Chapitre 18 - Pas de plus grand Amour...

Je voulais bien être gentille, je souhaitais faire des efforts, des compromis, mais voir Mila passait autant de temps chez nous, c'était un supplice. Bon, j'avais continué mon petit manège de sortir souvent avec Lily, de boire beaucoup aussi. Mais ce soir-là, je ne pensais pas le regretter autant.

Nous étions allées au concert des garçons et Mila, dans un pub sympa. Nous avions tous beaucoup picolé et je trouvais qu'Ash absorbait également de plus en plus d'alcool fort. Je passai la soirée à discuter avec un mec, plutôt mignon, quand Ash avait décidé de se lever brusquement et d'amener Mila sur la piste. Il colla ses lèvres sur les siennes, c'était trop pour moi.

Je pris Lily par la main et nous partîmes dans une de ces fêtes étudiantes. Bref, la colocation avait ses limites et là, c'était la mienne. Bon, je ne devrais pas être touchée par les relations amoureuses de mon coloc, surtout, quand, je lui avais spécifié qu'il ne devait pas se mêler de mes affaires de cœur. Mais... bon, OK, je n'ai aucun, mais..., de valable ! D'où la fuite ! Il y aura toujours Mila entre lui et moi, c'était inévitable et insupportable. J'avais envisagé de quitter la villa, mais pour aller où ? J'étais coincée avec eux, avec elle et, finalement quand je me retrouvais en soirée, j'oubliais un peu tout cela, pour une nuit au moins.

Je me trémoussais sur la piste quand un homme me murmura à l'oreille.

— Hé, on se connaît non ?

J'étais dans mon monde, en sueur de danser depuis des heures, je le regardai un court instant. Je plissai les yeux comme si cela allait m'aider et je me sentais tanguer.

— Moi, c'est Ethan, lança-t-il, tout sourire.

Oui ! Effectivement, nous nous étions brièvement rencontrés un soir de ce fameux été.

— Oh, Ethan !

C'était mes mots qui sortaient avec ce ton mielleux ?

Nous nous dirigeâmes vers un canapé libre, pour discuter un peu. Je lui demandai des excuses pour son comportement et il m'assura qu'il avait beaucoup bu, ce soir-là, qu'il était désolé. Il voulut vérifier qu'Ash n'était pas mon copain. Vue comme cela avait fini la dernière fois, c'était préférable. Et comme l'avait suggéré Ash autrefois, il avait attendu que je lui réclame de m'embrasser, ce que je fis très rapidement.

Il m'offrit encore à boire ce qui n'arrangea pas mon état. Comment avais-je pu passer, en quelques mois, de la fille qui n'a jamais touché à un verre à ça ? Lily vient vers moi, les mains posaient sur ses hanches fines.

— Bon, on y va Sofia.

Elle avait l'air en colère, elle regarda ma jambe levée sur les genoux d'Ethan et mes bras accrochés à son cou.

— Oh... Non, je rentre avec lui, murmurai-je.

Si Ash passait la soirée avec Mila, je pouvais finir la nuit avec qui bon me semble, et lui, c'est sûr, il ne souhaitait en rien une relation sérieuse. J'étais loin d'être une gamine et au vu de ses gémissements, avant que Lily arrive, je n'étais pas froide ou impénétrable.

— Tu le connais à peine Sofia, sois raisonnable, je ne sais pas ce qu'il te prend ce soir, insista-t-elle contrariée.

— Si, si je le connais, enfin, on s'est croisé une fois.

Elle souffla. Je bus une gorgée de whisky Coca. La tête me tournait et je refusai encore de suivre Lily. Quand elle partit enfin, je me mis sur les genoux d'Ethan. J'avais mélangé trop d'alcool, je crois.

— Nous en étions où ? Ah oui... il gémit à nouveau.

Il m'entraîna, je ne savais comment sur la piste de danse, je me trémoussais contre lui, il me tenait fermement pour m'éviter de m'écrouler à tout moment. Quand il me lâcha, je repris, mon équilibre ! Par miracle ? Ah si, le miracle, c'était une main solide que je sentis dans le bas de mes reins. Le regard ahuri d'Ethan me rappelait étrangement un soir d'été.

— On y va !

Le ton sec et direct ne me permettait aucune protestation, mais mon état d'ébriété, oui !

— Ash ! Je reste ici, je m'amuse super bien.

Toujours ce même ton puéril. Qu'est-ce qu'il m'arrivait bon sang !

Ethan ne s'opposa pas. Je m'agitai, quand il m'agrippa le bras fermement.

— Tu entends ce que je te dis... Je reste là !

Il me scruta de ce regard noir qui pouvait, parfois, me faire peur. Il n'avait pas envie de discuter, ni débattre, quand j'essayai de me rapprocher d'Ethan, il m'attrapa par les hanches et me jeta sur ses épaules. Ma jupe remontait outrageusement. Je hurlai.

— Lâche-moi tout de suite !

Je lui tapai dans le dos le plus fort possible, mais vu mon état, il ne bougeait même pas. Lily se tenait devant la porte et lui tendit mon sac et ma veste. Traîtresse, elle aurait pu appeler Damon ! J'étais frigorifiée et il fallait que l'on aille jusqu'à sa voiture.

— Merci, murmura Lily à Ash, comme si je ne me trouvais pas là. Je ne savais plus quoi faire, je ne l'ai jamais vu comme cela.

Je me sentais trahie par mon amie, qui me regardait l'air attristée.

J'étais tellement fatiguée et épuisée, je m'étais endormie dans sa voiture. L'air frais, lorsqu'il ouvrit ma porte, me fit du bien et il me porta jusqu'à la villa. Je reprenais mes esprits doucement.

— Je peux très bien marcher, déclarai-je, en me réveillant.

Il ne me regarda pas et continua à se débattre pour ouvrir la porte. Je sentais son souffle chaud sur mon visage, il avait également bu, mais sûrement moins que moi.

— Tu sens bon Ash, murmurai-je.

Merde, j'avais parlé à haute voix.

— Pourquoi fais-tu cela, Sofia ? me questionna-t-il, lorsqu'il me posa sur mon lit.

Il semblait déçu. Des larmes coulaient contre ma volonté, je les essuyai et évitai son regard. Il s'assit sur le lit et souffla. Je m'approchai de lui, me retrouvant face à son visage, il ne recula pas, c'était bon signe.

— Sofia...

Il appuya une main sur ma poitrine, il me repoussait encore et toujours, qu'est-ce que j'espérais ? Je pourrai mettre cette nouvelle honte sur le coup de mon taux d'alcool.

— Tu devrais rejoindre ta copine Ash. Je n'ai pas besoin d'entendre tes remarques sur ma manière d'être ou de vivre. Je n'ai pas besoin d'entendre encore... comment suis-je déjà ? Froide et impénétrable ? pestai-je.

Je vis ses pupilles se dilater, il emprisonna mes lèvres de sa bouche avec une telle intensité, je répondis immédiatement, il m'allongea sur le lit et mon corps retrouvait ses sensations, cette chaleur.

J'accrochai mes jambes à sa taille et pressai mes hanches contre son entrejambe, il gémit instantanément. Rien à foutre de Mila, de ma conscience et de tout le reste. Je le voulais lui... Même que pour cette nuit...

— Tu es tout sauf froide Sofia, murmura-t-il à bout de souffle.

Je me réveillai dans mon lit, seule, en nage et avec un mal de tête carabiné. Je ressentais des courbatures partout dans le corps et le souvenir de la nuit dernière me donnait, un sourire niait, sur le visage. C'était inimaginable... Ash n'était plus là, pourtant, je me souvenais très bien mettre endormi dans ses bras et je sens encore ses caresses dans mes cheveux.

Je me posai tellement de questions maintenant nos corps séparaient. Certes, nous avions tous les deux bu, moi particulièrement, comment allait-il réagir aujourd'hui ? Étions-nous à nouveau ensemble ? Tu rêves Migina ! Ou avait-il simplement terminé ce qu'il comptait faire avec Mila avant que je ne vienne contrecarrer ses plans ?

J'entendis la voix des garçons monter d'un cran. J'enfilai, non sans mal, un débardeur et un pantalon de yoga et ouvris ma porte doucement. Ils se trouvaient dans la cuisine et ne m'avaient pas vue. Ash préparait le petit-déjeuner, vêtu seulement de son jean de la veille. Damon était assis sur le bar un café à la main.

— Putain, Ash, vous aviez tous les deux bus, comment tu as pu faire ça ? lui demanda Damon.

Je restais figée, l'avait-il aperçu sortir de ma chambre ? Ash lui avait-il raconté notre nuit ensemble ? Vive l'intimité et la vie en coloc.

— C'est elle qui m'a embrassé, se justifia-t-il.

Quoi ? Il mentait ! C'était lui qui m'avait embrassé, non ? Je continuai à écouter.

— Elle a beaucoup souffert Ash, tu es vraiment sûr que c'était la bonne chose à faire ? Elle a tellement mis de temps en s'en remettre la dernière fois, je ne peux pas te laisser faire cela tu comprends ?

Il souffla. Je ne captais plus rien. Pourquoi Damon serait-il là, à prendre ma défense ?

— Tu lui redonnes espoir Ash, est-ce que tu es prêt pour ça ? Est-ce qu'elle est prête pour ça ?

— Tu as raison, je vais être plus clair, c'est bel et bien de l'amitié, entre elle et moi, désolé.

Je fermai les yeux, ma tête me faisait atrocement mal, mon cœur était encore en miettes. Damon s'était toujours douté de quelque chose après tout. Et là, c'était limpide, il ne voulait pas de moi, il regrettait cette nuit. Il me fallait un plan, il m'avait oublié un soir d'été, cela avait sûrement encore un rapport avec Mila. J'allais oublier cette soirée.

Je sortis de la pièce en claquant la porte. Ils se retournèrent surpris.

— J'ai mal au crâne, bougonnai-je en les observant, Ethan est parti ?

C'était digne de la commedia dell'arte !

— Ethan ? Qui est Ethan ? me demanda Damon.

Ash fronça les sourcils, les mâchoires serraient, il me regardait l'air étonné. Puis, il comprit que j'avais trop bu et que je ne me souvenais de rien. Il répondit instantanément avec mépris.

— Il est parti de ta chambre au petit matin.

— Oula, il faut que j'arrête de picoler, je pense, je ne m'en souviens même pas !

— C'est que c'était un mauvais coup...

J'ai failli rire, mais je devais tenir mon scénario...

Il sortit du jus d'orange du frigo et une boîte de paracétamol sur le bar.

— Merci. Il n'a pas transmis de message ?

— Non, je ne suis pas ta secrétaire, princesse Sofia. Son ton était exécrable.

Mon Dieu, une référence aux dessins animés, mais quel con ! Il posa les œufs qu'il avait préparés dans deux assiettes.

— Toujours une aussi bonne ambiance ici, je vous laisse hein, lança Damon.

On frappa à la porte, Damon alla ouvrir... à Mila. Elle embrassa son frère, me salua, sans me regarder. C'est quoi son problème à elle ? Et se dirigea vers Ash. Il passa son bras autour de sa taille et l'embrassa fougueusement. L'envie de vomir fut immédiate, je me tournai et fonçai dans la salle de bain.

Je pris une douche rapide et me renfermai dans ma chambre. Ils devaient avoir une répétition de prévue, ils partirent tous quelques minutes plus tard. Je me retrouvais dans mon lit, seule, prise de frissons, de courbatures. J'étais épuisée. Je dormis toute la journée.

À mon réveil, je transpirais abondamment, ma tête était bouillante, j'avais réussi en plus à tomber malade, ce soir-là. Je ne pouvais pas sortir de mon lit. J'entendis à peine Damon murmurait devant ma porte.

— Sofia, on va manger, tu viens ?

— Non merci.

— Tout va bien ? s'inquiéta-t-il.

— Oui, oui.

Je m'enroulais dans mon lit et repensais aux paroles de Billie Holliday, reprises par Amy Whinehouse. Et, c'était tellement vrai pour moi, il n'y avait pas de plus grands frissons qu'avec lui, pas de plus grand amour que celui que je ressentais, quand il demeurait près de moi. La fièvre me faisait divaguer, je repris un cachet et j'essayais de me rendormir rapidement. Je ne pus m'empêcher de pleurer... Seule encore et toujours...

Le lendemain matin, j'entendis la porte claquer. Les garçons partaient bosser ou en cours. Je ne savais pas comment j'allais sortir de mon lit, mais il fallait que j'aille boire quelque chose, j'étais déshydratée et surtout il me fallait des médicaments, ou ma tête allait exploser. Aie, merde ! J'avais des courbatures partout. Impossible d'effectuer un pas où que ce soit. Je me replongeai, immédiatement, dans mon lit. Une forte toux me réveilla vers dix-sept heures. On tapa plusieurs fois à ma porte, je n'avais pas la force de répondre.

— Sofia ?

Je reconnus sa voix et même à l'article de la mort, je ne voulais pas qu'il se trouve là. Il ouvrit la porte, il ne savait pas lire dans les pensées ! Je ne veux pas de toi ici, Ash Bradley !

— Sors de ma chambre, réussis-je à marmonner.

J'entendis ses pas approcher. Je parvins à peine à ouvrir les yeux, il posa immédiatement sa main sur mon front.

— Putain Sofia ! Tu es brûlante !

— Merci pour l'info.

Il sortit son portable de sa poche et appela un médecin. J'étais incapable de protester.

— Tu n'as pas à faire ça...

La toux reprit et m'empêcha de poursuivre.

— Chut, murmura-t-il, le docteur arrive, je reviens.

Quelques instants plus tard, je sentis un gant frais sur mon front et poussai un léger soupir. Il resta avec moi quand le médecin me diagnostiqua une grippe carabinée, il donna quelques consignes à Ash avant de partir.

Le soir même, il m'avait concocté une soupe de vermicelles, cela me rappelait les dimanches soir en famille, quand ma mère n'avait pas la force de préparer à manger. Ma mère disait que pour moi, c'était une soupe de fromage râpé, accompagnée de vermicelles. Et, malheureusement, je n'arrivai pas à manger en plus, il n'y avait pas de fromage. Je m'effondrai rapidement, il n'insista pas.

Les quelques rayons de soleil, qui filtraient à travers la fenêtre, suffirent à me réveiller. Je bâillai en m'en décrocher la mâchoire, même ce réflexe, si anodin, était une torture. Je vous l'accorde, quand j'étais malade, je ressemblais à tous les hommes. On avait l'impression que j'allais mourir incessamment sous peu. Il avait dû entendre mes soupirs, il arriva, immédiatement, avec un plateau dans les mains. Je me redressai un instant. La fièvre était un peu tombée, mais j'avais mal partout.

— Je n'ai pas faim Ash...

— Essaye au moins. Tu fais moins peur quand même, cela à l'air d'aller mieux, plaisanta-t-il.

Je n'avais pas la force de répondre, mais je n'en pensais pas moins.

Il posa un plateau, avec du jus d'orange, mes médicaments, un café et des brioches à la confiture de fraises. Il s'assit au pied de mon lit. Il était si beau, son regard bleu m'enveloppait... mon dieu, je délire, je passai une main dans mes cheveux emmêlés, merde ! Je devais être affreuse.

Il sourit.

— Tu n'es pas obligé de rester là !

Il sourit encore.

— Je sais, mais les autres ne veulent pas tomber malade, il faut bien que quelqu'un s'y colle.

— Sympa, je te hais Ash.

Il sourit de plus belle.

— Ce n'est pas ce que tu as dit hier soir, me taquina-t-il, tout fier.

— Tu mens.

Qu'est-ce que j'avais pu dire, les médicaments commençaient à agir, mais rien ne me revenait !

Il fit non de la tête.

Je pris une gorgée de jus d'orange.

— Tu peux partir vraiment.

— Tu es sûr ?

— Oui, certaine.

— OK, ce n'était pas aussi évident hier soir.

Bon, il m'agaçait, quelqu'un pouvait-il lui casser la gueule à ma place ?! Qu'est-ce que j'avais pu dire ? Bon sang !

— Ne tiens pas compte de ce que j'ai pu dire, c'était la fièvre qui parlait.

Il se leva et se retourna un instant.

— Pourtant, c'est bien toi qui m'as demandé de rester, cette nuit-là et celle d'après...

Il gloussa une dernière fois et sortit de ma chambre.

Je réussis à balancer mon coussin qui tomba sur la porte close ! Merde, pas assez rapide.

Dans la salle de bain, je ruminais, en plus d'être malade, j'avais été ridicule. Bon, dans tous les cas l'alcool et la maladie m'étaient favorables. S'il m'en reparlait, je plaiderais la folie passagère. Il ne me quitta pas pendant quelques jours, il passa son temps à mon chevet. Et surtout, on ne revint pas sur ce que j'avais pu dire.

Le week-end arriva, j'étais toujours fatiguée, mais la fièvre était tombée. J'entendis de ma chambre, Ash discutait avec quelqu'un. J'espérais vraiment que ce ne soit pas encore Mila, mais la voix apparaissait plutôt masculine. Au bout d'une bonne heure, je me décidai à sortir, j'allais un peu mieux, le bain chaud du matin m'avait fait du bien et je m'étais assez reposée.

— Sofia Flores !

Je restai un instant figé, devant mon meilleur ami, assis sur le sofa en pleine conversation avec Ash.

— Juan !

Je me jetai dans ses bras, j'étais encore toute fragile, mais il me maintenait fermement.

— Qu'est-ce que tu fais ici ? lui demandai-je, tellement heureuse de le voir.

Je titubai un peu quand il me relâcha. J'aperçus Ash sur le point de se levait, je m'appuyai sur le rebord du canapé.

— Assis-toi Sofia, m'ordonna Ash.

Juan éclata de rire, en découvrant mon visage.

— OK, je vois, rien n'a changé, plaisanta mon ami.

Ash resta surpris.

— Oui, il se prend toujours pour mon grand frère.

Quoi ? Il fallait bien faire diversion.

Ash était perplexe, il nous interrogeait du regard. Quand on s'assit, enfin, il était en face de nous, sur un fauteuil.

— Pendant le camp, tu étais déjà comme ça, toujours à la protéger, expliqua mon traître, de soi-disant meilleur ami.

— Ah, enfin, quelqu'un qui va pouvoir me dire ce qui s'est passé cet été-là, elle n'en parle jamais, continua Ash.

— Il n'y a rien à dire.

Tu as piétiné mon cœur, tu voulais peut-être, aussi récupérer les morceaux ?

— Bon, bon, comment vas-tu toi ? Changea de sujet Juan.

— Je vais mieux, j'ai la grippe, rien de bien grave.

— Quand j'ai appelé, on m'a précisé que tu avais des nuits plutôt arrosées également, et que tu étais différente.

Je fusillai Ash du regard.

— Qu'est-ce que tu as raconté à mon ami ? pestai-je.

– La vérité.

— Je t'ai demandé de te mêler de tes affaires !

— C'est moi qui ai insisté Sofia, je te trouvais bizarre aussi, en ce moment, et de toute façon, je souhaitais te voir. Tu me manquais trop, minimisa mon ami.

Je me sentais la force de sortir un peu et je voulais me retrouver avec mon ami. Je passai un super week-end avec Juan, nous nous installions dans un petit restaurant de Missoula, en tête à tête.

— Toi et Valentina vraiment ?

Il sourit.

— Pour pouvoir juger, il faut comprendre quand on a compris on ne peut plus juger, So.

Il avait raison et je pense que j'étais capable de l'entendre, maintenant, mais c'était plus fort que moi, je rajoutai.

— Elle, elle s'est jetée dans les bras du premier venu, une semaine après le décès de mon frère, murmurai-je, je retenais mes larmes.

— Sofia, je sais que tu ne me dis pas tout, sur cet été-là, sur Ash, mais je sais que ton attitude ne vient pas de ta relation avec Liam...

— Juan...

— Sofia, tu as tellement changé cet été, j'avais l'impression que tu t'autorisais, enfin, à vivre, depuis la mort d'Alejandro et le départ de ton père. Mais malgré tout, quand il a eu son accident, quand il t'a oublié, tu t'es renfermée sur toi-même. Et je ne sais pas ce qui s'est passé, mais tu t'es complètement fermée à toutes relations, ce qui n'était pas toi. Sûrement, essayais-tu de disparaître ton chagrin ? Pour des raisons qui te sont propres.

Je secouai la tête, je ne voyais pas le rapport avec le comportement de sa copine après le décès de mon frère. Il continua.

— Puis quand tu t'es séparée de Liam, tu as fait l'inverse, tu t'es retrouvée dans des relations qui ne te ressemblaient toujours pas...

— En fait, ce n'était pas que pour Liam..., m'expliquai-je.

— J'imagine So, j'imagine que le retour d'Ash t'avait encore fait du mal, mais quand tu m'as parlé de ton week-end au ski, rien que ta voix n'était plus ainsi terne, sans vie. Pour Valentina ça a été pareil, elle souffrait, je ne juge pas ce qu'elle a fait. J'ai essayé de comprendre, nous avons beaucoup discuté cet été-là... Elle venait de perdre son premier amour. Tu avais décidé de fermer ton cœur en n'ayant aucune relation. Elle, elle a multiplié des liaisons sans intérêt.

Je commençai à comprendre.

— Je, je l'ai privé de cet amour, dis-je, sans pouvoir retenir mes larmes. Je lui ai demandé de sortir, qu'il faisait trop de bruit avec ses copains...

— Sofia, tu n'y était pour rien. Tout comme Valentina ni été pour rien.

— Valentina ?

Il souffla un grand coup.

— Ton frère l'a appelée ce jour-là, il voulait la voir. Elle lui avait dit qu'elle n'était pas disponible, qu'elle sortait avec ses cousines. Elle lui reprochait d'être toujours avec coéquipiers. D'habitude, elle aurait changé ses projets immédiatement pour lui, mais là, elle était en colère qu'il ne lui accorde pas assez de temps. Ton frère a fait venir ses amis...

Le silence peut faire tellement de mal, ne pas oser se dire les choses, rester dans ses propres ruminations pouvaient nous rendre dingues et nous faire croire des trucs impensables. Comme être responsable de la mort de quelqu'un ? Pourquoi serait-elle plus coupable que moi ? C'était un putain... un terrible accident.

Je promis à Juan de venir le voir bientôt et je n'eus pas besoin de lui assurer que j'allais changer, il savait bien que cette situation ne durerait pas. J'avais choisi de ne plus me rendre chez la psychologue, au moment, où nous abordions mon passé. Il était temps que mon passé reste à sa place et qu'il ne prenne plus toute la place, mais pour cela, je devais pouvoir en parler. Je décidai de recommencer les séances.

J'espère que vous avez aimé ce chapitre... l'avant dernier chapitre ! ça fait bizarre !^^ N'hésitez pas à me donner vos avis, vos remarques, vos idées, peut-être sur la fin ?!

J'essaye de publier le dernier chapitre et l'épilogue final, dans la semaine...

Encore merci pour vos encouragements, vos remarques, vos votes et commentaires toujours bienveillants et souvent très drôles ! Prenez soin de vous ;) A bientôt !

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