Solitude
Est-ce que j'ai bien fait le bon choix ? Est-ce que j'ai bien fait de rester ? Est-ce que j'ai bien fait en les gardant toutes ? A ne pas vouloir tout casser. A vouloir tout concilier. A s'incliner devant d'autres choix. A comprendre d'autres points de vue. A être gentille. A sourire. A excuser. A défendre. Voici où j'en suis arrivée.
Seule.
Personne.
Une inconnue.
Qui me défend ? Qui me sourit ? Qui me comprend ? Qui ?
J'en suis arrivée au point où je préfère me taire pour ne pas aggraver mon cas, pour ne pas creuser plus que ça le fossé qui se trouve à mes côtés. Je suis désormais entourée d'abîmes, à croire qu'ils ont toujours été là.
Je tourne sur moi-même et je ne vois rien. Seulement du brouillard qui me bloque la vue. Le froid me gèle le corps et le souffle.
Je suis comme la flamme d'une allumette.
Le feu hypnotise et ravage. Le feu est chaleureux et en même temps brûlant. Le feu appelle et rejette. Mais que vaut une misérable langue de chaleur ? Elle brille à peine le temps de quelques secondes et s'évapore ensuite, comme si elle n'était jamais venue au monde.
On la regarde. On sourit... peut-être. Et on souffle dessus avant qu'elle ne nous lèche les doigts de sa brûlure.
Je ne suis pas de ces incendies qui ravagent autour d'eux. Je ne suis pas de celles qui détruisent et laissent des marques indélébiles. Même si, comme toute flamme, j'ai brûlé et j'ai blessé. Je ne suis pas de celles qui abandonnent les cendres encore chaudes et condamnent les braises à s'éteindre.
Une brise glacée m'a consumée.
Et je reste là, à danser, environnée par un écran de fumée. Ces volutes grises et blanches qui me bercent et me transportent.
Mon sourire, lui, est toujours là. Même affaibli, il est là sur mes lèvres. Il a du mal à partir, et je ne veux pas qu'il s'en aille. Alors je le retiens et j'enferme mes ombres dans l'océan irisé. Elles se débattent et, parfois, arrivent à s'échapper. Alors les commissures de mes lèvres se fanent comme un lys en manque de lumière. Une tempête prend place dans mes pupilles, étrange tableau de gris et de bleu. Le temps d'un instant. Un instant qui flotte et reste suspendu dans l'air.
Je m'entoure de mes bras et m'accroupis en regardant l'horizon autour de moi. Des nuages emplissent mon champ de vision. L'orage est proche, il gronde au loin, je le perçois. Je lève lentement la tête et des gouttes de pluie viennent s'écraser sur mon visage – ou sont-ce des larmes ?
Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je laisse l'eau couler sur mon front, sur mes paupières, sur l'arête de mon nez, sur mes joues, sur mes lèvres et dans ma bouche. Mes cheveux s'humidifient et collent à ma peau. Mes vêtements sont gorgés d'eau et je reste dans cette position, les pieds sur le sol et les bras entourant mes jambes.
Je suis lourde de remords. Lourde d'inquiétudes. Lourde de tristesse. Lourde de solitude.
Bientôt les gouttes de pluie ne résonnent plus sur le sol. Le ciel ne hurle plus sa colère. Les nuages ont fini de pleurer. L'orage est passé et avec lui, mes ombres fumeuses.
Je laisse mon corps se relever, comme plus léger, et étendre mes muscles vers ce ciel autrefois si noir. Mes mains ouvertes et mes yeux fermés, j'inspire. L'oxygène irrite ma gorge douloureuse et emplit mes poumons compressés.
Un frisson parcoure mon épiderme et j'ouvre enfin les paupières. Un doux rayon de lumière vint caresser mon visage et je l'accueille avec un léger sourire. Le soleil me salut de son aura bienveillante et rallume mon éclat.
Je suis comme la flamme d'une allumette. Je me consume vite et je disparais de mon frêle bout de bois. Mais sans moi, il n'y aurait pas ces jolies langues de feu sur les mèches des bougies de cire.
Alors, tant que je pourrai continuer à allumer ces couleurs d'or et de pourpre pour éclairer l'obscurité ; tant que je pourrai raviver la flamme de milliards de lueur unique au monde ; tant que je pourrai les faire sourire et les faire rire ; tant que je pourrai les rassurer ; tant que je pourrai être à leurs côtés.
Je veux bien être la flamme d'une allumette.
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Je vous avoue que ce texte n'était pas censé finir comme ça... mais au final, je trouve que la fin est ce qu'il y a de plus approprié.
J'espère que vous l'avez apprécié autant qu'il m'a fait du bien !
Sweety ~
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