Fevrier | 𝐸𝓁𝒾𝓈𝒶𝒷𝑒𝓉𝒽
Fevrier 20XX
Il lui restait un gout amer dans la bouche. Une brulure âpre dans la gorge qu'elle ravivait à chaque fois, mais c'était la seule solution disait-elle.
C'était toujours la même sensation qui laissait Elisabeth sur sa faim. Elle la connaissait bien pourtant, elle aurait dû s'habituer. Mais non, jamais Beth ne pourra jamais se satisfaire de cela, c'était trop peu.
Toujours trop peu.
Elle en voulait encore, encore et encore. Elisabeth souhaitait plus que tout que cela continue. Évidemment elle en souffrait, mais ça lui prouvait que c'était réel.
Parce qu'Elisabeth le savait, embrasser le désespoir après chaque repas lui laisserait toujours une douce brûlure sur les lèvres.
Pourtant elle en était dépendante.
Non, elle ne l'aimait pas cette sensation, elle la fuyait chaque jour. Passant à côté de la salle de bain, elle détournait le regard.
Mais elle était trop forte, cette voix.
Ce misérable amour propre qui te ramène tous les jours devant le miroir. Celui qui te dit
Regarde toi,
Observe toi,
Analyse toi,
Compare toi,
Critique toi,
Déteste toi.
Et Beth l'écoutait.
Chaque jour, de l'autre côté du miroir, son reflet ricanait de la voir s'accrocher à une brûlure au fond de sa gorge. Le gout salé de ses larmes la nourrissait tandis qu'elle chuchotait
- Ce n'est pas assez...
Ce n'est jamais assez...
Qui parlait ? Cette voix au fond d'elle que Beth avait surnommée Ana ?
Oui, Beth ne s'était rendu compte de rien. Arrivée comme une amie, Ana lui avait promis le plus beau, l'amour.
Son amour à elle, le sien, celui qui la rendrait belle à ses yeux. Le plus important, celui qui lui donnerait confiance, qui l'a rendrait forte.
Mais Beth était devenue une marionnette qui ne se satisfaisait de rien. Elle en voulait plus, pour en avoir moins. Et quand elle n'y pensait plus, qu'Ana lui laissait un temps de repos, son reflet dans la flaque de pleurs lui riait au nez.
Regarde toi,
Observe toi,
Analyse toi,
Compare toi,
Critique toi,
Déteste toi.
Alors Ana revenait et de sa voix grinçante murmurait
- Je ne te laisserai jamais, ta vieille amie Anorexie sera toujours là pour toi.
Mely
Carnet d'éternité - Ces gens-là
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