Acceptation

Je ne sais pas comment je me suis retrouvée là.

J'ai marché longtemps, partout, traversé toute la ville, pour me retrouver là. Devant chez toi.

Les volets sont baissés et rien ne bouge. Tes parents sont partis la semaine dernière, je ne sais pas quand est ce qu'ils rentreront. Tu sais, ils m'ont interdit de revenir. J'ai peut-être un peu trop insister, pour "récupérer des affaires prêtées". En réalité, je n'ai jamais touché à rien. Je m'asseyais par terre, imaginant que tu étais encore là. C'est à ce moment que j'ai commencé à te voir. Je pense qu'ils m'en veulent de vouloir te garder vivant. Chacun fait son deuil comme il peut. Je n'ai pas récupéré mon lecteur DVD. J'espère que tu l'as utilisé, ou qu'ils l'utilisent encore. C'était un cadeau de ma tante.

Enfin bref.

La maison est vide et tu n'es plus là.

Je m'assois contre le mur jaune, juste sous ta fenêtre. La nuit va bientôt toucher à sa fin, et le froid se fait moins mordant. J'aimerais réécrire l'histoire, la tienne, la mienne, pour effacer toutes tes plaies, toutes celles que je n'ai pas vu. J'aimerais te prendre dans mes bras, juste une fois, te regarder dans les yeux, graver ton image.

Mais c'est trop tard. Toutes ces choses ne veulent plus rien dire si tu n'es plus là. Et si tu es heureux là où tu es, alors je saurais être heureuse. Je saurais me dire que mes larmes sont vaines, non, pas vaines, plutôt égoïstes, puisque tu es heureux. On ne pleure pas de la joie d'un ami. Je ne sais pas si on peut souhaiter quelque chose pour toi dans ces conditions, mais je te souhaite de ne pas regretter ton geste. Je te souhaite de connaître enfin la paix. Je te souhaite de ne pas pleurer, lorsque tu repenseras à tout ça. Tu sais, à la messe, quelqu'un a dit quelque chose, et ça m'a marqué. Il a dit, Vous savez, ce sont ceux qui restent qui sont ceux qui pleurent; celui qui est parti est en paix, il ne souffre plus. Nous, nous souffrons de sa perte, mais pour lui, sourions. J'ai trouvé ça beau, et vrai. Alors je voulais juste te le dire, on sourit pour toi, pour que tu ne souffre pas. Et un sourire, ça efface un peu la douleur, alors tout le monde sourit, comme ça on souffre moins. 

J'essaierai de te laisser tranquille. Parce que je ne veux pas te ramener à une réalité que tu n'aimais plus. Mais je continuerai à te parler, si tu le veux bien. Tu as été une personne merveilleuse, et si c'était à refaire, je te bousculerai encore dans ce couloir du troisième étage.

Mon cœur me fait moins mal. J'arrive de nouveau à respirer. C'est dur.

Je suis restée longtemps sous ta fenêtre. J'ai passé en revu tous nos souvenirs. J'ai beaucoup pleuré aussi. Toutes ces photos, tous ces rires. Tous ces lieux que nous avons vu, et ce que tu voulais voir. J'irai là-bas un jour. Je ne sais pas encore quand, mais pas tout de suite. Je veux prendre le temps de me remettre de ce qu'il s'est passé, de trouver mon moi sans toi. Quelque chose de nouveau à faire.

Je me relève doucement, sentant tous mes os craquer. Aïe. Le soleil est en train de se lever. C'est le moment pour moi de te laisser. J'ai aimé passer cette nuit avec toi. Je vais revenir, je ne vais pas te laisser. Mais je vais avancer, doucement. Pour réussir un  jour à revoir le film sans pleurer, sans me dire que tout est de ma faute. Je regarde une dernière fois derrière moi, et me mets à marcher. 

La neige brille avec les rayons du matin. 

C'est beau.

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