chapitre 24
Le vendredi, Oscar arrive le premier au garage.
Lando reste Lando, il ne peut pas faire des cadeaux qui le mettent en avance tous les jours à George.
L'australien sourit en voyant Nour arriver quelques minutes après lui, un maillot de l'Équipe de France sur le dos.
-Tu commences à neuf heures ? lui demande Oscar après l'échange des salutations, et Nour plisse les yeux.
-Pourquoi ? T'as peur de devoir me payer des heures supp ?
Il rit.
-Non, je m'intéresse à ton rythme de sommeil.
Elle secoue la tête.
-Et quoi, si je commence pas à neuf heures ? Tu vas me renvoyer à mon hôtel ?
Il secoue la tête.
-Non. J'aime bien commencer la journée en voyant le soleil.
Nour abandonne son air défensif pour sourire.
-Le soleil, il a du boulot. Est-ce que le nuage veut bien s'asseoir pour se faire coiffer ?
Oscar hoche la tête avant de se poser sur le premier siège qu'il voit. Nour s'avance et plisse les yeux, concentrée.
-C'est combien de temps, le congé maternité de Sienna ?
Nour abandonne les cheveux de l’australien du regard pour plonger ses yeux dans les siens.
-Six mois. Normalement, c'est quatre, mais elle a une grossesse à risques.
Il hoche la tête, essayant lamentablement de s'empêcher de sourire.
-Tu dois être contente… six mois de plus à travailler dans un domaine qui te plaît.
Elle sourit.
-Je suis contente. Il y a beaucoup de choses qui me plaisent ici, Oscar.
Il détourne le regard et ne la voit pas hésiter avant d'embrasser sa joue et de disparaître dans le garage voisin.
Oscar reste planté sur son siège, mille pensées se bousculant dans sa tête. Il a très bien compris le sous-entendu, et au bout de vingt-quatre chapitres, il était temps. Si Oscar avait du courage, il suivrait Nour et la conversation continuerait. Mais dans cet univers, il reste assis et savoure simplement ce qui vient de se passer.
-Qu'est-ce que tu fous là, l'emmerdeuse, c'est l'autre côté du garage, pour toi.
Oscar rit en entendant Lando, mais la réponse de Nour ne parvient pas à ses oreilles. Stupide cinq sens. Il la voit passer, son téléphone contre l'oreille, pour se placer à quelques mètres du garage.
-Livraison de café.
Oscar sourit et attrape le gobelet tendu par Lando.
-Je sais si t'as vu les résultats du simu mais j'ai juste regardé vite fait ce matin et…
Le britannique s'arrête d'un coup, et Oscar met quelques secondes à remarquer.
-Oui ?
-T'es pas concentré, là.
-Non, je suis vraiment pas concentré, désolé.
Oscar soupire, et Lando hausse un sourcil.
-Qu’est-ce que t'as ? Raconte.
L'australien gigote sur sa chaise et commence à jouer avec ses mains.
-Nour m'a embrassé sur la joue.
Il est trop gêné pour regarder la réaction de son coéquipier, qui pouffe de rire.
-Oh, et tu vas faire quoi en échange, lui embrasser le front ?
Oscar est obligé de rire, et quand il redresse enfin la tête, Lando a bel et bien un air moqueur sur le visage.
-Je peux savoir ce qui me vaut ces moqueries ?
-C'est juste qu’au bout d’un moment, on en a déjà parlé, il faut mettre sa langue dans la bouche de l'autre personne au lieu de tourner autour du pot.
-Ça te dégoûte pas ?
Lando plisse les yeux, l'air confus.
-Nour et moi, ajoute-il.
-Bah, non. Je te l'ai déjà dit, elle s'apparente plus à une sœur pour moi. Et puis on va pas supporter cette tension longtemps donc il va falloir prendre les choses en main.
-Mais comment ça ? C'est qui, “on” ?
-Euh, toutes les personnes qui vous entourent et qui ont les yeux en face des trous.
Oscar se mord l'intérieur de la lèvre. Il entend bien tout ça, le problème, c'est qu'il ne sait pas comment passer de l'idée de tout ça à la réalisation.
-Comment…comment t'as fait ?
Lando hausse un sourcil et cligne des yeux plusieurs fois.
-Beh, tu…
-Je juge bon de préciser que je ne veux pas de ton tuto pour rouler une pelle à quelqu'un, là. Je veux savoir comment vous en êtes arrivés là. Je veux dire, le contexte.
Lando hoche la tête.
-Pff, je sais, tu me prends pour qui ? J'allais exactement t'expliquer ça…
Oscar sourit d'un air moqueur.
-Vas-y, du coup.
-En fait, c'est très simple, j'ai enlevé mon tee-shirt devant lui.
L'australien plisse les yeux. Il n'a jamais entendu cette histoire, et soudain, il doute de vouloir connaître la suite.
-Pour ma défense, j'étais sacrément mouillé.
Lando pouffe de rire en s'entendant dire sa propre phrase, et Oscar le regarde, désemparé.
Il n'est pas prêt de perdre son titre de plus calme du garage.
-En vrai, l'histoire serait trop longue pour être racontée un vendredi d'essais libres. Et je suis pas sûr qu'elle te soit d'une utilité quelconque. Je crois que se tourner autour, ça fait aussi partie de l'histoire d'amour, et que tant que l'un d'entre vous n'a pas le déclic pour lancer les hostilités, ça va continuer.
Oscar sourit.
-T'es plein de sagesse ce matin, qu'est-ce qui t'arrives ?
-Je me moque beaucoup depuis le début mais je reviens de loin… et je l'oublie un peu. Vous êtes mignons. Je pourrais plus vous faire chier pareil quand vous vous serez embrassés.
-Nous ? Nous faire chier ? Elle aussi, tu l'as fait chier ?
Lando se fige.
-Ah, on m'appelle dans mon garage !
-Pers…
-Tes cinq sens sont défaillants en ce moment, Osc, tu entends pas ? Bon, allez, à plus tard !
Il prend ses jambes à son cou, et Oscar soupire.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top