Chapitre 6 - Viande et macchabées
Je contemple les couleurs qui se mêlent entre elles, dansant comme des lucioles étranges sous LSD. Rosa me parle, contrariée, se plaignant de Jacob et Victor. Cependant, mes pensées sont ailleurs.
Mes parents m'ont sermonnée. Apparemment, partir de cette manière n'était pas acceptable, et ma mère s'est inquiétée. Mais, je suis vivante, et pour la première fois depuis la mort de ma sœur, j'ai vécu. J'ai fait quelque chose de ma soirée, autre que lire, dessiner dans ma chambre, et rager sur Twitter, bien sûr. Plus étrange encore, je suis rentrée en annonçant à ma mère que j'avais l'intention de me rendre à la fête de l'équinoxe. Le simple fait de vouloir sortir a suffi à faire sourire mon père. Correction. Le simple fait de vouloir m'intégrer à la vie de Clémentine Lake.
J'aurais pu opter pour rester dans ma chambre, mais Rosa s'est plantée devant chez moi dans sa petite coccinelle rose.
« Sors, Lily, change-toi, ton père et moi avions l'intention de nous y rendre ».
Alors, mes résolutions ont volé par la fenêtre, et ma mère a cherché une jolie robe pour me mettre. Ses efforts ont été vains, j'ai opté pour un collant foncé, des Doc Martens et un t-shirt trois fois trop grand. Rien de mieux que de me cacher derrière des tonnes de tissus. Je suis mieux caché, tapi dans l'ombre, loin des projecteurs.
La journée passe et je ne sors pas de ma chambre, pas même pour manger. Je reste allongée sur mon lit, la musique à fond, essayant d'oublier les souvenirs de la veille. Je n'y reviens toujours pas ; Jacob, pourquoi lui, pourquoi tout a marché avec lui ?
Soudain, je me retrouve sur la place du village, sous le regard de tous, loin du confort de ma chambre.
— Alors, il faut s'occuper des bracelets pour les participants de la course aux poulets.
Camille bondit dans mon champ de vision, un gros paquet de bracelets tendu vers moi.
— Pardon ? La course des quoi ? répété-je incrédule.
Je me force à sortir de ma rêverie, pensant avoir mal entendu.
— La course aux poulets, répète-t-elle avec fierté.
Je roule des yeux, regrettant déjà d'avoir accepté de faire partie de leur satané groupe d'organisation. Des courses aux poulets, qui pourrait décider de prendre part à un jeu si débile ? J'aurais compris pour un autre animal, un chien, voire un cochon, mais un poulet ?
— Je t'avais dit que c'était vraiment pas mal comme fête.
Violette me donne un coup dans les côtes avant d'éclater de rire avec Sam.
— Je suis censée faire quoi, Camille ? Vendre les bracelets ?
C'est à son tour de rouler des yeux, comme si j'avais commis une aberration.
— Normalement, Maëva devait s'en charger, mais elle a décidé de disparaître au dernier moment. Donc, tu t'en charges.
Qui est Maeva ? Une collègue de ma classe, j'en suis presque certaine.
— Mais je ne sais pas quoi faire, Camille. Comme tu doutes sûrement, c'est ma première course aux poulets, surjoué-je mon ton dégoulinant de sarcasme ?
Camille pose ses mains sur ses hanches et affiche une moue désapprobatrice.
— C'est simple, tu donnes les bracelets à ceux qui ont un ticket de participation et tu les fais rentrer dans l'enclos.
Avec un sourire, elle pointe du doigt une parcelle boueuse aménagée sur la place. J'y découvre des animaux de ferme et de la paille disposée sur le sol. De mieux en mieux.
— Et je me charge seule, je suppose.
Rosa lève la main, mais Camille la coupe.
— Non, Rosa, j'ai besoin de toi à la table des enfants. Lily, tu te mettras avec Nia, c'est la paysanne, elle saura quoi faire.
Je me retiens de lui balancer les bracelets à la figure et de lui dire de s'occuper de ses poulets elle-même, mais je me ravise. Je dois essayer de m'intégrer, de comprendre ma nouvelle vie. Si je commence à envoyer balader toutes les personnes qui me déplaisent, je finirai par mourir seule, complètement seule.
Puis je dois faire autre chose que coucher avec Jacob pour me changer les idées.
Je regarde Camille partir au bras d'Eustache, déterminée à faire en sorte que la coupe de l'Équinoxe soit décernée de la meilleure des façons. Quant à moi, je m'approche de l'enclos, peut-être que mes parents ont raison, peut-être que je pourrais oublier Gwen ici et me reconstruire ? Après tout, tout s'est bien passé hier, j'ai repris le contrôle de mon corps pour la première fois depuis longtemps. Je secoue la tête et me concentre sur l'enclos.
Jacob n'est pas la solution.
Derrière moi, les gens parlent, un verre de blanc à la main. Tous semblent se connaître, comme de vieux amis qui n'ont jamais quitté cet endroit. Quelque chose dans l'air me dérange, comme si rien n'était à sa place. Une chose est sûre, je ne devrais pas être ici. Je me tourne vers mes parents, déjà absorbés dans une conversation avec un homme armé et une femme aux talons beaucoup trop hauts.
Tant mieux pour eux.
Je contemple les poules, elles crient, battant des ailes, au grand désarroi de la jeune fille en charge. Elle est mince, presque squelettique, et son visage est étrangement vieux malgré son apparence juvénile. C'est sûrement Nia, la fille du fermier qui a apporté les poules obèses participant à la compétition. Lorsqu'elle m'aperçoit, un sourire se dessine sur ses lèvres sèches. Elle s'approche, tendant la main. Pour la première fois depuis que j'ai mis les pieds à Clémentine Lake, je serre la main avec conviction.
— Nia, enchantée. Tu dois être la nouvelle, Lily, c'est ça ?
Nia est étrange, physiquement tordue. Elle se tient voûtée, et ses mains sont anormalement froides contre ma paume, mais son sourire honnête réussit à chasser toutes les incertitudes à son sujet. Alors, je souris.
— Les nouvelles vont vite, à ce que je vois.
Elle grimace et ébouriffe ses cheveux pour retirer une paille qui s'y est glissée.
— Écoute, rien ne reste un secret bien longtemps à Clémentine Lake. Tu finiras par le découvrir par toi-même. Si tu as un secret, oublie-le.
Mon cœur rate un mouvement, les images de la nuit dernière reviennent comme des vagues de sable chaud. Je me pince aussi fort que possible. Le visage de Jacob se mêle à un autre, sombre et terrifiant.
Reste ici, ne va pas là-bas, il fait noir dans tes souvenirs, Lily.
— Comme tous les autres, tu vends cette ville de fou, susurrai-je entre mes dents.
Nia jette un coup d'œil derrière moi, comme pour vérifier que mes nouveaux amis ne me surveillent pas.
— Ça m'étonnerait que tes nouveaux amis aient la vie difficile. C'est plutôt eux qui foutent la merde, sans penser aux conséquences de leurs actes.
Jusqu'à présent, j'avais pensé que c'était le groupe d'Olive qui était coupable d'un comportement inadmissible. Désormais, je réalise que le groupe entier avec lequel je suis devenue amie est composé d'enfoirés. Je ne l'avais pas remarqué jusqu'à maintenant, car j'avais toujours traîné avec des gens comme ça. Les groupes qui faisaient la fête sous n'importe quel prétexte, qui couchaient entre eux comme des animaux en rut.
Le genre de personne qui pense être le centre du monde.
Désormais, devant Nia, je me rends compte que je n'ai jamais été une bonne personne, et ma prestation de la veille est là pour le prouver. Je me suis servie de Jacob tel un morceau de viande pour assouvir mes désirs, pour me prouver quand j'en suis toujours capable sans faire attention aux conséquences. Pire encore, depuis la mort de ma sœur, je me servais de Gwen pour justifier mon comportement.
« Tu vivras, Lily, ce qui t'est arrivé ne te définit pas. Tu es la chanceuse des deux. »
En réalité, j'ai toujours été une mauvaise personne. Jamais heureuse, toujours pleine de haine, incapable de me laisser être heureuse pour un seul instant, incapable de penser aux autres et à leurs sentiments.
— Allo ici la terre, j'ai cru te perdre un instant.
Nia secoue sa main dans les airs, et j'esquisse un sourire avant de revenir à la réalité. Celle où les hommes chassent des poulets et boivent beaucoup trop.
— Non, ne t'inquiète pas, je suis prête au rapport, prête à... je regarde les poulets. Garder des poulets.
Nia rit, amusée par mon expression pleine de désarroi.
— Dis-toi que Camille a jugé que tu étais assez présentable pour être au contact du public. Apparemment, je suis trop moche pour faire ce genre de chose.
Nia baisse le regard et replace une mèche brune derrière ses oreilles.
— Elle n'a pas dit ça, je murmure à demi-voix.
Mais mon interlocutrice hausse les épaules.
— Essaie d'avoir de l'acné et un physique pas avantageux.
Je cherche Camille dans la foule. Comme une abeille en pleine ébullition, elle court d'un groupe à l'autre, un sourire insupportable et une voix geignarde la suivant comme son ombre.
— Cette fille m'énerve, je grince entre les dents.
Nia fait les gros yeux, rassuré, mais surpris à la fois.
— Personne ne la supporte dans le groupe, maugréé-je.
— Vous êtes étranges.
Je ne réponds pas, et elle continue.
— Les filles traînent toujours ensemble. Pourquoi font-elles ça, si elles ne la supportent pas ?
Je hausse les épaules, m'étant posé la question à plusieurs reprises, mais j'ai vite abandonné l'idée d'essayer de les comprendre.
— Nia, on va faire les bracelets ensemble, on se moque de Camille.
La jeune fille sourit, et nous échangeons le plus sincère des sourires.
Bientôt, les hommes font la queue pour récupérer les bracelets et s'affrontent dans l'arène pour essayer de rattraper les bestiaux complètement apeurés. Plus loin, des hommes couverts de boue demander un autre rouge. Du coin du regard, je remarque Jacob et les autres. Ils se tiennent en retrait, parfois Olive lance des regards noirs dans ma direction, mais Jacob m'ignore complètement. Cela ne me gêne pas, coucher avec lui a été agréable, mais stupide de ma part, un acte que je viendrais sûrement à regretter.
Nia, quant à elle, ne peut s'empêcher de le dévorer du regard et d'esquisser un sourire complice à chaque fois qu'il éteint sa cigarette avec sa botte de cuir italien. Son sourire s'élargit discrètement au geste simple, mais séduisant de remettre en place une mèche sombre derrière son oreille. J'aurais aimé la taquiner sur son attirance manifeste, mais je m'abstiens. À en juger par sa façon d'être, Nia est sûrement l'une de ses nombreuses filles qui rêvent éveillées de se retrouver dans son lit, ou de partager un moment romantique à deux. Je souffre en secret, regrettant la veille. Nia pourrait être une amie, mais voilà que j'ai couché avec l'homme qu'elle convoite en secret : les bases super pour une amitié.
Tu as été une imbécile, Lily.
La soirée se déroule sans encombre, et nous passons au repas. Je ne trouve pas mes parents, alors je prends place aux côtés de Nia. Rosa m'observe avec une insistance palpable, mais saisit sans mots ma réticence à rejoindre Camille à leur table. Ainsi, je demeure immobile, buvant les paroles de Nia qui divulgue avec plaisir les récits de cette ville damnée. Les hommes plus âgés sont tous des dépravés qui passent leur temps et leur argent dans un hôtel près de la départementale. Les femmes, enfin celles qui sont mariées, ont toutes un traitement antidépresseur et cherchent désespérément à mettre un terme aux activités extra-conjugales de leurs maris. Puis il y a cette sombre histoire du maire pris la main dans le sac, « ou plutôt la carotte au cul ». Le pauvre homme a été victime d'un odieux chantage de sa maîtresse avant de trouver ses vidéos à caractère pornographique sur la toile.
Nia semble tout savoir de la ville, des ragots aux décisions du conseil municipal. Solitaire aux premiers abords, elle se révèle pourtant comme l'une des personnes les plus bavardes que j'ai eu la chance de rencontrer. Nia se plaint de la viande, apparemment elle a un goût de poulet, en dépit du chevreuil affiché sur le menu.
Je me contente d'acquiescer en silence buvant ses paroles. Le temps d'un instant, j'oublie qui je suis et pourquoi je me suis retrouvée dans cette horrible ville.
Alors que Nia s'enthousiasme à me divulguer les potins frais au sujet du club de strip-tease local et de notre chef de police, je suis distraite par la silhouette de Jacob à l'autre bout de la table. Il se dispute avec Olive, elle est rouge pivoine, et lui tire encore sur une de ses maudites clopes. Malgré moi, je porte mes doigts à mes lèvres, me remémorant le goût du tabac froid sur ma langue et l'odeur de ses cheveux. Malgré moi, je veux savoir ce qu'ils se disent, mais je suis trop loin, et je refuse de m'intéresser davantage à ce qui aurait dû être un coup d'un soir. Pour dire vrai, j'ai un peu honte de mon comportement de la veille. Mais ma vilaine curiosité l'emporte, et je me tourne vers ma nouvelle amie.
— Nia, c'est quoi le problème entre eux deux ?
Je montre Jacob et la princesse Olive. Nia mord à pleines dents dans sa viande avant de s'essuyer la bouche.
— Eux, c'est le couple comique, ou plutôt le couple de la comédie romantique.
— Ça ne te rend pas triste ? demandai-je.
Elle fait les gros yeux comme si je venais de la frapper avec un coup de batte. Alors je me mords la langue avant de continuer.
— Désolée, c'est évident, je ne pensais pas que c'était un secret, répondis-je.
Elle hausse tristement les épaules.
— Ce n'est rien, c'est juste que je l'aime bien, mais bon, lui à part de traiter de paysanne, je doute qu'il ait conscience de mon existence.
À nouveau, la honte me brûle les joues. La nuit dernière, je savais que Jacob était un enfoiré, mais maintenant, je ne peux pas me voiler la face, il est vraiment le pire des spécimens.
Comme toi, pauvre Lily, ne te voile pas la face.
— Je ne pense pas que tu rates grand-chose, répondis-je.
— Tout le monde le sait, mais tout le monde pense qu'ils peuvent faire quelque chose pour le changer.
Je laisse échapper un rire amusé avant de revenir au sujet.
— Olive et lui alors ?
Nia prend un autre morceau de sa viande.
— Elle est folle de lui, et tout le monde les considère comme le couple canon. Même si c'est plus elle qui tourne autour de lui.
Je fronce les sourcils, cette situation est bien étrange.
— Il doit lui faire miroiter quelque chose si elle continue. Olive n'a pas l'air du genre de fille à se laisser embobiner.
Nia hausse les sourcils, comme si c'était la première fois que quelqu'un avançait qu'Olive n'était pas une imbécile.
— Personne ne sait, et personne ne comprendra ce qui passe par la tête de Jacob, elle se contente à répondre.
Je prends un morceau de viande à mon tour, avant de répondre.
— Et c'est ce qui semble donner envie à toutes les filles de lui balancer leurs culottes.
Nia à raison, le goût est étrange, je pause ma fourchette, nauséeuse.
— Il est juste... si, pour la première fois depuis le début de la soirée, Nia ne trouve pas les mots.
Je me tourne une dernière fois vers Jacob, il sourit et fume toujours. Alec l'a rejoint et se joint à son vice. Alec est un étrange personnage, le genre qui assume sa différence, mais malgré cela a une place auprès du groupe. Du peu de temps que j'ai passé ici, je n'ai jamais croisé mon nouvel ami sobre. Je me demande à quoi il ressemble en pleine possession de ses moyens. Lui arrive-t-il de sourire ? Lui arrive-t-il de rire à gorge déployée avec Violette ?
Soudain, ma tête tourne, et mon ventre me fait souffrir. La viande a laissé un goût étrange sur mes lèvres, je n'ai jamais rien mangé de pareil et j'ai une envie soudaine de vomir. Alors je m'excuse aux prés de mon amie et me redresse.
L'air commence à se rafraîchir, et je m'éloigne de la foule pour respirer un peu. Nia m'appelle, et je la rassure avant de quitter la place et la lumière jaunâtre des lampadaires. Mon corps rejette ce goût, et mes entrailles se retournent. L'air frais de la nuit caresse mon visage, et je me laisse respirer. Pour la première fois depuis le début de la soirée, mes souvenirs l'emportent.
Ces derniers s'échappent de leur prison alors que je m'appuie contre le mur pour ne pas tomber. La ruelle dans laquelle je me suis réfugiée sent la pisse, et l'obscurité ne fait que ressortir la peur. Mais je ne peux pas appeler à l'aide.
Respire, respire, tout va bien.
L'air commence à trembler autour de moi. J'ai peur, incroyablement peur. Les souvenirs me reviennent, un terrible courant d'émotions incontrôlables. Je revois les images, mon propre corps vu d'une troisième personne. Je revois Gwen, elle est souriante, c'est la lumière de la lune qui filtre dans la ruelle.
« C'est un bon film, allez, petite sœur. »
Désormais, je pleure, des larmes ruissellent le long de mes joues froides.
« Cours, cours ! »
Elle me manque, plus que tout.
Je n'en ai rien à faire de ce qui m'est arrivé à moi, du fait que mon corps ne m'appartient plus. Mais Gwen n'est plus de ce monde. Elle est morte. Son corps retrouvé dans des bois, son magnifique corps démembré. Je donnerais tout pour qu'elle revienne, pour qu'un beau matin elle se glisse sous mes couvertures comme avant. Qu'elle vienne se moquer de mes vêtements sombres et des garçons que je me tape.
Gwen... Que t'est-il arrivé ?
Aucune personne n'a pu nous révéler les circonstances de sa mort, ni qui en était responsable, ni même quand cela s'était produit ? L'enquête semblait piétiner, laissant un nombre insuffisant de réponses. Ce qui rend la situation encore plus étrange, ce sont mes parents. Ils avaient pris la décision de déménager bien avant ce tragique événement, mais ils n'ont pas dévié de leur plan initial. Il semble que nous ressentions tous le besoin impératif d'une nouvelle vie, et mon père, lui, ressentait un besoin irréfutable d'écrire. Clémentine Lake s'est présentée comme le lieu où nous pourrions reconstruire notre unité familiale, même si elle reste amputée d'un de ses membres.
« Je dois te parler, Lily. »
À nouveau, je suis coincé contre le sol, victime de mes souvenirs. Un cri déchire le ciel, et l'amusement ambiant disparaît. Puis encore des cris, et je me lève. J'essuie mes larmes pour rejoindre la place, là où les cris s'amassent.
L'endroit est plongé dans une panique sans nom, les filles crient, certains vomissent. Mon entre se serre, et je me rapproche de la scène, mes jambes toujours tremblantes. Je vois Rosa, elle court vers moi, du vomi sur les coins de ses lèvres. Elle est complètement décoiffée, et des larmes de terreur coulent sur ses joues rosées.
— Rosa ? Que s'est-il passé ?
Je la prends dans mes bras, et elle me rend son étreinte. Je crains le pire. Qu'a pu rompre la fête de cette façon et la plongée dans une telle terreur ?
Je cherche mes parents du regard, tentant de trouver un ancrage dans la cohue, tentant d'ignorer les larmes bruyantes de Rosa.
— C'est un pied, Lily, ils ont trouvé un pied ?
Mon cœur rate un mouvement, mais je ne suis toujours pas sûre de ce qui se passe.
— Rosa ? De quoi tu parles, de quoi tu parles, pourquoi tout le monde vomit ?
Elle ne répond pas, elle se penche pour vomir sur mes chaussures, je passe ma main dans son dos. Elle tremble comme une feuille. Je croise enfin un regard connu. Jacob, il est blanc comme un linge, il tient Olive dans ses bras, elle crie comme une folle furieuse.
— On a mangé de la viande humaine, Lily.
Je faillis ne pas l'entendre.
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