J'espère que vous avez bien profité du dernier chapitre tout mignon tout plein, parce que celui-ci, bien qu'étant l'un des plus importants du livre, est en parti glauque.

J'espère qu'il vous plaira quand-même !

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J'ai peur...

Je le sens...

Il est arriver quelque chose...

Non...

Ils sont trop forts, on a déjà eu affaire à des attaquants, à cause de notre "jeunesse éternelle", c'est d'ailleurs pour cela que nous apprenons à nous battre si jeune. Et à chaque fois Ahui, Jyo et Lavhy, en plus de Hyoru ont protégés notre village...

Il ne se passe rien, je me fait des films...

Oui, c'est ça, ils ont juste allumé le feu pour le banquet...

Pourtant, je ne peux pas m'empêcher de créer des cratères à chacune de mes sauts, de courir de toutes mes forces...

Ma gorge est sèche, j'ai le goût du sang dans ma bouche. POURQUOI JE SUIS ALLÉE CHASSER SI LOIN ?!

La chaleur augmente, mes yeux me piquent déjà, et mes jambes tremblent. J'ai l'impression de me battre contre les jumeaux...

Jyo...

Il est toujours si enthousiaste... Je suis sûre que c'est lui qui va chanter et mettre l'ambiance dans le village, quand les étoiles pointeront le bout de leur nez...

Et Lavhy... Il est beaucoup plus discret, mais attentionné. Quand je vais mal, ou que la colère m'envahit, il me suffit d'aller le voir, de lui parler pour aller mieux. Ses cheveux blonds qui volent quand il se téléporte presque... C'est fabuleux et apaisant à voir.

En total opposition à ceux rouges de la bouilloire sur pattes! Eux ils se dressent sur sa tête, impossible de les faire tenir en place.

J'arrive enfin sur le surplomb du village, l'un de mes endroits préférés.

On peut admirer les couleurs chatoyantes des maisons et des plantes, des animaux aussi, et des habits des personnes, en temps normal.

Alors pourquoi?

Pourquoi les maisons d'ordinaire blanches et bleues sont rouges, et du feu sortant des fenêtres? Pourquoi les habitants se retrouvent sur le sol, dans une marée de sang? Pourquoi? Pourquoi?! POURQUOI?

Je saute les derniers mètres. Mère...

Elle est là, tranchée dans le dos. Sur sa table à tisser aux couleurs de l'automne...

Je me retourne. Je dois trouver mes frères. Et ma sœur. Je dois les aider, je suis sûre qu'ils combattent encore.

Ashura doit avoir tellement peur...

Je parcourt les avenues en me cachant la bouche avec ma manche. Je suffoque déjà.

Non...

Je cours encore.

Près du puits, une chevelure bleue, avec d'habitude un visage arrogant et provocateur en prime. Mais il n'y a plus de visage...

Du sang... Encore et encore...

"Kayo?"

Ma voix tremble. Il doit me répondre, c'est obligé hein? Il m'entend, du coup il va me répondre?

"Eh le slime!"

Toujours rien. Un corps qui tombe sur le côté, sa tête qui vient s'appuyer sur mon épaule.

"KAYO!"

Je le secoué dans tout les sens. C'est pas possible... Il ne peut pas... Partir...

"Kayo..."

Mes joues sont déjà trempés... Je ne dis rien et regarde le sol.

Je dois sauver tous les autres. Ils seraient morts pour rien sinon...

Mère... Kayo...

Je vais vous venger.

C'est mon devoir depuis toujours, et ça a même été officialisé aujourd'hui.

Je me relève. Mes mains sont sales désormais. Ma robe est tachée.

Mes jambes ne tremblent plus. À quoi je servirai si je ne suis pas capable de les aider un minimum?!

J'opte pour une autre technique.

C'est Ahiu, avec ses cheveux argentés qui m'a dit que je devais optimiser mon "pouvoir", père parvenait à flotter dans les airs en faisant des ondes pendant qu'il sautait.

Je devrais pouvoir les retrouver plus aisément ainsi...

Concentre toi.

J'ai l'impression d'entendre ma fratrie toute entière quand je dis ça, ils me le répètent si souvent! Ça m'encourage.

Je fais un bond et fais semblant de prendre appuis sur un mur, alors que c'est dans le vide. Ça marche!

Je sautille sur place. Il faudra que j'apprenne à maîtriser ça...

Mais ormis les cadavres des habitants de mon village, je ne vois rien. Des cendres. Et personne de vivant. J'ai reconnu chacunes des personnes, tout le village y est passer.

Des traces du début du banquet sont visibles. La grande table. Les épices. Les guirlandes de fleurs. Les instruments de musique. Tout cela carbonisé.

Seules ma sœur et mes frères restant sont introuvables. Et Ashura.

Où sont-ils ?

Mes larmes ont repris leur place sur mes joues. J'ai arrêté de les essuyer.

Comment une telle chose a-t-elle pu arriver?!

Mes jambes marchent seules désormais. Je n'ai même plus besoin de réfléchir pour me déplacer.

"GAAAAAAH"

Hyoru?!

Je me précipite vers le cri. C'est... La prairie aux sapins?

Contre la falaise Ahiu et Jyo... L'un éventré... L'autre décapité...

C'est... Un cauchemar n'est-ce pas?
C'est... C'est impossible...
Il... Il y a deux heures... Je passais mon examen ici...

Hyoru... Elle vient de tomber au sol. En sang. Ses cheveux violets et noirs sont devenus rouge et dégoulinent...

Non.

Non...

C'est pas vrai hein?

C'est une blague c'est ça?

Un éclair passé devant mes yeux et frappe de plein fouet une masse noir.

C'est dans les mains de cette masse qu'est morte Hyoru...

Et Lavhy vient de se faire attraper. Depuis tôt à l'heure je ne fais rien.

Je... Ne peux pas bouger...

Je regarde mon dernier frère se faire étrangler. Comment? Pourquoi?

Il tombe lui aussi au sol. Je cours. Mes jambes marchent à nouveau. Je m'accroupie près de lui. Sa tête repose maintenant sur mon torse.

"Lavhy..."

Je le berce lentement, et dépose la tête dégoulinante de ma chère grande sœur sur mes genoux.

"Hyoru...
Ghhh..."

Je hurle. Jamais je n'avais pleuré à en perdre la voix. J'ai hurlé si fort que désormais seul le craquement du bois qui brûle et mes hoquets sont audibles. J'ai beau vouloir hurler ma peine plus rien ne sort.

"Je suis désolée... Tellement désolée..."

Si seulement j'aurai été plus forte... Et avec eux... C'est moi qui ait hérité de notre père.

Je voulais les protéger.

Je devais les protéger.

"Tu n'y es pour rien."

Une voix grave dans mon dos.
Je l'observe. Le monstre qui a rendu réel ce cauchemar.

"Je devais le faire. Je n'avais pas le choix."

Mais... C'est Shinigami-sama.

Je le regarde plein de mépris. La peur s'en est allé. La peine aussi. Remplacées par la haine.

"Vous êtes pourtant le maître de ce monde, n'est-ce pas?"

"Isaa, il y a des choses que je ne peux pas contrôler."

Je hurle à nouveau. Sur lui cette fois.
Je suis levée, les poings en sang avec mes ongles qui transperce ma chair.

"VOUS N'AVIEZ PAS LE DROIT DE FAIRE ÇA!"

Il m'observe en silence. Sans un mouvement.

"AHIU, C'EST VOUS QUI L'AVEZ RENDU SI PUISSANT ! IL A ENSEIGNER À TOUT LE VILLAGE! MON PÈRE EST MORT POUR QUE VOUS SOYEZ SHINIGAMI, POUR NE PAS QUE LE MONDE SOMBRE DANS LE CHAOS!
ALORS POURQUOI?!"

Toujours rien. Ma voix se casse. Des torrents coulent sur mes joues.

"Vous me connaissez, ma famille a toujours été fidèle, serviable pour Death City, où je ne suis allé qu'une fois pour l'enterrement de mon père."

J'ai baissé les yeux, et mes genoux ont lâchés.

"Ce jour là vous avez dit que vous feriez toujours en sorte de conserver ce qu'il a protégé, c'est à dire la paix..."

Je hoquète à nouveau. Il ne bouge pas. Attendant que je finisse mon monologue.

"Alors pourquoi?..."

Mes yeux larmoyants observent son masque.

Il avance vers moi et s'accroupit pour être à ma hauteur.

Je vire sa main de mon épaule.

"Je l'ai fait pour la paix. Votre village devait disparaître."

Il marque une pause et semble chercher ses mots.

"Je n'ai pas eu le choix."

Pas eu le choix?

On devait disparaître?

Ma fratrie devait mourir ainsi?

Ma famille?

Ashura?

Mon village?

Mon père est mort pour rien?

Je hurle à nouveau et lance ma paume avec une onde de choc dans son abdomen.

Je le hais.

Plus que tout.

Il me raconte n'importe quoi.

On a rien fait pour "mériter" de mourir.

Je lui fonce dessus. Tel une bête.

Je ne réfléchi plus.

Je me laisse guider par cette haine qui me dicte de le tuer.

Alors que j'arrive à sa hauteur, il m'attrape le bras et me soulève. Comme un vulgaire sac.

Je suis faible.

Si faible.

Son poing s'abat sur mon crâne, et avant de perdre connaissance, je l'entends seulement murmurer.

"Un jour, tu comprendras. Je vais t'enfermer dans un souterrain. Tu vivras où tu mourras, à ton bon vouloir, et quand tu sortiras... Tu verras que je n'ai pas fais ce sacrifice en vain..."

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