Chapitre 16 - Jalousie




Chapitre 16

Jalousie

J'allume une clope, elle me brûle la gorge.
En silence, j'observe Lily passer devant le lycée et s'engouffrer dans la pharmacie tandis que Victor me donne une tape sur l'épaule.
— C'est avec elle que tu as couché ? me demande-t-il.
J'ai à peine le temps de faire volte face, qu'il me crache sa fumée au visage.
— Et alors, si c'était le cas, qu'en dirais-tu ? lâché-je.
Un vilain Rictus étire les lèvres de mon ami.
— Oh ! Ça explique le comportement d'Olive.
Il se met à rire, ce n'est pas méchant. Il est satisfait que je lui dise la vérité. Victor ne me juge pas, il se contente de m'épauler, d'être là dans les pires, comme les meilleurs moments de ma vie.
— Jacob ! m'avertit, trop tard, mon ami.
Je me tourne juste à temps pour recevoir un poing en pleine figure. À bout de souffle, je bascule en arrière sous le choc. Un cri retentit. Je pivote pour me relever. Je vois Rosa, les mains sur les hanches et son imbécile de copain à ses côtés.
À plusieurs, ils me saisissent les bras. Je cherche Alec du regard, je l'aperçois avec Violette, près de la pharmacie.
Ne viens pas.
Je me débats, mais les coups dans mon ventre commencent à me faire tourner la tête. Soudain, des cris féminins percent l'air, et c'est là que je remarque Olive, figée devant le portail, la main posée devant sa bouche.
Putain, j'ai mal.
Tout à coup, celui qui me tient par le bras gauche me lâche, et je m'écrase sur le sol. Dans cet instant de chaos, Lily surgit et me relève avec une douceur surprenante. Sa main froide caresse ma joue et elle sourit tout en fronçant ses sourcils dans une moue inquiète. L'autre agresseur fait un pas en arrière, il hésite à frapper une fille.
Mais je me trompe.
Alors qu'elle me soulève, plongeant ses yeux dans les miens, elle me lâche. Lily tombe à son tour et mon sang tambourine dans mes oreilles. Dans un élan de rage, je me redresse pendant que le monde continue de tourner. J'attrape une silhouette, puis une autre. Mes gestes sont instinctifs, oscillant entre moments de chute et phases où je porte des coups. Rapidement, ils s'éclipsent, faisant crisser leurs pneus et disparaissant dans l'obscurité.
Je me lance vers Lily, elle est là, frémissante, un filet de sang sur ses lèvres boursouflées. Tremblant, je prends son visage entre mes mains et essuie le sang de mon pouce.
— Ça va ? demandé-je, paniqué.
Elle ne répond pas, tandis que la pluie commence à tomber. Une seule et unique goutte chute sur sa joue et coule avant de rejoindre sa poitrine.
— Pourquoi tu t'en es mêlée ? insisté-je.
Lily hausse mollement les épaules.
— J'avais un surplus de rage à évacuer.
Je l'attire contre moi pour la redresser. Sa main dans la mienne palpite comme le cœur d'un animal blessé.
— J'aurais pu m'occuper de cette rage, murmuré-je à son oreille.
Elle esquisse un triste sourire tandis que la pluie continue.
— Merci, Jacob. Merci d'être mon ami.
J'ai envie de l'embrasser, de faire disparaître toutes les traces sur son visage, mais quelque chose me pousse à m'écarter. Je vois ses pupilles brillantes s'évanouir derrière un nuage d'incompréhension. Ce que je ressens pour elle, cet élan de protection, d'affection ne me ressemble pas.
Je ne peux pas me permettre de m'attacher ainsi.
Lily n'a pas le temps de répliquer qu'Olive me rejoint et m'attire dans ses bras. En silence, elle baisse les yeux et s'éloigne, blessée. Elle me regarde faire. J'ai honte, incroyablement honte. La Princesse me dépose des baisers sur mes lèvres, je la laisse faire, trop sonné pour réagir. Puis, elle se tourne vers Lily, encore trop proche pour échapper à sa fureur. Elle pointe un doigt accusateur vers mon amante.
— Garde tes pattes loin de mon mec, espèce de salope ! crache-t-elle.
Lily s'immobilise, tel un cerf surpris par des phares sur une route sombre. Je pense qu'elle a trop subi dans la journée pour répondre. Elle me lance un regard noir, peut-être s'attend à une réaction de ma part.  Mais dans cette situation, je garde mon calme et ne prends pas part à la confrontation. Nia s'en charge.
— Olive, fous-lui la paix, tu devrais peut-être t'expliquer avec ton soi-disant mec avant de t'en prendre aux autres.
Olive peste, et siffle comme un serpent.
— Toi, la baiseuse de chèvre, retournes à ta boue !
Lily grimace, la rage la rend si belle. Elle attrape la main de son amie et se place entre elle et Olive, tel un rempart.
— Je n'allais pas te faire le plaisir de me disputer avec toi pour un mec, commence-t-elle.
  Lily me désigne d'un geste accusateur.
— Si tu ne veux pas qu'il couche avec d'autres personnes que toi, tu n'as qu'à gérer ça avec lui. Franchement, je pense que tu es complètement folle, en pleine désillusion, ce mec n'est en aucun cas avec toi.
Puis, elle se tourne vers moi. Ses yeux noirs entièrement vides.
— Si tu n'as pas les couilles d'assumer où tu fous le reste de ta queue, garde-la dans ton slip.
Son ton froid et détaché me prend de court. J'ouvre la bouche pour répondre, mais Olive continue dans sa lancée.
— Mais regarde-toi ! Tu as vu tes amies, en pointant le doigt vers Nia. Si tu savais dans quoi elle vit, une salle pouilleuse, étonnant que tu puisses supporter ses odeurs !
Les yeux de Nia se remplissent de larmes. Mais Lily ne lâche pas sa main.
— Nia à plus de richesse en elle que ta pathétique présence ! elle hurle désormais.
Rien.
— Regarde-toi : tu t'enveloppes de futilités ! Pitoyable. Toujours à attaquer les plus faibles !
Nia tire sur le bras de son amie.
— Lily, elle n'en vaut pas la peine, ce n'est vraiment pas la peine, elle murmure si bas que je crois ne pas l'entendre.
Cependant, Olive ne se laisse pas démonter. Elle pousse Lily et crache sur Nia. La fille aux courts cheveux noirs, recule complètement ahurie. Sous l'impulsion de la rage, Lily gifle Olive. Cette dernière s'apprête à riposter, mais je lui attrape fermement la main.
— Pourquoi ne me défends-tu pas ? rugit-elle.
Olive a dépassé les bornes. Mon sang tambourine dans mes oreilles. C'est à peine si je tiens debout.
J'ignore Olive avant de lui tourner le dos en titubant, à la recherche d'un mur pour m'appuyer. Alec s'approche, et heureusement qu'il n'a pas assisté à la scène. Il m'aurait infligé une paire de gifles, ou même plusieurs, amplement méritées. Au lieu de ça, il me rattrape, et je me laisse tomber sur son épaule. Au loin, j'entends quelqu'un dire à Olive de foutre le camp, ce qu'elle fait, accroché au bras de Kali.
Lily, je suis désolé.

***

Victor me ramène chez lui, il sait que je ne suis pas en bons termes avec mon père. Victor sait toujours, lui et moi, nous partageons le même problème.
Sa maison est vide, et je me laisse faire alors que mon meilleur ami et Alec me déposent dans son lit. Je ne peux m'empêcher de penser à Lily, à la douceur de sa peau, à cette fille qui m'a soulevé du sol.
Arrête avec ces conneries.
Je me tourne vers Victor qui désinfecte ma tempe. Depuis un moment déjà, nous nous soignons mutuellement et pansons les blessures infligées par la violence incessante de cette maudite ville.
— Il faut que je parle à Lily, je lâche enfin, détachant mon regard de la pin-up au-dessus du bureau de Victor.
Victor appuie un peu plus fort sur le coton et je grimace, ravalant mes insultes.
— Si elle te parle, c'est que tu as des pouvoirs magiques mec. Tu es resté là comme un con.
Il marque une pause.
— Même moi, si tu me trahis ainsi, je ne sais pas si je te pardonne.
— Je ne savais pas quoi faire..., murmuré-je en silence.
Victor m'en veut, ce qui est rare, rarissime même.
— Tu as couché avec elle, tu l'as abandonnée. Elle est venue te relever, et toi, tu laisses ta connasse lui parler comme si elle était la dernière des merdes.
Je veux répondre, mais il continue.
— Elle a craché sur Nia, même si cette fille n'est pas notre pote, j'ai failli lui en mettre une.
Victor finit son discours en secouant la tête avec dédain.
— Il a couché avec qui encore ? fait une voix derrière nous.
Alec rentre dans la pièce, un pichet d'eau dans la main et un verre dans l'autre.
— Lily, et il a laissé l'autre reine lui parler comme de la merde, répond Victor.
Il va m'en mettre une. Comme la fois où Maëva est morte et je n'ai rien dit.
— T'es sérieux, mec ? crache-t-il.
Je roule des yeux vers le ciel et il continue.
— Sérieusement, c'est quoi cette histoire de crachat aussi ?
Victor répond à ma place, relatant les faits. Alec a été tenu à l'écart par Violette et Dieu merci. Il n'est toujours pas remis, et bien sûr, il a troqué la seringue pour ses pilules de sevrage, je ne veux pas le voir souffrir, pas par ma faute.
— Franchement Jacob, t'abuse.
Cette fois-ci, c'est trop, je me redresse, sentant le sang monter à ma tête. La pièce commence à tourner, le coup que j'ai reçu est plus violent que je ne l'avais imaginé.
— Tu penses que je suis fier de moi ? Tu penses réellement que j'ai voulu rester planté là comme un con !
Victor croise ses bras sur son imposant torse et Alec se pince l'arrête du nez avant de répondre.
— Tu l'as laissé faire, et franchement, je suis déçu de toi. J'imaginais que malgré le fait que tu couches avec tout ce qui bouge, tu avais un minimum de respect pour elles.
Je rencontre le regard d'Alec, il semble simplement déçu. Il dépose le pichet et le verre d'eau avant de faire volte-face.
— Tu vas où ? lui demandé-je.
— Parler à Lily, et présenter les excuses pour mon ami de merde.
Il claque la porte derrière lui.
Fais chier.

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