— J'ai vu vos rapprochements... avec Jungkook. J'ai vu... la façon dont vous aviez de poser le regard sur lui... de lui parler.
— Tout ça n'a plus d'importance, maintenant... murmura-t-il.
— Si ! Si ça en a, Taehyung !
L'héritier fut surpris d'entendre son prénom dans la bouche de son garde du corps. L'homme caressa la nuque du jeune homme avec bienveillance, comme aurait pu le faire un frère, ou un père. Taehyung fut étonné de son geste. Jamais personne n'avait eu ce genre d'attitude aimante envers lui, et il n'y était pas habitué.
— Mais... il ne voudra plus jamais m'adresser la parole, j'ai été un tel connard avec lui...
— Je sais.
Il regarda Seo-Joon abasourdi par son franc-parler. Depuis des années, le garde se faisait discret, mais il semblait avoir l'œil, et suivre la moindre histoire qui pouvait avoir lieu au sein du manoir. Il était au courant de tout, bien souvent avant les principaux intéressés.
— J'ai essayé de vous mettre en garde devant le restaurant, la dernière fois... mais vous n'avez pas voulu écouter...
Taehyung leva les sourcils d'étonnement.
— Tu savais ?
Seo-Joon pouffa, toujours sa main dans le cou du jeune homme.
— J'vous l'ai dit... j'ai compris assez vite. Certainement avant vous et Jungkook, même... je voulais vous mettre en garde.
Taehyung fronça les sourcils, et passa sa langue sur ses lèvres.
— En garde ? En garde contre quoi ?
Seo-Joon parut embêté un instant, et esquissa un sourire timide.
— Eh bien... les relations... entre... entre hommes... enfin...
— Oui, j'ai compris.
— Ces relations ne sont pas évidentes, Taehyung. Elles sont soumises au jugement des autres, au regard, et à l'appréhension de toujours devoir se justifier... ce n'est pas un combat que vous mènerez contre votre père, ou contre la famille Kim... c'est un combat d'une vie. Vous aurez toujours à vous justifier, à expliquer, à prouver que vous êtes aussi bon que les autres, où que votre valeur n'a pas été altérée parce que vous êtes gay.
— Je ne suis pas gay ! rétorqua durement Taehyung.
Le garde le regarda un instant sans rien dire, et l'héritier réitéra plus agressivement :
— Je ne suis pas gay !!!
— OK, OK ! Vous ne l'êtes pas ! De toute façon, peu importe ce que vous êtes réellement. Vous êtes vous, et vous aimez ce garçon, non ?
— Lui... juste lui. Pas un autre, c'est dégueulasse.
L'homme à ses côtés se mit à ricaner.
— Non, ça ne l'est pas. Mais soit. Juste lui.
— Comment tu as su... comment est-ce que tu peux savoir... tout ça ? demanda l'héritier, perdu.
Un silence s'installa, et Seo-Joon se passa une main sur le visage. S'il avouait ce secret, et que ça venait à se savoir, il risquait d'être mis à la porte. Néanmoins, il avait également entre ses mains, le secret le plus intime de l'héritier. Et ce secret-là valait des milliards, comparé au sien.
— Ça fait... six ans maintenant... que Hyung-Sik et moi...
Taehyung ouvrit de grands yeux ronds en dévisageant son garde du corps.
— Quoi ?! T-toi ?! Et Hyung-Sik ?!!!
— Oui.
— Ça alors ! Je n'aurais jamais deviné !
— Parce qu'on sait rester discrets. Mais c'est sûrement aussi pour ça que j'ai su pour vous et Jungkook...
— Comment ça ?
— Vous le regardez de la même manière qu'il me regarde. Vous faites attention à lui, vous le protégez...
Les yeux de l'héritier s'imbibèrent à nouveau de larmes, et l'homme passa sa main dans son dos.
— Ça s'arrangera. Avec le temps.
— Je dois... m'effacer. Je ne dois le laisser vivre sa vie, et faire en sorte qu'il soit heureux, c'est tout.
En parlant, Taehyung ressentait la douleur qui irradiait sa poitrine, comme un immense trou béant.
— Vous êtes fou ?! Qui vous a mis ça en tête ?!
Les mots de Seo-Joon arrivèrent tel un boomerang.
— Eh bien... après ce que j'ai fait, c'est normal de ne rien faire, de le laisser choisir par lui-même, non ?
— Non ! Pourquoi est-ce que vous vous conduisez en victime ?! Je ne vous reconnais pas ! Vous êtes un battant, vous avez la force pour surmonter ça ! Et surtout, pourquoi vous le laisseriez filer ?
— Comment ça ? demanda Taehyung en reniflant.
— Je vous ai vu agir avec lui. Si vous l'aimez autant que je le crois, battez-vous pour le récupérer ! Montrez-lui à quel point il compte pour vous ! Abandonner vous fait passer pour quelqu'un de faible, quelqu'un de lâche ! Qui l'abandonne lui, et votre amour ! Vous devez lui montrer que, quel que soit le temps que ça prendra, vous vous battrez pour qu'il revienne, pour regagner sa confiance.
— Mais... je... j'ai le droit ?
— Évidemment que vous avez le droit, monsieur ! Il s'agit de votre vie ! Si vous êtes prêt à la vivre ainsi, à tout écraser sur votre passage pour être à ses côtés, alors battez-vous, et n'abandonnez jamais celui que vous aimez.
— Je ne pensais pas être en droit de faire ça... pas après avoir été aussi odieux, se justifia-t-il.
— C'est votre vie. Le droit, c'est à vous de le prendre, et d'en faire une force. Vous avez commis une erreur, qui n'en fait pas ? À moins que vous ne vouliez pas poursuivre cette relation. À moins que je ne me sois trompé, et que vous ne l'aimiez pas comme je le pense...
— Si !!
— Alors, faites rugir ce tigre qui dort en vous !
Taehyung sentit une force s'emparer de lui. Une force, mêlée à de l'espoir. La douleur était toujours là, mais elle se taisait au profit de toute cette énergie qu'il voulait mettre au profit de Jungkook. Il allait le reconquérir. Parce qu'il l'aimait comme jamais il n'avait aimé personne. Peu importe que son père refuse leur relation, que le monde entier refuse leur relation. Il se battrait. Parce que Jungkook était trop précieux pour qu'il le laisse filer, pour qu'il l'abandonne. Parce qu'il ne voulait voir personne d'autre à ses côtés. Et parce qu'il ne voulait aimer que lui.
[]
Après cette longue discussion dans le parc du campus avec Seo-Joon, Taehyung était retourné en cours. Son moral n'était pas au beau fixe, mais il savait maintenant qu'il ne voulait pas abandonner. En sortant du bâtiment principal, il tomba sur Jungkook, en compagnie du petit blond, et d'un autre étudiant au visage jovial. Jungkook souriait, de cet adorable sourire mutin qu'il avait l'habitude d'arborer. Il fronçait son nez en une mimique mignonne, et l'héritier se galvanisa de revoir un sourire sur son visage. Même s'il n'y était pour rien, et qu'il n'en était pas la cause, il était tout de même heureux d'assister à ça.
Après être rentré et avoir étudié, Hyung-Sik vint chercher les deux garçons qui étaient attendus dans le bureau de monsieur Kim. Avec ses problèmes, Taehyung en avait complètement oublié ce rendez-vous, et l'espace d'un instant, il prit peur de ne pas savoir à quoi s'attendre. Ses pieds nus entrèrent en contact avec la moquette du couloir, et Jungkook ouvrit sa porte sous les coups du garde.
— Monsieur Kim vous attend.
— Très bien, j'arrive, répondit Jungkook.
Il eut un mouvement de recul, quand il constata que l'héritier était dans le couloir, et qu'il n'était pas seul à être attendu.
— Salut, souffla faiblement Taehyung.
Jungkook ne répondit pas, et suivit Hyung-Sik jusqu'au bureau du rez-de-chaussée. La nuit était tombée, et les lumières du manoir étaient toutes allumées. Le lustre en cristal de l'entrée renvoyait la lumière par tous les petits cristaux qui la composaient. Les deux garçons traversèrent le hall et pénétrèrent dans le grand bureau. Monsieur Kim les attendait, et leva les yeux de son ordinateur.
— Ah, vous voilà ! Merci Hyung-Sik !
Le garde se courba, et quitta la pièce.
— Si je vous ai fait venir tous les deux, c'est pour vous informer que la semaine prochaine, le douze, nous serons de sortie chez Gil-Su pour l'anniversaire de Namjoon. J'espère pouvoir compter sur vous pour avoir une tenue exemplaire. Je ne connais pas toutes les personnes qui seront présentes, c'est pourquoi je vous demande de rester vigilants quant à vos actions et vos paroles, c'est clair ?
— Très clair, Père.
— Oui, monsieur.
— Si vous n'avez pas de question, vous pouvez remonter dans vos chambres.
Taehyung allait faire volteface, quand Jungkook s'exprima :
— Monsieur... ?
— Oui, Jungkook ?
— Je me demandais... enfin... est-ce qu'il serait possible que Cristy m'accompagne ?
Le cœur de l'héritier rata un battement, et de nouveau, la blessure au fond de sa poitrine refit surface. Comment ça Jungkook voulait venir à l'anniversaire de Namjoon avec Cristy ?! C'était quoi ce bordel ?
— Toi, tu as réfléchi à ce que je t'ai dit hier, non ?
— Oui... souffla-t-il.
— Eh bien je n'y vois pas d'inconvénient, je vais demander à Gil-Su de faire parvenir une invitation à monsieur Choi pour convier sa fille à t'accompagner. Est-ce que... c'est officiel ? demanda l'homme.
— Oh, non. Pas encore. On aimerait attendre un peu... précisa-t-il.
Pardon ?! Officialiser quoi, au juste ?! Se demanda Taehyung. Depuis quand Jungkook sortait réellement avec cette fille ? Il avait vraiment couché avec elle ? Ce n'était pas un stratagème pour le rendre complètement dingue et se venger ? Sa bouche fit une petite moue tordue, alors qu'il accusait le coup.
— Prenez votre temps, les enfants...
— Merci, monsieur, bonne soirée.
— Bonne soirée, répondit Daek-Jae plutôt content de la nouvelle.
Jungkook rebroussa chemin en direction de sa chambre, sans accorder aucun regard à Taehyung.
— Je l'avais dit... tu n'es rien... siffla-t-il à son fils.
Taehyung n'écouta pas, et talonna Jungkook jusqu'à l'étage. Il était hors de question qu'il écoute les balivernes de cet homme complètement perfide !
— Jungkook ! Jungkook, attends ! beugla-t-il en tirant sur son poignet, alors qu'il ne lui répondait pas.
— Quoi ?!
Son visage était fermé, et l'héritier put facilement déceler qu'il se contenait de ne pas exploser de colère.
— Je voulais te parler, juste deux minutes...
— Alors, fais vite s'il te plaît, dit-il en libérant son poignet de sa main.
— Viens.
Il ouvrit sa porte, et Jungkook le suivit dans sa chambre. Seo-Joon qui passait dans le couloir envoya à Taehyung un regard plein de courage. Jungkook avança jusque devant la grande fenêtre, et mit les mains dans ses poches, avant de se tourner vers Taehyung en soupirant.
— Alors ? Qu'est-ce que tu veux ?
Taehyung déglutit. Il savait qu'il n'allait pas avoir d'autre chance de parler à Jungkook avant un moment. Et que malgré tout ce qu'il dirait, il resterait campé sur ses positions. Parce qu'il lui fallait du temps. Du temps pour accepter de peut-être lui pardonner, ou au minimum de lui adresser à nouveau la parole. Il repensa brièvement à la conversation qu'il avait eue avec Seo-Joon un peu plus tôt, et ses iris noirs s'allumèrent d'une lueur nouvelle, pleine d'espoir. Non, il n'allait pas renoncer à Jungkook.
— Ne m'interrompt pas s'il te plaît, demanda-t-il nerveux, en passant son pouce sur ses lèvres. Je sais que j'ai complètement merdé avec toi. J'ai cru être plus fort que ça, que tous ces sentiments qui m'arrivaient en pleine face... je ne savais pas où j'allais, Jungkook... j'étais totalement perdu. Mais je n'avais pas le droit de te faire souffrir... je le regrette, crois-moi.
— C'est trop tard, c'est fait, se dépêcha de répondre l'autre, avec des éclairs dans les yeux.
— Je le sais. Et je l'accepte. Et tu as tout à fait le droit de me détester, de me haïr du plus profond de ton être. Mais il y a une chose à laquelle je ne renoncerais jamais.
— Laquelle ? demanda Jungkook en fronçant les sourcils.
— Toi.
Le gamin changea de visage, et ses yeux s'embrumèrent.
— Je ne renoncerais pas, parce que même si je ne sais toujours pas qui je suis, et où je vais, je suis sûr d'une chose. C'est que je suis tombé amoureux de toi, Jungkook. Je t'aime, comme je n'ai jamais aimé personne. Et ça, je ne pourrais rien y changer.
— Ce n'est pas réciproque !
La voix de Jungkook claqua durement, mais un infime tremblement pouvait se sentir, presque imperceptible, menaçant de le faire craquer à tout moment.
— Soit... affirma Taehyung le cœur battant à tout rompre. Mais sache qu'à partir de ce jour, je mettrais tout en œuvre pour te récupérer, Jungkook. Jamais je ne t'ai menti sur ce que je ressentais. Tout ce qu'on a vécu était réel. La seule difficulté que nous avons rencontrée, celle qui nous sépare et qui nous séparera toujours, c'est ma famille.
— Je ne te crois pas... cracha-t-il les poings serrés et la gorge sèche.
Les larmes qui étaient au bord de ses yeux menaçaient de tomber. Ses sourcils étaient froncés et ses lèvres pincées. Tout son corps était tendu au maximum, retenant les émotions qui attendaient d'exploser.
— Je comprends... souffla l'héritier d'une voix douce. Je t'ai... laissé un paquet sur ton bureau... tu n'es pas obligé de l'ouvrir maintenant. Tu pourras le faire quand tu te sentiras prêt, d'accord ?
— Je l'ai jeté ! aboya-t-il.
Taehyung avait réfléchi à cette conversation tout l'après-midi. Il s'attendait à ces réactions, à ce que Jungkook le blesse. Et même si extérieurement il paraissait se contenir, à l'intérieur, il hurlait tel un enfant.
— C'est ton choix. Je le respecte.
— C'est bon, t'as fini ?!
Taehyung s'approcha lentement du gamin qui recula, jusqu'à ce que son dos entre en contact avec le mur. Leurs pupilles ne se lâchaient pas. Celles de Taehyung, douces, envoyant tout ce qu'il pouvait ressentir dans celle de Jungkook, dures, impartiales, colériques et rancunières. Puis il posa la main à plat contre le mur à côté de son visage, et se pencha jusqu'à ce que leur nez se frôlent. Il posa une main sur la joue pâle de Jungkook, et caressa sa lèvre de son pouce.
— Ne me touche pas ! Dégage ! grogna-t-il.
— Je ne ferais rien, ne t'en fais pas...
Jungkook attendait, sa poitrine se soulevant au rythme d'une respiration erratique. Mais jamais il ne bougea pour se dégager de l'étreinte de l'héritier. Seuls son regard et ses mots étaient durs, son corps, lui, était faible.
— Je t'aime, petit cœur...
— Ne m'appelle pas comme ça !!! murmura-t-il dans un sanglot en serrant les dents.
Soudain, une larme s'échappa de son œil, et roula sur sa joue. Taehyung l'effaça de son pouce, et souffla :
— Va.
Les yeux de Jungkook se posèrent sur les lèvres du plus vieux quelques secondes, et il se dégagea de son étreinte, pour quitter la chambre. Taehyung resta un instant sans bouger, les larmes dévalant ses joues.
****
Coucou mes p'tits chats! 🐾
J'espère que vous allez bien, et que vous avez aimé ces deux chapitres, même s'ils sont tristes. Je vous vois venir avec vos larmichettes là... 😓😥😭💔
Courage, il faut parfois traverser une tempête avant de voir le soleil 💕
Je vous dis à vendredi pour la suite! Prenez soin de vous en attendant 🥰✨
Gros bisous mes crevettes 😘😘
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top