Le dimanche soir, après un long week-end, Oscar aime rentrer le plus tôt possible à son hôtel afin de passer le reste de sa soirée sous la douche, puis dans son lit.

Mais ce dimanche là n'est pas un simple dimanche, alors, il se retrouve à arpenter le paddock pour partir à la recherche de Nour.

Il se souvient qu'elle passait la journée chez Aston Martin, mais il n'ose pas vraiment traîner autour de peur que des rumeurs circulent. Il se cache donc entre deux hospitalités en attendant qu'elle sorte. Dès qu'elle se retrouve en terrain neutre, Oscar bondit presque vers elle, mais plongée dans son téléphone, elle ne le voit pas arriver.

-Pitié, Oscar Piastri, souffle-t-elle en portant sa main à son cœur. On n'a pas tous nos cinq sens ultra développés, ici !

Il sourit.

-Je pensais que c'était contagieux.

-Qu'est-ce que tu fais encore ici, Oscar Piastri ? Tu traînes jamais dans le coin le dimanche soir.

Le pilote plisse les yeux.

-Comment tu sais ça ? Tu me cherches, Nour Aït Idir ?

-Toujours, Oscar Piastri, dit-elle en haussant les épaules, et Oscar est incapable de dire si elle est sérieuse ou pas. Nour attend la réponse à sa question à elle, il le voit sur son visage, mais soudain, il réalise qu'il n'en a pas. Et il se sent un peu bête.

-Je venais juste te dire à la semaine prochaine.

Elle sourit.

-Le grand final, dit-t-elle sur un ton de présentatrice de reportage, ce qui fait rire Oscar.

Aucun enjeu pour lui ni pour son écurie lors du dernier Grand Prix, mais il n'a pas encore tout à fait assimilé que celui-ci se déroule la semaine suivante, et tout ce que la fin de la saison implique.

-Oscar ?

Nour a déjà dit son prénom seul quelques fois, pourtant, cette fois-ci, ça surprend complètement Oscar, qui sort d'un coup de ses pensées pour la dévisager, attendant la suite.

-Je peux te faire un câlin ?

Il sourit.

-Oui, commence-t-il à dire avant de faire la moue. Euh, j'ai pas pris ma douche, je me suis juste changé vite fait...

Elle hausse les épaules, et comme elle semble peu troublée par cette information, Oscar hausse les épaules à son tour, et il sourit en voyant Nour s'approcher.Comme tout bon personnage principal de sa fiction, Oscar ne fait plus attention aux bruits environnants, aux passants, aux caméras. Tout ce qui compte à présent, c'est qu'il vit un moment d'anthologie. Nour est dans ses bras.

Quelle journée. Il ne s'en remettra probablement jamais.

-Ça va, c'est pas si terrible, déclare-t-elle en brisant l'étreinte, et Oscar éclate de rire.

-Mais c'est super gentil, ça, Nour Aït Idir. Puisque c'est comme ça, je rentre prendre ma douche.

-Moi, je dois retourner travailler. On se voit pour le media day la semaine prochaine, Oscar Piastri !

Il la regarde s'éloigner quelques secondes avant de prendre la direction de son écurie pour récupérer ses affaires avant de rentrer. Il croise Lando qui transporte de nombreux produits pour la douche dans ses bras, et celui-ci hausse les sourcils en le voyant.

-Qu'est-ce que tu fais encore ici ? Tu changes tes habitudes, c'est étrange.

Il lève les yeux au ciel. Oscar a bien prévu de ne pas répondre à ses questions en ce qui concerne Nour et lui aujourd'hui. Premièrement, il a envie que ça ne reste qu'entre eux pendant quelque temps, aussi infime soit cette période. Et puis, tout simplement, il a quand même très envie de rentrer prendre sa douche et d'aller sous la couette, et annoncer ce qu'il doit annoncer à Lando ne ferait que retarder ce moment tant attendu.

-Toi non, visiblement, tu vas encore dépenser un SMIC en eau chaude.

-C'est même pas vrai. Chacun ses rituels d'après-course. T'as vu Nour, aujourd'hui ?

Oscar tente de garder l'air le plus neutre possible en réaction à cette question. Il a prévu de mentir, mais pendant quelques secondes, il envisage la possibilité que Lando soit au courant de tout.

Ce serait un coup trop bas de poser cette question en ayant déjà la réponse. Et puis, Oscar connaît assez son coéquipier : il aurait décidé de se moquer de lui dès les premières secondes s'il savait.

-Bah, j'ai déjeuné avec toi, tu te rappelles ?

-Je sais. Mais d'habitude, elle vient te voir dans le garage avant la course, non ?

Oscar n'aime pas mentir ; il fait donc en sorte de rester le plus évasif possible, afin de garder ses réponses dans le champ de la vérité.

-Oui, mais je ne la vois pas toujours, ça dépend où j'en suis de ma préparation.

Lando hoche la tête, et Oscar soupire mentalement de soulagement.

-Bon. Je vais lui envoyer un message, alors. À plus, Osc !

Lando et ses produits s'en vont vers la douche, tandis qu'Oscar reste planté là. Il ne pense pas que Nour vendra la mèche, trop agacé par les moqueries incessantes de Lando envers elle. Leur petit secret est sauf pour quelques jours de plus.

Oscar n'aura pas besoin de s'inventer des histoires pour s'endormir, il a tout ce qui lui faut dans ses souvenirs, et dans ses cinq sens.