Le dimanche, c'est course.

Oscar n'a pas le temps de s'épancher sur ses histoires de cœur. Chaque minute compte, de son réveil jusqu'à sa sortie des interviews. Même le M&M's trouvé à côté de son casque ne le fait pas faiblir.

Quand il sort de la réunion d'après course, Oscar laisse à nouveau ses pensées vagabonder librement. Il se prend donc en pleine face tous les sentiments qu'il a enfoui pendant la journée. Pas de Nour sur le paddock, pas de Nour qui le recoiffe, pas de déjeuner avec Nour. C'était triste ? Dommage, ce sera comme ça chaque week-end, maintenant.

Peut-être que c'est pour le mieux. Peut-être qu'il a besoin de se concentrer à nouveau sur la raison principale de sa présence ici. Peut-être qu'il a un peu trop rêvé en voyant Théa et Sienna, qui travaillent sur le paddock, proche de la personne qu'elles aiment. Lui, il ne peut pas faire ça. Nour ne faisait qu'un stage, et comme tout stage, c'était éphémère. Et puis, de manière générale, il n'est pas foutu d'aller voir la femme en question et de lui dire à quel point, depuis la première fois qu'il l'a rencontré, elle est restée dans sa tête et dans son cœur, et que sa place à ces deux endroits augmente à chaque nouvel échange.

Oscar passe dans sa pièce pour récupérer des affaires avant d'aller prendre une douche, et c'est quand il sort qu'une tornade passe devant lui.

-Purée, Oscar, on te cherche partout !

Il fronce les sourcils en voyant Sienna et Nour apparaître, la première essoufflée, la deuxième un peu inquiète.

-Vous avez de l'eau quelque part ? demande-t-elle timidement à Oscar, qui n'a pas le temps de réagir.

-J'ai.

Daniel apparaît, une bouteille à la main, qu'il tend immédiatement à Sienna. Elle sourit et le remercie en silence, buvant plusieurs gorgées.

-Qu'est-ce que vous faites tous ici ? demande enfin Oscar, perplexe, et Daniel soupire.

-Ça fait des semaines entières que je te dis que je dois te croiser pour te dire un truc !

-Sauf que là, ça devenait urgent, continue Sienna, parce que Nour voulait te dire... Mais elle pouvait pas, du coup !

Oscar plisse les yeux.

-Me dire...

Les visages de Sienna et Daniel s'illuminent.

-Qu'on va avoir un bébé !

Les yeux d'Oscar deviennent ronds : il ne s'y attendait pas du tout. Il hausse les sourcils avant de lancer :

-Mais félicitations !

Et si vous connaissez un peu Oscar Piastri, vous savez qu'il ne pourra pas s'exclamer plus fort. Ce n'est pas dans ses gènes.

Il prend Sienna dans ses bras, puis Daniel, un grand sourire aux lèvres.

-C'est cool, ta fille est contente ?

-Très.

Oscar s'apprête à poser une autre question, mais le regard de Sienna se pose sur Nour avant de vite déclarer :

-Bon, voilà, maintenant tu sais. J'ai besoin d'aller faire pipi, du coup, tu m'accompagnes, Ricciardo ?

Celui-ci hoche la tête et ils disparaissent aussi vite qu'ils ne sont arrivés, laissant une Nour qui s'était mise sur le côté terriblement seule.

-Ça va ? demande-t-il sans trop réfléchir, ça fait trop de jours sans bosser sur ses habiletés spéciales Nour.

-Je suis désolée, Flo est là et je peux pas la laisser seule, et je veux pas l'emmener à nos déjeuners.

Oscar sourit.

-Aucun souci, Nour Aït Idir.

Elle souffle.

-T'as pas compris, Oscar Piastri... Ça fait des semaines que c'est à Sienna et Daniel de venir t'annoncer qu'elle est enceinte parce que ça fait des semaines que je sais que ce Grand Prix sera pas notre dernier. Parce que Sienna part en congé maternité et c'est moi qui la remplace.

Oscar a l'impression de revivre. Soudain, ses cinq sens vont mieux, le ciel est beau et l'air est pur.

-J'aurai pas foutu nos derniers déjeuners en l'air comme ça... je serai encore là un petit moment pour déjeuner avec toi, Oscar Piastri.

Il sourit.

-Je suis ravi de l'entendre, Nour Aït Idir.

Ils restent face à face, silencieusement. Ils n'ont pas besoin de mots, leurs sourires parlent à leur place. C'est Nour qui sort de leur bulle la première, lançant :

-Euh, t'étais occupé, on t'a dérangé.

Oscar ne sait plus du tout ce qu'il faisait avant. C'est en suivant le regard de la jeune femme qui remarque ses vêtements dans ses mains.

-Ah, oui, j'allais me doucher, dit-il d'un ton désinvolte.

Nour hoche la tête.

-On se voit dans deux semaines, Oscar Piastri.

-Repose-toi bien, Nour Aït Idir.

Oscar se dirige vers la douche avec un sourire aux lèvres. Finalement, la vie vaut la peine d'être vécue, surtout quand on a plus de temps avec Nour qu'on ne l'imaginait.