I

Les gens avaient beaucoup de mal à comprendre la réalité, moi y compris. Parfois, je me demandais pourquoi personne ne pensait, comme moi, que la vie ne se trouvait pas dans nos téléphones. Que la vie se trouvait dans les arbres et les gens. Pas dans les réseaux sociaux.

Au self, toutes mes camarades de classe fixaient leur écran. Je pris l'iPhone 25 de celle en face de moi, le jeta par terre et le piétina. Elle me regarda avec confusion, avant de sortir un autre smartphone plus récent encore de sa poche.

- Quelle folle, murmura-t-elle d'une voix rauque.

Je hurlai, mais la plupart des lycéens portaient des écouteurs en mode "éliminateur de bruit", et ne m'entendaient pas. Les autres me regardaient soit avec dédain, soit avec curiosité, comme si c'était un post sur Internet qui m'avait fait crier.

Je sortis de table, mais personne ne sembla le remarquer. Ils étaient tous trop occupés par les vidéos de chats générés par des intelligences artificielles et les lancers de pastèque à travers les fenêtres.

•••

Solitude

Au fond du silence, l'âme se fait écho,
Chaque souffle est un cri, chaque pensée tourment,
Loin de tous ces gens, le cœur, à bout de mots,
Cherche en vain une promesse dans le néant.

•••

Puis, en cours, personne n'écoutait l'enseignant qui tentait tant bien que mal de ramener la concentration chez ses élèves. Tous regardaient leur téléphone. Quant à moi, je regardais par la fenêtre, consciente que le professeur nous demandait de regarder le tableau, mais sans en avoir rien à faire.
Cela ne servait plus à rien l'école de toute façon, de nos jours. Les maths n'étaient plus que dans les algorithmes de nos appareils électroniques, les langues étaient traduites par des emojis, les arts ne se trouvaient que sur Internet, et perdaient leur valeur. Le sport n'avait plus aucune importance, puisque les filtres nous permettaient d'apparaître plus minces.

Et moi dans tout ça ? Je ne savais pas trop, si ce n'était que j'étais très bizarre pour les autres. Ils ne m'aimaient pas beaucoup. Ce n'était ni un secret, ni une supposition, mais plutôt un constat. Après tout, les gens n'aimaient pas ce qui était différent, bizarre. Et j'était sûrement la fille la plus "originale" qu'ils aient jamais rencontrée, visiblement.
Je n'avais aucun post sur les réseaux sociaux, et mes comptes étaient un peu vides. Pour certaines personnes, c'était comme si je n'existais pas.

Peut-être que je n'étais pas vraiment réelle. Après tout, la réalité se trouvait à présent sur un écran.

Mais je ne me laisserai pas abattre par notre société. Coûte que coûte, j'imprègnerai ma marque dans le monde. Comment ? Bonne question.
Peut-être que la première étape serait de trouver mon but.

Je voulais écrire un livre. Un roman si émouvant, si puissant, si poignant que les gens fondraient en larmes rien qu'à l'évocation du titre de mon œuvre.
L'histoire d'une fille.
L'histoire des mots.
L'histoire d'une histoire.

J'espérais que ça marcherait.

•••

Comment exister en 3 étapes par Laure

- Avoir un objectif ambitieux en vue : Écrire un livre

- Trouver quelqu'un qui me comprenne (enfin), et qui me ressemble

- Réaliser mon objectif (voir étape n•1)

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