Chapitre 9 - Jealous Girl

I was dreaming of the past Je rêvais du passé

And my heart was beating fast Et mon cœur battait vite

I began to lose control J'ai commencé à perdre le contrôle

I didn't mean to hurt you Je ne voulais pas te blesser

I'm just a jealous guy Je suis juste un mec jaloux.

Je pris le carnet et le jetai contre le mur. Qu'il aille se faire voir lui et ses chansons ! Chaque fois qu'il l'apercevait, c'était des déclarations sur leur passion passée ou pas tant que cela finalement. Le reste de la reprise n'est qu'excuse et regret de l'avoir fait pleurer, de l'avoir blessé. Mais surtout, il exprime sa crainte qu'elle ne l'aime plus. Mon téléphone vibra à nouveau. Un nouveau message.

Je sais aussi que tu es vraiment éblouissante quand tu danses, fais de beaux rêves, Ash.

Je lus les autres mots durant la soirée, il était beaucoup moins agréable.

Pourquoi ne réponds-tu pas ? Damon m'a expliqué que vous sortiez, tout va bien ?

Sofia, je sais ce que tu as entendu sur Mila et moi, Damon me l'a dit, je voulais te le dire, je ne souhaitais pas que tu l'apprennes comme ça, Réponds !

Sofia ! J'ai conscience que tu refuses mes appels, je sais aussi que tu danses avec mon abruti d'ami.

Putain Sofia, je ne peux pas revenir, je mange chez mes parents ce soir, ils ne comprendraient pas, réponds ! Je t'en prie, je suis au courant que vous êtes parti et que tu demeures au ranch.

Je pense qu'il savait beaucoup trop de choses et que cela faisait pas mal d'informations qu'il avait demandées à Damon, côté discrétion, on avait été pitoyable. Même si j'étais énervée contre lui, contre moi aussi, je ne voulais en aucun cas lui causer du tort. Et j'étais surtout contente qu'il ne reste pas avec Mila pour cette nuit.

Je n'ai rien avoué à Damon moi. J'ai fait mon possible pour qu'il ne se méfie de rien, mais tu n'as pas facilité les choses avec toutes tes questions et préoccupations à mon sujet. Et je doute que tu puisses me voir danser à plus de deux heures d'ici.

Sa réponse ne se fit pas attendre. Ma crainte se dissipait peu à peu. J'étais vraiment rassurée qu'il ait passé la soirée chez ses parents, je sais d'après Damon qu'ils habitent toujours le même quartier à Missoula.

Ne t'inquiète pas pour cela. Je lui ai simplement dit que l'on était ami et que tu craquais sûrement un peu pour moi. Pour info, après chaque concert, Joe prévoit des photographes pour alimenter les pages des réseaux sociaux du nouveau groupe, je n'ai pas eu de mal à te retrouver, tu brillais Migina...

Naomi m'avait effectivement prêté un haut rose et blanc avec des strass, j'avais lâché mes cheveux et remis mon bandeau. J'avais besoin de changer de sujet, je pense qu'il était de plus en plus difficile de gérer ses sautes d'humeur.

C'est limite flippant ton truc... Comment s'est passée ta journée ? Et surtout comment va ta mère ?

Il me répondit instantanément.

Je crois que le directeur du labo m'a à la bonne, il m'a donné pas mal de responsabilités pour un chargé de cours.

Elle va bien, elle semblait très heureuse que je sois resté avec eux, cela faisait très longtemps...

Ok, je suis contente pour toi, tu as le don de réussir tout ce que tu entreprends. Et au fait si elle a besoin de soutien au ranch pendant les vacances, je suis partante, j'aime beaucoup Seeley Lake et cela m'aiderait à payer mes études. Je pense qu'un petit boulot l'été en plus de la bibliothèque universitaire serait le bienvenu.

Je lui dirai, elle sera ravie de t'avoir près d'elle...

Enfin, ça ne change strictement rien à notre deal...

Je préférai préciser que cela n'avait rien à voir avec lui. Même si je savais que j'adorais Seeley Lake, c'était aussi une évidence, je l'aimais, lui, chaque jour un peu plus et c'était bien cela ma peine...

J'imagine. Sofia, je suis désolé pour Mila, effectivement nous avons été ensemble à différentes périodes de nos vies, puis on a essayé de vivre tous les deux, pendant deux ans, mais il m'est encore difficile d'en dire plus...

J'accepte ton passé, je te demande juste de respecter mes moments quand tu ne te trouves pas là, tu ne peux pas tout contrôler.

Je crois sincèrement que je ne suis pas doué avec la communication à distance hein...

Je crois que tu n'es pas doué pour communiquer tout court !

C'est sûr, mais je fais des efforts. Tu me manques vraiment Migina...

Toi aussi, à demain ?

Je vais rentrer tard, mes parents veulent que je passe avant de partir.

Ok, profite bien d'eux. Bonne nuit Ash.

Bonne nuit Sofia.

Après une grasse matinée, Damon nous avait préparé une randonnée à cheval et pour faire plaisir aux garçons, la découverte d'une falaise beaucoup plus haute que la précédente. J'étais de plus en plus à l'aise avec Darkness, d'ailleurs Damon n'en revenait pas que je monte le magnifique mustang. Je pensais sincèrement ce que j'avais dit à Ash, j'aimais cet endroit, ce calme, j'avais vraiment envie de pouvoir un jour y retourner. Juan possédait quelques pistes pour son futur boulot aussi.

Quant à moi, il me restait quelques semaines avant le début des cours, j'appréhendais l'idée de me retrouver seule à la fac, loin de chez moi, de mes amis. Et en plus, comble de tout, je devais partager ma chambre avec quelqu'un d'autre. J'allais avoir une colocataire. La promiscuité ce n'est pas trop mon truc. J'avais reçu une fiche avec quelques détails sur son histoire, j'avais également rempli la même à son intention. Elle s'appelait Lily, elle était née à Helena, ses parents étaient tous les deux architectes. Elle étudiait les beaux-arts et son frère Liam résidait en deuxième année pour devenir architecte aussi. Une artiste, ça allait être sympa ! En général, ils aiment bien leur moment de solitude. Enfin, j'espère.

J'avais vraiment hâte de commencer les cours, fini les matières obligatoires et qui ne m'intéressaient pas. Des heures et des heures de littératures, de philosophie, d'analyse, de dissertation un pur bonheur. J'avais toujours eu envie de travailler dans le milieu littéraire, je voulais principalement enseigner ma passion et profiter de la formation universitaire pour écrire et j'espère publier un jour qui sait.

Damon passa beaucoup de temps à me parler de la vie sur le campus, il restait patient, à l'écoute de mes nombreuses questions. Il m'avait promis une visite guidée dès mon arrivée à Missoula. Même si j'imaginais qu'il ne trouverait pas une minute à lui pour me faire cet honneur, c'était sympa de le proposer. Je me sentais rassuré de connaître quelqu'un là-bas. Il y avait Ash aussi, mais notre deal touchait à sa fin... Damon m'expliquait que grâce à Ash et à Tyler, il partageait une maison directement à la fac, ce qui restait beaucoup plus facile pour eux.

Il jonglait entre le studio d'enregistrement où il essayait de poursuivre sa passion et l'autre partie de son temps avec le groupe. Sa sœur bossait comme assistante de direction dans une agence immobilière, c'était le père d'Ash qui lui avait trouvé ce travail, il était promoteur foncier à Missoula. M.Sauders était parti vivre sur Seattle, depuis quelques années, avec sa femme, pour ouvrir une boîte de production plus importante, je sentais qu'il souffrait de ne plus avoir sa famille près de lui.

Damon était vraiment attachant, doux, gentil, j'appréciais beaucoup sa compagnie. Il me taquinait sur mon âge parfois, il n'arrivait pas à croire que j'avais dix-sept ans (dans deux mois dix-huit, pour être précise). Il m'avoua qu'il avait souvent du mal à être ami avec des filles, même de sa génération.

Nous approchions du lac plus vite que je ne le pensais.

— Déjà ! Je n'ai pas aperçu le temps passer, s'exclama-t-il en regardant la paroi face à nous. Je n'ai pas arrêté de parler de moi, comment tu fais ça ?

Je lui souris. Il était réellement adorable, je ne vois pas comment je pouvais faire pour ne pas l'écouter.

J'étais monté plusieurs fois avec le groupe en haut de la falaise et j'arrivai à sauter sans personne, c'était vraiment une revanche sur mes peurs antérieures, avec l'aide d'Ash, c'est sûr. Il me donnait chaque jour un peu plus confiance en moi. J'avais résisté, mais l'envie de regarder mon téléphone restait plus forte que moi, vers midi, je m'isolai pendant que les autres pique-niquer. Je souris à la vue du message d'Ash.

Est-ce que tu sais que la bibliothèque se trouve à mi-chemin entre le labo de biologie et de littérature ?

Ah ? Non, je ne savais pas, mais j'ai tellement questionné Damon sur le campus qu'il m'a promis une visite guidée !

Je ne sais pas comment je dois le prendre. J'aurais pu te faire visiter la fac si tu me l'avais demandé...

Jaloux ?

De Damon sûrement pas, en plus, il a une préférence pour les hommes...

J'éclatai de rire, Juan arriva à ce moment-là.

— À qui écris-tu ? On t'attend pour commencer à manger, ils m'ont chargé de venir te chercher.

— À ma mère, elle me donnait des nouvelles de mon père.

Je n'aimais pas mentir à mon ami, j'avais effectivement envoyé un message à ma mère, aussi. Il n'insista pas. Il semblait résigné. C'est vrai que depuis le début de l'été, nous demeurions moins souvent ensemble.

Ce soir-là, je passai un long moment sur le ponton. Je ne parvins pas à dormir. J'avais mon portable avec moi et Ash m'avait juste dit qu'il allait chez ses parents et qu'il avait vraiment hâte de rentrer. J'avais pris mon journal, j'avais très peu écrit cet été, seulement quelques pages, quand j'ai rencontré Ash et les mystères du fameux stylo. Je n'arrivais pas à croire que ces deux-là étaient liés, connectés par je ne sais quel procédé. C'était surréaliste. Après un long moment, je remontai dans ma chambre. À peine avais-je mis le pied dans mon lit que mon téléphone vibra.

— Allô ?

— J'ai tellement vanté tes mérites à ma mère, qu'elle est enchantée de pouvoir compter sur toi pour l'été prochain, dit-il d'un trait.

— Cool merci beaucoup Ash ! Tu conduis là ? m'inquiétai-je. 

Je n'aimais pas le savoir sur la route, sans être totalement concentré sur ses gestes.

— Oui, j'ai réussi à tout boucler au labo, ils m'attendent pour mi-septembre et rassure-toi, j'ai mis le Bluetooth, ça me touche que tu t'inquiètes pour moi.

— J'ai envie de te retrouver entier !

— Oh, seul mon corps t'intéresse alors, je suis déçu, me taquina-t-il. Vous avez bien changé Mlle Flores.

— Exactement et entre nous, j'ai vécu deux jours avec des couples et un homosexuel adorables.

— J'espère que tu ne lui as pas raconté certains détails de sa vie sexuelle, en fait il est bien hétérosexuel, mais je préférai que tu penses le contraire, m'avoua-t-il.

— Non, rassure-toi ! On a passé un super moment ! J'ai même sauté de la falaise seule.

Je l'entends soupirer.

— J'aurais aimé être là Sofia... Mais je suis heureux que tu aies réussi!

— J'aurais aimé que tu sois là Ash, murmurai-je.

Il me raconta les détails sur son court séjour et moi sur ma fabuleuse aventure du jour. Je me demandai comment un homme comme lui, pouvait-il s'intéresser à une fille aussi simple que moi quand un coup discret à la porte me fit sursauter.

Mince, sûrement Naomi qui avait besoin de discuter, je n'avais pas vu le temps passer. Elle était venue quelques soirs depuis qu'elle semblait enceinte, j'espère qu'elle ne m'a pas entendu parler.

— Je t'abandonne une minute, on frappe, je te rappelle.

Je ne lui laissai pas l'occasion de répondre. Je bondis de mon lit, en soutien-gorge et en shorty et ouvris la porte.

Ash se trouvait là, un sourire malicieux sur le visage.

— Je ne pouvais pas attendre demain ni une minute de plus, souffla-t-il.

J'étais aux anges, j'adorai les surprises, surtout quand la surprise c'était lui. Je me jetai à son cou et m'accrochai littéralement à lui, ses mains se calèrent parfaitement sous mes fesses, je l'embrassai par besoin, par envie, par nécessité.

Il avança dans ma chambre en m'étreignant plus fort contre lui et ferma la porte avec son pied. Il me serrait fermement et je pressai mes lèvres davantage contre les siennes. Il poussa mon journal, mon carnet, mon livre posés sur le bureau et m'installa dessus toujours nos bouches scellaient. Mince, le carnet, j'espère qu'il ne s'est pas ouvert. Pas le temps de raisonner, de toute façon, je n'arrivai plus à réfléchir, il attrapa mon visage dans ses mains, le regard empli de désir. C'était troublant d'imaginer que je pouvais détenir un tel effet sur lui. Que pouvait-il bien me trouver franchement ?

— Sofia...

— Hum.

Je passai mes doigts sous son tee-shirt et pressai son corps contre le mien.

— Je ne crois pas réussir à partir..., susurra-t-il entre mes lèvres.

— Alors reste, cette nuit et celle d'après...

Ses yeux bleus brillaient davantage.

— Je ne sais pas pourquoi tu t'embêtes avec moi...

Il nous arrivait souvent de penser la même chose, au même moment, ça me fit sourire et je ne le laissai pas finir sa phrase écrasai encore et encore mes lèvres contre les siennes.

Il me porta jusqu'à mon lit pour confirmer mes dires, on pensait, là aussi, pareil.

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