chapitre 7
-C'est le media day, il pleut, j'ai besoin d'un café urgemment.
Oscar secoue la tête en voyant un Lando au bout du rouleau alors que la journée vient à peine de commencer. Heureusement pour lui, George apparaît à sa gauche, un thermos dans les mains.
-Tiens. C'est celui au caramel que t'aimes bien.
-Quel sauveur, souffle Oscar, et Lando le fusille du regard.
-Sauveur, sauveur, c'est quoi tes solutions contre la pluie et le media day ? marmonne Lando tandis que George rit.
-Un bisou ? propose-t-il, mais sa solution n'est plus d'actualité : Lando a aperçu Nour de l'autre côté des portiques, et Oscar est à deux doigts de couper son ouïe pour uniquement se concentrer sur la vue.
-Laisse-là, elle est fâchée contre toi, dit-il, et Lando rit.
-Trop mignon, elle est venue se plaindre à toi.
Oscar lève les yeux au ciel, et quand ils passent près d'elle, elle lui sourit avant de faire un petit signe de la main.
Ça y est, nous avons à nouveau perdu Oscar. Devant tout le monde, comme ça, il vient de se faire saluer, tandis que Lando et George n'ont rien eu.
-Bon, à tout à l'heure, les McLaren ! s'exclame George avant de tourner pour aller chez Mercedes, et Lando soupire.
-Oscar.
-Lando.
-Tu crois que je dois m'excuser auprès de Nour ?
Il hausse les épaules.
-Tu la connais mieux que moi.
Lando souffle.
-Je suis pas ton concurrent, tu le sais, ça ? Elle m'intéresse pas et m'a jamais intéressé. C'est comme une sœur pour moi. Donc c'est pas un concours de qui sait mieux que l'autre.
Oscar se mord la lèvre. Il sait tout ça, pourtant, il est content de l'entendre.
-Désolé. Je ne pense pas que ce soit une mauvaise idée de s'excuser. Elle était très gênée.
Lando hoche la tête.
-Je voulais pas la blesser, je rigolais juste.
-T'as peut-être été un peu trop fort.
-Bon. Je reviens, s'ils me cherchent, t'as qu'à dire que je suis parti faire caca.
Oscar éclate de rire et regarde son coéquipier partir en trottinant sur le paddock, déterminé. Quand il revient, c'est pile le moment de monter sur scène, et personne ne semble particulièrement avoir remarqué son absence.
-Ils ont dit quoi ? chuchote-t-il, et Oscar hausse les épaules.
-Que c'était vachement calme sans toi.
Lando rit et attrape le micro qu'on lui tend.
Oscar l'a dit : il aime bien le media day. Il trouve ça amusant, et avec un coéquipier comme Lando, ils ne s'ennuient jamais. Quand l'heure du déjeuner arrive, il a mal aux joues à force d'avoir ri toute la matinée.
-Tu as passé une bonne matinée, Oscar Piastri, déclare Nour, et il sourit.
-J’ai beaucoup rigolé. Et toi ?
Elle hoche la tête.
-J’étais du côté de chez Haas, c’était chouette.
-Première fois que j’entends quelqu’un dire cette phrase, secoue-t-il la tête, et Nour rit avant de s’asseoir face à lui.
Elle porte un maillot de l'Équipe de France aujourd’hui, et Oscar soupire.
-Tu te sens plus française ou algérienne ?
Elle se mord la lèvre avant de soupirer et de dire :
-Je suis née et j’ai grandi en France mais si je fais des pourcentages sur mes origines, je ne suis d'origine française qu’à 25 %. Donc, qu'est-ce que ça fait de moi ?
Oscar la dévisage sans répondre. Il n’a jamais réfléchi à tout ça. Il a des origines qui sont un peu lointaines et se considère simplement comme Australien. Il est Australien, d’origine australienne. C’est une fierté qu’il porte depuis ses débuts dans le sport, où il est souvent question de “représenter son pays”.
-J’ai pas demandé si t’étais française ou algérienne. J’ai demandé si tu sentais plus française ou algérienne.
Elle sourit.
-Oui, mais c’est pire comme question. J’ai pas la réponse non plus. Demande-moi régulièrement, on fera des stats.
-Pourquoi tu veux faire des pourcentages ? Ça ne résout pas tout.
Nour hausse les épaules. Oscar voit bien qu’elle est un peu bouleversée par ses questions, pourtant, il n’a pas l’impression qu’elle veut urgemment clore le sujet. Elle le fixe quelques instants avant de déclarer :
-Tu t’es jamais posé ce genre de questions, hein ?
Il sourit timidement avant de secouer la tête.
-Je m’interroge sur tout ça depuis toujours. Je me souviens pas d’un monde où je ne le fais pas. C’est étrange de penser que d’autres personnes se sont construites sans ce grand sujet.
-Tu dis ça comme si c’était mieux de ne pas avoir à y penser.
-Parce que je pense que c’est le cas.
Oscar secoue la tête.
-Je ne suis pas d’accord. Vous développez sûrement beaucoup de choses inconsciemment. Et avoir une double culture… c’est tellement riche.
Elle ne répond rien, et Oscar sourit. Elle ne pense pas comme lui et il n’est personne pour lui dire qu’elle pense mal, surtout lorsqu’il n’a pas vécu la situation. Pourtant, il voit bien qu’elle va y réfléchir.
Quand il quitte le paddock à la fin de la journée, il est plutôt fier de ce qu’il accomplit ces derniers temps. Nour reste une entité qu’il place sur un piédestal, mais il s’avère qu’il est à peu près capable de tenir une conversation avec elle.
C’est sa deuxième plus grande fierté, la première, étant, pour rappel, qu’il est le plus calme de l’écurie.
-Alors ? Tu t’es fait coiffer, aujourd’hui ?
Oscar rit en voyant Lando apparaître à côté de lui, l’air moqueur.
-Et toi, t’as eu des photos, aujourd’hui ?
Lando soupire.
-Non. Mais c’est que le début du week-end, n’est-ce pas ?
Oscar hoche la tête, un sourire aux lèvres.
-Ce n’est que le début du week-end, il confirme.
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Oscar qui tweete sur les origines n'était pas dans mon bingo 2024
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