Marchandage et tristesse

Reviens.
Il faut que tu reviennes.

Assise sur le trottoir gelé, ces mots étaient la seule chose qui me ramenaient à ma semie réalité. Le monde avait cessé de tourner pour reprendre son train train quotidien. Il n'y avait que moi qui restait bloquée. Je voulais qu'il revienne. Qu'il apparaisse au coin de la rue ses partitions en main, avec son sourire éclatant. Il fallait qu'il revienne. Je peux tout perdre, prenez moi tout, ma joie mon argent mon corps mon âme tout ce que vous voulez. Mais pas lui. Rendez-le moi ! Je ne suis rien sans lui il faut qu'il revienne !

Tenez, prenez ! Prenez tout ! Non gardez les je n'en veux pas ! Prenez tout je vous dis ! Prenez tout et rendez-le moi. Pitié.

Sans lui je ne suis rien. Juste une coquille vide. Il était ma moitié, mon âme sœur, mon meilleur ami, mon tout. Je n'arrive même plus à pleurer. Rendez-le moi. J'ai besoin de lui. Pour sourire, pour pleurer, pour hurler, pour chanter, pour danser. Pour vivre. Rendez-le moi. Prenez tout, je vous donne ma vie prenez tout et rendez-le moi.

« Mademoiselle, tout va bien ? »

La voix rauque me tira de mon désespoir. Les étoiles disparurent doucement.

« Oui tout va bien, lui répondis je d'une voix mal assurée.
- Venez levez vous, le répondit-il en me prenant délicatement le bras. Vous allez geler à rester planter là. »

Je n'osais pas lui dire que c'était justement le but.
Telle une poupée, je me laissais guider par cet homme dont je ne connaissais rien. Je n'étais rien. Il me mena à une pâtisserie.

« Tenez venez là. On va prendre quelque chose ça vous fera du bien, me dit-il en me regardant dans les yeux. »

Je me laissais faire et lui répondis de choisir pour moi. Même la pâtisserie me faisait penser à lui. Il prenait toujours la même chose.

Un éclair au chocolat. Le destin se moque décidément bien de moi. Je suis sûre qu'il se tient les côtés tellement il rit en me voyant regarder cette pauvre friandise comme un tueur en série.

« Qu'est ce qu'il vaut à ce pauvre chou un tel regard, me demanda l'inconnu.
- Quelque chose dont je n'ai pas envie de parler, lui répondis je d'un ton sec, que je regretta immédiatement. Pardon, je ne voulais pas...
- Aucun problème ne t'inquiètes pas ! C'est moi, que t'ai brusqué, j'aurais du faire attention. »

Il mangea le reste de son Paris Brest en silence, me jetant des coups d'œil de temps en temps. J'attaquais quant à moi mon éclair avec toute ma colère, plantant ma cuillère comme si cela pouvait faire revenir celui que j'avais perdu. Le pire c'est que la pâtisserie était bonne. Il l'aurait sûrement beaucoup aimé. Cette pensée s'ajouta à toutes ses sœurs et pesa un peu plus sur mon cœur blessé.

Je ne connaîtrai jamais le nom de cet homme à la voix rauque. Lorsque je le lui ai demandé, il m'avait répondu en souriant que ce n'était pas important, et que l'important était que j'ai aimé mon éclair, que j'avais souri quand il m'avait raconté la véritable histoire du Paris Brest. Et que je devais à mon tour aider quelqu'un dans le même cas que moi.
Malgré tout, je me souviendrai toujours de ses derniers mots : « Ne te laisse pas tomber ! Tu peux avoir mal et être triste, c'est normal de ressentir tout cela. Mais si tu veux t'en sortir, le changement doit venir de toi, et tu dois le vouloir de tout ton être. Je crois en toi petite, tu y arriveras ! »

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