Comme chaque samedi, je me rends au bar colossal pour faire la fête. Cette fois, c'est Erwin qui a proposé de venir nous porter comme il s'agit de sa dernière journée de visite avant de partir. Il est trop gentil ce mec! Il m'a raconté plein de mésaventures qui lui sont déjà arrivées et il a préparé de délicieux repas pendant tout son séjour puisqu'il étudie en cuisine. Ma mère a fini par énormément l'apprécier et même mon père n'arrive pas à ne pas l'aimer. Enfin nous avons mangé de la nourriture comestible!

J'arrive au bar sans grande envie. Je ne sais pas pourquoi, mais depuis une semaine mes pensées ne font que vagabonder vers le beau visage de Marco. J'ai l'impression qu'à chaque fois que je ferme les yeux j'aperçois son sourire et ses magnifiques taches de rousseurs qui semblent plus voyantes quand il rit. Pourquoi est-ce à lui que je pense continuellement? Je me sens bien quand je suis avec mon tacheté, sais que je peux être moi sans craindre d'être jugé. Quand je suis à ses côtés, j'ai pour la première de ma vie l'impression d'être important, d'être SON cowboy.

Quand j'arrive à notre table habituelle où se trouve Eren, mon copain se lève pour venir m'embrasser. J'ai presque envie de le repousser. Pour quelle raison au juste est-ce que je l'ai choisi? Il a une belle gueule, la popularité, un sens de l'humour discutable... sinon, pas grand-chose.

-Ça va Jean? Tu as l'air bizarre? Remarque-t-il.

-Oui, ça va... je me sens juste un peu fatigué.

-Alors ne fatigue pas les autres.

Il rit un peu comme s'il se trouvait drôle, mais je me contente de lever les yeux au ciel. Dans le fond, Eren se fiche de savoir comment je vais.

Après avoir bu une bière, moi et Reiner décidons d'aller un peu sur la piste de danse. Du coin de l'œil, j'aperçois mon copain discuté de très près avec un petit noiraud au bar. Je rêve ou il drague? Sa main est presque posée sur son derrière, mais cela ne me fait absolument rien. Si ce nain le veut, qu'il le garde! J'ai maintenant l'impression que tout me passe dix pieds par-dessus la tête.

-C'est donc ça, le fameux bar du boulevard, déclare une voix familière dans mon dos, je m'attendais à plus extravagant. Des combats de chiens enragés ou des cracheurs de feu. Je suis déçu.

Un sourire sur les lèvres, je me retourne vers Marco, qui les cheveux bien peignés tient deux bières. Le garçon semble s'être forcé pour se vêtir convenablement avec des vêtements de bonne taille. Il me tend l'une des deux canettes.

-Un cadeau pour Son Altesse, affirme-t-il en souriant.

-Qu'est-ce que tu fais ici?

Il ouvre sa bière avant de prendre une gorgée qui le fait grimacer, puis il répond :

-Je m'ennuyais et je me suis dis que ma sale gueule te manquerait. Je sais que tu ne peux pas te passer de moi.

Je lui assène un petit coup de poing sur l'épaule, ce qui le fait rire.

-Dis donc que je te manquais, répliquai-je.

-Cowboy prend la grosse tête! Je le dis juste si tu acceptes de danser avec moi.

Allons-nous avoir l'air bizarre, deux garçons qui dansent ensemble? Peu importe, j'ai envie de me moquer du regard des autres pour une fois et d'accepter l'invitation. Comme nous sommes toujours sur la piste de danse, Marco se retourne vers le garçon derrière lui et lui tapote l'épaule. Ce dernier se retourne, surpris. Mon brun ne dit rien et se contente de lui mettre sa bière dans les mains.

-Cadeau, déclare-t-il, et n'oublie pas qu'il faut boire avec modération.

L'inconnu à la coupe au bol le regarde curieusement, mais il accepte tout de même le cadeau.

-Donne là à quelqu'un, m'ordonne Marco.

Sans réfléchir davantage, je touche l'épaule de Reiner qui danse vigoureusement avec une fille au teint basané. Il se retourne vers moi avec curiosité, puis je vois son regard se diriger vers Marco. Avant qu'il n'ait le temps de poser la moindre question, je lui offre ma bière toujours pleine. Le blond me lance un regard rempli de réprimandes, puis il recommence à danser avec sa partenaire.

Quand je me retourne vers Marco, ce dernier me sourit. Doucement, il dépose ses mains sur mes hanches et m'attire contre lui. Est-ce normal que mon cœur batte à ce point? Je passe à mon tour mes bras par-dessus ses épaules, puis nous commençons à bouger, se moquant du regard des autres. Pendant un moment, j'ai l'impression que plus rien autour n'existe, que nous sommes seuls sur cette piste de danse. Je ne fais que regarder ses beaux yeux marrons, me sentant merveilleusement bien collé contre lui. J'aimerais que jamais ce moment ne se termine.

Nous devons cependant y mettre un terme quand Marco m'est brusquement arraché.

-Tu essaies de me piquer mon copain Bodt? Crache Eren en le poussant de façon provocante.

Eren a l'air réellement en colère et je suis certain que c'est uniquement parce qu'il s'agit de Marco. Il est vrai que nous étions proches, mais pas plus que lui et les autres filles ou garçons qu'il passe son temps à coller.

-Si je te vois encore lui parler, je défonce ta sale gueule, menace mon petit ami, compris?

Plusieurs personnes se sont arrêtées de danser pour regarder la scène avec curiosité. Pour une rare fois, Marco ne semble pas savoir quoi dire. Je dois absolument intervenir.

-Bordel, Jaeger, calme-toi! Est-ce que je te fais des crises à toutes les fois que tu danses avec d'autres personnes que moi ou encore que tu tripotes le cul d'un nain?

-C'est diférent. Tu crois que j'ai l'air de quoi quand mon petit ami se déhanche contre Marco Bodt? Au moins, choisis quelqu'un d'autre!

Je sers les poings, insulté par ses propos. Comment je peux sortir avec ça? Je viens pour ajouter autre chose, mais la voix de Marco me coupe.

-Laisse tomber, Jean. Il a raison, j'ai fait le con. Je ne devrais pas danser avec une personne en couple. Je crois que je vais partir.

Je le regarde avec surprise. Depuis quand Marco m'appelle par mon prénom? La tête basse, il nous quitte à pas rapides. J'essaie de le retenir, mais il est déjà disparu dans la foule.

-Bon débarras, grogne Eren.

Je lui lance un regard glacial avant de saluer Reiner. Je cours récupérer mon manteau au vestiaire, puis je sors dans l'espoir de retaper Marco. Comme il n'a pas eu le temps d'aller bien loin, je l'aperçois rapidement. Bravant le froid sous son capuchon de coton ouaté, il marche tranquillement les mains dans ses poches. Je cours vers lui.

En me voyant à ses côtés, le brun me jette un faible regard, sans l'ombre d'un sourire.

-Qu'est-ce que tu me veux, grogne-t-il, tu n'es pas resté avec monsieur parfait?

-Comme si j'avais envie de rester seul avec lui après ce qu'il t'a dit!

Marco s'arrête brusquement de marcher. Je fais de même en me retournant vers lui pour savoir ce qui se passe, mais quand je viens pour mettre ma main sur son épaule, il me repousse rapidement.

-Veux-tu me dire à quoi tu joues Jean? Souffle-t-il, pour toi je suis qui au juste? Ton petit jouet tout mignon avec qui tu t'amuser à flirter?

Je reste sans voix, incapable de répondre quoi que ce soit.

-Désolé de te le dire, continue-t-il, mais je ne suis le jouet de personne, OK? Je m'étais dit que je ne voudrais pas être l'un de ces types chiants qui te force à choisir au plus vite, mais là ça me tue!Tu comprends Jean, je ne suis plus capable de ne pas savoir comment agir avec toi. Pour moi, c'est clair depuis longtemps que je suis fou amoureux de toi, mais soit tu es à moi, soit tu es à Eren. Je refuse de te partager.

Est-ce qu'il vient vraiment d'avouer ce que je pense? Mon cœur palpite alors que je comprends tranquillement qu'il est amoureux de moi. Moi aussi j'aime ce garçon! Marco a beau être un type bizarre et parfois trop honnête, mais il reste la personne la plus merveilleuse et douce que je connais. Malgré tout ses défauts, c'est le seul que je veux et je l'ai compris depuis peu de temps. Ma relation avec Eren ne vaut rien, je ne l'ai jamais aimé contrairement à ce que je pensais. C'est grâce à Marco que je comprends enfin ce qu'être amoureux signifie.

Voyant que je ne réponds pas, il baisse tristement les yeux.

-Je m'en doutais, soupire-t-il.

Il s'apprête à partir, mais je le retiens en lui agrippant le poignet.

-Marco, soufflai-je.

Le prenant par surprise, je colle mes lèvres contre les siennes. Le brun ne tarde pas à répondre à mon baiser, agrippant mes joues pour me tenir près de lui alors que je m'accroche à son coton ouaté. Jamais je n'ai ressenti de telles sensations avec Eren... Mon cœur bat la chamade, je me sens parcouru de frissons. Guidé par le désir, je pousse de ma langue sur ses lèvres pour lui demander l'accès à la sienne. Il accepte sans résister, puis c'est à bout de souffle que nous devons nous décoller.

-Je vois que ton choix est fait, remarque-t-il en souriant.

Je l'embrasse rapidement.

-Il n'était pas si compliqué à faire.

Il sourit à nouveau avant de m'agripper la main. Camouflés par l'obscurité de la rue, si déserte à cette heure, nous marchons vers nos maisons. Je me sens bien.

Quand nous arrivons devant de chez moi et que vient le temps de se quitter, je n'en ai pas envie. J'aimerais tenir sa main encore longtemps, pouvoir l'embrasser durant toute la nuit... pourquoi pas? Cependant, je sais que mon père ne voudrait pas qu'un garçon dorme dans mon lit. Je vais devoir le faire rentrer subtilement.

Je propose l'idée à Marco et il accepte sans hésitation. Après l'avoir embrassé une dernière fois, je pénètre dans ma maison. Mes parents sont déjà couchés et ils ont donc laissés la porte déverrouillée pour moi, ainsi qu'une lumière allumée.

-Tu arrives tôt?

Je sursaute en reconnaissant la voix de mon frère. Uniquement en caleçon, il mange quelque chose. Il m'a fait vraiment peur cet imbécile! J'apporte ma main sur mon pauvre cœur.

-Merde, tu aurais pu me tuer! Grognai-je, tu fais quoi debout à cette heure?

Visiblement, à voir le pot de confiture sur le comptoir et la tartine dans ses mains, j'en conclus qu'il était venu se préparer quelque chose à manger.

-Erwin s'est endormi et j'avais faim... il est juste minuit. C'est anormal que tu marches sans faire de bruit. D'habitude, tu réveilles tout le monde.

Depuis quand Mike est perspicace?

-Habituellement, j'ai bu, répliquai-je, et je suis fatigué, donc fou moi la paix.

-J'étais là avant toi je te signale.

Je décide de l'ignorer et je monte à ma chambre en essayant de faire le moins de bruit possible. Une fois à destination, je verrouille derrière moi, puis je me dirige vers la fenêtre que j'ouvre. Marco est déjà là, à côté de l'échelle de mon père qu'il a déjà mise en place.

-Tu peux monter, chuchotai-je.

Le brun lève la tête vers moi, sourit, puis il monte me rejoindre. Je referme les volets sur son passage et je fonce droit sur ses joues que j'embrasse avec affection.

-Tu sais, déclare-t-il, tu arrivais deux minutes plus tard et tu ne trouvais plus de Marco, juste un gros bloc de glace. Il fait froid dehors pour le pauvre garçon que je suis.

-Ferme là, tu veux, grognai-je avant de l'embrasser sur la bouche pour le faire taire.

Ce n'est pas que je n'aime pas lui parler, mais en ce moment, ce n'est pas ce dont j'ai envie. Après un moment à s'embrasser langoureusement au milieu de ma chambre, je me décide à pousser Marco sur mon lit, grimpant sur lui à califourchon. Il embrasse tellement bien que je sais que je ne m'en passerai plus. Je ne me souviens pas avoir déjà éprouvé tant d'attirance pour quelqu'un.

Au moment où je passe mes mains sur son ventre pour le dévêtir de son chandail, Marco cesse de m'embrasser pour me regarder dans les yeux.

-Tu es certain? S'enquiert-il, on peut attendre si tu veux.

-Non, je veux me donner à toi.

Il sourit tendrement avant de me serrer dans ses bras, parcourant mon cou de ses douces lèvres. Oui, avec lui je me sens prêt et je sais que je ne vais pas le regretter.

***

Cette nuit est sans aucune hésitation magique. Je passe un délicieux moment avec le garçon que j'aime, partageant mon amour sans aucun regret. Est-ce possible de se sentir si bien avec une personne? À la fin de nos étreintes, Marco s'allonge près de moi, souriant bêtement. Ses bras entourent mon corps toujours dévêtu alors qu'il enfouit sa tête dans mon cou.

-Jean, je t'aime, susurre-t-il.

Je souris en me blottissant aussi contre lui. Je pourrais passer l'éternité dans cette position, partageant son agréable chaleur.

-Je t'aime aussi, Marco.