Annie était assise à l'arrière de la voiture de police, derrière les grilles qu'elle avait souvent vues dans les séries télé américaines. Elle était une vulgaire criminelle, inculpée pour le seul crime d'avoir voulu profiter de sa vieillesse. Elle voyait la plage s'éloigner lentement et la forêt du désespoir balayer de nouveau les vitres du véhicules. Annie ne pouvait s'y résoudre, il lui fallait faire quelque chose. 

—Mon garçon ça ne vous intéresserait pas par hasard d'aller au festival gratuitement, sans que j'en touche un mot à votre femme ? Je vous laisserais même partager mon lit, on se serrerait pour avoir chaud... 

Même son charme légendaire n'opérait pas sur l'officier de police. De toute façon il n'était vraiment pas top et paraissait d'un ennui ! Il restait muet comme une tombe. Annie tenta alors le pot de vin. 

—Oh non, j'ai fait tomber ma bague en or sur le plancher de la voiture ! Elle a une grande valeur, et je ne parle pas de sa valeur sentimentale... Malheureusement je suis trop vieille pour la ramasser, si seulement quelqu'un de généreux voulait bien faire demi-tour afin de me la redonner, je crois bien que je le laisserais carrément partir avec, en guise de remerciements. 

Nouvel échec. Elle n'arriverait à rien avec celui-là. C'en était fini. Aucune échappatoire ne se présentait à elle. Elle croyait même reconnaître la route qui la ramenait à la maison de retraite. Maison de retraite des Aubépines, le choix adéquat aurait plutôt été celui du sapin. 

Coincé vint quand même lui prêter main forte afin de descendre de voiture une fois que le portail de l'établissement fut complètement et hermétiquement fermé. 

—C'est maintenant que tu te manifestes, lança Annie d'un ton cinglant en tentant de lui détruire la main. 

Elle avait encore de la force, il ne fallait pas croire. Elle aurait presque cru voir une expression de douleur passer sur son visage. Elle n'avait pas encore tout perdu. 

—Oh Annie ! hurla une infirmière qui courait vers elle, une expression de soulagement affichée sur le visage. Vous nous avez mis une de ces trouilles. Qu'est-ce-qui vous a pris, il ne faut plus jamais nous refaire ça. 

—T'es ma mère, peut-être ? 

Annie se contenta de prendre le chemin de sa chambre, au moins la pensée de son lit douillet ne la débectait pas. 

—Surveillez-la bien, cette fois. Je ne voudrais pas revenir dans un mois. 

Mais quel beauf ! 

—Merci Monsieur l'agent, au revoir Monsieur l'agent ! Annie, vous pouvez le remercier, il vient tout de même de vous sauver la vie ! 

—Effectivement, il vient de me sauver d'une partie de jambes en l'air géante avec un surfeur plus jeune que mon fils, merci infiniment Connard ! 

L'infirmière parut offusquée mais ne fit pas le moindre commentaire. Aucun ne lui vint à l'esprit assez vite et une fois chose faite, cela aurait paru ridiculement trop tard. Quant à l'officier, il garda le même air impassible et se contenta de remonter dans sa voiture. 

Annie allait devoir retenter sa chance une nouvelle fois l'an prochain ! 

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●Rendez-vous à l'épisode 1.