Chapitre 10 - Justifier




Je me laisse glisser sur le sol de la chambre de Nia., me rémémorant les évènemnts de la soirée.

Cette nuit c'st avéré  être une véritable épreuve, et je commence à penser que rester chez moi aurait été la meilleure option.

Rosa a réussi à m'irriter profondément. J'ai tenté de la raisonner, mais elle continue à crier qu'elle va arracher la tête de Jacob. Dans un moment de lucidité, j'ai essayé de lui faire comprendre sa part de responsabilité dans cette situation. Après tout, c'était elle qui avait choisi de tromper son petit ami, et cela ne semblait pas être une première.

Face à sa réaction, j'ai finalement abandonné. Si elle souhaite détruire son couple, c'est son choix. Cependant, son obstination à se présenter comme une victime me tape sur le système. Mon esprit repense à la scène d'Alec étalé au sol, à la violence qui a éclaté entre Jacob et Victor. Les événements de cette nuit deviennent de plus en plus difficiles à supporter.

Je reviens à la réalité et sors mon téléphone pour envoyer un message à Jacob. L'inquiétude pour ces deux imbéciles m'envahit. Mes doigts s'activent sur l'écran pour rédiger le message, mais finalement, je décide de l'éteindre avant de le glisser dans ma poche. Je me concentre sur Nia, assise en tailleur en face de moi.

— Je peu rester ici cette nuit, Nia ? demandé-je.

Elle me sourit.

— J'allais justement te le proposer.

Enfin, je me détends.

— Cette ville va finir par me tuer.

Je m'allonge, et mon amie me rejoint avant d'attraper ma main dans la sienne. Nous voilà, deux jeunes filles allongée sur le sol,  à contempler son plafond grisâtre. Sa chambre détonne de tout ce que je connais. Elle est petite, simple, appartenant à un autre univers. Les murs sont ornés de dessins et de posters de films des années quatre-vingt. Puis, il y a son lit, un amas de couvertures colorées, et son bureau, couvert de matériel informatique.

Nia est singulière, et sa chambre la reflète totalement.

Étrangement, je l'apprécie. Je me sens à l'aise avec sa particularité. En sa compagnie, je n'ai pas besoin de me justifier ni de me forcer à entrer dans un moule. Là, je repense à Jacob, à Alec, et je sens mes mains se serrer. Sa violence m'effraie, la facilité avec laquelle il semble recourir à la force. Je devrais peut-être m'éloigner de lui, mais je comprends ce qu'il traverse. Comme moi, il est brisé et cherche à communiquer avec les moyens mis à sa disposition.

—   Tu voulais envoyer un message à Jacob ?

Nia se tourne vers moi, elle a dû remarquer ma proximité avec Jacob, elle curieuse et je la comprend.

—   Ouais, je le connais un peu, je murmure à contre coeur

Elle griamace, pensive.

—   Vraiment ? Pourtant, on ne dirait pas. Même si cela expliquerait pourquoi Olive te regarde comme ça.

Je sors mon téléphone et le fais jouer entre mes doigts. Je pèse le pour et le contre avant de faire ma déclration et je fini par choisir l'honnêtetée.

—   J'ai couché avec lui.

Elle se retourne vers moi, les yeux gros. Il y a un an de cela, j'aurais toqué à la porte de Gwen et je lui aurais raconté toute ma soirée. Je lui aurais raconté comment il avait été doux, comment il avait posé ses lèvres si délicates sur mes cicatrices.

Mais Gwen n'est plus de ce monde, je ne peux plus la voir. Je l'aimais, je l'aime toujours. Pas un jour ne passe sans que je ne pense à elle. Je sens une larme couler le long de ma joue. Alors je dois me rabbatre sur Nia.

—   Quand ça ? Je veux dire, raconte.

Je me redresse pour lui faire face, légèrement sonnée.

—   Je pensais que tu aurais été plus triste que ça, je veux dire, Jacob te plaît.

Elle rit, une lueur illuminaant ses yeux verts.

—   Tout le monde aime bien Jacob, toutes les filles de cette ville fantasment sur Jacob et Victor. Crois-moi, je ne suis en aucun cas jalouse.

Je reste silencieuse. A nouveau je suis déchirée entre l'honnêteté et le mensonge et a nouveau la premiere l'emporte.

—   À vrai dire, Nia, c'était plutôt cool.

Elle sourit et pose  sa tête sur ses poings, en attente des détails.

—   Plutôt cool ? Développe ma belle, je veux savoir.

Je roule des yeux et grimace.

—   Tu veux savoir quoi, tu sais comment on fait des bébés non ?

Ses sourcils se lèvent.

—   Vous, vous êtes au moins protégés ?

Encore cette question, je me contente d'aquiesser.

—   Alors comment ça s'est passé ? Je veux dire que, même si Jacob est un vrai Don Juan, il est plutôt sélectif sur ses proies.

Je veux réagir, laisser un commentaire sur le fait que je ne suis pas une proie et Jacob pas l'apex predator, mais je m'abstient, ce n'est pas le moment de parler de sémentique.

—   Durant la première soirée de la rentrée chez Sam, il m'a raccompagnée, j'ai fini chez lui, il était bourré. Voilà.

Encore un détail dont je ne suis pas fière. Nia éclate de rire.

—   Lily, je ne te voyais pas comme la catin extravertie, commence-t-elle d'une voix haut perchée.

—   Nia, ne vois-tu pas ces porte-jarretelles, c'est un signe qui ne trompe pas.

Je relève ma robe pour lui montrer mes dessous. Elle éclate de rire et bascule en arrière. Je fais de même et étrangement je me sens bien.

J'ai l'impression d'être une gamine de mon âge. J'oublie le banquet cannibale, pour la première fois depuis longtemps, j'oublie Gwen, j'oublie le manque qui déchire ma poitrine. Alors, je contnue de parl, de vider mon sac pour ainsi dire.

—   En vrai, j'ai vraiment bien aimé.

Je redeviens sérieuse. Je me déteste, mais avec le temps qui passe, je pense à Jacob.

Sa peau sur la mienne.

—   Attends, c'était la nuit où il devait retrouver Olive.

Le visage de Nia s'illumine.

—   C'est pour toi qu'il s'est disputé avec elle, elle annonce victorieuse.

—   Calme-toi, il lui reparle, et je pense qu'il n'en a pas grand-chose à faire de base. Nia se met à rigoler avant de se rapprocher.

—   N'empêche qu'elle ne se gêne pas de regarder comme si tu étais l'antéchrist. Cette année va être pleine de rebondissements.

Je parle longuement, de sujets simples . Au fil de la conversation, je réalise que Nia n'a pas eu une vie facile. Sa mère l'a abandonnée, la laissant seule avec son père, un homme qui n'a jamais réussi à se remettre de cette épreuve. Son père a sombré dans la folie, s'immergeant dans toutes sortes de théories du complot. Il passait son temps à rôder autour du commissariat, signalant des disparitions et des contaminations de l'eau. Nia a payé le prix fort ; elle est devenue la cible du lycée, la curiosité étrange que tous considèrent comme une bête de foire. Cependant, au lieu de s'effondrer, Nia a transformé cela en une source de puissance.

***

Le week-end passe sans encombre, et je me retrouve à affronter une autre semaine dans le maudit lycée de Grim Heaven.

Par enchantement, le soleil brille lundi matin. Nia m'attend devant la maison, la musique à fond dans sa petite mini. C'est en rigolant que nous nous mettons en route pour le lycée. À notre arrivée, Rosa me saute dans les bras, apparemment elle a oublié les événements de vendredi. Bien sûr, j'ai été trop occupée à fouiller les souvenirs de Nia pour m'occuper de ses chamailleries. Mon amie a passé son week-end à me poser des questions sur Jacob et je suis rassurée de lui en avoir parlé, au moin, maintenant, je peu me confier.

J'aime avoir une amie.

Alors quand Jacob me frôle pour passer le portail du lycée sans m'accorder la moindre attention, elle voit rouge et lui balance sa tasse en papier vide sur le dos. Victor se retourne, mais Jacob l'empêche d'aller plus loin. Ce garçon me sort par les trous du nez. Il s'aime au point d'écraser les autres, souffle chaud ou froid au gré de ses émotions. Vendredi, il me sautait dessus, aujourd'hui, il m'ignore. Il peut au moins me dire bonjour, bonjuor ne veut aps dire que nous avons couché ensemble.

"Accorche toi à moi" il m'avait murmuré, il peu se foutre ses promesses où je pense.

Le temps me semble trop long, et lundi se passe sans problème, peut-être à l'exception de Camille et Olive qui me tapent sur le système. Le lendemain est le même, et le surlendemain encore.

Ce n'est que mercredi soir, alors que je marche vers chez mes parents, que la voiture de Jacob s'arrête sur la route. Bien sûr, il m'a ignorée au lycée, mais dès que les autres, ses amis ou les miens, ne sont plus dans les parages, il rapplique. Je fais mine de ne pas le voir, concentrée sur la musique qui tambourine dans mes oreilles.

Les derniers jours n'ont pas été trop durs à vivre, à l'exception de mes parents qui ont découvert pour l'affaire de ma sœur. Heureusement, ils semblent bien gérer.

Jacob continue et aprés cinq minute je souffle tout en retirant mes écouteurs de mes oreilles.

Il sourit et coupe le moteur. Auhurd'hui, il porte un polo de sport sous une veste en jean. Il a tenté de peingé ses cheveux mais une matiné de cour à eu raison de lui. IL est beau ça je ne peu pas le nier, mais avec Jacob, le jeu en vaut pas la chandelle.

— Arrête de faire la tête. Monte, j'ai quelque chose de génial à te montrer, m'incite-il en ouvrant la portière de l'intérieur.

Devant moi, les sapins bordent la petite route, une petite brise fait voler mes cheveux.

— Je rentre chez moi, j'ai plein de choses à faire, Jacob.

Ma réponse lui arrache une petite grimace mais il perciste.

— Bien sûr, traîner dans je ne sais quoi avec Nia et te morfondre sur ton propre sort ?

Je grimace, je veux l'envoyer bouler, mais quelque chose m'en empêche. Il n'est qu'une question de temps avant que je ne monte dans cette voiture.

Je le sais et il le sait.

— Oui, et Nia est une bonne amie. Elle.

Il hausse les épaules et je fixe avec haine.

— Désolé, j'ai été occupé ces derniers jours, il répond avec insousiance.

— Occupé à m'ignorer. Je te fais honte, Jacob ?

Une expression jusque-là inconnue traverse son visage. J'ouvre la porte de la voiture avant de me caler sur le siège passager.

— Je pensais que tu voulais garder notre relation cool.

Je roule des yeux et pause mon sac à mes pieds.

— Jacob, tu peu me parler, me dire bonjour, me demande comment je vais. Ca ne veut pas dire que l'on coupe ensemble, je fais de mon mieu pour ne pas crier.

Quand il ne répond pas, je continue.

— Non ? J'ai tort ?

Il se pince l'arrête du nez.

— Si tu veux pas t'attirer d'ennui avec Olive... Je l'empêcher de termienr.

— Je l'emerde Olive, je raille, une pointe de jalousie dans ma voix.

Je sais que cette conversation mennent nul part, alors je décide de changer de sujet.

— Je sais comment tu peux te rattraper.

Il sourit avant de démarrer la voiture, me fait signe de continuer.

— Ton père travaille au département de police, tu pourrais lui demander ce qu'il sait de l'affaire de ma sœur.

Le visage de Jacob se déforme, comme si je venais de lui demander de me donner un rein. Il ne répond pas, et je n'insiste pas pour l'instant.

Nous roulons cinq minutes en silence klorsque je décide de lui poser des questions.

— Jacob, où va-t-on ?

— Voir un ami, répond-t-il

Le petit groupe rigole, assis à une petite table de bois devant une maisonnette de style rustique. Je les reconnais ; Alec et Victor. Je souris, heureuse de voir que mon ami ne semble pas souffrir d'autre chose que les points de suture sur son visage.

Je sors de la voiture pour aller à l'encontre des deux garçons. Victor grimace avant de poser son regard sur son ami, qu'il rejoint dans la voiture. Visiblement, ils ont quelque chose d'étrange à gérer entre eux. Alec, lui, me sourit et je le prends dans mes bras, étonnée du soulagement qui se répand dans ma poitrine.

— Enfin, tu pointes le bout de ton museau.

Il rit, je lui tire la langue avant de m'asseoir sur le banc à ses côtés.

— Faudrait que je sache ce qu'il t'arrive pour ça.

— Ma mère a pris mon téléphone. Elle refuse que je parle à Violette. Pourtant, j'ai demandé à Jacob de faire passer le message.

Je hausse les sourcils. Jacob semble entretenir une conversation houleuse avec Victor.

— Encore une fois, tu sais très bien que Jacob ne me parle pas.

— Pourtant te voilà.

Je grimace.

— Je t'aime bien, Lily, tu ne lui cours pas après comme les autres. Et Jacob, lui, semble se tenir à carreaux. Il doit te respecter lui aussi.

La culpabilité mélangée à la colère me submerge. Jacob garde vraiment notre relation secrète. Mais je ne peux pas lui en vouloir. À part Nia, personne ne le sait.

— Tu reviens quand en cours ?

Je lui demande pour changer de sujet.

— Demain sûrement, ma mère ne veut pas me laisser seul. Elle est de garde ce soir, alors je passe la nuit chez Victor.

Nous échangeons des platitudes, mais très vite, il me pose des questions sur l'avancée de ma petite enquête. Soi-disant, il a besoin de se changer les idées. La drogue lui manque bien trop. Ses yeux bleus sont d'un vide perçant, et ses mains grattent frénétiquement sa peau blafarde.

Pendant notre échange, je prends sa main dans la mienne. Je lui raconte ce que je sais : la possible connexion entre ma sœur et Gwen, les incohérences qui semblent émaner de cette maudite petite ville. J'hésite, mais je lui parle des étranges sensations, celles des ombres qui me regardent, les voix dans mon sommeil. Alec m'écoute attentivement, comme s'il voyait lui aussi les créatures entre les arbres et les mouches insatiables.

« Personne n'est à l'abri de la folie à Clémentine Lake »

Quand Victor et Jacob reviennent, je change brusquement de conversation, Alec comprend. La discussion s'enchaîne sur Olive et Maëva. Je me sens mal à l'aise, comme une intruse dans un monde qui n'est pas le mien. Jacob et moi ne pouvons faire autrement que de s'échanger des regards à la dérobée. Parfois, je le vois forcer des rires, effectuer des gestes que je ne comprends pas. Jacob souffre de cela, j'en suis sûre.

Alors que la nuit menace de tomber, Jacob me reconduit jusqu'à chez moi. Alec et Victor sont déjà partis pour la demeure de ses parents.

Le long du chemin, je reste silencieuse, bercée par le roulis de la voiture et l'odeur de la forêt qui me parvient par les fenêtres. Je ne veux pas le regarder, lui. Je ne peux pas avoir pitié de lui. Il me dépose, et je l'embrasse sur sa joue chaude sans lui laisser le temps de parler.

 

Voici ta vie, Lily.

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