Tristesse (bis)
"Dis, pourquoi es-tu parti ? Pourquoi m'as-tu menti ? Pourquoi ?"
Je me pose cette question depuis plusieurs mois maintenant. Mais toujours aucune réponse. C'est comme si je parlais dans le vide, dans un trou, dans un creux - dans le creux de mon cœur.
Quand tu es parti, je n'ai pas pleuré. Quand j'ai réalisé, mes yeux se sont humidifiés. Et maintenant, je pleure tous les soirs. La nuit m'entoure et le cache aux yeux du monde. La nuit est devenue une amie fidèle. Elle ne me trompe pas, elle. L'obscurité m'écoute et garde mes secrets. Elle étouffe mes pleurs et mes cris de colère. Elle emplit mon cœur vide d'un poison sombre et triste ; elle comble ton absence par des larmes salées et des éclats de tristesse.
Je n'aurais pas dû être amoureuse de toi, je n'aurais pas dû te dire "Je t'aime". J'aurais dû me taire comme je le fais si bien.
Je n'ai jamais été courageuse, je ne m'en suis jamais vantée. Mais depuis le début, j'étais habituée à n'être qu'une ombre, à n'être que celle qui suit, celle qui accompagne, l'amie invisible.
Et toi, tu es arrivée dans ma vie. Le premier jour, je ne t'ai presque pas remarqué, je ne t'avais pas vu et je continuais à faire le fantôme. Puis tu m'as vu, tu m'as souri et je t'ai souri en retour. Je n'aurais pas dû.
On s'est présenté, d'abord timidement et ensuite plus simplement. On a discuté. Je t'ai tout de suite apprécié et toi aussi.
Tu t'es peu à peu installé dans ma vie comme je l'ai fait dans la tienne. On s'est rapproché et, un matin, tu m'as fait la bise ; cela fait longtemps que je n'ai pas éprouvé un joie pareille à celle de ce jour-là. Mes yeux brillaient et j'ai cru te voir aussi heureux que moi à cet instant. Et, comme au premier jour, tu m'as souri et je t'ai souri en retour. Depuis, c'était devenu un petit rituel : tu arrivais au collège, tu me voyais et tes joues un peu rugueuses et sèches venaient doucement effleurer les miennes dans un petit bonjour encore timide. J'avais toujours considéré ça comme une chose privilégiée pour moi alors que tu faisais pareil aux autres filles. Mais j'avais l'impression que ce n'était pas la même chose quand tu le faisais pour moi. C'était une façon comme une autre de me sentir importante à tes yeux, de me sentir enfin quelqu'un.
A force de se voir et de se parler, des secrets se sont créés : tu m'aimais et moi aussi. Nous n'étions que des aveugles à ce moment. Tout le monde savait comment ça allait finir. Ils croyaient tous qu'on allait se l'avouer et s'embrasser mais ça ne s'est pas passé comme ça...
Je te l'ai dit. J'ai pris les devants. Moi, la fille que personne ne connaissait, la fille invisible, l'amie de quelqu'un. Je te l'ai dit et tu as hésité.
J'ai passé une soirée entière à penser à toi et à ce que tu allais me dire. J'avais confiance et je rêvais à une multitude de contes de fées plus beaux les uns que les autres. Mais il y avait une tâche dans mon tableau trop parfait : les contes de fées ne se terminent pas tous par une fin heureuse. J'étais bien placée pour le savoir.
Le lendemain, je t'ai reparlé. Tu m'as regardé tristement, presque avec un air coupable, et tu m'as dit :
"Je suis désolé, je n'éprouve que de l'admiration pour toi. Désolé."
C'est à ce moment-là que mon cœur s'est fissuré, d'abord une toute petite fissure de rien du tout. Une blessure qui guérirait avec le temps et l'oubli.
J'ai esquissé un sourire, bien trop joyeux pour être vrai. J'étais vide à l'intérieur. Je n'étais plus moi-même. J'avais décroché. Je ne t'ai pas cru. Avec tout ce qu'on avait vécu, je ne t'ai pas cru.
On a descendu les escaliers côte à côte comme s'il ne s'était rien passé en haut - comme si ce n'était qu'un rêve. J'avais l'impression de n'être devenue qu'une parfaite inconnue pour toi et la fissure s'est agrandie.
On a mangé ensemble, notre dernier repas ensemble. Tu partais juste après et je n'ai rien ressenti.
C'était mon anniversaire ce jour-là et tu m'avais offert des caramels au beurre salé. Tu me les avais offert rien qu'à moi et j'en avais été flatté. Tes joues avaient une fois de plus touchaient les miennes mais cette fois-ci, tes lèvres s'y sont posées aussi. Et j'avais rougi, gênée.
Quand tu es parti, il y avait trop de monde autour de toi et je n'ai pas pu te dire au revoir correctement.
Je me souviens des dernières heures et de l'horloge qui me narguait avec son tic-tac incessant. J'avais peur. Plus le moment fatidique approché, plus ma peur montait. Et puis je t'ai vu, tu m'as souri et je t'ai souri en retour. Je me suis jetée dans tes bras une dernière fois, je t'ai dis au revoir une dernière fois, j'ai posé mes joues sur les tiennes - un peu rugueuses et sèches - une dernière fois et je t'ai souri.
J'ai gardé le sourire que tu m'as donné. J'espère de tout mon cœur que tu as fait pareil.
Et maintenant ? Que vais-je faire ?
Les caramels sont finis, les messages moins fréquents, les signes de vie inexistants et la douleur toujours présente. Le temps passe et avec lui la tristesse. La fissure de mon cœur est ouverte et un poison sans fin s'infiltre à l'intérieur. Cela fait mal. Mais sans doute pas autant que tes mensonges et ta tristesse.
Je pleure et tes joues s'humidifient. La nuit m'ouvre ses bras, alors que tu ne m'as ouvert les tiens que deux fois.
Je pleure et tu pleures aussi, sur nos joues ruissellent des perles d'eau. Je m'imagine ton sourire éclatant et je souris en retour.
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Hey ! Voici donc un autre texte dans la continuité du premier ! Vous reconnaîtrez sans doute des choses que vous avez déjà lu ;-)
J'espère en tout cas que vous passez une bonne soirée du Nouvel An !
Sweety ~
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